COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE POUR RALENTIR LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE
Communiqué de Presse
POP/586
COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LES DELEGATIONS INSISTENT SUR LA PLANIFICATION FAMILIALE POUR RALENTIR LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE
19980225 La Commission de la population et du développement a achevé, ce matin, son débat général sur l'expérience nationale des pays en matière de population : santé et mortalité. Les pays suivants ont participé au débat : Inde, Jamaïque, El Salvador, Malte, Ukraine, République islamique d'Iran, Turquie, Malaisie, Suède, Soudan, Indonésie, Pérou et Malawi. Les Observateurs de la Suisse et du Saint-Siège ont également pris la parole.Les représentants ont dans leur majorité insisté une nouvelle fois sur le caractère indispensable de la planification familiale pour réduire le taux de croissance démographique. Plusieurs d'entre eux ont estimé que la décentralisation des programmes de planification familiale contribue largement à garantir de meilleurs résultats. Certaines délégations ont souligné le rôle crucial des organisations non gouvernementales et du secteur médical et para- médical privé dans cette entreprise. Leur politique nationale en matière de santé met aujourd'hui l'accent sur la qualité des services fournis. Dans le cas de l'Inde, l'évaluation et le suivi des programmes de santé confiés à des ONG ne seront plus réalisés directement par le gouvernement mais par les ONG elles-mêmes.
La Commission a ensuite entamé l'examen du point sur les questions relatives au programme. Le rapport pertinent a été présenté par M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales.
La Commission a entendu, dans ce cadre, les observations formulées par les délégations suivantes : Etats-Unis, Bangladesh, République de Corée et Inde. L'Observateur du Saint-Siège ainsi que les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Institut de la population ont également fait part de leurs vues.
Au titre de l'ordre du jour provisoire de la trente-deuxième session, M. Chamie a proposé que les travaux de la prochaine session de la Commission soient divisés en deux parties; la première serait relative au suivi de la Conférence internationale du Caire sur la population et le développement alors que la seconde permettrait d'entamer la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le suivi à mi-parcours de la Conférence. Ces propositions feront l'objet de consultations officieuses.
La prochaine réunion de la Commission aura lieu cet après-midi à 15 heures.
Expériences des pays en matière de population : santé et mortalité
Fin du débat
M. PADAM SINGH (Inde) a déclaré que l'Inde avait enregistré des progrès significatifs en matière de population depuis la dernière session de la Commission. Les statistiques pour l'année 1996 révèlent en effet que le taux de natalité et le taux de mortalité infantile sont tous les deux en baisse sensible. Peu après la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), l'Inde a pris la décision de décentraliser les programmes de planification familiale et de les conformer aux besoins de chaque communauté. La collaboration des ONG et du secteur médical et paramédical privé dans cette entreprise a été très précieuse et un an seulement après sa mise en oeuvre, des progrès ont été enregistrés. Aujourd'hui l'accent est porté sur la qualité des services fournis. Un plan national sur neuf années a été lancé en 1997 et prévoit une réforme de la politique et des programmes de santé généraux. Ce nouveau plan renforce encore l'action et l'intégration des campagnes développées en faveur des enfants, au moyen notamment de la vaccination, et des services pour la santé reproductive. Il bénéficie du soutien financier et technique de plusieurs agences bilatérales et multilatérales. Le Gouvernement indien a également entrepris de modifier ses rapports avec les ONG. Désormais l'évaluation et le suivi des programmes de santé confiés à des ONG ne seront plus réalisés directement par le Gouvernement mais par les ONG elles-mêmes. Les autorités s'emploient aussi à encourager la participation de la communauté à tous les programmes de population et de santé reproductive.
