En cours au Siège de l'ONU

SOC/111

LA SOCIETE CIVILE DOIT ETRE ASSOCIEE AUX POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT SOCIAL QUI RELEVENT TOUTEFOIS DE LA RESPONSABILITE DES GOUVERNEMENTS

18 février 1998


Communiqué de Presse
SOC/111


LA SOCIETE CIVILE DOIT ETRE ASSOCIEE AUX POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT SOCIAL QUI RELEVENT TOUTEFOIS DE LA RESPONSABILITE DES GOUVERNEMENTS

19980218 La Commission du développement social a terminé cet après-midi son débat sur le renforcement de la protection sociale, la réduction de la vulnérabilité et l'amélioration des possibilité d'emploi pour les groupes ayant des besoins particuliers ainsi que sur la violence, la criminalité et les problèmes de drogues illicites et de l'abus de drogues en tant que facteur de désintégration sociale.

Les délégations ont pour la plupart souligné l'importance du partenariat entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé dans la mise en oeuvre des programmes de développement social. Pour certaines délégations, il est toutefois illusoire de croire que les ONG et la société civile peuvent pallier les lacunes des gouvernements et apporter toutes les réponses aux problèmes sociaux. S'il faut préconiser une décentralisation des processus de prise de décisions, la responsabilité des stratégies globales doit demeurer aux mains gouvernements.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Philippines, République islamique d'Iran, Fédération de Russie, Népal, Argentine et Chili. La représentante de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique s'est exprimée ainsi que les représentants des ONG "Mouvement mondial des mères" et "Conférence générale de la jeunesse luxembourgeoise".

Auparavant la Commission avait tenu un dialogue avec les ONG suivantes : Rotary international, Caritas internationalis, Fédération norvégienne des organisations des personnes handicapées, Conseil international sur la protection sociale, et Développement environnemental dans le tiers monde.

La Commission poursuivra ses travaux demain jeudi 19 février à 10 heures.

Dialogue avec les organisations non gouvernementales

Le représentant du Rotary International a expliqué que le travail de cette organisation se concentrait essentiellement dans les domaines social et humanitaire. Face à l'augmentation de la population urbaine, le développement social est devenu une priorité, a-t-il souligné. Dans les villes, on assiste à la pire criminalité, à la violence, tandis que certains connaissent des problèmes d'approvisionnement en eau et de sécurité alimentaire. Dans ce cadre, Rotary International a notamment développé un programme sur trois ans en faveur de la paix dans les cités. Le mois dernier, Rotary a, par ailleurs, contribué à vacciner 130 millions d'enfants indiens contre la polio, un travail énorme qui a été réalisé grâce à la participation civile. Pour Rotary International, la clé du progrès social, c'est l'impact local de la société civile et des ONG. Celles-ci peuvent et doivent jouer un rôle important dans le développement social, a-t-il souligné.

Le représentant de Caritas Internationalis a expliqué que son organisation travaillait avec les plus vulnérables et entendait toucher les centres de décision, en apportant une approche éthique aux problèmes. Jamais les sociétés n'ont été aussi homogénéisées et en même temps fragmentées. De moins en moins de gens bénéficient des nouvelles occasions offertes par les investissements. Les pauvres sont de plus en plus marginalisés et exclus. Les travailleurs migrants sont devenus une catégorie sociale à part entière, sans défense et sujets à l'exploitation, tandis que les étrangers sont souvent des boucs émissaires. Cette situation rend nécessaire une intervention des Nations Unies en faveur de ces groupes. Le représentant a notamment demandé davantage d'efforts de sensibilisation et un renforcement de la protection des travailleurs migrants. A cet égard, il a souligné l'importance de la ratification des instruments juridiques pertinents par tous les Etats Membres. Les gouvernements doivent honorer leurs responsabilités afin que la migration reste un libre choix, a-t-il dit, invitant ceux-ci à mettre en oeuvre des "politiques de coexistence pacifique avec les migrants". Il a lancé un appel à tous les acteurs concernés pour qu'ils présentent des alternatives novatrices aux problèmes posés par les groupes vulnérables.

