POP/585

COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LES DELEGATIONS METTENT L'ACCENT SUR LA MISE EN PLACE DE POLITIQUES SANITAIRES INTEGREES

24 février 1998


Communiqué de Presse
POP/585


COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LES DELEGATIONS METTENT L'ACCENT SUR LA MISE EN PLACE DE POLITIQUES SANITAIRES INTEGREES

19980224 La Commission de la population et du développement a poursuivi cet après-midi l'examen de l'expérience nationale des pays en matière de santé et de mortalité. Les pays suivants ont fait part de leur expérience spécifique : Pologne, Etats-Unis, République de Corée, Egypte, Niger, Afrique du Sud, Brésil et Ethiopie.

Une majorité des participants a indiqué que leur gouvernement ont procédé à la réforme de leur système de santé à la suite de la Conférence internationale de Caire pour satisfaire aux recommandations inscrites au Programme d'action. Il ont ainsi souligné l'importance de la mise en place de politiques sanitaires intégrées, s'accompagnant parfois d'un processus de décentralisation et accordant une large place à la participation des ONG et de la communauté civile dans son ensemble. L'ensemble des politiques développées par les Etats témoigne de l'importance particulière accordée à la santé des enfants et des femmes, par le biais de programmes de santé génésique et de planification familiale. Plusieurs représentants ont également souligné la nécessité de développer l'éducation et l'information en matière de santé.

En fin de séance, la Commission a complété son Bureau en élisant à sa Vice-présidence, M. Osmane Mahamane Tandina (Niger).

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 25 février, à 10 heures.

Débat général sur les expériences nationales dans le domaine de la population : santé et mortalité

M. JERZY Z. HOLZER (Pologne) a indiqué que les changements démographiques de la Pologne sont à examiner à la lumière des transformations économiques et politiques du pays. Le taux de fertilité et le nombre des naissances sont les plus bas depuis plusieurs décennies, en raison de la diminution forte du nombre des mariages. La situation du logement est très mauvaise et constitue l'un des obstacles aux mariages et aux naissances, bien qu'il n'y ait aucune étude officielle pouvant confirmer cette hypothèse. Le Gouvernement polonais a une politique pro-familiale mais les décisions ayant un effet pratique sont encore à l'étude. Les causes principales de mortalité sont les mêmes que dans les pays développés, avec en tête les troubles cardio- vasculaires. La mortalité infantile est en revanche deux fois plus élevée que dans les autres pays d'Europe.

Une étude récente a montré que de manière générale, l'état de santé général de la population polonaise est considéré comme mauvais et s'explique largement par les médiocres conditions matérielles et sociales dans lesquelles elle vit. Depuis 1996, les dispositions du Programme de la CIPD sont intégrées à la politique nationale de santé et l'accent est mis sur les problèmes d'alimentation trop grasse, l'alcoolisme, le tabagisme et le manque d'activité physique de la population. Grâce à cette politique, les cas de mortalité dus aux cancers et aux maladies cardio-vasculaires devraient diminuer sensiblement. Par ailleurs deux projets placés sous les auspices du FNUAP sont en cours. Ils visent l'amélioration des soins de santé maternels, prénataux et néonataux et l'éducation sanitaire de la population et notamment des adolescents.

Mme BETTY KING (Etats-Unis) s'est félicitée de la réduction des grossesses non désirées. Le taux d'avortements a également décliné. La contraception joue un rôle important en matière de santé génésique. Sa délégation souligne son attachement à la coordination des efforts en matière de santé. Les migrations constituent un facteur important dans les modifications de la configuration démographique. Pour éviter le trafic des femmes et en poursuivre les responsables, des efforts considérables sont déployés par le gouvernement. La représentante a souligné le caractère bénévole et universel de la contraception. Les Etats-Unis insistent sur la nécessité de renforcer la coopération avec d'autres pays pour garantir une meilleure efficacité des mesures prises dans le cadre du suivi de la Conférence internationale sur la population et le développement.

