SG/SM/6476/Rev.1

IL APPARTIENT À L'HUMANITÉ ENTIÈRE D'ASSURER LES DROITS DE LA FEMME ET L'ÉMANCIPATION DE LA FEMME EST UN PROGRÈS POUR TOUS, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

10 mars 1998


Communiqué de Presse
SG/SM/6476/Rev.1
WOM/1033/Rev.1*


IL APPARTIENT À L'HUMANITÉ ENTIÈRE D'ASSURER LES DROITS DE LA FEMME ET L'ÉMANCIPATION DE LA FEMME EST UN PROGRÈS POUR TOUS, DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

19980310 À l'occasion de la Journée internationale des femmes, Kofi Annan demande d'urgence des solutions à la violence contre les femmes

On trouvera ci-après le message que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a préparé à l'occasion de la Journée internationale des femmes (8 mars) :

La Journée internationale des femmes revêt cette année une signification particulière pour nous tous. En cette année du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, elle nous appelle doublement à l'action en nous incitant à affirmer que les droits de l'homme sont les droits naturels de la personne, et cela aussi bien pour les femmes que pour les hommes.

Défendre les droits de la femme, c'est défendre la liberté, la justice et le règlement pacifique des différends; c'est défendre le progrès social et l'amélioration des niveaux de vie; c'est défendre l'égalité, la tolérance et la dignité. Deux problèmes présentent à cet égard une urgence particulière : celui de la violence à l'égard des femmes, et celui des femmes dans les conflits armés.

On disait autrefois s'agissant des places dans les canots de sauvetage, en cas de naufrage, "les femmes et les enfants d'abord". Il semble qu'à notre époque, l'expression n'évoque bien souvent que les victimes, en cas de conflit dans un pays. Dans toutes les sociétés, les femmes et les filles subissent des mauvais traitements, physiques, sexuels et psychologiques, qui transcendent les différences de revenus, de classe et de culture. Mais n'oublions pas que quand une société est en conflit ou en crise, ce sont les femmes et les enfants qui risquent le plus d'en pâtir. Un conflit armé retentit sur l'ensemble d'une communauté, mais leur condition sociale et leur sexe font que les femmes et les filles sont plus particulièrement touchées.

- 2 - SG/SM/6476/Rev.1 WOM/1033/Rev.1* 10 mars 1998

En cette Journée internationale, penchons-nous spécialement sur la détresse des femmes et des filles dans les pays de conflits armés. Tournons-nous vers ces femmes qui souffrent, partout dans le monde. J'ai récemment dépêché en Afghanistan une mission interinstitutions sur la parité, que j'ai chargée d'étudier la situation des femmes et des filles, et d'aider le système des Nations Unies à adopter une démarche plus systématiquement soucieuse des droits de la personne dans l'aide qu'il apporte au développement et au relèvement. La mission a constaté qu'après 18 années de guerre, la nécessité d'une assistance internationale est indiscutable, mais que les politiques qui excluent les femmes du bénéfice de cette assistance et les empêchent d'y prendre part, directement ou indirectement, vont contre les normes établies en matière de droits de l'homme, et, qui plus est, risquent de compromettre gravement les effets de cette assistance.

J'en appelle donc aux autorités afghanes ainsi qu'aux autorités des autres pays où les droits des femmes sont réprimés, pour qu'elles reconnaissent immédiatement les droits des femmes et des filles à l'éducation, à la santé, à l'emploi, à la liberté de circulation et d'association et à la protection de leur personne et pour qu'elles prennent des mesures concrètes à cette fin, conformément à la Charte des Nations Unies, à la Déclaration universelle des droits de l'homme et à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Ce sont là des objectifs que l'ONU reste attachée à réaliser.

Les mauvais traitements en fonction du sexe ne sont pas un accident de la guerre, ni un détail secondaire des conflits armés. Ces formes de persécution traduisent des inégalités auxquelles les femmes ont à faire face quotidiennement en temps de paix. L'égalité entre les sexes n'est pas seulement en but en soi; c'est un des moyens par lesquels on peut arriver à réduire la misère, à encourager le développement durable et la saine conduite des affaires publiques.

Il y a trop longtemps que les femmes sont rares à occuper des postes de direction, aux échelons national et international. C'est là un état de choses qui n'est ni excusable, ni justifiable. Lorsque j'ai pris mes fonctions de Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, j'ai fait du recrutement et de la promotion des femmes une priorité. Cette semaine, je suis heureux d'accueillir à son arrivée à l'Organisation des Nations Unies la première Vice-Secrétaire générale. Louise Fréchette, éminente diplomate canadienne, vient se joindre à Mary Robinson, Haut Commissaire aux droits de l'homme, à Gro Harlem Brundtland, qui deviendra prochainement Directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé, à Elisabeth Rehn, ma Représentante spéciale pour la Bosnie-Herzégovine, et à d'autres femmes qui sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes de rang supérieur dans le système des Nations Unies. Il faut qu'il y en ait d'autres encore et j'y veillerai.

- 3 - SG/SM/6476/Rev.1 WOM/1033/Rev.1* 10 mars 1998

Afin que le monde entier s'associe pour servir les droits de l'homme, les gouvernements et la société civile doivent faire naître de nouvelles formes de solidarité de manière à promouvoir et à protéger les droits des femmes comme des hommes, dès maintenant et dans les années à venir. Au retour de ma récente mission à Bagdad, j'ai dit que lorsque nous oeuvrons tous ensemble, dans le monde entier, à résoudre un problème, nous y parvenons presque toujours. Je crois fermement que c'est un phénomène dont nous verrons d'autres manifestations dans l'année à venir. Tandis que nous célébrons le cinquantenaire de la Déclaration des droits de l'homme, nous demandons à l'opinion et aux gouvernements de faire bien comprendre que les droits de l'homme ne sauraient être octroyés ou supprimés par un gouvernement, comme une subvention. On ne peut invoquer en ce qui les concerne de particularités culturelles. Les droits de l'homme sont en effet inhérents à l'être humain.

Alors que cette Journée est célébrée dans le monde, répandons l'idée qu'il appartient à l'humanité entière d'assurer les droits de la femme, qu'il est de son devoir de lutter contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes, et que l'émancipation des femmes est un progrès pour tous.

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