FEM/1000

L'ONU DOIT PRENDRE LA DIRECTION DE L'ACTION INTERNATIONALE CONTRE LA TRAITE DES FEMMES ET DES PETITES FILLES

6 mars 1998


Communiqué de Presse
FEM/1000


L'ONU DOIT PRENDRE LA DIRECTION DE L'ACTION INTERNATIONALE CONTRE LA TRAITE DES FEMMES ET DES PETITES FILLES

19980306 La Commission de la condition de la femme a repris ce matin son débat général sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes en mettant particulièrement l'accent sur les quatre domaines critiques du Programme d'action de Beijing à l'examen cette année; les droits fondamentaux des femmes, la petite fille, les femmes et les conflits armés, et la violence à l'égard des femmes.

Le débat a permis aux délégations de faire part de leurs plans d'action nationaux relatifs aux recommandations de Beijing. Nombre d'entre elles ont attiré l'attention sur le fléau que représente la violence à l'égard des femmes, en particulier le phénomène de la traite des femmes et des petites filles. A cet égard, elles ont souhaité une action internationale en appelant les Nations Unies à en prendre la direction. Plusieurs ont recommandé l'élaboration d'un instrument juridique contraignant. Une délégation a en outre proposé l'établissement d'un code de conduite à l'intention des agences de voyage pour lutter contre le tourisme sexuel.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Sri Lanka, Cuba, Pakistan, Malaisie, Fédération de Russie, Iraq, Lituanie, Paraguay, Maroc, Argentine, Ethiopie, Liban, Jordanie, Ouganda, Inde, Algérie, Mali, Autriche, Nigéria et El Salvador. L'Observateur de la Palestine et les représentants de la Commission économique pour l'Afrique et de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale se sont également exprimés ainsi que les représentants des ONG suivantes : Union interparlementaire, Conseil international des femmes et Caucus des femmes. Au cours de l'intervention de cette dernière ONG, la représentante de la Chine a présenté une motion d'ordre pour arguer que les propos de l'ONG dépassaient le cadre des questions inscrites à l'ordre du jour de la Commission. Lors d'une seconde motion d'ordre, la représentante a précisé que le Tibet fait partie intégrante de la Chine en jugeant regrettable d'entendre des propos qui visent à attaquer et à diviser un pays souverain.

La Commission de la condition poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.

Documentation

Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes

La documentation a été présentée dans nos communiqués de presse FEM/990 et FEM/998 en date du 2 mars et 5 mars.

La commission dispose également d'une série de déclarations faites par les ONG sur la réalisation des objectifs stratégiques et des mesures à prendre dans les domaines critiques (E/CN.6/1998/NGO 1 à 11).

Communications relatives à la condition de la femme

Aux fins de l'examen de ce point, la Commission est saisie d'une note du Secrétaire général transmettant la liste confidentielle des communications relatives à la condition de la femme (E/CN.6/1998/S.W. Liste de communications N.32) et d'une note du Secrétaire général transmettant la liste non confidentielle des communications relatives à la condition de la femme (E/CN.6/1998/CR.34).

Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, y compris l'élaboration d'un projet de protocole facultatif à la convention

Rapport du Secrétaire général sur l'Etude annotée du projet de protocole facultatif, et des amendements qui y sont proposés, avec les dispositions des instruments internationaux existants relatifs aux droits de l'homme (E/CN.6/1998/7)

L'étude contient une comparaison des articles du projet de protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, après leur première lecture, et des variantes de ces articles, le cas échéant, avec les dispositions de quatre instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme dont les procédures sont semblables à celles qui sont proposées dans le projet. Ces dispositions sont celles du premier Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, les articles 20 et 22 de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, l'article 14 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale et l'article 77 de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille; cette dernière convention n'est pas encore en vigueur. L'examen porte tant sur le fond que sur la forme de ces dispositions. Lorsqu'il y a lieu, l'étude renvoie aussi aux règlements intérieurs des organes créés par ces instruments et au rapport

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du Secrétaire général qui contient une étude comparative des procédures et méthodes de communication et d'enquêtes mises en oeuvre en vertu des instruments relatifs aux droits de l'homme et de la Charte des Nations Unies.

Le rapport fait état des commentaires reçus du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme concernant le projet de protocole facultatif et de la Section des traités du Bureau des affaires juridiques (au sujet des articles 17 à 24).

Voici les numéros et intitulés des articles du projet de protocole facultatif :

Articles 1 et 2 : Compétence du Comité et qualité pour lui présenter une communication. Article 3 et 4 : Critères de recevabilité. Article 5 : Mesures conservatoires. Article 6 : Transmission des communications à un Etat partie. Article 7 : Examen des communications. Article 8 : Dispositions pour remédier à une violation. Article 9 : Mécanisme de suivi. Article 10 : Procédure d'enquête. Article 11 : Mesures prises et suivi. Article 12 : Exercice effectif du droit de pétition. Article 13 : Rapport annuel. Article 14 : Publicité. Article 15 : Règlement intérieur. Article 16 : Durée des réunions. Article 17 : Procédure de ratification. Article 18 : Entrée en vigueur. Article 19 : Etats fédéraux. Article 20 : Réserves. Article 21 : Amendements au Protocole. Article 22 : Dénonciation. Articles 23 et 24 : Fonctions de dépositaire du Secrétaire général.

Rapport du Secrétaire général sur la Jouissance des droits fondamentaux des femmes, en particulier des droits liés à l'élimination de la pauvreté, au développement économique et aux ressources économiques (E/CN.4/1998/22- E/CN.6/1998/11)

Le présent rapport, établi comme suite aux demandes du Conseil économique et social, de la Commission de la condition de la femme et de la Commission des droits de l'homme, étudie tout d'abord les conséquences de l'inégalité à laquelle sont assujetties les femmes dans l'exercice de leurs droits sur leur situation socio-économique. A cette fin, il examine comment

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le fait de refuser aux femmes certains droits, comme ceux liés au développement économique et à l'accès aux ressources économiques, fait obstacle à l'égalité entre les sexes et empêche donc les femmes de jouir de leurs droits fondamentaux. L'accent y est mis sur les facteurs qui perpétuent l'inégalité des droits et des chances dans les domaines social et économique. Le rapport évalue ensuite les progrès réalisés par les organes intergouvernementaux et les organes d'experts dans leurs travaux visant à garantir aux femmes la jouissance effective de leurs droits fondamentaux, et en particulier celle des droits liés au développement économique, aux ressources économiques et à l'élimination de la pauvreté.

