DSG/SM/2

LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE SOULIGNE SA VOLONTÉ DE RENFORCER LE RÔLE MOTEUR DE L'ONU DANS L'ÉLABORATION DES POLITIQUES ET L'ACTION EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT

31 mars 1998


Communiqué de Presse
DSG/SM/2
GA/EF/2812


LA VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRALE SOULIGNE SA VOLONTÉ DE RENFORCER LE RÔLE MOTEUR DE L'ONU DANS L'ÉLABORATION DES POLITIQUES ET L'ACTION EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT

19980331 Les travaux de l'ONU doivent être ancrés dans les réalités du monde actuel, déclare Louise Fréchette à la reprise de la session de la Deuxième Commission

On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée par la Vice-Secrétaire générale Louise Fréchette le 19 mars à la reprise de la session de la Deuxième Commission (Commission économique et financière) consacrée au financement du développement.

J'ai grand plaisir à me retrouver parmi vous aujourd'hui, et je remercie vivement l'Ambassadeur Oscar de Rojas (Venezuela) de m'avoir invitée à prendre la parole devant vous.

La Deuxième Commission a pour moi une signification particulière. C'est au sein de la délégation canadienne à la Deuxième Commission, à l'Assemblée générale de 1972, que j'ai découvert les Nations Unies.

L'expérience s'est avérée positive puisqu'elle m'a donné un intérêt soutenu pour le multilatéralisme et les Nations Unies en particulier, mais aussi pour les questions économiques et la problématique du développement.

J'ai eu par la suite plusieurs occasions, au cours de ma carrière, d'être associée aux travaux des Nations Unies dans les domaines économiques et du développement, notamment à Genève où je me souviens de longues nuits de négociations à la CNUCED et à la Commission économique pour l'Europe.

Et j'ai bien sûr renoué connaissance avec l'ensemble des activités des Nations Unies lors de mon dernier passage à New York il y a quelques années.

Je me réjouis par conséquent de l'importance qu'attache aux questions de développement la résolution créant le poste de Vice-Secrétaire général et j'ai l'intention d'y consacrer une bonne part de mes énergies.

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Je m'empresse d'ajouter que si j'invoque mes expériences passées dans les organes des Nations Unies à compétence économique, ce n'est pas pour suggérer que j'arrive avec des réponses toutes faites et des solutions instantanées aux défis qui nous font face.

En ce début de mandat, je suis d'abord intéressée à vous entendre afin de mieux comprendre vos préoccupations. Je voudrais par conséquent me limiter à quelques commentaires d'ordre général ce matin.

Je voudrais dire pour commencer que, comme vous, je suis convaincue de la nécessité de "rehausser le prestige et le rôle de l'Organisation des Nations Unies dans les affaires économiques et sociales" afin de "renforcer l'impact qu'elle exerce en tant que centre influent pour la formulation des politiques de développement et l'aide au développement".

Je sais que ces mots vous sont familiers et je sais aussi quels espoirs et quelles aspirations les sous-tendent.

J'aurai à coeur de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'ils deviennent réalité.

L'action que nous menons pour rehausser le prestige et l'autorité de l'ONU doit être guidée par trois règles cardinales:

Première règle: ne jamais perdre de vue notre objectif ultime.

Deuxième règle: nous assurer que notre action est ancrée dans les réalités du monde qui nous entoure.

Troisième règle: être prêts à aligner nos activités sur les objectifs et les priorités que nous aurons définis.

J'aimerais, si vous le permettez, dire quelques mots sur chacun de ces points.

Pour ce qui concerne l'objectif ultime des travaux de l'ONU dans les domaines économique et social, la Charte est on ne peut plus claire: il consiste à "favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande". En fin de compte, c'est à cela que nous travaillons : améliorer l'existence des hommes, des femmes et des enfants partout dans le monde.

Il n'est que trop facile d'oublier cette finalité et de s'enfermer dans des considérations qui relèvent parfois davantage de la défense de tel ou tel pré carré ou de l'orgueil personnel que du souci d'améliorer la vie des gens qui ont besoin de notre aide.

