LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DIT QU'IL Y A DÉJÀ LONGTEMPS QUE LES ISRAÉLIENS ET LES PALESTINIENS AURAIENT DÛ SE RÉSOUDRE À FAIRE AVANCER LE PROCESSUS D'OSLO
Communiqué de Presse
SG/SM/6505
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DIT QU'IL Y A DÉJÀ LONGTEMPS QUE LES ISRAÉLIENS ET LES PALESTINIENS AURAIENT DÛ SE RÉSOUDRE À FAIRE AVANCER LE PROCESSUS D'OSLO
19980331 On trouvera ci-après le texte du toast que le Secrétaire général Kofi Annan a prononcé le 25 mars à Jérusalem à l'occasion d'un banquet offert en son honneur par le Président de la Knesset, Dan Tichon:C'est une immense joie que je ressens en visitant Israël et notamment en me retrouvant parmi vous à la Knesset, siège d'une des démocraties les plus vibrantes au monde.
Les parlementaires tels que vous-mêmes jouent un rôle de plus en plus actif et influent sur la scène internationale. Élus du peuple, vous avez mieux conscience que quiconque de ses aspirations.
S'il est vrai que vos responsabilités sont avant tout nationales, un nombre croissant d'entre vous se rendent compte que la plupart des grandes questions de l'heure ont des ramifications internationales. Aussi se font-ils entendre à l'ONU, aux conférences mondiales et à travers des groupes comme l'Union interparlementaire et l'Action mondiale des parlementaires.
Le Parlement israélien, pour sa part, représente une vaste diversité de vues et de traditions. Je sais que les divers partis peuvent parfois donner l'impression d'être terriblement fractionnés et parfois faire preuve d'un véritable consensus. Je sais que tout au long de vos travaux, vous ne perdez jamais de vue le bien-être du peuple israélien et votre propre attachement aux vertus du dialogue et du compromis.
La sécurité d'Israël et de la région en général sont également des soucis constants de la communauté internationale. Les problèmes auxquels se heurte le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, la poursuite des hostilités au Sud-Liban et la crise en Iraq illustrent, chacun de manière fort éclatante, la maxime selon laquelle quand la paix n'avance pas elle recule.
- 2 - SG/SM/6505 31 mars 1998
Des actes d'une violence inouïe ont été perpétrés contre des civils innocents. Trop nombreux sont les habitants de la région dont l'insécurité et la pauvreté continuent d'être la réalité quotidienne. Je suis venu au Moyen-Orient pour écouter, mais aussi pour livrer un message : qu'il y a déjà trop longtemps que les Israéliens et les Palestiniens auraient dû se résoudre à mener à bien le processus d'Oslo. Des progrès sur tous les autres fronts continuent également à trop se faire attendre. Nous devons passer d'une ère d'affrontement à une ère de coopération, du désespoir au développement, de l'hostilité à l'amitié.
J'ai maintes fois exhorté les parties à ne pas se laisser influencer par les actions de ceux qui, de part et d'autre, militent contre la paix, mais plutôt à intensifier leurs efforts afin de surmonter tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Je réitérerai cet appel lors des entretiens que j'aurai dans les prochains jours avec les responsables israéliens et palestiniens.
Qu'est-ce qui sert le mieux les intérêts d'Israël : une paix convenue d'un commun accord avec vos voisins et qui donne à vos peuples la chance de réaliser leurs aspirations de mener une vie paisible et prospère? Ou des actions et déclarations unilatérales, de part et d'autre, qui risqueraient de faire dérailler le processus? Par ces temps de profondes incertitudes, je vous engage instamment à ne pas perdre de vue les progrès enregistrés jusqu'ici. Il est impératif de ne pas relâcher l'élan que l'on s'est donné tant de mal à imprimer.
J'aimerais saisir cette occasion pour vous préciser la nature, les obligations et les promesses de l'accord que j'ai conclu avec le Gouvernement iraquien. Je suis allé à Bagdad, pleinement habilité par tous les membres du Conseil de sécurité, pour rechercher une solution pacifique à la crise et cette crise a été évitée, tout au moins pour l'instant.
Le mandat du Conseil de sécurité a été réaffirmé, l'accès des inspecteurs des Nations Unies a non seulement été rétabli, mais étendu à tous les sites, quels qu'ils soient. L'autorité du Président exécutif de la Commission spéciale des Nations Unies a été reconnue et renforcée. Il appartient maintenant aux dirigeants iraquiens, en appliquant les accords qu'ils ont signés, de faire en sorte que cette menace à la paix et à la sécurité internationales soit écartée à tout jamais.
Ce faisant, ils nous rapprocheront du jour où l'Iraq pourra de nouveau rejoindre le concert des nations. En attendant, le programme élargi "pétrole contre nourriture" devrait aider à atténuer les souffrances du peuple iraquien.
- 3 - SG/SM/6505 31 mars 1998
L'accord conclu à Bagdad n'est ni une "victoire" ni une "défaite" pour l'individu, nation ou groupe de nations. Il est certain que l'ONU et la communauté internationale n'ont rien perdu, rien cédé , ni rien concédé d'important. Mais en en empêchant, tout au moins pour le moment, la reprise des hostilités dans le Golfe, ce sont la paix, la raison, la diplomatie qui ont triomphé.
Pour conclure, j'aimerais exhorter le public israélien à porter un regard neuf sur l'ONU. Je sais que les Israéliens utilisent de temps à autre la fameuse rime de David Ben Gourion "oum-chnoum" pour parler dédaigneusement d'une organisation mondiale que d'aucuns jugent inutile ou hostile à Israël.
J'ose espérer que les Israéliens pourront modifier cette rime, qu'ils pourront ouvrir leur esprit à l'idée de l'inauguration d'une nouvelle ère dans les relations entre Israël et l'ONU. Je sais qu'Israël accorde une grande importance à l'esprit et à la lettre de la coopération internationale. Israël a beaucoup à offrir à l'Organisation et beaucoup à en attendre. Nous avons relégué loin dernière nous certains des chapitres les plus sombres de notre histoire, et Israël est en voie de normaliser sa présence à l'ONU. Somme toute, je pense que vous conviendrez avec moi que, dans le monde interdépendant qui est le nôtre, sans l'"oum" ce sera le "khoum".
C'est dans cet esprit que j'aimerais porter un toast au Président de la Knesset et de cette superbe institution démocratique, à Israël à l'occasion de son cinquantième anniversaire, à l'amélioration des relations entre Israël et l'ONU et, surtout, à la paix. Je vous remercie.
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