M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a indiqué que le taux de mortalité infantile des enfants est de 24,5 pour 1 000. Les maladies cardio-vasculaires, respiratoires et contagieuses chroniques affectent en particulier les hommes. Le gouvernement jamaïcain s'est engagé à prendre des mesures efficaces pour améliorer le système de santé. En matière de réforme et de rationalisation, le gouvernement a décidé de décentraliser les services de santé dans les quatre grandes régions du pays. La prise de décision et l'utilisation plus efficace des ressources sont désormais dévolues aux autorités régionales. Dans le cadre du suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement, la Jamaïque déploie des efforts visant à intégrer dans son programme national pour la santé les recommandations adoptées au Caire. Des hôpitaux conviviaux pour les bébés ont été créés.
M. JOSE ROBERTO AGUILAR ALVAREZ (El Salvador) a déclaré que la Conférence du Caire a permis d'aborder les problèmes de population d'une manière nouvelle. Dans le cas du El Salvador, un plan quinquennal a été élaboré visant à réaliser une véritable paix sociale. Il prend en compte la majorité des principes du Programme d'action de la CIPD. Les réformes en matière de santé ont conduit à la multiplication par cinq des visites médicales. L'an dernier aucun cas de choléra n'a été dépisté. L'accent a été placé su la santé des enfants dans le cadre du Programme intitulé "L'école de
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la santé", qui associe tous les groupes de population. Les accouchements assistés médicalement ont également été encouragés. Conscient de l'importance de la santé des adolescents, le Gouvernement a lancé des campagnes d'information sur la santé sexuelle et génésique et les services offerts ont été élargis et améliorés. L'éducation sanitaire est au coeur de toutes les politiques sanitaires développées. Un an seulement après l'adoption du Programme spécial pour la santé de la femme, 90% des initiatives prévues ont été réalisées. Désormais, le Gouvernement porte son effort vers l'élimination de la violence domestique, tout à fait nuisible à la santé des femmes. Le représentant a en conclusion remercié l'ensemble des pays donateurs qui ont apporté leur soutien précieux à l'amélioration de la situation sanitaire du El Salvador.
M. JOSEPH CAMILLERI (Malte) a rappelé qu'avec le soutien du FNUAP de nombreux programmes et initiatives sont menés par l'Institut international sur le vieillissement, basé à Malte. Les défis posés par le vieillissement démographique n'affectent pas seulement les pays en développement mais également les pays développés et ils vont s'intensifier encore dans les vingt- cinq prochaines années, a mis en garde le représentant. Les manifestations du vieillissement des populations sont l'augmentation des coûts des pensions de retraite, et l'augmentation du nombre de personnes âgées ayant des besoins médicaux et d'aide journalière très spécifiques. Fort de ce constat, Malte a décidé de faire de la "Sécurité sociale et sa transition vers le 21ème siècle", le thème central de la septième Conférence des Ministres européens de la sécurité sociale, qui se tiendra dans sa capitale en mai prochain.
En ce qui concerne son expérience nationale, le Gouvernement de Malte consacre environ 66% de ses dépenses aux secteurs de la santé, de l'éducation et de la protection sociale. Des soins médicaux et l'éducation gratuite, un système de sécurité sociale performant et la croissance économique ont produit des résultats satisfaisants pour la transition démographique et le développement de la population. Aujourd'hui les politiques en vue de la responsabilisation des femmes, des personnes handicapées et l'amélioration de la collaboration avec les ONG sont les nouveaux centres d'attention de l'Etat. Malte connaît de nouvelles formes de problèmes de santé, tels que le diabète, l'obésité, les maladies liées au tabagisme, à l'abus d'alcool et les maladies cardio-vasculaires. C'est pourquoi, des changements structurels et administratifs sont en place pour répondre à ces nouveaux défis. La coopération entre le Gouvernement, les ONG et les autres organisations bénévoles est encouragée, notamment dans le cadre de la lutte contre la consommation du tabac, de l'alcool ou des drogues. De l'avis de Malte, le Programme d'action du Caire établit une série de normes et d'instruments qui fixent les objectifs universels d'un meilleur niveau de vie pour toutes les populations. Son point fort est que, à la différence de nombreux autres programmes internationaux, il respecte les fondements éthiques, culturels et religieux de chaque pays, ce qui le rend universellement acceptable.
