SG/SM/6480

FEMMES AU RANG DE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT" A DÉCLARÉ LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

12 mars 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6480
WOM/1045


FEMMES AU RANG DE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT" A DÉCLARÉ LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

19980312 On trouvera ci-après le texte de l'allocution que M. Kofi Annan a prononcée à l'occasion de la Journée internationale de la femme, qui s'est tenue aujourd'hui au Siège, sous l'égide du Groupe de l'égalité de droits des femmes de l'ONU :

Chers collègues et amis,

C'est avec un très grand plaisir que je me trouve aujourd'hui parmi vous tous et je tiens à ce propos à remercier le Groupe de l'égalité de droits des femmes de l'ONU d'avoir organisé cette manifestation. Je suis particulièrement heureux d'être invité à venir vous parler à l'occasion de la Journée internationale de la femme, car il est important selon moi de montrer qu'au-delà même des actes symboliques et des commémorations, la promotion de la femme n'est pas pour nous un vain mot.

Arrêtons-nous un instant pour faire le bilan des progrès accomplis par rapport à la situation il y a un an.

Lorsque, après avoir pris mes fonctions au début de l'année dernière, j'ai annoncé mes premières nominations, certains d'entre vous ont estimé que trop peu de femmes figuraient aux postes de responsabilité. Je vous ai demandé à l'époque de ne pas me juger dès les premières semaines de mon mandat mais d'attendre la composition définitive de mon cabinet.

Pour vous donner preuve des progrès réalisés, il me suffit de vous présenter Mme Louise Fréchette, qui, il y a une semaine, a pris ses fonctions de première Vice-Secrétaire générale de l'Organisation. Mme Fréchette, dont certains d'entre vous ont déjà fait la connaissance alors qu'elle représentait le Canada auprès de l'Organisation des Nations Unies (et qu'un nombre encore plus important d'entre vous connaissent de réputation), apporte à ce poste une somme impressionnante d'expérience, de compétence, de dynamisme et de rigueur.

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Je suis convaincu qu'à l'instar des autres femmes haut placées dans l'Organisation, elle fera en sorte que d'autres femmes suivent ses traces aux échelons supérieurs lors des mois et des années à venir, et qu'elle ouvrira une ère où la parité entre les sexes ira de soi et ne sera plus une simple aspiration. J'espère que lorsque je vous aurai quitté, Mme Fréchette pourra rester un peu plus longtemps parmi vous et prendre part à vos débats.

L'année dernière, nous avons également salué la venue de Mme Mary Robinson à l'un de nos postes les plus prestigieux, celui de Haut Commissaire aux droits de l'homme; Mme Elizabeth Rehn, en sa qualité de Représentante spéciale adjointe pour la Bosnie-Herzégovine, a accédé à un domaine où les femmes se font particulièrement rares; Mme Heidi Tagliavini a été nommée Représentante spéciale adjointe pour la Géorgie et Mme Rafiah Salim, en sa qualité de Sous-Secrétaire générale à la gestion des ressources humaines jouera un rôle décisif dans le réexamen de l'ensemble de notre organigramme, alors même que Mme Angela King sera chargée d'intégrer les priorités des femmes dans les activités de toute l'Organisation. Faute de m'être trouvé moi-même dans cette situation, je ne peux qu'imaginer les difficultés que l'on peut éprouver à travailler dans un service où la plupart de ses collègues, et à coup sûr la quasi-totalité de ses supérieurs, appartiennent au sexe opposé. J'ai récemment entendu une collègue faire l'éloge de son supérieur en disant qu'il était le meilleur superviseur pour lequel elle ait jamais travaillé : en effet, bien qu'il soit un homme, dans son comportement, il avait toutes les qualités d'une femme.

Je sais qu'en dépit d'une légère amélioration, le nombre de femmes occupant des postes de classe D-1 et D-2 est malheureusement encore très faible. Je sais que la pyramide se rétrécit de plus en plus du fait que le nombre de postes de décision à pourvoir ne cesse de décroître. Je sais qu'une femme cadre a toutes les chances d'être entourée d'une foule de collègues masculins et qu'il n'y aura guère de voix féminines pour lui faire écho à la table des débats. Je sais que nous devons atteindre la masse critique nécessaire pour mettre fin à ce déséquilibre. En un mot, les mentalités doivent changer. En revanche, il est encourageant de constater que si aujourd'hui, il y a pénurie de femmes aux postes de direction, il en était de même aux classes P-3 et P-4 et aux classes supérieures il y a à peine 20 ans. Or, de nos jours, les femmes se défendent plutôt bien à ces postes. Nous devons donc passer à l'étape suivante. Je suis fier de constater que le système des Nations Unies n'a jamais compté autant de femmes au rang de Secrétaire général adjoint. Je me félicite de la mise en place de programmes de formation visant à sensibiliser les fonctionnaires aux moyens d'assurer une plus grande parité entre les sexes, ainsi que de formules de congé pour motif familial qui permettront de mieux concilier les responsabilités professionnelles et familiales.