Le rapport souligne qu'en matière de jouissance des droits, les femmes sont plus vulnérables que les hommes et se heurtent à des difficultés différentes et déterminantes. Cela signifie que les femmes ne sont pas affectées de la même façon que les hommes par les violations de leurs droits. Elles sont beaucoup plus affectées que les hommes par la pauvreté et la marginalisation sociale. Elles sont victimes d'une discrimination systémique et systématique qui engendre de profondes inégalités structurelles. Lorsqu'en raison des lois, les coutumes, des rôles traditionnels, des responsabilités familiales ou des attitudes et des stéréotypes, les femmes ont moins de possibilités que les hommes et sont défavorisées dans l'exploitation de ces possibilités, des mesures doivent être prises pour éliminer ces handicaps et empêcher qu'ils ne se reproduisent. Lorsque les gouvernements respectent leurs droits de l'homme et s'efforcent de les promouvoir et de les protéger, les inégalités dont sont victimes les femmes dans les domaines économique et social les obligent à élaborer des politiques et d'autres mesures pour y remédier.

En conclusion, le rapport souligne que la jouissance effective par les femmes de leurs droits fondamentaux, y compris ceux qui sont liés au développement et aux ressources économiques, doit occuper une place centrale dans toute stratégie visant à éliminer la pauvreté et assurer le développement durable. Les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, le Programme d'action de Beijing et la Déclaration et le Programme d'action de Vienne offrent une base solide pour aider les femmes à exercer leurs droits fondamentaux, y compris ceux qui sont liés au développement et aux ressources économiques, et pour lutter contre la pauvreté chez les femmes. Le Programme d'action traite des droits fondamentaux des femmes et de la pauvreté chez les femmes dans le cadre de certains domaines critiques. Ces deux thèmes sont également pris en compte dans plusieurs autres domaines. Le Programme d'action reconnaît que les deux sexes ne jouissent pas également de leurs droits fondamentaux, notamment en ce qui concerne l'accès aux droits, aux moyens d'action et aux ressources et qu'il existe des différences de traitement dans de nombreux domaines. De même que les instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, il souligne que les inégalités entre les sexes doivent être explicitement prises en compte dans toutes les actions menées par les gouvernements et les autres acteurs concernés.

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La Commission est saisie pour information du rapport du Comité pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes sur les travaux de ses seizième et dix-septième sessions (A/52/38/Rev.1) et d'une note du Secrétaire général transmettant les résultats de la dix-huitième session du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (E/CN.6/1998/CRP.1).

Débat

M. HETTIARACHCH (Sri Lanka), a indiqué que son pays souscrit à la déclaration faite hier par l'Indonésie au nom du groupe des 77 et la Chine. Le Ministère sri lankais de la condition de la femme a, à la suite de la Conférence de Beijing, élaboré un Plan d'action national pour la femme, qui cherche à identifier les problèmes concernant un certain nombre de questions critiques telles que la violence à l'égard des femmes, les droits fondamentaux des femmes, les femmes et les conflits armés, l'éducation, la formation et les activités économiques. Tous les acteurs pertinents du pays ont été associés à la préparation du Plan d'action national. Grâce à l'appui et aux financements apportés par les institutions spécialisées des Nations Unies, de nombreux programmes ont été initiés par le Ministère de la condition de la femme et les autres ministères concernés, les administrations locales et les organisations non gouvernementales pour mettre en oeuvre le Plan d'action. Plus que jamais, il existe une prise de conscience des questions relatives à l'égalité des sexes au Sri Lanka. Pour autant, de nombreux progrès doivent être encore accomplis pour résoudre efficacement les problèmes auxquels sont confrontées les femmes.

M. Hettiarachch a indiqué que dès 1931, les femmes ont participé aux activités de divers institutions politiques du pays et été élues au parlement. Le Sri Lanka a le privilège d'avoir été le premier pays à élire une femme Premier Ministre. Actuellement, le Président et le Premier Ministre du Sri Lanka sont des femmes. L'égalité des sexes est garantie dans les domaines de la participation à la vie politique, de l'éducation et en matière d'emploi. Le Sri Lanka a réaffirmé son engagement en faveur de la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes lorsqu'il a ratifié, en 1981, la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. La Charte des femmes du Sri Lanka, qui contient des dispositions spécifiques visant à reconnaître les droits des femmes dans tous les domaines a été adoptée après la ratification de la Convention par le gouvernement, en 1993. Une Commission nationale des femmes a été créée la même année afin de veiller au respect des obligations contenues dans la Charte et pour surveiller la réalisation de ses objectifs.

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Mme FAIZA KEFI, Présidente du Comité de coordination des femmes parlementaires de l'Union interparlementaire, a indiqué que l'Union interparlementaire et l'ONU ont récemment renforcé leur coopération par la signature d'un accord formel de coopération et l'ouverture à New York d'un bureau chargé de relayer auprès des membres de l'Union l'ensemble des travaux des Nations Unies. L'Union met l'accent sur le concept du partenariat entre hommes et femmes en tant que moteur pour la réalisation de la démocratie. En 1997, elle a adopté une déclaration universelle sur la démocratie qui met l'accent sur la nécessité d'un véritable partenariat entre hommes et femmes dans la conduite des affaires publiques où hommes et femmes agissent dans l'égalité et la complémentarité, s'enrichissant mutuellement de leurs différences. Par ailleurs, l'Union a installé sur son site Internet les statistiques concernant la représentation des femmes dans les Parlements du mondes. Elle a aussi mis au point une bibliographie mondiale sur le thème de la participation des femmes à la vie politique. Cet outil sera rendu public dans moins de trois semaines.

M. FERRER (Cuba) a rappelé que le chef de la délégation de Cuba n'avait pu assister au début de la session de la Commission car il n'avait pas obtenu un visa dans les délais. La représentante a ensuite souligné la nécessité de reconnaître le caractère indivisible et universel des droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques des femmes. Il faut évaluer les conséquences des conflits armés sur les femmes et les enfants. On affirme que la guerre froide a pris fin pourtant la course aux armements continue. Or, les ressources qui sont affectées aux armes seraient mieux consacrées au développement et à la paix. Il a évoqué les conséquences des traditions culturelles qui empêchent les petites filles de participer pleinement à la société. Il est important de se rendre compte que les causes de la discrimination à l'égard des femmes et des fillettes sont multiples. Les programmes d'ajustement structurel qui ne tiennent pas compte de ces causes diverses ralentissent le développement des pays, a-t-il dit.

