En cours au Siège de l'ONU

FEM/997

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME : IL N'EST DESORMAIS PLUS POSSIBLE DE RECULER DEVANT LES PROGRES ACCOMPLIS EN FAVEUR DES FEMMES, ESTIME LOUISE FRECHETTE

5 mars 1998


Communiqué de Presse
FEM/997


JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FEMME : IL N'EST DESORMAIS PLUS POSSIBLE DE RECULER DEVANT LES PROGRES ACCOMPLIS EN FAVEUR DES FEMMES, ESTIME LOUISE FRECHETTE

19980305 Pour Mme Robinson, le nouveau concept des droits économiques et sociaux des femmes pourrait justifier la création d'un poste de Rapporteur spécial

La Journée internationale de la femme a été commémorée ce matin au Siège des Nations Unies à New York sur le thème "les femmes et les droits de l'homme". Les Nations Unies ont commencé à observer la Journée internationale de la femme le 8 mars 1975. Dans le cadre de la Décennie pour les femmes (1976-1985), l'Assemblée générale a proclamé, par sa résolution en date du 16 décembre 1977, conformément aux traditions et coutumes historiques et nationales des Etats Membres, un jour de l'année comme Journée des Nations Unies pour les droits des femmes et la paix internationale.

La Déclaration et le Programme d'action de Vienne ont réaffirmé que les droits fondamentaux des femmes et des fillettes font inaliénablement, intégralement et indissociablement partie des droits universels de la personne. L'égale et pleine participation des femmes à la vie politique, civile, économique, sociale et culturelle, aux niveaux national, régional et international, et l'élimination totale de toutes les formes de discrimination fondées sur le sexe sont des objectifs prioritaires de la communauté internationale. La Conférence de Vienne avait demandé instamment aux gouvernements, aux institutions, aux organisations intergouvernementales et non gouvernementales d'intensifier leurs efforts en vue de protéger et de promouvoir les droits fondamentaux des femmes et des fillettes.

Dans son allocution, Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire général, a souligné la nécessité d'établir un partenariat réel entre les hommes et les femmes pour construire l'avenir. Désormais il n'est plus possible de reculer devant les progrès accomplis en faveur des femmes notamment depuis la Conférence de Vienne et de Beijing. Mme Mary Robinson, Haut Commissaire pour les droits de l'homme, a évoqué l'importance de préserver les droits sociaux et économiques des femmes. A cet égard, elle a indiqué son soutien de principe à l'idée de créer un poste de Rapporteur pour l'activité économique et sociale des femmes. Aux yeux de Mme Angela King, Sous-Secrétaire générale et Conseillère spéciale pour l'intégration et la promotion des femmes, il importe de traduire de facto la situation de jure consacrée par les

instruments des Nations Unies pour la promotion de la femme. Elle a reconnu les progrès réalisés comme en témoigne la nomination de Mme Louise Fréchette au poste de Vice-secrétaire générale et de Mme Mary Robinson au poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme. Mme Radhika Coomaraswamy, Rapporteur spéciale sur la violence à l'égard des femmes, a estimé que la défense des droits humains des femmes appelle un engagement sensiblement différent de celui des Nations Unies qui soit placé sous le signe de la sensibilité et non pas uniquement de l'efficacité. M. Samir Sanbar, Sous-Secrétaire général à l'information et modérateur de la réunion, a expliqué en début de séance que le Bureau de la communication et de l'information des Nations Unies a été le premier à atteindre une proportion égale d'hommes et de femmes dans la composition de son personnel.

Les participants à la réunion commémorative ont ensuite formulé des observations.

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Déclarations

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a dérclaré qu'il est exceptionnel pour elle de participer à la célébration de la Journée internationale de la femme, au cours de la première semaine de son entrée en fonctions. Elle a souligné la nécessité d'établir un partenariat réel entre les hommes et les femmes pour construire l'avenir. Le Programme d'action et la Déclaration de Vienne et le Programme d'action de Beijing ont réaffirmé les droits de l'homme de la femme. De nombreuses organisations non gouvernementales qui ont tenu à Beijing une session de travail, parallèlement à la Conférence des Nations Unies sur les femmes, ont établi un programme pour l'autonomisation des femmes. Mme Fréchette a estimé que l'on ne peut plus reculer après les réalisations de cette Plate-forme. A cet égard, elle a rappelé que la Commission de la condition de la femme tient actuellement sa session de fond à New York pour examiner les progrès accomplis depuis la Conférence de Beijing. La Convention de l'Organisation internationale du travail (OIT) sur l'égalité des salaires pour un travail égal et la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes renforcent le cadre juridique de la protection des droits fondamentaux des femmes. Les Programmes d'action de Vienne et de Beijing ont proclamé que le progrès des femmes est en fait le progrès de l'humanité.