M. NAM-HOON CHO (République de Corée) a indiqué que la transition démographique de la Corée s'est achevée il y a quelques années seulement. Aujourd'hui le taux de fertilité est nettement en-dessous du seuil de remplacement et tous les taux de mortalité ont baissé. Mais la faible fécondité a des conséquences négatives, puisque la main-d'oeuvre diminue et la population vieillit. C'est pourquoi le Gouvernement a modifié sa politique

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démographique et sanitaire. Dès 1994, un Comité d'analyse des recommandations de la CIPD a été mis en place pour établir des directives concrètes. La nouvelle politique a été lancée en 1996. Elle met l'accent sur la prospérité de la population. L'objectif est de promouvoir le bien-être par la prestation de services de santé de qualité et la promotion de stratégies orientées vers l'avenir. Même en modifiant ces politiques, axées désormais sur la qualité et la protection, le taux de fécondité a continué de baisser pour se situer à 1,7 enfant par femme et l'utilisation des contraceptifs n'a cessé d'augmenter. L'autre point de préoccupation en Corée est l'augmentation du nombre des personnes âgées. Le taux de vieillissement actuel est sans précédent. Depuis 1996, le gouvernement a lancé une politique en faveur de la protection et de la santé des personnes âgées, par le biais notamment de l'expansion des services sociaux et sanitaires et des pensions. La coopération avec les ONG est très fructueuse et largement développée en République de Corée. A l'avenir les activités des ONG vont être encouragées et renforcées davantage, a affirmé le représentant.

Mme MOSHEERA EL SHAFEE (Egypte) a rappelé que la Conférence internationale sur la population et le développement a été un point marquant dans les efforts visant à garantir la santé pour tous et à améliorer les services existants. En Egypte, avant même le mariage, la protection de la santé reproductive des filles est assurée. Pendant le mariage et en particulier pendant la grossesse de la femme, des services de santé lui sont garantis. Le gouvernement a développé des "cliniques ambulantes" pour assurer ces services dans les zones rurales. Des efforts sont déployés pour protéger les femmes contre les pratiques dangereuses. Avec le concours des ONG, des services de santé sont offerts à domicile. Des programmes de formation sont mis en oeuvre pour assurer un système de santé efficace. Le gouvernement égyptien souligne l'importance de la coopération internationale pour assurer la réalisation des objectifs de la Conférence du Caire.

M. OUSMANE MAHAMANE TANDINA (Niger) a rappelé que la population du Niger qui a plus que doublé depuis les années 1960 se répartit de manière très inégale sur l'ensemble du territoire. Avec l'un des taux de croissance démographique les plus élevés au monde et l'un des taux de croissance économique les plus faibles, le Niger se trouve en position particulièrement difficile pour assurer l'évolution vers le développement durable. Le pays dispose d'une politique de santé qui met l'accent sur les soins de santé intégrés et la prévention, avec l'appui des principaux partenaires au développement. Mais la situation de la santé reproductive affiche toujours des indicateurs très préoccupants, notamment pour ce qui est de la mortalité infantile, juvénile et maternelle. On considère que 1% de la population est atteinte par le virus VIH/sida. L'espérance de vie à la naissance est toujours très faible et se situe entre 46 et 48 ans. Le taux de consultation prénatale n'est que de 32%, avec une variation de plus de 90% entre la capitale et le reste du pays. Il en est de même pour les accouchements assistés médicalement. Le personnel de santé est insuffisant.

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Pour ce qui est de l'eau potable, la situation n'est pas satisfaisante, puisque seulement 4% de la population dispose de l'eau courante potable à domicile. Seulement 53% des populations rurales ont accès à une source potable. La malnutrition atteint plus d'un enfant sur 3. Les différents programmes mis en place témoignent de la nécessité d'adopter une approche intégrée, participative et décentralisée. Le Niger doit poursuivre l'effort entamé pour se doter de la capacité nécessaire à la mise en oeuvre et au suivi des programmes de développement. Le contexte général cependant est assez hostile aux programmes de planification familiale et de lutte contre la propagation du VIH/sida, a reconnu le représentant, qui a précisé que des campagnes d'information ont cependant été lancées et les enseignants ont été spécialement formés sur ces questions. Le Gouvernement a mis en pratique sa politique en matière de population en accordant la priorité aux financements destinés à ce domaine. Les autorités cherchent également à susciter le soutien et la participation du public et notamment des chefs de communauté.