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Je crois que l'autorité et la crédibilité de l'ONU seront rehaussées si, par nos positions et nos activités, nous participons clairement à la réalisation de cet objectif ultime.

Pour réussir, nous devons aussi ancrer notre action dans la réalité du monde qui nous entoure.

Aujourd'hui, cette réalité c'est la mondialisation des marchés financiers, le libre-échange et les accords régionaux; l'augmentation colossale des flux de capitaux; les menaces qui pèsent sur l'environnement et les risques sanitaires qui transcendent les frontières; la communication instantanée et les technologies révolutionnaires qui créent de nouvelles opportunités, mais aussi de nouveaux problèmes d'éthique; enfin, la montée en puissance dans nos sociétés des opérateurs financiers et des groupes de pression divers.

Un peu partout dans le monde, le rôle et les priorités des gouvernements sont redéfinis en fonction de cette nouvelle donne; il doit en être de même pour les activités de l'ONU.

Beaucoup de ces mutations ont apporté d'indéniables bienfaits et peuvent jouer puissamment en faveur du but ultime que nous poursuivons. Mais elles risquent aussi de créer de nouvelles fragilités — comme l'illustrent cruellement la crise qui secoue actuellement les marchés financiers asiatiques ou la propagation de l'épidémie du sida à l'échelle du globe.

Comment concilier les forces créatrices de l'esprit d'entreprise et la protection des plus démunis? Comment reconstruire les bases de la coopération internationale dans un monde de plus en plus régi par les lois du marché? Comment orienter les processus décisionnels vers une répartition plus large des richesses produites par la mondialisation? Comment inciter les entreprises à investir dans les pays où les signaux économiques sont trop faibles pour être entendus? Comment intégrer les pays les moins avancés dans l'économie mondiale? Telles sont quelques-unes des questions que nous devons nous poser.

L'ONU peut exercer une influence décisive dans le débat autour de ces questions, à condition que ses activités soient conçues pour traiter les problèmes d'aujourd'hui et relever les défis de demain, et non pour tenter de revenir à un passé révolu.

Mon troisième principe, à savoir adapter les activités, les structures et les ressources aux objectifs et aux priorités, se passe à peu près de commentaires. Je suis convaincue que l'ONU pourra avoir une influence plus déterminante encore si elle focalise délibérément son action sur les problèmes les plus importants de notre temps.

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Je sais qu'il n'est pas facile de tomber d'accord sur ce qui est le plus important. Mais nous ne pouvons pas non plus nous permettre de gaspiller nos forces ou de nous éparpiller dans toutes les directions.

Le dernier point que j'aimerais aborder concerne le travail du Secrétariat. Je crois que nous avons le devoir de vous apporter, à vous les États Membres, un soutien de qualité afin de vous aider à définir des positions communes cohérentes sur des problèmes par définition complexes et souvent étroitement imbriqués.

Ce soutien concerne évidemment le bon déroulement de vos séances, mais il ne s'arrête pas là. Il consiste aussi à vous proposer des analyses solides et crédibles et des idées réalistes et novatrices qui vous aideront peut-être à aller de l'avant. Il y a dans nos divers secrétariats des cadres extrêmement qualifiés et dévoués dont les talents et la créativité doivent être mobilisés pour mieux vous servir. Je souhaite aussi que l'ONU sache attirer les meilleurs spécialistes mondiaux du développement afin de l'aider à se préparer aux enjeux de demain.

La question du financement du développement, que vous allez examiner à cette session, est évidemment primordiale.

Comme vous le savez, le Secrétaire Général a proposé une série de réformes motivées par la volonté de progresser dans ce domaine, notamment l'examen approfondi, par l'Assemblée générale, du thème du "financement international du développement", la constitution de "dividendes pour le développement", la création d'un "bureau du financement du développement" et une "plus grande prévisibilité du financement" en matière de coopération pour le développement.

Vous avez lancé un mouvement qui va donner une vitalité nouvelle à l'action de l'ONU. Tous mes voeux vous accompagnent dans vos délibérations. Je ferai tout mon possible pour collaborer avec vous.

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