Mme MARY ROBINSON (Haut Commissaire aux droits de l'homme) a évoqué principalement la question de la violence à l'égard des femmes et de leurs droits économiques et sociaux. La violence traite les femmes en tant que victimes alors que les droits économiques leur accorde un rôle d'acteur dans la société, a-t-elle précisé. Mme Robinson a défini plusieurs catégories de violence à l'égard des femmes. La violence domestique, les abus sexuels, le viol marital et les mutilations génitales des fillettes sont les formes de violence les plus courantes dans le cadre de la famille. Puis il existe la violence dans la société comme la pornographie, la prostitution, la traite des femmes. Il existe également une violence d'Etat dans le cadre des conflits armés où le viol est utilisé comme une arme de guerre. Mme Robinson a fait part de son expérience au contact de femmes, notamment au Cambodge, en Somalie ou aux Etats Unis où elle a recueilli des témoignages alarmants de femmes et de petites filles victimes de la violence sexuelle. Dans un autre domaine, comment faire pour progresser davantage au plan des droits économiques et sociaux des femmes afin qu'elles puissent participer activement au développement, s'est-elle demandé. Dans ce cadre, elle a indiqué qu'elle était favorable à la création d'un poste de Rapporteur pour l'activité économique et sociale des femmes. Au sein de l'ONU même, les femmes ont apporté une contribution importante aux activités de l'Organisation, comme en témoigne la nomination de Mme Fréchette et la mienne, a-t-elle souligné. Néanmoins il sera très difficile d'atteindre la parité absolue entre les femmes et les hommes au sein du Secrétariat à moins de développer une politique très dynamique et de déployer des ressources suffisantes, a-t-elle estimé.

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Mme PATRICIA FLOR, Présidente de la Commission de la condition des femmes, a indiqué qu'en participant à la célébration de la Journée internationale de la femme, la Commission a tenu à souligner sa volonté de coopérer étroitement avec la société civile. Cette année marque également le Cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Lorsque la Charte des Nations Unies a été adoptée, on a réaffirmé les droits des femmes. Mais les résultats en sont encore limités. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et le Programme d'action de Beijing constituent des étapes historiques dans l'amélioration de la condition des femmes. La Commission de la femme devra déterminer, à sa présente session de fond, des méthodes d'évaluation des progrès accomplis en l'an 2000. La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes a été essentielle car les droits de l'homme ont souvent été examinés par des "yeux masculins" . Les violations des droits fondamentaux des femmes ne revêtent pas toujours la même nature que celles que subissent les hommes. Les violations à l'encontre des femmes sont systématiques, parfois imposées par leur propre mère. Par exemple, en matière d'éducation, les filles sont souvent défavorisées. Les choix faits par les parents devraient avoir une autre base afin d'éviter toute discrimination à l'égard des filles. Toute relation qui repose sur des inégalités de droits pourrait engendrer la violence. La Présidente a estimé que l'objectif fondamental est de dépasser le cadre législatif et de prendre des mesures concrètes pour garantir aux femmes la place qu'elles méritent dans la société. Toutefois, cela ne peut être accompli dans les limites des Nations Unies. Il appartient à toutes les femmes participant à la célébration de la Journée internationale de la femme d'oeuvrer dans cette voie lorsqu'elles retourneront dans leur pays respectif.

Mme ANGELA KING (Sous-Secrétaire général et Conseillère spéciale pour l'intégration et la promotion des femmes) a fait part de l'importante contribution des différents organes et instruments des Nations Unies à la cause des femmes, comme la Commission sur le statut de la femme, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Néanmoins, a estimé Mme King, il reste beaucoup à faire pour traduire la situation de jure dans les faits. Le type de contrôle qu'exerce le CEDAW sur les politiques des Etats parties à la Convention est puissant même s'il faut regretter le manque de mordant de ce Comité eu égard aux 56 Etats qui n'ont toujours pas présenté leurs rapports initiaux, et compte tenu du fait que la soumission des rapports se fait tous les quatre ans. Mme King a rappelé que l'un des objectifs de la Quatrième Conférence de Beijing sur les femmes est d'obtenir la ratification universelle de cette Convention d'ici l'an 2000. L'obligation pour les Etats de présenter leurs rapports initiaux d'ici l'an 2000 devrait également constituer un objectif prioritaire. Mme King a par ailleurs fait valoir le rôle important joué par les organisations non gouvernementales et les représentants de la société civile et a souhaité que ces organisations aux côtés d'autres groupes de femmes, encouragent les Etats à ratifier la Convention et à présenter leurs rapports sur une base régulière. Mme King s'est par ailleurs félicitée que l'article 4 de la

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Convention ait permis au Secrétaire général de mettre en place une série de mesures propres aux femmes au sein des Nations Unies. En conséquence, le taux de femmes travaillant dans la catégorie professionnelle a atteint les 36,6 % tandis que le taux de femmes participant au processus de prise de décision est passé de 16 à 22 %. Mme King a également estimé que la nomination de Mme Frechette et de Mme Robinson constituait un signe de progrès indéniable.