Le représentant de la Fédération norvégienne des organisations des personnes handicapées a attiré l'attention sur l'importance de faire connaître aux groupes vulnérables les travaux de la Commission et de mettre en oeuvre les Règles des Nations Unies pour l'égalité des chances. Les autorités nationales utilisent d'ailleurs ces règles en tant que base des plans d'action pour les personnes handicapées. Il revient à la Commission de faire des recommandations ciblées dont la mise en oeuvre est possible. Par ailleurs, la Fédération espère que la réorganisation du Département des affaires économiques et sociales permettra de renforcer la capacité du système à suivre l'application des Règles qui actuellement ne sont pas suffisamment intégrées dans les organes opérationnels des Nations Unies.

- 3- SOC/111 18 fvrier 1998

Le représentant du Conseil international sur la protection sociale a souligné l'importance de l'initiative 20/20. Le rapport de 1997 sur le développement social du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) montre que la pauvreté va croissant et que le fossé entre les pauvres et les riches s'agrandit. Plus d'1,3 milliard de personnes vivent avec moins d'1 dollar par jour et 800 millions souffrent de famine temporaire ou permanente. L'initiative 20/20 propose une réorientation significative de la coopération au développement en soulignant l'importance du développement social. Elle modifie également la répartition traditionnelle des rôles entre les donateurs et les bénéficiaires en instaurant une responsabilité partagée. Elle est considérée comme un engagement commun pour fournir les services sociaux de base. Il s'agit surtout de bien restructurer les budgets aux niveaux national et international. Les ONG ont une longue expérience de l'appui aux structures locales et de la fourniture des services sociaux de base. Il faut en tenir compte maintenant qu'une nouvelle forme de coopération est requise entre tous les acteurs importants de la société. Pour promouvoir un débat sur la mise efficace de l'initiative 20/20, il faut établir les priorités en matière sociale, créer un nouveau concept de complémentarité et de coopération entre l'Etat et la société civile dans l'identification des besoins sociaux et la fourniture des services sociaux; améliorer la coordination entre les différents donateurs aux niveaux international et national; et accroître la transparence des systèmes d'évaluation, de la collecte des données et des résultats de la mise en oeuvre de l'initiative.

Le représentant de "Environnement et développement dans le tiers monde" a souligné le fait que la pauvreté en Afrique est massive et en augmentation en dépit de la croissance économique positive que connaissent certains pays. La population vulnérable est encore plus nombreuse en raison des politiques appliquées depuis de nombreuses années sous l'impulsion de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui ont considéré le secteur social comme improductif et se sont centrés sur le court terme, faisant ainsi perdre aux Etats leur capacité d'agir sur le développement social. Le représentant a déclaré que les travaux de la Commission devaient déboucher sur des propositions qui ont des chances de réduire la vulnérabilité. Il a expliqué que les systèmes de protection sociale formels qui existent dans la plupart des pays africains n'ont jamais constitué l'élément principal de couverture des risques sociaux. Ces risques sont en général couverts par les familles elles-mêmes et par la solidarité communautaire. C'est pourquoi, en raison des contraintes actuelles, certains risques sociaux ne sont plus couverts. Avant que les systèmes formels de prise en charge ne se développent --ce qui prendra du temps--, les systèmes familiaux et communautaires resteront le moyen principal de couverture sociale. C'est pourquoi, il faut les reconnaître et soutenir leur évolution. Dans un cadre juridique favorable, ces systèmes peuvent se formaliser et assurer une couverture sociale à davantage de personnes. Le représentant a souligné la nécessité de réduire le coût

- 4- SOC/111 18 fvrier 1998

des services sociaux pour les mettre à la portée de tous, de s'atteler à lever les contraintes qui pèsent sur l'économie informelle afin de dégager des ressources dont la population sera bénéficiaire. La réponse à la pauvreté ne peut se résumer à apporter des solutions à des catégories particulières de la population mais il faut s'attaquer aux facteurs mêmes de la pauvreté. Il est urgent que la protection économique et sociale des citoyens soit inscrite dans les traités internationaux pertinents, a déclaré le représentant. Celui-ci a également demandé l'annulation de la dette des pays d'Afrique.

Le Directeur de la Division des affaires sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies a expliqué que le Département continue d'examiner les nombreuses candidatures au poste de responsable des services des personnes handicapées. Il a souligné, par ailleurs, que la Division manque de personnel et que tant que certains pays refuseront de payer leur contribution cette situation perdurera. La Division inclura désormais les services de l'aide technique aux pays. En augmentant ainsi les effectifs, il sera possible de renforcer les activités analytiques et consultatives de la Division.