M. AYANDA NTSALUBA (Afrique du Sud) a fait remarquer que, comme dans de nombreux pays en développement, les données en matière de mortalité et de morbidité en Afrique du Sud sont inappropriées. L'absence d'un système national d'information en matière de santé rend difficile l'analyse de la mortalité et de l'état de santé des différents groupes de la population par âge, sexe ou région. Toutefois, les données disponibles montrent clairement les inégalités existant entre les races et la situation défavorisée de nombreuses femmes et de nombreux enfants, en particulier les pauvres des zones rurales. Comme la natalité, le taux de mortalité en Afrique du Sud a diminué. L'espérance de vie des Africains est de 60.3 ans contre 73.1 ans chez la population blanche. Le taux de mortalité infantile est de 49 pour 1 000 chez les enfants africains, soit six fois plus que chez les enfants blancs. On estime à 3% de la population nationale le nombre des personnes touchées par le Sida.

Le gouvernement sud-africain a adopté une série de politiques visant à transférer des ressources du secteur tertiaire au niveau primaire de soins afin de couvrir les communautés marginalisées; et à fournir des services médicaux gratuits à tous les citoyens dans le cadre du secteur public de la santé. Pour mettre en oeuvre les objectifs du Programme d'action de la CIPD, le gouvernement sud-africain a construit plus de 400 cliniques sur l'ensemble du territoire. Il renforce les services de santé génésique et lance une campagne contre le tabagisme.

M. BRUNO BATH (Brésil) a indiqué que le secteur de la santé est en cours de réforme approfondie. Il y a dix ans, le système était hautement centralisé et axé principalement sur l'assistance médicale hospitalière au détriment des soins de santé de base et de la promotion de la santé. Depuis la création du système national de la santé, en 1988, la formulation des politiques en matière de santé est devenue de plus en plus systématique et le processus de décentralisation a été accéléré. La participation de la communauté devient une réalité au Brésil grâce à un réseau de "conseils pour la santé" créés dans

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environ 3 000 municipalités. Ces conseils adoptent des directives pour la mise en oeuvre, au niveau local, de politiques en matière de santé qui ont été adoptées au niveau des états fédérés et de l'Etat fédéral. Ils contrôlent cette mise en oeuvre par chaque municipalité.

Participant à la stratégie de décentralisation, les municipalités sont soit responsables des soins de santé primaires, soit prennent en charge tout le secteur de la santé sur leur territoire. Dans le premier cas, 10 à 18 dollars par habitant leur sont versés par le Ministère de la santé pour couvrir ces activités. Dans le second cas, la municipalité reçoit des fonds et est autonome pour planifier et gérer les services locaux de santé, aussi longtemps que ces derniers répondent aux critères définis par le Mnistère de la santé et aux besoins de sa population. En dépit des progrès réalisés, il subsiste de nombreux problèmes en particulier en matière d'information médicale. Le Congrès brésilien a approuvé en 1997 une taxe spéciale sur toutes les transactions bancaires visant à financer le système de santé, qui a permis de collecter 6 milliards de dollars. Le Congrès est en voie d'adopter un projet de loi qui rendra obligatoire le remboursement aux Services nationaux de santé par les compagnies privées d'assurance médicale de tous les traitements suivis par leurs assurés dans des hôpitaux publics. Par ailleurs, le Brésil s'est engagé à réduire la mortalité infantile d'un tiers d'ici l'an 2000. Il a également pris des mesures concrètes pour contrôler les causes de mortalité maternelle, notamment en exigeant que les maternités respectent les normes d'hygiène et de qualité. Le représentant a fait remarquer que les maladies sexuellement transmissibles chez les jeunes et les grossesses précoces préoccupent profondément le gouvernement.

M. MEKONNEL MANYAZEWAL (Ethiopie) a déclaré que l'expérience nationale de son pays en matière de santé et de mortalité montre à la fois des progrès et des points négatifs. Les problèmes sociaux associés à d'autres problèmes devront être attaqués de manière énergique pour améliorer la situation de la population éthiopienne. La dévolution de l'autorité aux collectivités locales libère le gouvernement d'un lourd fardeau et empêche ainsi la paralysie des services au niveau national. La décentralisation de l'autorité facilite la gestion des services de santé. Le défi est d'adopter des politiques qui sont complémentaires. Le nouveau programme de santé vise à éliminer les maladies contagieuses et la malnutrition, notamment par le biais de mesures préventives. Dans l'ensemble, la planification familiale est intégrée dans tous les programmes. Pour assurer le suivi de la Conférence du Caire, la tâche immédiate a été de mettre en place des bureaux régionaux et locaux. Les taux de mortalité infantile et maternelle ont sensiblement diminué. Le représentant a proposé que les rapports identifient à l'avenir les moyens permettant de mieux utiliser les ressources existantes.

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