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M. OLEXANDR OSAULENKO (Ukraine) a indiqué qu'en 1990, le taux de reproduction était extrêmement faible. Le taux de mortalité chez les adultes a augmenté pour toutes les causes de décès. En outre, les conséquences de l'accident de Tchernobyl ont largement contribué à modifier la courbe du taux de mortalité. La transition économique du pays n'a pas permis d'accorder la priorité aux services de santé. Toutefois, le gouvernement s'engage maintenant à prendre des mesures concrètes pour établir un programme de régulation de la population afin de réaliser les objectifs fixés par le Programme d'action de la Conférence du Caire, dans un délai raisonnable.
M. MOHAMMAD ASSAI ARDAKANI (Iran) a rappelé qu'à la suite de la révolution islamique en 1979, le Ministère de la santé iranien a mis en place un système de santé assurant des services de santé plus équitables. Selon une étude réalisée en 1984 à partir d'un échantillonnage de 10% de la population rurale et urbaine, plus de 42% des décès étaient ceux des enfants de moins de cinq ans. Plus de 52% des cas étaient causés par des maladies qui auraient pu être aisément prévenues. Sur la base de cette étude, le gouvernement iranien a adopté des politiques axées notamment sur la promotion de la prévention à long terme, l'affectation de ressources appropriées aux zones rurales ou défavorisées, et la promotion des services de santé spécialisés. En 1987, le gouvernement a pris des mesures concrètes pour réduire le taux de croissance démographique élevé. En conséquence, le Cabinet a créé un Conseil de planification familiale, composé de membres représentant tous les ministères et les organisations concernés par la mise en oeuvre des politiques en la matière. Une étude plus récente, publiée en avril 1997 par le Ministère de la santé montre que le taux de mortalité infantile a diminué et est passé de 51 à 26 pour 1 000 naissances. D'une manière générale, les maladies cardio-vasculaires constituent la cause de décès la plus fréquente. On note par ailleurs une réduction sensible du taux d'infections respiratoires. La mise en oeuvre de programmes de planification familiale très étendus a contribué largement à réduire le taux de mortalité. Des progrès dans le développement socio-économique dans différents domaines, en particulier au niveau de l'alphabétisation, ont permis de jeter une base plus solide pour un meilleur accès aux services de santé pour tous.
Mme SAMIRA YENER (Turquie) a évoqué le niveau de mortalité infantile très élevé en Turquie, qui est en contradiction avec les indicateurs économiques du pays et est dénommé communément "l'énigme turque". Malgré le fort taux de mortalité infantile ( environ 40 pour 1000 en 1997), l'espérance de vie a augmenté, a indiqué la représentante. La Turquie dans ses statistiques souffre d'un manque d'enregistrements fiables des naissances et des décès. Le Gouvernement turc a établi depuis la CIPD différents plans de santé s'adressant aux divers groupes de la population, et notamment les plus vulnérables, tel les femmes, les enfants et les adolescents. le Programme de la santé maternelle est prioritaire et se fonde sur le réseau communautaire. La prise de conscience de la nécessité urgente d'améliorer les services de santé a abouti à des réformes portant sur le financement, la décentralisation des hôpitaux, services, soins de santé primaires, les ressources humaines et
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systèmes d'information relatifs à la santé. La sensibilisation de l'ensemble du public et la coopération accrue entre les ONG et le Gouvernement constituent des facteurs importants de l'amélioration de la santé publique en Turquie.
