LE CONSEIL REGRETTE LA LENTEUR DANS LA MISE EN OEUVRE DE L'ACCORD GENERAL SUR L'INSTAURATION DE LA PAIX AU TADJIKISTAN
Communiqué de Presse
CS/899
LE CONSEIL REGRETTE LA LENTEUR DANS LA MISE EN OEUVRE DE L'ACCORD GENERAL SUR L'INSTAURATION DE LA PAIX AU TADJIKISTAN
19980224 Il rappelle que la contribution internationale à l'application de l'Accord et l'assistance humanitaire sont subordonnées à l'amélioration de la sécuritéA l'issue de consultations sur la situation au Tadjikistan et le long de la frontière tadjiko-afghane, le Président du Conseil de sécurité, M. Denis Dangue Réwaka (Gabon), a fait, au nom des membres du Conseil, la déclaration suivante :
Le Conseil de sécurité a examiné le rapport intérimaire sur la situation au Tadjikistan en date du 10 février 1998 (S/1998/113), que le Secrétaire général a présenté en application du paragraphe 12 de sa résolution 1138 (1997) du 14 novembre 1997.
Le Conseil regrette la grande lenteur avec laquelle la mise en oeuvre de l'Accord général sur l'instauration de la paix et de l'entente nationale au Tadjikistan (S/1997/510) et les activités de la Commission de réconciliation nationale s'y rapportant se sont poursuivies ces trois derniers mois. Il se félicite des mesures que les parties ont récemment prises en vue d'honorer leurs obligations. Il leur demande de redoubler d'efforts afin d'appliquer intégralement l'Accord général, y compris le Protocole relatif aux questions militaires (S/1997/209, annexe II). Il encourage en outre la Commission de réconciliation nationale à poursuivre son action visant à instituer un dialogue général entre les diverses forces politiques, ainsi que le prévoit l'Accord général.
Le Conseil rend hommage au Représentant spécial du Secrétaire général et au personnel de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) pour le travail qu'ils ont accompli et les encourage à continuer d'aider les parties à assurer la mise en oeuvre de l'Accord général. Il accueille avec satisfaction les résultats de la conférence internationale de donateurs à l'appui de la paix et de la réconciliation au Tadjikistan que le Secrétaire général a convoquée à Vienne les 24 et 25 novembre 1997, et compte qu'ils contribueront à la consolidation du processus de paix au Tadjikistan.
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Le Conseil se déclare à nouveau préoccupé de constater que la sécurité demeure précaire dans certaines régions du Tadjikistan. Il rappelle aux deux parties que la communauté internationale est disposée à continuer d'aider à assurer la mise en oeuvre de l'Accord général ainsi que celle des programmes d'assistance humanitaire et de relèvement, mais que la mesure dans laquelle elle pourra le faire, de même que celle dans laquelle la MONUT pourra plus efficacement s'acquitter de ses tâches, sont subordonnées à l'amélioration de la situation sur le plan de la sécurité.
Le Conseil condamne énergiquement la prise en otage des secouristes enlevés en novembre 1997 et demande instamment aux parties de continuer à coopérer en vue d'assurer la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies, des Forces collectives de maintien de la paix de la Communauté d'États indépendants (Forces de maintien de la paix de la CEI) et des autres personnels internationaux, ainsi que de prendre à cet effet des mesures concrètes telles que celles mentionnées au paragraphe 7 du rapport du Secrétaire général.
Le Conseil accueille avec satisfaction le décret présidentiel portant création d'une unité de sécurité commune qui sera chargée d'assurer la sécurité du personnel de la MONUT, y compris au moyen d'escortes armées, et demande aux parties de rendre cette unité opérationnelle dans les meilleurs délais. Il se félicite par ailleurs que les Forces de maintien de la paix de la CEI soient disposées à faire le nécessaire pour assurer la protection des locaux des Nations Unies à Douchanbé, comme le Secrétaire général l'indique dans son rapport, et il encourage la MONUT et les Forces de maintien de la paix de la CEI à prendre les arrangements détaillés qui conviendront à cet effet.
Le Conseil encourage le Secrétaire général à continuer d'élargir la MONUT à concurrence de l'effectif autorisé par sa résolution 1138 (1997) dès qu'il estimera que la situation s'y prête.
Pour l'examen de cette question, le Conseil était saisi du rapport intérimaire du Secrétaire général sur la situation au Tadjikistan.