Pour Cuba, la plus grande violence contre les femmes cubaines résulte de l'application de l'embargo économique qui frappe le pays depuis plus de 30 ans et qui s'est renforcé au cours des dernières années. Les Cubains s'insurgent contre cet embargo et veulent poursuivre dans la voie qu'ils ont choisie. D'ailleurs, l'économie du pays connaît actuellement une sorte de relance. La représentante a indiqué que le Gouvernement cubain avait lancé un plan d'action national en faveur de la femme à la suite de la Conférence de Beijing. Rien ne pourra entamer l'honneur du peuple cubain et remettre en cause la voie qu'il a choisie, a-t-il conclu.

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan) a déclaré que le problème de la violence à l'égard des femmes était intrinsèquement lié à leur condition économique et sociale inférieure dans la famille et dans la communauté. A cet égard, il a souligné la nécessité de développer des approches globales qui

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tiennent compte du contexte social et culturel de chaque société. Le représentant a affirmé que dans l'Etat disputé du Jammu-et-Cachemire, les femmes et les fillettes étaient victimes de la violence perpétrée par les forces de sécurité indiennes. La violence sexuelle et le viol systématique ont été utilisés comme stratégie de guerre. Dans de nombreux cas, les femmes sont violées en présence des membres masculins de leur famille pour punir et humilier le peuple cachemiri, a-t-il affirmé, estimant que ces actes constituent des crimes contre l'humanité et que leurs auteurs doivent être condamnés au titre du droit international.

La Constitution du Pakistan garantit l'égalité entre les femmes et les hommes. Toutefois, certains stéréotypes traditionnels continuent de considérer la femme comme un être inférieur et cette discrimination commence dès l'enfance des petites filles, a-t-il poursuivi. Depuis le milieu des années 1980, le Gouvernement s'efforce, avec l'aide des ONG, de changer les mentalités en sensibilisant l'opinion publique à la petite fille. Le Gouvernement a, par ailleurs, pris un certain nombre de mesures pour lutter contre la discrimination à l'égard des femmes et des petites filles et pour assurer une plus grande participation des femmes dans les secteurs politique, social et économique. Parmi ces initiatives, il a cité le lancement d'une campagne nationale de sensibilisation sur la question de la violence contre les femmes; les efforts d'harmonisation des structures législative, judiciaire et administrative avec les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes; la création d'une cellule des droits de l'homme au niveau fédéral pour aider les femmes victimes de violence et de violations de leurs droits humains; la création de centres de protection et d'aide légale pour aider les femmes victimes de discrimination et de postes de police composés uniquement de femmes dans certaines régions du pays; et le projet de condamner à la peine capitale les auteurs de viols collectifs.

Mme SOMAIA BARGHOUTI, Observateur de la Palestine, a estimé que l'amélioration réelle de la condition de la femme passe par la formulation de mécanismes concrets et la mise à disposition de ressources financières supplémentaires permettant l'application des dispositions du Programme d'action de Beijing. En règle général, la promotion de la parité entre les sexes et de la femme ainsi que sa participation aux activités de développement ne seront pleinement réalisés que si la paix, la liberté et la démocratie prévalent. A la lumière des souffrances que connaissent les femmes palestiniennes du fait de l'occupation étrangère, il est urgent de réunir ces éléments qui conditionnent leur promotion. Le rapport du Secrétaire général a conclu que la situation des femmes palestiniennes ne s'est pas améliorée et que leur existence a été mise à mal par l'imposition de mesures de sécurité par les autorités israéliennes. La politique israélienne de bouclage des

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territoires occupés devrait être condamnée par l'ensemble de la communauté internationale. La représentante a indiqué que les femmes palestiniennes travaillent activement à réunir les conditions propices à leur promotion. De son côté, l'Autorité palestinienne a pris des mesures concrètes en créant notamment en 1996 un Directoire sur le développement et la gestion des questions de parité entre les sexes. Le moment est maintenant venu pour la communauté internationale, en particulier les Nations Unies, de maintenir et d'accroître leur aide aux femmes palestiniennes en cette période difficile de lutte pour la liberté. Nous souhaitons que le projet de résolution relatif à l'aide en faveur des femmes palestiniennes soit adopté à l'unanimité.

M. HERZOG, Conseil international des femmes, a souligné que la violence contre les femmes doit être examinée d'une façon intégrée en tenant compte de tous les facteurs déterminants pour la condition de la femme, en particulier et les êtres humains, en général. La violence contre les femmes est un phénomène endémique qui se vérifie dans tous les pays et dans toutes les sociétés. Les Nations Unies ont fait beaucoup pour sensibiliser les gouvernements et les ONG à la question. Cet effort a fait que des centaines d'organismes féminins ont mené des initiatives pour répondre aux besoins des victimes de la violence. Si ces initiatives sont louables, elles n'en demeurent pas moins des solutions curatives puisque chaque année des milliers de femmes et de petites filles, continuent d'être trompées, battues, réduites à l'esclavage ou à la prostitution. Il faut donc trouver des moyens novateurs et appeler les Nations Unies à faire en sorte que des phénomènes comme la traite des femmes soient déclarés crime contre l'humanité. Les Nations Unies peuvent prendre l'initiative pour détruire ce genre de réseaux et prouver que des lois efficaces existent. Dans l'avenir la Commission de la condition de la femme et les ONG doivent accorder la priorité à la prévention de la violence en commençant par les jeunes et la cellule familiale. Il faut combattre auprès des jeunes l'image de la femme et la violence dans les médias.

