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SOC/109

COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL : LA VALEUR D'UN SYSTEME ECONOMIQUE SE MESURE A SA CONTRIBUTION A L'AMELIORATION DE LA SOCIETE

17 février 1998


Communiqué de Presse
SOC/109


COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL : LA VALEUR D'UN SYSTEME ECONOMIQUE SE MESURE A SA CONTRIBUTION A L'AMELIORATION DE LA SOCIETE

19980217 La Commission du développement social a poursuivi cet après-midi ses travaux sur le suivi du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995). Dans ce cadre, elle a entendu un exposé spécial présenté par M. Torben Brylle, Secrétaire adjoint aux affaires multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Danemark, au nom du Ministre de la coopération pour le développement. Celui-ci a fait part des séminaires sur le progrès social tenus au Danemark en prévision de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le Suivi du Sommet de Copenhague. Selon ces séminaires, le système économique doit être vu comme une construction sociale dont les performances doivent être évaluées en fonction de sa contribution à l'amélioration de la société. Il faut également rechercher les moyens d'humaniser et de démocratiser le marché et admettre que si la mondialisation des idées économiques, des transactions et des techniques conduit à la marginalisation de certaines classes sociales ou de certains pays, une remise en question s'impose dans le contexte d'un débat démocratique.

La Commission a ensuite entamé un débat général sur le "renforcement de la protection sociale, réduction de la vulnérabilité et amélioration des possibilités d'emploi pour les groupes ayant des besoins particuliers" et sur la "violence, criminalité et problèmes de drogues illicites et de l'abus de drogues en tant que facteur de désintégration sociale". Outre le Ministre des affaires sociales, de la solidarité nationale et de la famille du Gabon et le Ministre de la protection sociale du Bélarus, les représentants des pays suivants sont intervenus : Royaume-Uni (au nom de l'Union européenne), Indonésie (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Chine, Cuba, Suisse, Kazakhstan et Iraq. Les représentants de la Banque mondiale, de l'Organisation pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), ainsi que les représentants des organisations non gouvernementales "Mouvement pour un monde meilleur", et "Réhabilitation internationale" ont également fait une déclaration.

La Commission poursuivra son débat général sur ces deux thèmes demain mercredi à 10 heures. Le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues fera, en outre, un exposé sur les dimensions sociales de l'abus de stupéfiants, qui sera suivi d'un échange de vues avec les délégations.

Exposé spécial sur le suivi du Sommet mondial pour le développement social

M. TORBEN BRYLLE, Secrétaire d'Etat adjoint pour les affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères du Danemark a présenté un exposé au nom du Ministre danois pour la coopération au développement, M. Poul Nielson. Il a ainsi indiqué que dans la perspective de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le suivi du Sommet mondial, son pays a organisé deux séminaires sur le progrès social. Le progrès social qui se définit comme le bien-être des individus et l'harmonie entre les sociétés doit être la principale raison d'être de l'action publique. Cela signifie que la sphère économique doit être subordonnée aux objectifs sociaux et être réellement intégrée dans une vision cohérente de ce qui constitue une bonne vie et une bonne société. Le système économique n'a aucune valeur intrinsèque. Il s'agit d'une construction sociale dont les performances doivent être évaluées en fonction de leur contribution à l'amélioration de la société.

Le progrès social exige que l'on fournisse du travail et des revenus à un maximum de personnes. Chaque individu, famille, communauté ou nation requiert certes une base économique sans laquelle il ne peut y avoir de vie ou de société décente. Il faut pourtant analyser de manière plus critique les tendances et les politiques économiques et financières. A cet égard, l'examen des conséquences sociales des décisions économiques et financières ne saurait suffire. La justice économique se mesure à l'aune de la distribution des biens, des revenus et des opportunités d'emplois. La cohésion sociale ne peut être réalisée sans une distribution équitable des opportunités et des bénéficies économiques. La non-intégration du social dans la définition des politiques économiques s'explique par l'absence de statistiques permettant de mesurer les différentes dimensions du progrès social et de la régression sociale.

Soulignant l'importance des institutions publiques en matière de développement social, M. Torben Brylle a, par ailleurs, indiqué que dans son pays une réflexion s'est engagée sur la façon d'humaniser et de démocratiser le marché. La situation actuelle vient du fait que les acteurs et les institutions qui dominent le marché prennent la concurrence pour du darwinisme social et l'efficacité pour la victoire du capital sur le travail. La monétisation et la "markétisation" de la société forment une tendance qu'il faut inverser. La tolérance, le respect de l'autre, la modération dans le jugement et le comportement, même dans les transactions économiques, ne doivent pas être regardés avec scepticisme et cynisme. Le progrès social demeure une tâche exaltante.