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Les données prospectives me donnent à espérer que la prochaine décennie offrira de nouvelles chances de rehausser le statut des femmes du fait qu'un nombre plus grand d'hommes que de femmes prendront leur retraite.

Et je tiens à rendre hommage à toutes nos collègues féminines, en particulier celles des services généraux, qui constituent une composante essentielle de notre personnel de base et qui ont désormais accès à des possibilités de formation plus étendues que jamais.

Détrompons-nous toutefois : s'il est capital d'associer un nombre croissant de femmes à toutes nos activités, tout n'est pas question d'effectifs. Le fait que des femmes aient accédé aux plus hauts leviers ne signifie pas que les femmes doivent désormais régler seules leurs problèmes : c'est à tous les agents du système qu'incombe cette responsabilité.

Au mois d'octobre dernier, j'ai écrit à tous les chefs de secrétariat des entités des Nations Unies et aux hauts fonctionnaires pour les informer que le Conseil économique et social avait adopté des conclusions concertées sur l'intégration des questions de parité entre les sexes dans l'ensemble des politiques et programmes du système des Nations Unies.

Cela signifie que ces questions doivent être intégrées dans tous les domaines d'activité du système, qu'il s'agisse des questions macroéconomiques, des activités opérationnelles pour le développement, de l'élimination de la pauvreté, des droits de l'homme, de l'aide humanitaire, du budget et de l'administration, du désarmement, de la paix et de la sécurité ou encore des affaires juridiques.

J'ai souligné à cette occasion que ce processus relevait de notre responsabilité à tous, et pas seulement de celle des spécialistes des questions de parité que l'on peut trouver dans certains services. J'y attache une grande importance. Comme je l'ai dit dans ma lettre, les hauts fonctionnaires auront à répondre de l'application des conclusions concertées. Là réside, à mon avis, l'essentiel : notre responsabilité à tous. Il n'incombe pas seulement à Mme Fréchette, à Mme Salim, à Mme King ou à Mme Robinson, ou à une autre femme, de faire en sorte que ces questions soient placées au premier plan de nos préoccupations.

J'insiste sur ce point car si nous reconnaissons que, pour toute société quelle qu'elle soit, l'égalité entre les sexes est plus qu'un but en soi, si nous pensons que l'autonomisation des femmes est essentielle à la réalisation du développement durable, si nous estimons que la participation des femmes à l'exercice du pouvoir est indispensable, si nous croyons que l'assistance humanitaire ne peut être efficace que lorsque les droits des femmes sont respectés, si nous sommes convaincus que toutes les sociétés que nous essayons

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d'aider dans le monde doivent appliquer ces principes, comment alors expliquer que nous ne les appliquions pas dans notre propre société, dans notre propre organisation?

Je ne peux conclure cette réunion sans aborder deux questions qui concernent les femmes du monde entier. Comme vous le savez, la violence à l'égard des femmes et les effets des conflits armés sur les femmes sont deux des principales questions à l'ordre du jour de la Commission de la condition de la femme qui se réunit en ce moment au Siège. Comme je l'ai dit dans l'allocution que j'ai prononcée à l'occasion de la Journée internationale de la femme, ces deux questions sont plus que jamais d'actualité.

Autrefois, "les femmes et les enfants d'abord" était l'expression employée lorsque les canots de sauvetage étaient mis à la mer. Aujourd'hui, elle s'applique bien trop souvent aux victimes des conflits.

Dans toutes les sociétés, des femmes et des petites filles, quels que soient leur niveau de vie, leur classe sociale ou leur culture, sont victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques. N'oublions pas que, lors des conflits ou des crises, les femmes et les enfants sont les premières victimes. Si toute la collectivité subit les conséquences d'un conflit armé, les femmes et les petites filles sont particulièrement touchées en raison de leur sexe et de leur statut social.

Nous devons aux femmes du monde entier de montrer clairement que la violence à l'égard des femmes n'est acceptable dans aucune culture, qu'un gouvernement ne peut accorder ou retirer leurs droits aux femmes comme il le ferait pour une allocation, et que les droits des femmes et des hommes sont inhérents au concept même d'humanité.

Cette année, la Journée internationale de la femme prend une signification particulière pour nous tous. Alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Journée internationale de la femme nous offre l'occasion de nous mobiliser pour montrer que les droits fondamentaux sont inhérents à la dignité humaine de chacun de nous, hommes et femmes.

Ayons le courage et la volonté de prendre la tête des initiatives en ce sens. Alors que le monde entier fête la Journée internationale de la femme, faisons savoir qu'il appartient à tous de faire respecter les droits des femmes et de lutter contre la violence à l'égard des femmes, et que l'autonomisation des femmes représente un progrès pour l'humanité tout entière.

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