M. AMINAH ABDUL RAHMAN (Malaisie) a indiqué que le Plan de développement de son pays pour la période 1996-2000 a placé au centre de ses priorités le développement social. A cette fin, un Comité du Cabinet présidé par le Vice- Premier ministre se réunit régulièrement pour discuter des causes des problèmes sociaux actuels affectant les familles et les groupes spécifiques de la population et formuler les stratégies appropriées pour l'intervention et la prévention. Il s'agit notamment des questions relatives aux responsabilités familiales et parentales et des problèmes liés à l'adolescence et à la jeunesse. Consciente du fait que l'urbanisation et l'industrialisation ont causé des changements dans le fonctionnement de la cellule familiale et dans la nature des maladies, la Malaisie est en voie d'adopter des plans pour le développement de meilleures conditions de vie dans les villes.
L'amélioration générale de l'état de santé de la population a été considérable au cours des quarante dernières années. En 1995, le taux de mortalité infantile est passé à 10,3 pour 1000. De même, le taux de mortalité maternelle a diminué et il est actuellement de 20 pour 100 000. L'espérance de vie est aujourd'hui de 70 ans pour les hommes et de 76 ans pour les femmes. Ces progrès s'expliquent surtout par le niveau de développement et le renforcement des services de santé, en particulier la planification familiale et la nutrition intégrés aux services de santé de base. La sensibilisation à la santé et les efforts de promotion en faveur des familles et des communautés associés à un système de gestion et de suivi rationnel ont constitué une des stratégies les plus efficaces pour dans la réduction du taux de mortalité. Ces programmes d'éducation ont inclus des efforts pour contrôler l'alcoolisme et l'abus des drogues; pour prévenir les maladies sexuellement transmissibles, le Sida/HIV et la nécessité de pratiquer des sports et d'une alimentation équilibrée. Cette initiative a démarré en 1990 par le biais des médias, des écoles et des organisations non gouvernementales. La réduction des taux de mortalité infantile et maternelle reste au centre des priorités que le gouvernement s'est fixées.
Mme CLAUDINE SAUVAIN-DUGERDIL, Observateur de la Suisse, a expliqué que les questions démographiques constituent pour les autorités suisses un élément intégral du développement social. Néanmoins, en politique intérieure comme dans celle de la coopération internationale, elles n'ont pas constitué jusqu'ici un champ d'actions spécifiques. Une dynamique nouvelle est actuellement en cours qui doit certainement beaucoup au processus international lancé par la CIPD. Sur le plan intérieur, les préoccupations liées aux conséquences conjointes du vieillissement de la population et d'une situation économique moins favorable ont conduit à une onzième révision du système de retraites (AVS) qui, en particulier, envisage la possibilité d'élever l'âge légal de la retraite. En matière de santé de la femme, d'autre
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part, on assiste actuellement à un renouveau prometteur du débat sur deux aspects fondamentaux non résolus formellement jusqu'ici : la question d'une législation en matière de congé maternité et celle d'une légalisation des interruptions de grossesses. Dans ce dernier cas, on assiste à des prises de position plus libérales, ceci sous la pression de leurs membres féminins. Ce n'est que depuis cinq ans, que la Suisse compte une association affiliée à l'IPPF (Association suisse pour la planification familiale et l'éducation sexuelle, ASPFES, créée en 1993). Cette association est particulièrement active dans la sensibilisation des parlementaires et lance un travail d'information auprès des ONG travaillant dans le domaine du développement.
En matière de coopération internationale, pour l'instant, les efforts faits pour réorienter les activités dans l'optique des objectifs de la CIPD sont surtout perceptibles en matière d'allocation de fonds aux organismes multilatéraux et internationaux (FNUAP, UNAIDS, IPPF, OMS, UNICEF, Banque mondiale, Initiative pour une maternité sans risques). Contrairement à ce qui est le cas dans d'autres domaines, les contributions ont légèrement augmenté. On estime que pour 1997, c'est environ 18,3 millions de CHF, soit 2,4% du total alloué à la coopération au développement (soit 1,5% de l'aide publique au développement) qui a été utilisé pour les questions de population. La coopération bilatérale suisse n'a pas de tradition de programmes dans le domaine de la population. Celui-ci n'est pas vu comme une priorité au niveau opérationnel, néanmoins de nombreuses facettes des problèmes liés aux comportements démographiques sont considérés indirectement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, la promotion d'un environnement salubre et des appuis institutionnels.