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La globalisation du marché et des communications ne conduira pas automatiquement à l'émergence d'une communauté mondiale. Il faut débattre des valeurs et examiner les conséquences morales des théories et des politiques pour combler le fossé entre la théorie et la pratique, les principes et les actions, qu'elles concernent la politique ou la vie économique. Si la mondialisation des idées économiques, des transactions et des techniques conduit à la marginalisation de certaines classes sociales, de certains pays ou de certaines régions, alors il faut revoir l'essence de la tendance mondialiste et l'enrichir d'un débat démocratique. La responsabilité et la transparence des politiques doivent être exigées des institutions publiques mais aussi des autres acteurs principaux du monde économique, financier et politique.

"Renforcement de la protection sociale, réduction de la vulnérabilité et amélioration des possibilités d'emploi pour les groupes ayant des besoins particuliers" et "Violence, criminalité et problèmes de drogues illicites et de l'abus de drogues en tant que facteur de désintégration sociale"

Débat

Mme ROSALIND EYBEN (Royaume-Uni), prenant la parole au nom de l'Union européenne et des pays associés d'Europe centrale et orientale, et de Chypre, a déclaré que répondre à la vulnérabilité exigeait plus que la création d'emplois. Dans de nombreux pays en développement, la sécurité quotidienne est assurée hors du secteur formel, a-t-elle souligné, en évoquant la contribution importante et non comptabilisée des femmes dans les secteurs agricole et informel. Parmi les facteurs permettant aux pauvres de quitter le cercle de la pauvreté, elle a cité la sécurité alimentaire, le logement, la santé et l'éducation. Elle a attribué la vulnérabilité particulière des femmes et des enfants au fait que, souvent, les systèmes de justice et de gouvernement ne leur sont pas pleinement ouverts.

Les politiques visant à réduire la vulnérabilité doivent être enracinées dans une bonne compréhension des causes de la pauvreté et de l'exclusion sociale, ainsi que des conditions dans lesquelles les pauvres peuvent sortir de la pauvreté. L'expérience dans le domaine de la coopération au développement a montré l'intérêt de techniques participatives s'appuyant directement sur les expériences des pauvres et les impliquant dans l'élaboration des politiques, des solutions et des conditions qui leur permettront de sortir de la pauvreté, a-t-elle souligné. En matière de coopération au développement, l'Union européenne accorde une grande importance à la jouissance des droits de l'homme et l'application des principes démocratiques, ainsi qu'à une bonne gouvernance. Cette approche est basée sur un dialogue ouvert et constructif avec les gouvernements et les pays concernés, l'idée étant d'inclure les droits de l'homme dans la coopération au développement afin d'assurer la durabilité des projets de développement.

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Dans les pays où les marchés du travail sont développés, l'emploi est le meilleur moyen de sortir de la pauvreté. Le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté est d'aider les individus à trouver un emploi et ainsi prendre le contrôle de leur vie. Bien que les conditions soient différentes selon les pays, il y a un problème commun de chômage, qui affecte en particulier ceux qui ne sont pas qualifiés, les femmes et les jeunes. Face à cette situation, de nouvelles politiques sont nécessaires. Ainsi, le Conseil européen spécial sur l'emploi qui s'est tenu à Luxembourg en novembre 1997 a prôné de combiner l'efficacité économique et l'intégration sociale. Il s'est mis d'accord sur des lignes directrices pour 1998 qui visent à améliorer les possibilités d'emploi, développer l'esprit d'entreprise, encourager la flexibilité aux changements économiques et renforcer la politique de l'égalité des chances. Dans les pays en développement, il faudrait accorder la priorité à une croissance durable et aider davantage de gens à devenir actifs et productifs. La représentante a estimé, par ailleurs, que de nombreux systèmes de protection sociale devaient être modernisés et adaptés à des conditions sociales et économiques différentes, tout en maintenant leur rôle clé en ce qui concerne la protection des individus et des familles qui ont perdu leurs sources de revenus. Dans les pays où le secteur formel est le principal marché du travail, il faut élaborer des politiques macro et micro-économiques afin de créer des emplois et réduire le chômage. Les mesures en faveur de l'emploi doivent, en outre, être combinées à des mesures visant à retrouver un emploi pour les chômeurs à long terme. Dans les pays où les marchés du travail sont moins développés, il faut promouvoir l'alphabétisation, les possibilités d'accès aux crédits et la création de micro-entreprises. Il faut, en outre, aider tout le monde à s'adapter aux changements technologiques. Les gouvernements doivent s'efforcer de réduire les barrières à l'emploi. Pour la représentante, il est également essentiel de d'aider à concilier des activités professionnelles et familiales, en particulier pour les femmes.