Lançant la série de questions, le Président de la Commission a voulu en connaître plus sur les différences entre le secteur urbain et le secteur rural, en matière de développement social. Qu'en est-il, a-t-il demandé, du développement social des travailleurs migrants ?

La représentante de l'Inde a reconnu que dans son pays le problème de la vulnérabilité de la population rurale est très sérieux. Ces derniers temps pourtant l'accent est mis davantage sur la vulnérabilité urbaine.

A propos des travailleurs migrantes, la représentante des Philippines a dénoncé la réticence de certains pays à établir des mécanismes internationaux de coopération, et qui préfère régler la question par des accords bilatéraux. Les ONG peuvent aider les gouvernements à renforcer les efforts en la matière.

La représentante du Mexique a souligné l'importance d'assurer un suivi aux engagements pris lors du Sommet de Copenhague. Elle a notamment suggéré d'élargir le mandat du Groupe de travail sur les travailleurs migrants.

Le représentant de Environnement et développement dans le tiers monde a souligné la pauvreté extrême dans laquelle vit la plus grande partie de la population en Afrique, notamment dans les zones urbaines. Pour ces populations, il n'y a pas beaucoup d'intervenants, ni l'Etat, ni les ONG, ni la société civile ne sont là. Evoquant le statut de l'économie informelle dans laquelle travaille une grande partie de la population, il a dénoncé l'attitude des institutions financières internationales qui voudraient de force la formaliser. Il y a une grande inégalité entre les villes et

- 5- SOC/111 18 fvrier 1998

la campagne en matière de services sociaux. Bien qu'elles enregistrent un certain avantage comparatif dans ce domaine, les villes ne fournissent pas des services sociaux suffisants. Le représentant s'est également inquiété du mouvement actuel de décentralisation dans plusieurs pays d'Afrique, affirmant que rien n'est encore vraiment défini et qu'on ne sait pas qui va prendre en charge les questions sociales.

Le représentant du Conseil international sur la protection sociale a proposé qu'outre les participants qui assistent aux réunions d'experts, les ONG aient également la possibilité d'apporter leur expérience et leur sagesse à ces réunions.

Le directeur de la Division des affaires sociales et du développement social a répondu que parmi les participants officiels et les observateurs, il y avait également des ONG.

Le représentant de Caritas internationalis a souligné que le Programme d'action de Copenhague montre que les revendications des ONG étaient considérées comme raisonnables notamment en ce qui concerne les travailleurs migrants. Les ONG ne demandent rien d'autre qu'un effort concret.

Débat

Mme LINGLINGAY F. LACANLALE (Philippines) a estimé que les groupes vulnérables et défavorisés constituent un vaste potentiel inexploité pour le développement social et économique. Investir en eux permettra d'en faire des membres productifs de la société et à long terme d'en tirer des bénéfices bien supérieurs aux ressources qui leur ont été consacrées. Ainsi, notre Gouvernement a augmenté progressivement ses dépenses allouées aux programmes sociaux qui représentent maintenant pour 25% du budget national. Le programme de développement social adopté par les Philippines est consigné dans notre Agenda pour la réforme sociale, a-t-elle expliqué. Peu de temps après l'adoption de la Déclaration de Copenhague et du Programme d'action du Sommet mondial pour le développement social, nous avons adopté des mesures législatives de portée historique, des politiques et interventions ciblées pour subvenir aux besoins immédiats et à plus long terme des groupes et personnes présentant des besoins spécifiques. Nous avons également pris diverses mesures pour accroître les possibilités d'emploi.

Pour ce qui est des femmes, a expliqué la représentante, le Gouvernement met en oeuvre énergiquement une loi interdisant leur discrimination dans le travail. Les résultats sont positifs puisque le taux de femmes sur le marché de l'emploi est passé de 37% en 1990 à 49% en 1996. Il existe par ailleurs une agence gouvernementale de formation industrielle pour les femmes tandis que d'autres dispositions législatives ont été promulguées pour améliorer

- 6- SOC/111 18 fvrier 1998

leurs conditions de travail et les protéger du harcèlement sexuel. Pour ce qui est de la participation des jeunes à la vie politique et économique du pays, Mme Lacanlale a évoqué les activités de formation qui leur sont consacrées dans le domaine notamment de la gestion des entreprises ou le développement des micro-entreprises. Les jeunes sont en outre représentés au sein de tous les organes politiques du Gouvernement. Elle a également mentionné l'existence de la Carte magnétique pour les personnes handicapées leur permettant de bénéficier de prestations sociales.