M. BERTIL EGERO (Suède) a souligné que les progrès réalisés en matière de santé et de prestations sociales ne peuvent en aucun cas être considérés comme irréversibles. Les expériences récentes des pays à économies en transition rappellent de manière ferme que les taux de mortalité en stagnation ou croissants sont parfaitement possibles même dans des sociétés avancées. Les tendances passées et actuelles en matière de fécondité sont aujourd'hui bien documentées. Les modifications récentes en matière de mortalité dans les pays à économies en transition n'étaient pas prévisibles, et il n'existe pas non plus de consensus sur l'avenir de ces pays dans ce domaine. Il semble que les tendances concernant l'avenir de la mortalité sont plus incertaines que celles en matière de fécondité. La délégation de la Suède propose que la question des prévisions démographiques soit examinée au titre du point de l'ordre du jour relatif au programme de travail de la Division de la population. Le représentant a noté que le rapport indique que les progrès concernant l'espérance de vie réalisés dans les régions les plus pauvres ne sont plus garantis. Ainsi, le fossé entre les populations favorisées et les populations défavorisées se creuse davantage, tendance identique à celle que connaît le fossé entre les revenus des pays les plus pauvres et des pays les plus riches. M. Egerö a estimé que la révision quinquennale de la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence du Caire devrait inclure des interprétations bien documentées des contextes de services de santé très
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faibles et des taux de morbidité et de mortalité dans certaines régions du monde. Il faudrait également que les travaux de la Commission reflètent l'analyse des circonstances internes et extérieures qui pourraient expliquer les différences en matière de santé et de mortalité.
M. AHMED TAHA MOHAMED (Soudan) a déclaré que pour le Soudan, après avoir adopté le Programme d'action du Caire, l'objectif est d'améliorer la vie des individus. Ce souci est reflété dans la politique de santé génésique, qui laisse le choix aux deux conjoints en matière de procréation. La promotion de la santé de l'enfant et de la femme est privilégiée. Il apparaît que les mauvaises habitudes chez les mères sont le problème majeur. Pour l'heure, le Soudan est encore incapable de réduire la mortalité des enfants à moins de 50 pour 1000, au contraire la tendance la plus récente marque une augmentation. Il faut prendre en compte l'important exode intérieur résultant des guerres et la dégradation de l'environnement, a rappelé le représentant. C'est pourquoi, le Soudan s'efforce d'instaurer la paix et réaffirme sa politique de bon voisinage. Le Gouvernement du Soudan remercie les pays donateurs et des ONG internationales des efforts importants qu'ils lui apportent de manière continue afin de promouvoir les politiques de population. Le Soudan aspire à réaliser les dispositions du Programme du Caire. Ce processus est dynamique et exige davantage d'informations et de recherches.
M. SISWANTO AGUS WILOPO (Indonésie) a indiqué que la planification familiale est au centre du Programme national de santé adopté par le gouvernement indonésien. Le taux de mortalité infantile est passé de 147 pour mille en 1967 à 42 pour 1 000 en 1996. Le taux de mortalité maternelle reste élevé, essentiellement à cause de l'anémie des femmes enceintes ou du cancer de l'utérus provoqué par la contraception. L'Indonésie a beaucoup investi pour garantir un système de services de santé de base pour tous. L'amélioration de la condition de la femme a été sensible. Les filles scolarisées sont plus nombreuses. Les femmes mariées poursuivent une activité professionnelle et l'âge légal du mariage de la femme a été relevé. Le gouvernement indonésien a estimé qu'il est nécessaire d'amener des changements fondamentaux dans le comportement pour obtenir des progrès sérieux et durables en matière de santé maternelle et infantile. Des campagnes d'information ont été lancées pour mieux sensibiliser la population aux maladies cardio-vasculaires et au tabagisme. Le représentant a estimé qu'il faudrait décentraliser le système des services de santé pour garantir son efficacité.