Mme SHARIFAH ZARAH SYED AHMAD (Malaisie) a indiqué qu'un Plan national d'action sur la promotion des femmes avait été adopté en 1996. Ce plan comprend divers programmes et stratégies visant à améliorer la condition des femmes, y compris des mesures de lutte contre la violence domestique, des mesures d'éducation publique et des mesures de sensibilisation à l'égalité entre les sexes. Des progrès significatifs ont, en outre, été réalisés dans l'élimination de la violence à l'égard des femmes. A ce titre, elle a cité l'application depuis 1996 de la loi sur la violence domestique qui prévoit notamment la criminalisation de ce type de violence, des condamnations appropriées pour les auteurs de ces crimes et des mesures de protection des victimes. Le Gouvernement a, en outre, appelé toutes les instances à ne pas banaliser la violence domestique et à chercher des mesures positives en vue de l'éliminer. Le Ministère de l'Unité nationale et du développement social

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ont créé, en collaboration avec les ONG, des centres d'accueil pour les femmes battues et abandonnées, et des services de conseil. La Malaise est, d'autre part, en train de réviser ses lois discriminatoires par rapport aux femmes. Dans ce cadre, la loi sur l'héritage qui a été amendée l'an dernier, ne fait plus de distinction entre les sexes en ce qui concerne le droit à l'héritage. Les lois familiales islamiques et les autres lois civiles sont également en cours de révision pour les rendre conformes aux principes de la justice sociale et de l'égalité entre les sexes.

La représentante a, par ailleurs, indiqué que la Malaisie avait réexaminé toutes ses réserves à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, dont la plupart ont été retirées. La Malaisie est, en outre, en train de préparer son rapport initial au Comité sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes.

Mme GULKO (Fédération de Russie) a souligné que le Plan d'action adopté par son pays en 1996 a permis d'élargir les dispositions de la constitution par des mesures concrètes et pratiques. Si la transition économique initiée par la Fédération de Russie a ouvert de nouvelles possibilités aux femmes, les coûts sociaux qu'elles implique ont surtout touché ces dernières. Des phénomènes tels que l'augmentation du chômage chez les femmes et la féminisation de la pauvreté sont maintenant ancrés dans la réalité russe. Le gouvernement est, par ailleurs, préoccupé par la baisse de la natalité, de l'espérance de vie et par l'augmentation des maladies de l'appareil génital. Pour assurer une mise en oeuvre des recommandations de Beijing, le gouvernement a créé une Commission chargée de coordonner et d'harmoniser les différentes mesures et d'assurer un partenariat social à tous les niveaux de la société. La Commission examine la réalisation du plan d'action au niveaux fédéral et local et apporte les corrections nécessaires. Le Gouvernement a également veillé à ratifier la Convention du Bureau international de travail (BIT) sur l'égalité de chances des travailleurs. Conscient particulièrement de la nécessité d'assurer la promotion des femmes sur le marché du travail, le Gouvernement a notamment signé un accord tripartite impliquant les syndicats et les travailleurs et lancé un programme de recyclage destinés aux femmes chômeuses. Une attention particulière est en effet accordée à la question de la protection du travail et de la santé des femmes.

M. AL-HUMAIMIDI (Iraq) a présenté la stratégie iraquienne de la promotion de la femme jusqu'en 2005 qui s'appuye sur la Constitution iraquienne, les préceptes de la Charia islamique et les principes des droits de l'homme. L'Iraq a ouvert toutes les voies pour assurer les droits de la femme, a-t-il affirmé. La femme occupait auparavant des fonctions très importantes et de haut niveau. Elle bénéficiait de toutes les circonstances pour s'épanouir et développer ses compétences. Elle bénéficiait de congés de maternité, de services de santé, de crèches, même dans les régions les plus

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lointaines. L'embargo a toutefois eu un effet direct sur la femme, rétrécissant son rôle et sapant toutes les réalisations en faveur des femmes dans les différents domaines. Ainsi, les femmes ont dû renoncer à travailler pour consacrer toute leur énergie à leur foyer et à satisfaire les besoins premiers de leur famille. La pénurie en produits de base, notamment en vivres, atteint particulièrement les femmes. 53% des femmes enceintes souffrent ainsi d'anémie. Le représentant a aussi évoqué les taux élevés de mortalité des femmes enceintes et des enfants. Il y a une augmentation d'environ 25% de la mortalité des enfants, a-t-il déclaré. Cette situation viole l'engagement de la communauté internationale d'améliorer la condition de la femme, a-t-il souligné. Partant, il a demandé la levée des sanctions économiques qui frappent son pays afin d'alléger les souffrances des femmes et permettre leur promotion.

Mme AUDRA MIKALAUSKAITE (Lituanie) a déclaré que la Lituanie s'est associée à la déclaration faite par la délégation du Royaume Uni au nom de l'Union européenne. Concernant la violence envers les femmes, elle a constaté que ces actes peuvent être d'ordre physique, moral, sexuel ou plus complexe. Les comportements abusifs ne sont pas innés, mais appris à travers les antécédents de la vie familiale, les médias, les traditions et la culture. La violence au sein des familles peut entraîner d'autres problèmes sociaux, tels que l'abus des drogues, la délinquance juvénile, la prostitution et autres formes violentes de crimes. La prostitution est une forme de violence contre les femmes. A cause de la transition socio-économique que vit la Lituanie, et le manque d'instruments juridiques, de plus en plus de femmes et de jeunes filles sont forcées à se prostituer, et on observe l'intensité du trafic en vue de leur exploitation sexuelle, de femmes et de jeunes fille dans les pays d'Europe centrale et de l'est. En vue de combattre la violence, des mesures complexes et multiples devraient être prises: un exemple pourrait être celui des Centres de crises pour femmes maltraitées, où les femmes qui ont souffert de violence domestique et d'autres types de sévices, peuvent bénéficier d'un soutien légal, médical ou simplement moral, et bénéficier d'un gîte pour quelques jours.

Mme CRISTINA MUNOZ, Ministre chargée des affaires féminines du Paraguay, a déclaré qu'à la suite de la Conférence de Beijing, son pays a organisé le premier séminaire national pour la mise en oeuvre du Programme d'action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Des priorités ont été définies et les rôles ont été répartis entre les différents intervenants de la société. Une Commission tripartite a été créée afin d'assurer le suivi et l'évaluation de la mise en oeuvre du Programme. En 1997, le Plan national d'égalité des chances a été présenté pour la période 1997-2001. Ce plan est en cours d'exécution grâce à une concertation entre les différents acteurs de la société. En outre, le Conseil supérieur de l'Université nationale de la capitale a créé un centre de recherches et d'études sur les femmes.