Mme Lacanlale a souligné l'importance du partenariat avec les représentants de la société civile et du secteur privé dans la mise en oeuvre de programmes de développement social. Elle a fait valoir l'expérience positive que connaît le Gouvernement dans ses relations avec les organisations de citoyens et les organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine de la violence domestique ou encore des enfants handicapés. Leurs activités de plaidoyer en effet a contribué largement à la promotion des communautés locales et des groupes vulnérables et à la mise en oeuvre de projets. Aux Philippines, nous sommes de plus en plus confrontés à des crimes commis par des jeunes délinquants, à la violence envers les femmes et les enfants, à la traite des hommes et au trafic de drogues. Des mesures ont été prises pour lutter contre ces maux, mais a expliqué la représentante, nous pensons que la famille, comme pilier de la société, constitue la première ligne de défense contre l'effondrement du tissu social. Il est donc vital que les politiques sociales et économiques renforcent le rôle de la famille et répondent aux besoins de ses membres.

M. ESMAEIL AFSHARI (République islamique d'Iran) a plaidé en faveur d'efforts énergiques aux niveaux national, international et régional, aucun gouvernement ne pouvant en effet lutter seul contre le trafic illégal des drogues. Il est donc nécessaire d'intensifier la coopération internationale dans ce domaine. Le représentant a fait valoir le rôle indispensable de coordonnateur international que joue le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues afin d'initier, de garantir et de faciliter la coopération aux niveaux sous-régional, régional et international. Il a fait part du soutien entier de son pays au Programme pour que celui-ci remplisse son mandat en qualité d'organe unique de direction et de coordination des activités de lutte contre les drogues dans le monde entier.

Le représentant a expliqué que son pays, en raison de sa situation géographique, est fortement touché par le trafic des drogues qui engendre des troubles sociaux et menace la cohésion sociale du pays. En conséquence, a-t-il indiqué, mon Gouvernement a consenti d'importants investissements humains et financiers pour barrer l'entrée et le transport de drogues sur le territoire. Afin de réduire la demande de drogues, l'Iran met également en place des actions préventives et des programmes de réhabilitation et de

- 7- SOC/111 18 fvrier 1998

réinsertion sociale pour les toxicomanes. Les valeurs morales, la religion, la famille, le système éducatif, les groupes de volontaires, les organisations non gouvernementales et les représentants de la société civile constituent par ailleurs les éléments les plus importants d'une stratégie de réduction de la demande en drogues.

Le représentant a en outre fait part de sa préoccupation quant à la tendance récente dans certains pays, en particulier via l'Internet, visant à commercialiser et à faire de la publicité pour des drogues illégales placées sous le mécanisme de contrôle international. Ce phénomène concorde avec la libéralisation et la légalisation de drogues à usage non médical ce qui n'est pas compatible avec les dispositions des instruments internationaux en vigueur. Le représentant a expliqué que son pays, longtemps considéré comme un fournisseur traditionnel de substances opiacées, a interdit la culture du pavot dès 1979, date de la victoire de la révolution islamique. Cette interdiction a été maintenue avec succès dans tout le pays depuis 1980.

M. V.A. TSEPOV (Fédération de Russie) a constaté que la criminalité frappe toutes les sociétés qu'elles soient totalitaires ou démocratiques. La Fédération de Russie souffre de la violence et de ses conséquences sociales. La criminalisation de l'économie, par exemple, prive l'Etat d'une grande partie des revenus et éloigne les investissements étrangers. Le 17 février dernier, le Président Eltsine a indiqué combien l'appui des institutions publiques et de la société est importante en la matière. La lutte contre la criminalité organisée ne donne de résultats que lorsque des mesures coordonnées sont prises par les services de police et les autres structures de pouvoir. A cet égard, la Fédération de Russie appelle à la mise en place d'une base juridique internationale pour lutter contre la criminalité. En collaboration avec les Nations Unies, la Fédération de Russie a élaboré un projet pour renforcer son système judiciaire. La coopération bilatérale et régionale est également importante.