Mme ELENA CONTERNO (Pérou) a indiqué que le taux élevé de fécondité des femmes a justifié la priorité accordée en 1995 à la santé génésique. Les services de planification familiale ont été élargis. En 1996, le Ministère de la promotion de la femme a été créé et il joue un rôle normatif, définissant et encadrant des politiques en matière de population. Un programme national quinquennal de population a été établi, en coopération avec différentes instances gouvernementales et non gouvernementales. L'objectif est de réduire les inégalités socio-économiques, entre les sexes, entre les villes et les campagnes et entre les régions du pays. Cette politique passe par des actions
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en matière de santé génésique et des campagnes destinées aux jeunes. Elle est placée sous le signe de la décentralisation. La couverture sanitaire est ainsi passée de 44 à 75% de la population. Aujourd'hui, le taux de fécondité est de 3,5 enfants par femmes, alors que l'objectif est de 2,2 enfants par femme. Les plus forts taux de fécondité se rencontrent dans les campagnes. On estime que 60% des grossesses au Pérou ne sont pas désirées et 50% d'entre elles aboutissent à des avortements. C'est pourquoi, la politique sanitaire est axée sur les services de planification familiale pour éviter les grossesses non désirées et le recours à l'avortement. L'information et le choix en toute conscience sont fondamentaux et le Gouvernement n'a pas pour politique de recourir à des méthodes coercitives, a affirmé la représentante. Elle a donné l'assurance que si des cas d'avortements ou de stérilisation forcés sont signalés, ils feront l'objet d'une enquête et seront punis. De manière plus générale, le Gouvernement s'efforce d'améliorer la qualité des soins de santé.
Mme CHRISSIE MWIYERIWA, Première secrétaire du Ministère de la santé et de la population du Malawi, a indiqué que dans son pays, les indicateurs de population, de la croissance économique et du développement durable ne sont guère encourageants. La situation sociale est l'une des plus sombres du monde. La croissance de la population est de 3,2% par an et le taux de fécondité reste de 6,7 enfants par femme, alors que l'utilisation des contraceptifs n'est que de 14%. Le taux de mortalité infantile est très élevé, ainsi que le taux de mortalité maternelle et l'espérance de vie se situe à 51 ans. Tous ces indicateurs sont encore menacés par la propagation de pandémies, tels le sida et la résurgence de maladies infectieuses. Le Gouvernement du Malawi a fait de la lutte contre la pauvreté sa première priorité. Pour ce faire, il a établi des objectifs précis notamment dans les domaines de la population et de la parité entre les sexes. Un Programme national global de population, conforme aux dispositions de la CIPD a été adopté en 1994. Ce programme se concentre essentiellement sur la santé des nouveaux-nés, la mortalité infantile et maternelle et l'amélioration des normes de santé et d'éducation. De nombreuses activités visant à assurer la prise de conscience du grand public et à obtenir sa participation ont été entreprises. Le Gouvernement du Malawi a également multiplié ses efforts pour mobiliser des ressources financières, matérielles et humaines supplémentaires. C'est pourquoi en 1996-1997, un budget séparé pour la coordination des activités de population a été élaboré. Depuis la Conférence du Caire, les politiques en matière de santé reproductive sont conduites de manière intégrée et un service de santé reproductive s'occupe tout particulièrement des programmes de planification familiale, de surveillance des grossesses et de traitement des maladies sexuellement transmissibles. Malgré d'importants investissements, la santé et la nutrition demeurent peu satisfaisants. Un cadre politique de la santé a été mis en place pour procéder à une vaste réforme, notamment dans les soins de santé de base, les ressources humaines, la couverture médicale et la gestion des hôpitaux.