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Cette mesure s'inscrit elle aussi dans le cadre du Programme d'action de Beijing. Le Secrétariat aux questions féminines a pris l'engagement d'inscrire à l'ordre du jour du gouvernement des stratégies de lutte contre la violence contre les femmes. Un plan national en la matière a été élaborée et exécuté par une commission interinstitutions. Ce plan a permis un échange de données sur les plaintes enregistrées dans les différentes institutions du pays et de classer les différents types de violence à l'égard des femmes. Dans le domaine de l'éducation, un programme de l'égalité des chances est entrepris et vise particulièrement les enseignants, la révision des manuels et des matériaux pédagogiques, et la sensibilisation de l'opinion publique. Le Gouvernement consent également de grands efforts pour éliminer la pauvreté des femmes. En février, un centre de bien-être des enfants pour les enfants des femmes fonctionnaires.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc) a indiqué que le plan d'action de son pays comprend notamment les éléments suivants : la réalisation d'une stratégie pour lutter contre la violence à l'égard de la femme et des fillettes; la création en janvier 1999 d'un centre d'études et de recherche sur la femme marocaine; la création d'une banque de données sur la femme; l'introduction de l'enseignement des droits de l'homme, de la femme et de l'enfant dans les programmes scolaires et l'organisation de campagnes de sensibilisation; ou le renforcement de l'accès des femmes à des soins de qualité pour réduire de 30% la mortalité maternelle et réduire de 50% la mortalité maternelle intra- hospitalière. A cet effet, la maternité sans risque et la planification familiale ont été placées en tête des actions prioritaires à l'horizon 2005. Le plan prévoit également la réduction d'ici l'an 2005 de 50% d'analphabétisme des femmes rurales; l'organisation de cycles d'études au profit des enfants travailleurs sur leur lieu de travail; et la mobilisation des médias pour faire connaître les droits des femmes et mettre en exergue leur capacité et leur participation à tous les niveaux de la vie politique, économique, sociale et culturelle. La stratégie nationale pour la promotion de la femme s'appuie sur le renforcement de mécanismes gouvernementaux de coordination, et ce à travers la constitution d'une commission ministérielle et des ONG féminines. Parmi les recommandations de la stratégie nationale, il a été proposé de créer un conseil supérieur de la femme qui sera composé de tous les départements ministériels concernés par la question de la femme, des associations féminines, des organisations féminines relevant des partis politiques, des syndicats et des ONG oeuvrant dans le domaine social.

Mme TERESA SOLA (Argentine) a déclaré que depuis la Conférence de Beijing, des progrès concrets ont été réalisés dans son pays. Ainsi, la réforme de la Constitution accorde un rang constitutionnel à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Des mesures spécifiques ont été élaborées dans ce domaine. Ainsi, la loi contre la violence domestique permet à toute victime de dénoncer ces faits

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devant les juges. Pour éliminer ce type de violence, la Commission de suivi de Beijing, constituée en décembre 1995, a mis l'accent sur la création de tribunaux spécifiques, l'élaboration de programmes d'éducation et de sensibilisation des jeunes et de tous les acteurs concernés, ainsi que des campagnes de sensibilisation du public en général. La Convention relative aux droits de l'enfant a elle aussi été élevée au rang constitutionnel. Dans le cadre de son application, des programmes en faveur des enfants ainsi que des stratégies de lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants ont été lancés.

La représentante a appuyé la recommandation visant à introduire une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans le statut de la future cour criminelle internationale, ainsi que la participation d'un plus grand nombre de femmes dans les missions de maintien de la paix. Elle a également souhaité que le Groupe de travail chargé d'élaborer un protocole facultatif se rapportant à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes puisse conclure rapidement ses travaux de manière efficace.

Mme TIAGHA, Commission économique pour l'Afrique, a indiqué que le Centre africain de la femme continue d'être responsable de toutes les activités de la Commission en ce qui concerne la réalisation des objectifs de Beijing. Le Centre s'emploie à faire comprendre aux Etats Membres l'importance de ces objectifs et d'assurer une répartition systématique des ressources pour promouvoir le Programme d'action. Le Centre continue de dépendre du Cabinet du Secrétaire exécutif et son personnel a été renforcé. Pour ce qui est du rôle de la Commission, elle a grâce au Centre, réorganisé la tenue de ses réunions pour évaluer les plans d'action nationaux en élaboration. La première de ces réunions sous-régionales s'est tenue à Dakar en novembre 1997. Les autres auront lieu en mai pour l'Afrique centrale; en juillet pour l'Afrique du Nord; et en octobre pour l'Afrique australe et orientale. Les réunions viseront également à préparer la réunion d'Abidjan sur l'examen à mi-parcours de la mise en oeuvre des recommandations de Beijing. A la Commission, les questions de parité entre les sexes ont été définies comme étant des questions intersectorielles, des points de liaison ayant été nommés dans chaque division et dans chaque Centre des cinq sous- régions. Une conférence internationale sur la femme et le développement aura lieu du 28 avril au 1 mai et devrait permettre de réunir des personnalités africaines. Il est prévu que des chefs d'Etat y participent.

Mme FATIMA SBAITY KASSEM, représentante de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO), a indiqué que, dans le cadre de la mise en oeuvre de la plupart des activités de suivi de la Conférence de Beijing, la Commission a établi des liens étroits avec le Secrétariat de la Ligue des Etats arabes et avec le Centre des femmes pour la formation et la recherche. En outre, une Equipe spéciale interinstitutions sur l'égalité

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des sexes a été créée comme sous-comité du Groupe régional de coordination des institutions des Nations Unies basées à Amman avec UNIFEM. L'Equipe spéciale sur l'égalité des sexes a co-parrainé des ateliers de travail sur le renforcement des capacités de direction des femmes candidates à des élections parlementaires en Jordanie. Elle met en oeuvre actuellement un projet pilote sur le renforcement des liens dans la famille arabe dans le cadre des valeurs et normes de la société en évolution. Le Groupe régional de coordination est en voie de finaliser un projet pilote sur le suivi intégré des conférences mondiales en vue d'être examiné par le PNUD, UNIFEM, le FNUAP, l'UNICEF et les autres institutions du système des Nations Unies. Quatre réunions régionales se tiendront au cours de l'année 1998 pour évaluer le suivi des conférences mondiales. Ces réunions conduiront à une conférence arabe intégrée qui aura lieu à la fin de 1999, avec la coopération de la Ligue des Etats arabes et des institutions concernées du Groupe régional de coordination interinstitutions.

Dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, une conférence régionale s'est tenue à Amman en septembre 1996. Elle a adopté un Programme régional d'action axé sur la pauvreté en tant que dimension économique, la prise de décisions en tant que dimension politique et la famille en tant que dimension sociale, en vue d'assurer la promotion de la femme. En coopération avec l'Université Birzeit dans la Bande de Gaza, une réunion régionale sur le rôle des organisations non gouvernementales (ONG) et les perspectives de réseaux entre elles a eu lieu à Ramallah, en décembre 1997. La CESAO a adopté une approche multidisciplinaire et holistique pour mettre en oeuvre le Programme d'action de Beijing. Conformément à la résolution de l'ECOSOC sur l'intégration de la perspective sexospécifique dans les programmes, le Secrétaire exécutif de la CESAO a mis en place un groupe de travail ad hoc chargé d'élaborer un plan d'action sur la question.

Mme TADELECH HAILEMICHAEL (Ethiopie) a lancé un appel en faveur d'une aide accrue des donateurs pour renforcer les capacités en ce qui concerne l'intégration d'une démarche soucieuse de parité entre les sexes. Elle a indiqué que la politique de son pays en faveur des femmes visait à institutionaliser les droits politiques, économiques et sociaux des femmes en créant les structures adéquates dans les instances et institutions gouvernementales. La nouvelle Constitution garantit l'égalité de toutes les personnes devant la loi. Le plan d'action national sur 10 ans 1992-2002 est en cours de reformulation pour le rendre conforme à la politique nationale en faveur des femmes adoptée en 1993, ainsi qu'à la Déclaration et au Programme d'action de Beijing, a-t-elle indiqué. Ce Plan prévoit d'améliorer la situation des femmes en améliorant leurs chances économiques. Il appelle à une révision fondamentale des priorités nationales en faveur d'un accès accru des femmes aux soins de santé, à l'éducation et à l'emploi. Il met l'accent sur la nécessité d'éliminer toutes les formes de discrimination sur le marché du travail et de l'emploi et d'élaborer des lois et des plans de développement qui assurent l'égalité des hommes et des femmes. Il appelle à un appui

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constitutionnel adéquat pour que les femmes aient un accès égal à l'aide financière du Gouvernement et des donateurs et pour faciliter la formation d'associations ou de groupes de femmes. C'est dans cet esprit qu'a été créé le Département de la parité des sexes chargé d'intégrer une perspective sexospécifique dans toutes les activités de développement. De même, le Bureau des affaires de la femme est présent dans toutes les régions afin d'assurer la parité entre les hommes et les femmes dans l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes de développement.

Toutefois, des problèmes continuent de se poser dans la mise en oeuvre du Plan d'action, comme le manque de données ventilées par sexe sur la situation des femmes dans les différents groupes ethniques, les pratiques traditionnelles qui affectent la promotion des femmes, et le manque de ressources permettant aux groupes de femmes d'être des partenaires, des acteurs et des promoteurs de leurs droits. Partant, des remèdes ont été envisagés, comme la collecte de données et l'identification des lois et pratiques culturelles qui entravent la promotion des femmes, la formation, la défense de la promotion des femmes, l'aide à la création et au renforcement des groupes de femmes en leur donnant le support technique dont elles ont besoin. Par ailleurs, des initiatives ont été prises pour fournir une formation et une aide financière aux femmes déplacées et réfugiées à la suite des conflits afin de faciliter leur réintégration dans la société. Les efforts de l'Ethiopie pour promouvoir la condition des femmes porteront leurs fruits si le pays reçoit une assistance technique car sa capacité limitée constitue le principal obstacle pour parvenir à cet objectif, a souligné la représentante. Elle a donc appelé les fonds et programmes des Nations Unies, tous les organismes de l'ONU et la communauté internationale à augmenter l'aide financière et technique afin de renforcer la capacité du Gouvernement éthiopien dans ce domaine.

M. KARAM (Liban) a indiqué que le Plan d'action national de son pays a été élaboré grâce à une étroite collaboration entre le Comité national de la femme et l'association des ONG qui défendent les droits de la femme. Le plan comprend notamment les éléments suivants : l'élimination de tous les textes juridiques non compatibles avec la Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes; le renforcement de la place de la femme dans le processus de prise de décisionsavec l'objectif de 30% d'ici l'an 2000; le renforcement de la formation de la femme rurale; l'octroi de toutes les prestations sociales et de retraite aux femmes; l'amélioration de l'accès de la femme à l'éducation et l'instauration de programmes spéciaux à cet effet. Le Liban met également tout en oeuvre pour répondre aux besoins des femmes des territoires occupés. La réforme juridique entamée au Liban a conduit à une autonomisation des femmes en matière commerciale et financière qui fait qu'une femme mariée peut mener des activités sans en reférer à son mari; à une modification du registre foncier qui permet aux femmes de mener

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individuellement ses démarches, à l' élimination des articles qui exigeaient la mutation des femmes de la fonction publique mariées à des étrangers, et au lancement de campagnes d'information pour augmenter la participation des femmes aux élections municipales prévues pour le mois prochain.

Mme SAMER A. NABER (Jordanie) a réaffirmé l'importance de la mise en oeuvre rapide et entière de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing et a qualifié le programme de travail pluriannuel de la Commission de cadre positif pour l'évaluation des progrès réalisés. La représentante a indiqué que le Programme d'action de Beijing et la Stratégie nationale pour les femmes constituent les fondations sur lesquelles reposent tous les programmes et politiques du Programme de développement socio-économique jordanien pour 1998-2002. Des progrès sensibles ont été réalisés dans les domaines de l'éducation et de la santé même s'il est apparu essentiel d'accorder une attention accrue aux programmes de santé génésique et à ceux permettant aux femmes d'avoir accès à des soins de santé de qualité supérieure. Par aileurs, le Comité juridique du Conseil des Ministres jordaniens a examiné récemment 10 lois nationales en vue de mieux refléter les principes d'égalité consacrés par la Consitution et la Charte nationale. La représentante a par ailleurs qualifié d'inacceptable la violence à l'égard des femmes et a indiqué que la Jordanie soutient les efforts visant à l'adoption de mesures préventives qui doivent nécessairement s'inspirer des valeurs culturelles et sociales du pays. La Jordanie, a-t-elle ajouté, accueille favorablement la décision de créer un centre pour les femmes battues en Jordanie en coopération avec l'UNIFEM. Pour ce qui est de la violence à l'égard des femmes dans les conflits armés, elle a appelé la communauté internationale à renforcer et à veiller au maintien des normes internationales relatives aux droits de l'homme et à l'aide humanitaire.