La Fédération de Russie compte plusieurs accords bilatéraux qui viennent encore d'être complétés par des accords signés plus récemment avec l'Egypte, l'Inde ou le Canada. Par ailleurs, le trafic illicite des drogues ne sera réglé définitivement que par des moyens juridiques. Pour la Fédération de Russie qui compte 7 millions de consommateurs de drogues, la lutte contre ce fléau est un élément important de la politique sociale. La Fédération de Russie espère un élargissement de sa coopération avec le PNUCID. En avril 1997, une conférence spéciale a été organisée avec le PNUCID pour examiner les moyens de lutter contre le trafic de stupéfiants.

- 8- SOC/111 18 fvrier 1998

M. PARAS GHIMIRE (Népal) a déclaré que la protection contre la vulnérabilité, la violence, le crime et les drogues doit être placée sur le même pied que la promotion de la participation de tous les secteurs de la société, en particulier les faibles et les vulnérables. Il est clair que la participation à la prise de décisions politiques est une partie intégrante du développement participatif. Les défis du développement social ne peuvent être relevés sans la promotion d'un développement fondé sur l'être humain et donc sur la création d'emplois, la protection de l'environnement, une croissance économique et un développement durable. Par ailleurs, il faut reconnaître que le crime et la violence se nourrissent de la pauvreté et du chômage mais aussi de l'ignorance et du manque d'éducation. Les mesures en la matière exigent donc une approche holistique.

M. MARIANO SIMON PADROS (Argentine) a indiqué que les politiques appliquées au cours des dernières années dans le secteur économique ainsi que la réforme de l'Etat avaient jeté de nouvelles bases structurelles pour stimuler la croissance et que pour la première fois, des politiques sociales ont pu être établies de manière durable. Dans le même temps, il y a eu une modification de la structure sociale. De nouvelles formes de vulnérabilité ont émergé. Toutefois, le pays connaissant au même moment une stabilité sans précédent, il a été possible d'atténuer les effets non désirés de cette transformation. Il y a encore beaucoup à faire pour mettre en oeuvre le Programme d'action de Copenhague en Argentine.

La politique sociale du Gouvernement argentin repose sur la décentralisation du processus de prise de décisions, le Gouvernement demeurant responsable de l'élaboration de la politique globale. La Constitution du pays consacre l'égalité de tous les citoyens et garantit la pleine jouissance de tous les droits pour tous. L'Argentine a lancé le Plan national pour les personnes âgées 1996-2000 qui touche à divers domaines. Elle affecte à l'emploi une importance centrale dans ses politiques économiques. Ainsi, les groupes de travailleurs vulnérables en matière d'emploi, comme les jeunes, les femmes et les handicapés, font l'objet d'une attention spéciale. Des programmes ont notamment été lancés depuis 1994 pour favoriser la réinsertion des personnes handicapées. L'Argentine a également lancé divers programmes en faveur des groupes vulnérables, dont un programme d'alimentation nationale, un programme de soins aux mineurs en situation difficile, un programme pour le développement des jeunes de 15 à 18 ans. Parmi toutes ces initiatives, le représentant a souligné le succès du programme visant à renforcer la société civile, et du Plan social aborigène, grâce auquel plus de 2 millions d'hectares de terres ont été restitués à ces populations.

- 9- SOC/111 18 fvrier 1998

M. REINALDO RUIZ (Chili), au nom des pays du Marché commun du Sud de l'Amérique (MERCOSUR) et de la Bolivie, a attiré l'attention sur la tendance à l'intégration des économies d'une même région qui implique donc la libre circulation des biens, des services et des capitaux et de la force de travail. Les efforts ne seront pas complets s'ils n'incluent des efforts visant l'intégration sociale et le développement social. Les pays du MERCOSUR, la Bolivie et le Chili se sont réunis en décembre dernier pour analyser la dimension sociale du processus d'intégration. La Conférence a approuvé un programme régional permanent pour le développement social. Six réunions techniques et séminaires devraient se tenir cette année sur l'évaluation des programmes sociaux; les enfants et les adolescents; la participation et la décentralisation; les institutions publiques et les autorités sociales; les adultes; et les communautés rurales.