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Mgr JAMES T. McHUGH, Observateur du Saint-Siège, a indiqué que l'Eglise catholique appuie plus de 100 000 institutions de services de santé dans le monde, y compris des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite et des orphelinats. Nombreuses institutions ont été créées dans des régions où il n'existait aucune infrastructure de cette nature . En 1995, l'Académie pontificale des sciences a organisé une Conférence internationale sur l'allaitement maternel, renforçant l'importance du lait humain pour les besoins nutritionnels et immunologiques à la fois de la mère et de l'enfant. Il a insisté sur la nécessité de renforcer les services de santé au profit des personnes âgées.
Questions relatives au programme
Présentation
M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales, a rappelé que la Commission de la population avait été créée en 1946 pour répondre aux besoins de la communauté internationale en matière de population et n'a aucun caractère politique ou idéologique. La Commission publie un nombre important de publications essentielles pour comprendre les problèmes de population qui se posent à la communauté internationale. La Commission apporte également de manière régulière sa collaboration à d'autres commissions et institutions du système, telles l'Organisation mondiale pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la Conférence sur l'Habitat tenu à Istanbul, la Commission de la condition de la femme ou celle du développement durable. Dans quelques mois, elle apportera son soutien à la tenue d'un séminaire technique sur les migrations internationales à La Haye. M. Chamie a estimé que les discussions de la Commission ont donc une grande influence sur les travaux d'autres organes du système. Il a indiqué que les activités sont divisées en 6 domaines majeurs, à savoir la réalisation d'enquêtes et d'études; la préparation d'estimations et de projections chiffrées; le suivi et l'évaluation des tendances et politiques en matière de population; l'organisation de conférences internationales et de réunions d'experts; la fourniture de conseils techniques pour les politiques à mettre en place et la collection et la dissémination des informations et statistiques sur la population.
Observations des délégations
M. THOMAS McDEVITT (Etats-Unis) a félicité la Division de la population pour ses activités en matière de mortalité. Des travaux considérables ont été aussi accomplis en ce qui concerne les migrations internationales et à cet égard, la Commission de la population a fait une analyse intéressante. Il faudrait poursuivre cet élan. Pour ce qui est du programme de travail de la Commission, il est indispensable d'adopter une approche cohérente pour réaliser les objectifs de la CIPD.
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M. JACQUES DE GUERNY, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), s'est dit très préoccupé par le fait que la publication intitulé "Les zones rurales et urbaines par sexe et âge" ne figure pas dans le programme de travail pour la période 1998-1999. C'est un document très important pour de nombreuses activités de la FAO. Le représentant a fait remarquer que les données varient considérablement d'une année à l'autre et que l'on ne peut se baser sur des données publiées en 1992. M. de Guerny a rappelé que l'année 1999 a été proclamée Année internationale des personnes âgées. La participation et la contribution de la FAO pourrait être considérablement affaiblie si les estimations et les projections par sexe et âge des populations rurales ne sont pas disponibles. Des modifications dans les groupes de population déterminés en fonction de l'âge ont conduit non seulement à des changements de l'âge requis pour la transmission des droits de propriété foncière entre les générations qui créent en retour des difficultés dans le renforcement de l'agriculture. La FAO a présenté un plan d'action pour le développement des femmes pour renforcer les questions liées à l'égalité des sexes dans les activités de toutes les divisions de la FAO.
Mgr McHUGH, Observateur du Saint-Siège, a estimé qu'il faut insister sur le travail précieux de la Commission et de la Division de la population. Année après année, les démographes les plus compétents et accomplis sont venus apporter leur savoir-faire. Il faut protéger l'objectivité et la compétence scientifique qui sont essentielles dans le domaine démographique, a affirmé l'Observateur, ajoutant que les études de la Division sont considérées comme des documents très fiables et il est indispensable qu'il en demeure ainsi. La commission devrait réaffirmer l'importance et la qualité du travail de la division.