Rapport du Secrétaire général sur le Tadjikistan (MONUT) (S/1998/113)
Le présent rapport est présenté en application de la résolution 1138 (1997) du Conseil de sécurité en date du 14 novembre 1997. Il actualise les informations sur l'évolution de la situation au Tadjikistan et les activités de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) depuis le 5 novembre 1997.
Sur recommandation de son Représentant spécial, M. Gerd Merrem, qui est responsable de la sécurité du personnel des Nations Unies au Tadjikistan, le Secrétaire général a décidé de regrouper les bureaux des Nations Unies et,
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surtout, les logements occupés par le personnel des Nations Unies à Douchanbé dans un petit nombre de locaux qui seront placés sous bonne surveillance. Cette décision fait suite à la prise d'otages de deux secouristes français survenue le 18 novembre 1997 et à celle de cinq personnes, dont l'adjoint au maire, survenue dans la ville de Douchanbé. Même s'il est impossible d'éliminer tous les risques et ce, quelles que soient les circonstances, le Secrétaire général estime que cette mesure, associée à d'autres dispositions, contribuera à améliorer suffisamment la sécurité du personnel de l'Organisation pour lui permettre de s'acquitter de ses tâches.
Faisant remarquer que le décret présidentiel instituant la création d'une unité de sécurité commune chargée de la sécurité, y compris au moyen d'escortes armées, du personnel des Nations Unies n'a été promulgué que le 2 février, le Secrétaire général estime que cette unité n'est donc pas encore opérationnelle. Dans ce contexte, le renforcement de la MONUT a dû être reporté. À ce jour, 17 observateurs militaires (59 au total) et 14 fonctionnaires internationaux (31 en total) supplémentaires ont été envoyés au Tadjikistan. La mise en oeuvre des programmes des Nations Unies visant à promouvoir la paix et la réconciliation a également subi des retards et d'autres programmes d'assistance gérés à partir de Douchanbé par des organismes des Nations Unies ont dû être réduits.
Depuis novembre 1997, fait observer le Secrétaire général, l'application de l'Accord général sur l'instauration de la paix et de l'entente nationale au Tadjikistan s'est poursuivie lentement. Malheureusement, il a fallu consacrer beaucoup d'énergie à la gestion des crises, et la dynamique suscitée par l'adoption de la résolution 1138 (1997) du Conseil de sécurité et l'appui encourageant au processus de paix qui s'était manifesté à la Conférence des donateurs de Vienne n'ont pas encore pu donner de résultats concrets. La question des postes élevés de l'administration à attribuer à l'opposition tadjike unie (OTU), qui poursuit les parties depuis plusieurs mois, a continué de monopoliser une grande partie de leur attention. Il s'agit certes d'une opération difficile qui exige de trouver un équilibre délicat tant à l'intérieur de chaque camp qu'entre les deux camps, mais il est temps de régler ce problème.
Le Secrétaire général espère que, pour la partie du mandat qui reste à accomplir, on pourra progresser de manière tangible dans les domaines de la réinsertion des combattants de l'OTU, de la révision de la constitution et de l'adoption de nouvelles lois. Il encourage également la Commission de réconciliation nationale à amorcer dès maintenant le dialogue général entre les diverses forces politiques, y compris celles qui ne sont pas représentées à la Commission, ainsi que le prévoit l'Accord général. Il importe de s'attacher à ménager la possibilité pour tous les citoyens de participer sur un pied d'égalité à la vie politique du pays et de créer aussitôt que possible les conditions propices à des élections libres et régulières.
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Le Secrétaire général estime que pour ce qui est des Nations Unies, la sécurité de son personnel demeure un sujet de vive préoccupation. La sécurité au Tadjikistan est précaire et risque de le rester un certain temps. Les Nations Unies doivent de ce fait chercher à réduire au minimum les risques que court son personnel, faute de quoi il ne leur sera pas possible d'exécuter les tâches importantes qui ont été confiées à la Mission en vertu de l'Accord général. Il énonce dans son rapport les grandes lignes des mesures pratiques simples qui doivent être prises à cet égard et pour lesquelles les Nations Unies doivent pouvoir compter sur la coopération et l'aide des autorités tadjikes. Il ne doute pas que celles-ci saisissent toute l'importance de cette question et lui accorderont la priorité absolue.
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