Mme MUSIMBI KANYORO, Secrétaire générale de l'Association mondiale des jeunes femmes chrétiennes, a déclaré que la célébration est un mot important car il permet d'évaluer les progrès accomplis dans l'amélioration de la condition de la femme. Cinq ans se sont écoulés depuis que les femmes ont demandé, dans le cadre de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, d'intégrer les droits des femmes dans les droits fondamentaux de tous les peuples. Le fardeau constant de la pauvreté perpétue les inégalités et les discriminations à l'égard des femmes. Cette année, un certain nombre de programmes axés sur l'amélioration de la condition des jeunes femmes ont été mis en place par l'Association. Les jeunes femmes doivent comprendre leurs droits fondamentaux. L'Association a développé ces programmes en particulier en El Salvador, en Pologne, au Royaume-Uni, au Canada. La combinaison de différentes professions a permis de faire une meilleure utilisation des ressources existantes au sein de l'Association. Les fillettes devraient pouvoir déterminer leurs droits fondamentaux. En Ouganda, l'Association a axé ses efforts pour venir en aide aux jeunes femmes en matière de santé, et en particulier pour lutter contre l'épidémie du Sida. Mais il ne suffit pas de dire aux femmes africaines de déployer des efforts, il faut aussi faire changer certains aspects culturels. Mme Kanyoro s'est déclarée convaincue que l'amélioration de la condition de la femme ne peut que se renforcer dans l'avenir.

Mme RADHIKA COOMARASWAMY (Rapporteur spécial sur la violence à l'égard des femmes) a indiqué que le mouvement pour la promotion des femmes est passé par une première phase dans les années 1980 et ne tenait pas compte alors de la notion de la violence ni de celle des droits civiques. Ces notions sont apparues dans le cadre de l'émergence d'un second mouvement dans les années 90. Dès lors, les mouvements féministes ont fait passer sur le devant de la scène la violation des droits civiques et la violence à l'encontre des femmes. Des normes ont été fixées et les Conventions ont été complétées. Le Rapporteur a précisé que cette évolution trouve son origine dans la société civile qui a fait entendre sa voix par le biais des organisations non gouvernementales. Cette journée doit permettre de réfléchir à notre travail, a-t-elle estimé. La violence à l'égard des femmes pose d'énormes problèmes moraux. Comment les aider sans exploiter leurs souffrances? Comment concilier les faits et la nécessité de préserver la dignité de ces femmes? Les droits humains nécessitent un engagement différent de celui de l'ONU. Il nous faut adopter une culture de la sensibilité à la hauteur du langage prédominant de l'efficacité.

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Echange de vues

Une intervenante a fait observer que l'on n'évoque pas beaucoup les abus sexuels que subissent chaque jour les enfants. Pour une autre, il est essentiel de multiplier les efforts pour protéger les enfants dans les conflits armés. Tout en reconnaissant que l'éducation est cruciale pour réaliser des progrès considérables en faveur des femmes, une participante a fait remarquer que de nombreuses jeunes filles dans le monde ne peuvent financer leurs études et que certaines se sont même livrées à la prostitution pour le faire. Plusieurs participantes ont attiré l'attention sur les femmes victimes d'atrocités dans les pays qui traversent des crises, notamment en Afrique, au Moyen-Orient et en Algérie, ainsi que sur les "intouchables" qui vivent en Inde. Elles ont lancé un appel de solidarité avec les fillettes et femmes algériennes qui mènent en silence une lutte contre la barbarie dont elles sont victimes dans leur pays. Une intervenante a proposé la création d'une chaîne de télévision des Nations Unies exclusivement consacrée aux questions des femmes. Une participante a fait remarquer que la lutte des femmes dans les pays en développement exige un appui financier. Par ailleurs, on ne peut parler de droits économiques des femmes tout en refusant de leur reconnaître les droits successoraux et fonciers. Soulignant que les droits de l'homme ne signifient rien si le droit à la paix n'est pas reconnu, une participante a fait valoir que les femmes jouent un rôle crucial dans l'instauration de la paix. Par ailleurs, les réformes dans les domaines économique et social dans les pays en développement, notamment en Afrique, souvent encouragées par les institutions de Bretton Woods, ne donnent guère de résultats en faveur des femmes.

Répondant aux observations formulées par les participants, Mme King a indiqué que la Commission de la condition de la femme a entendu hier deux fillettes expliquer les difficultés qu'elles rencontrent. M. Sanbar a assuré que ce Séminaire est solidaire des femmes d'Algérie et de toutes celles qui souffrent dans le monde.

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