M. MUHAMMAD ALI, Secrétaire permanent du Ministère de la santé et de la famille du Bangladesh, a relevé une lacune dans l'exposé fait par M. Chamie. Les changements démographiques les plus sérieux dans les décennies à venir vont avoir lieu en Asie du Sud-Est, ce dont M. Chamie n'a fait aucune mention, a noté le représentant. Il est en effet prévu que la population de l'Inde dépasse celle de la Chine en 2050 et que le Bangladesh passe à la 8ème place des pays les plus peuplés du monde. C'est pourquoi, le représentant a demandé à la Division de la population d'entreprendre une analyse détaillée des changements démographiques en Asie du Sud-Est et de mettre en place un programme de services consultatifs à l'intention de ces pays.
M. NAM HOON CHO (République de Corée) a déclaré que l'indicateur de la mortalité est essentiel pour déterminer le niveau des besoins en matière de santé. Il a insisté sur l'amélioration des méthodes de collecte des données et d'analyse en matière de mortalité.
M. SINGH (Inde) s'est associé à la position du Bangladesh qui suggère de procéder à une analyse de la croissance démographique dans les pays de la région de l'Asie du Sud. Le représentant a demandé de préciser la source des
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informations qui ont permis à la Commission d'indiquer dans son rapport que l'Inde compte 5 millions de personnes séropositives.
M. WERNER FORNOS, Institut de la population, a estimé que le Programme d'action du Caire est de loin le programme le plus complet en matière démographique jamais adopté. Le moment n'est pas venu de rouvrir les divergences apparues au Caire, mais de procéder à une évaluation objective. Le représentant a noté quelques bons résultats de part le monde et il a souligné l'efficacité démontrée des politiques de planification familiale. Certains domaines exigent des actions immédiates, a-t-il déclaré. C'est le cas de la santé génésique qui englobe de surcroît la question de la lutte contre le sida. M. Fornos a déploré l'insuffisance de la mobilisation des ressources pour les programmes de la CIPD, précisant que la communauté internationale est très loin d'atteindre le chiffre de 17 milliards en l'an 2000, défini au Caire. A cet égard, le représentant a particulièrement regretté que le Congrès américain utilise l'avortement comme prétexte pour réduire son aide à la population internationale de 200 millions. Il est indispensable que les couples puissent disposer de l'entière liberté de leur reproduction et, s'ils le souhaitent, de tous les moyens de contraception. Le représentant a également déclaré que l'amélioration de la condition des femmes est un élément essentiel en matière de population et de santé et il a rappelé qu'au Caire les gouvernements se sont engagés à éliminer les pratiques de mutilations génitales, ainsi que les coutumes accordant la préférence aux petits garçons et conduisant à des infanticides.
Répondant aux observations formulées par les délégations, M. JOSEPH CHAMIE a fait sienne l'inquiétude exprimée par les Etats-Unis concernant le suivi des travaux sur les migrations internationales. S'agissant de la FAO, il a reconnu le caractère indispensable des données fournies par la Division de la Population. M. Chamie a indiqué que la Division de la population s'efforcera de trouver des ressources financières supplémentaires pour entreprendre des recherches plus approfondies et très à jour. La Division de la population a un rôle scientifique et non pas un rôle de plaidoyer. La croissance démographique de l'Asie du sud est considérable, essentiellement en Chine, Inde et Pakistan. M. Chamie a souligné que les activités opérationnelles relèvent de la compétence du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). S'agissant des statistiques relatives au Sida, des vérifications seront faites pour garantir une meilleure rationalité. Il a souhaité que les gouvernements ne ralentissent pas les efforts visant à améliorer les services de santé de base et à réduire les taux de mortalité.
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