Mme GERARD NAMIREMBE BITAMAZIRE (Ouganda) a déclaré que depuis Beijing, le nombre de femmes dans le secteur politique et dans les instances de décision avait augmenté aux niveaux national et local grâce à des mesures législatives et administratives. Il y a aujourd'hui davantage de femmes ministres, juges et fonctionnaires occupant des postes importants, a-t-elle précisé. A l'occasion du premier anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, l'Ouganda a organisé la Conférence régionale africaine sur la promotion des femmes à laquelle ont participé 38 pays africains. La Conférence a adopté la Déclaration de Kampala et un Cadre d'action par lequel les gouvernements se sont engagés à assurer la sécurité des petites filles dans les écoles, à diversifier les modèles d'éducation et à promouvoir l'alphabétisation avec pour objectif la promotion des femmes. Depuis le lancement l'an dernier de l'éducation primaire universelle, le nombre de petites filles scolarisées au niveau primaire a augmenté de 50%. Des actions de discrimination positive sont également menée au niveau de l'enseignement supérieur.

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S'agissant de la violence à l'égard des femmes, la représentante a appelé la Commission à condamner le viol et l'exploitation sexuelle avec force et à adopter des recommandations adéquates en ce qui concerne le viol des petites filles. Elle a estimé que les mutilations génitales constituaient une violation des droits des petites filles et a appelé les gouvernements et les communautés locales à s'attaquer à ce problème en menant des actions de sensibilisation et en prenant des mesures de protection des petites filles. Par ailleurs, l'Ouganda est particulièrement préoccupé par l'enlèvement et la détention de femmes et d'enfants innocents qui sont pris en otage lors de conflits armés ou d'opérations de rebelles. Entre 4000 et 7000 enfants ont été enlevés au cours des 3 dernières années, dont certains n'ont pas plus de 8 ans, a-t-elle affirmé. Les captifs sont torturés, recrutés dans les armées rebelles, et forcer de participer à des actes d'extrême violence contre des membres de leur propre famille, contre la population et parfois contre leurs compagnons. Les filles sont abusées sexuellement et données en mariage en lieu de toute autre forme de paiement. Ceux qui tentent de s'échapper sont tués. Jusqu'à présent, les efforts du Gouvernement, des parents et des agences humanitaires n'ont pas permis d'obtenir des résultats positifs. La représentante a donc appelé au renforcement des efforts des Nations Unies, et en particulier de l'UNICEF et des ONG concernées, ainsi que de la communauté internationale pour la libération rapide de ces otages.

Mme CHATZAZADG, représentante de l'organisation non gouvernementale du Caucus des femmes sur les conflits armés, a souligné le fait que les droits des femmes étaient systématiquement bafoués dans ce type de situation. La Conférence de Beijing a réaffirmé l'importance de la résolution pacifique des conflits et le droit des peuples à l'autodétermination. Evoquant le cas du Tibet, elle a déclaré que l'expérience montre que les violations des droits de l'homme ne cessent pas lorsque la communauté internationale n'intervient pas. Quand la violence s'aggrave, les personnes qui se livrent à des campagnes pacifiques pour faire valoir leurs droits, dont leur droit à l'autodétermination, et leurs libertés fondamentales n'obtiennent pas toujours le soutien international dont elles ont besoin. Elle a donc lancé un appel aux Nations Unies et aux Etats membres pour encourager les pays occupant des territoires étrangers à entamer des négociations sans restreindre la mission des organisations internationales et des ONG. Les pressions sur les gouvernements ne doivent pas tenir compte de considérations économiques, a-t-elle dit, en priant le Secrétaire général d'utiliser ses bons offices pour promouvoir le règlement pacifique des conflits et évaluer les besoins des peuples qui veulent pouvoir jouir de leur droit à l'autodétermination.

Mme DAS (Inde) a indiqué qu'en ce qui concerne la protection des droits fondamentaux des femmes, les efforts gouvernementaux sont appuyés par des mécanismes institutionnels comme les tribunaux qui ont une longue tradition de défense des intérêts publics. En Inde, il est admis que la pauvreté et le sous-développement constituent les premiers obstacles au respect des droits

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des femmes. La stratégie vise donc à émanciper les femmes grâce à l'éducation, à l'emploi et à l'augmentation de leur rôle dans la prise de décision. Un amendement constitutionnel vient par exemple de rendre l'éducation primaire obligatoire pour les garçons et les filles. La stratégie vise également à assurer un accès égal aux terres et aux ressources productives. La question de la traite des femmes est également une source de préoccupation pour le gouvernement indien. Il appuie, à cet égard, la révision de la Convention de 1949 sur la traite des êtres humains à la lumière des recommandations de Beijing et de Stockholm sur l'exploitation des enfants. L'Inde appuie également l'idée d'un code de conduite à l'intention des agences de voyage afin de limiter le tourisme sexuel. La traite des femmes a été reconnue par les pays de la sous-région comme un problème prioritaire. L'Inde a élaboré un plan d'action dont la mise en oeuvre sera assurée par une commission centrale de coordination. Pour ce qui est de la violence à l'égard des femmes, le gouvernement entreprend des efforts de sensibilisation à tous les niveaux du dispositif judiciaire et policier. Des comités collectifs encouragent les femmes à faire valoir leurs droits auprès des tribunaux. Des tribunaux familiaux ont été mis en place pour connaître des cas de violence familiale. Pour lutter contre la pratique de la dot, des cellules policières ont été créées. Avant de conclure la représentante a souligné qu'en 1990, son pays a lancé la Décennie de la petite fille. Elle a encore jugé regrettable que 50 ans après l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, les droits fondamentaux des femmes ne soient toujours pas considérés comme universels en raison de critères religieux, traditionnels ou culturels.