La représentante de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) a rendu compte des résultats de la 5ième Conférence ministérielle des pays d'Asie et du Pacifique sur le développement social qui s'est tenue à Manille en novembre dernier dans le cadre du suivi du Sommet de Copenhague. La Conférence a examiné les différentes approches adoptées par les gouvernements de la région en vue de promouvoir l'intégration sociale. La Conférence a souligné l'importance de réduire la pauvreté dans le cadre des efforts visant à réaliser l'intégration sociale. L'expérience acquise dans la région montre en effet que la pauvreté empêche de nombreuses personnes de contribuer à la société et de partager les bénéfices du développement. La pauvreté, le non accès aux services et à la justice sociale risquent d'aggraver l'appauvrissement, la marginalisation, la discrimination et le manque de pouvoir, dont sont victimes les personnes et les groupes vulnérables. Ces conditions vont à l'encontre des efforts visant à réaliser l'intégration sociale, la cohésion et la stabilité et peuvent, au contraire, avoir des effets négatifs sérieux et contribuer à une augmentation du crime, de la violence à l'égard des femmes et des enfants, de l'abus et de la consommation de drogues, et en général, exacerber les tensions sociales.

Sous l'égide de la CESAP, des séminaires nationaux et régionaux ont été organisés, ainsi que des visites sur le terrain et des études, avec pour objectif de renforcer les capacités nationales et le soutien institutionnel à la mise en oeuvre des politiques et programmes. Le secrétariat de la Commission est également en train de promouvoir une approche communautaire en ce qui concerne la réduction de la demande de drogues et la prévention du sida, en se fondant sur une collaboration entre pays voisins. Plusieurs délégations ont souligné lors de la Conférence les défis sociaux découlant de la crise financière qui touche les économies de la région. Elles ont souligné la nécessité de contrôler l'impact de la crise sur les populations et en particulier, sur les groupes sociaux vulnérables pour s'assurer que les objectifs de développement social ne sont pas affectés par la situation.

- 10- SOC/111 18 fvrier 1998

Il a été question de la mise en place d'une protection sociale appropriée et de filets de sécurité pour protéger les populations pauvres, les chômeurs et leur famille. A cet égard, la CESAP organisera une table ronde sur l'impact social de la crise financière actuelle et les stratégies de coopération régionale lors de sa prochaine session d'avril 1998.

Le représentant du Mouvement mondial des mères a déploré le fait que le rapport dont la Commission est saisie ignore virtuellement la structure la plus à même de réduire l'impact et les conséquences de la vulnérabilité, c'est-à-dire la famille. Si les Nations Unies veulent réellement réduire la vulnérabilité, elles doivent se concentrer sur le fait que la famille constitue l'unité de base de la société et, qu'en tant que telle, elle doit être renforcée et protégée. L'expérience et la recherche montrent que des familles saines et un développement social sain vont de pair, que la désintégration des familles conduit à la vulnérabilité sociale, et que, si l'on ne tient pas compte des intérêts de la famille dans les interventions visant à promouvoir le développement, on risque de l'affaiblir et d'exacerber ainsi la vulnérabilité, plutôt que de la réduire. Les gouvernements à tous les niveaux doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour renforcer les familles. Jusqu'à présent, on n'a pas fait suffisamment pour développer des politiques à cet effet. Or, de telles politiques sont possibles et peuvent être mises en oeuvre. Le représentant a cité, en exemple, le problème des grossesses non désirées chez les adolescentes qui contribue à accroître la vulnérabilité. Des programmes qui permettront aux mères et aux pères, aux grands-mères et aux grands-pères de travailler ensemble à l'amélioration des conditions de vie de leurs enfants et de leurs petits-enfants renforceront la société elle-même, a-t-il déclaré. Le meilleur moyen d'améliorer la société est d'améliorer les familles.

Le représentant de la Conférence de la Jeunesse luxembourgeoise a déclaré que la prise de drogues n'est que la manifestation d'une volonté de fuir une situation actuelle et sociale dite insurmontable selon certains critères subjectifs. Il a affirmé que la dépénalisation de certaines drogues constituerait un pas décisif qui permettrait aux pays de contrôler le marché intérieur des drogues dites légères et de briser ainsi le marché noir. L'exemple des Pays-Bas démontre qu'il s'agit là d'un début de solution du problème qui ne touche pas seulement la désintégration sociale mais pèse aussi sur les épaules de la société.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.