Mme DALILA SAMAH (Algérie) a indiqué que, dans son pays, l'élément féminin au niveau de l'école constitue entre 45 et 48% des effectifs scolaires dans les cycles d'enseignement primaire, moyen, secondaire et universitaire. Le taux d'analphabétisme a été réduit progressivement de 81% en 1977 à 56% en 1987 et à moins de 40% en 1997. Le taux de féminisation des secteurs médical et pharmaceutique est de 51% alors qu'il atteint 64% chez les chirurgiens- dentistes et 65,4% chez les pharmaciens. Membre à part entière de la société algérienne, a poursuivi la représentante, la femme algérienne est engagée dans le combat pour la démocratie pluraliste et refuse de se plier aux diktats de "groupes terroristes". La représentante a, à cet égard, jugé étrange qu'un des pays qui a été et qui continue à être l'un des commanditaires du terrorisme évoque les massacres commis dans un certain nombre de pays sans prendre le soin de condamner le terrorisme. Les discours alambiqués, l'amalgame et les condamnations timides voire l'absence de condamnation ne peuvent qu'encourager le terrorisme à poursuivre son oeuvre de destruction. Des groupes terroristes se sont attaqués à toutes la société algérienne qui aujourd'hui mène un combat pour la promotion des droits de l'homme, la modernité et le triomphe des valeurs républicaines, a souligné la représentante.

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Mme TRAORE (Mali) a indiqué que, dans le cadre du suivi de la Conférence de Beijing, son Gouvernement avait adopté un Plan d'action national pour la période 1996-2000, qui a été élaboré en collaboration avec les associations et les ONG féminines. L'objectif de ce Plan est de valoriser l'image de la femme et de l'amener à participer davantage à la société. Il vise, en outre, à favoriser l'accès des femmes aux secteurs productifs de l'économie et aux ressources économiques, à les aider à concilier leurs activités productives et leur rôle au sein de la famille, à faciliter leur accès aux soins de santé, et à favoriser la scolarisation des filles. En ce qui concerne la promotion des droits des femmes, plusieurs actions d'information, d'éducation et de sensibilisation ont été menées. Des efforts importants sont, par ailleurs, en cours pour réviser les lois relatives à la famille, à la parenté et à l'héritage.

Parmi les progrès réalisés, la représentante a indiqué que davantage de femmes s'étaient portées candidates lors des élections législatives de 1997. Elle a mentionné la création des caisses d'épargne-crédit qui ont permis d'accorder des crédits à plus de 20 000 femmes à titre individuel et à 2000 groupes de femmes. Des campagnes de sensibilisation ont, en outre, permis de convaincre plusieurs exciseuses de renoncer à la pratique des mutilations génitales. Le taux de scolarisation des filles a augmenté sensiblement. Le respect des droits des femmes, une meilleure prévention de la violence à leur égard et une meilleure protection des petites filles constituent des priorités du Mali. La mise en oeuvre du Plan d'action national nécessite toutefois des efforts financiers pour lesquels une contribution de la communauté internationale serait souhaitée, a-t-elle conclu.

Mme MARIA JONAS (Autriche) s'est félicitée de la nomination de Mme Louise Fréchette au poste de Vice-Secrétaire général, de celle de Mme Mary Robinson comme Haut Commissaire aux droits de l'homme et de Mme Brundtland au poste de Directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé. En conséquence, l'image des Nations Unies mais également le traitement du processus de décision en seront modifiés. La créativité, l'expérience et les connaissances que la femme apporte à un si haut niveau de responsabilité humaniseront le système des Nations Unies et donneront un signal positif aux femmes de part le monde. Mais seule la mise en oeuvre pertinente des principes de parité entre les sexes peut éliminer les obstacles structurels à la participation active des femmes dans tous les domaines de la vie publique et privée. En conséquence, l'Etat doit fournir le cadre nécessaire à la parité entre les sexe en mettant en place des mesures incitatives et d'aide permettant de subvenir aux besoins des hommes et des femmes. Le Ministère de la femme espère que le Parlement approuvera un amendement constitutionnel qui stipule l'obligation faite à l'Etat de travailler à la parité entre les sexes. Le Ministère a également l'intention

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de renforcer la notion de partage des tâches domestiques au sein de la famille en amendant la législation en vigueur. Rappelant par ailleurs que l'Autriche s'apprête à assumer la présidence de l'Union européenne dans le courant de l'année, elle a précisé que le Ministère de la femme, aux côtés d'autres entités ministérielles, présidera un Conseil des Ministres informel sur les questions relatives à l'égalité des chances et à l'emploi. Elle a annoncé également que le rapport national de l'Autriche sera bientôt disponible sur le site électronique de Women's Watch.

Mme CUDJOE (Nigéria) a indiqué qu'à la suite de la Conférence de Beijing, son pays s'est employé à faire connaître le Programme d'action adopté par sa diffusion dans les langues les plus utilisées du pays. Si la mise en oeuvre du Programme a donné des résultats remarquables, c'est parce que le gouvernement a compris le rôle critique que peuvent jouer les femmes en matière de développement et de paix. Une attention a donc été accordée au processus de développement des femmes en renforçant les mécanismes locaux pour l'avancement des femmes. En outre, des politiques ont été mises au point pour traiter des domaines identifiés fixés par le Programme d'action de Beijing.

M. GARCIA (El Salvador) a souligné le changement important de la condition de la femme au cours des dernières décennies. Si nous avons progressé, c'est parce que les femmes ont beaucoup accompli, en s'organisant et en se mobilisant. Les changements au El Salvador ont été marqués par les bouleversements qu'a connus le pays et son évolution sociale. La moitié des femmes salvadoriennes vivent en milieu rural. Un tiers des femmes salvadoriennes sont chef de famille. Leur accès à l'éducation et à la santé est gravement limité, bien que beaucoup de femmes travaillent. De nombreuses discriminations juridiques ont été limitées, mais les femmes subissent encore des discriminations dans l'application des dispositions juridiques. L'Institut salvadorien de la promotion de la femme est chargé de mener une politique nationale de promotion de la femme, a indiqué le représentant. Il y a un consensus national sur le fait que la politique adoptée pour la période 1997-1999 dans ce domaine ne signifie pas la fin des actions à mener. Si cette politique est couronnée de succès, on pourra toutefois parvenir à certains objectifs. Evoquant les quatre domaines critiques à l'ordre du jour de cette session, le représentant a indiqué que le Salvador avait atteint 85% de l'objectif fixé en ce qui concerne la violence à l'égard des femmes, ceci par la prévention et la sensibilisation de l'opinion publique.

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