La représentante a préconisé une stratégie intégrée pour les problèmes liés à la violence, la criminalité et les stupéfiants, en soulignant le fait que les pauvres, et en particulier les femmes et les enfants, sont part vulnérables à toutes les formes de violence. La violence sous toutes ses formes est un obstacle au développement et empêche de parvenir à la jouissance des droits de l'homme, a-t-elle déclaré, en invitant à lutter contre la dégradation des structures sociales traditionnelles. Selon elle, faciliter l'accès des individus à l'emploi contribuera également à la lutte contre la délinquance. Elle a préconisé la mise en place de programmes de formation professionnelle en faveur des toxicomanes pour permettre leur réinsertion dans la société. Toutes les technologies disponibles de l'information, notamment l'Internet, doivent être utilisées pour sensibiliser le public aux problèmes liés à la toxicomanie. Elle a souligné le rôle particulièrement actif des ONG en matière de prévention et de réhabilitation des toxicomanes. Prônant la

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poursuite de la coopération internationale pour lutter contre la criminalité et le trafic de stupéfiants, elle a invité la communauté internationale à participer à un niveau élevé à la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée à la lutte contre les stupéfiants, en juin prochain.

M. ARIZAL EFFENDI (Indonésie), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a invité la communauté internationale à dépasser les approches normatives et à prendre des mesures concrètes pour réduire les risques et les défis posés par les groupes marginalisés et vulnérables. Toutefois, les nombreux obstacles ne peuvent être éliminés si l'entreprise ne s'accompagne pas d'efforts visant à réduire la vulnérabilité des pays en développement au sein du système économique mondial et à accroître leur participation dans le processus international de prise de décisions macro-économiques. La réalisation des objectifs de Copenhague exige la reconnaissance du fait que l'intégration sociale ne peut être séparée de la mondialisation et de la dynamique du système économique mondial. Des facteurs tels que les déficits des balances commerciales ou la dette extérieure augmentent la vulnérabilité de nations entières et font encourir à d'autres le risque d'une marginalisation permanente. Les forces externes et les conséquences néfastes de la mondialisation exigent une coopération et une assistance internationales. Un véritable partenariat est également nécessaire entre les nations et il doit concerner les institutions multilatérales de développement, les pays donateurs, les gouvernements, la société civile comme les organisations communautaires.

Il revient aux gouvernements nationaux d'identifier les groupes vulnérables et de déterminer la faisabilité des actions en fonction des ressources disponibles. Les mesures peuvent inclure des politiques d'emploi en faveur de ces groupes ou des programmes de formation adaptés aux opportunités d'emploi. Il faut également appuyer et renforcer la capacité des mécanismes non commerciaux qui peuvent contribuer à forger un filet de sécurité sociale propre à assurer un minimum de revenus pendant les périodes de transition économique. L'inclusion des groupes vulnérables dans le processus de planification des politiques assure la pertinence des programmes. Par ailleurs, tous les pays devraient être consultés et participer à la formulation des politiques économiques les affectant bien qu'adoptées à l'extérieur.

Toutes les activités de développement et de progrès économique et social sont menacées par la violence, le crime et le trafic des drogues, facteurs de désintégration sociale. Le progrès récent en matière de technologie et de communication a facilité la mondialisation des entreprises criminelles. Aujourd'hui les législations nationales seules ne peuvent rien. Le Groupe des 77 et de la Chine attendent la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale comme l'occasion de renforcer la coopération internationale dans la lutte contre le trafic illicite des drogues.

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Mme LIN SHA (Chine) a indiqué que son pays avait adopté une loi sur la protection des jeunes ainsi qu'une série de mesures visant à protéger leurs droits et leurs intérêts. De grands efforts ont été déployés pour développer le système scolaire ainsi que l'enseignement continu avec pour objectif de fournir des emplois aux jeunes. Des activités ont été organisées en vue d'aider les jeunes à jouer un rôle actif dans l'élimination de la pauvreté, l'aide aux personnes handicapées, la promotion des sciences et des technologies et le développement de l'économie. La Chine a également adopté une loi sur la protection des droits et des intérêts des personnes âgées et développé un système d'assistance sociale qui fournit aux personnes âgées assistance, soins de santé, opportunités de rendre des services, ainsi que des activités éducationnelles et récréationnelles. Quelque 8000 universités du troisième âge ont ainsi été ouvertes à travers le pays et 45% des quelque 100 millions de personnes âgées sont actuellement engagées dans des entreprises publiques. Le Gouvernement a, en outre, adopté une politique en faveur des personnes handicapées qui a pour objectif de promouvoir leur participation et de défendre leur cause. Dans ce domaine, le Gouvernement accorde une attention particulière à l'éducation, en incluant notamment des programmes à l'intention des enfants handicapés dans le système scolaire obligatoire, et en encourageant les programmes visant à promouvoir l'emploi des handicapés. Toutes les organisations et agences sociales sont tenues d'employer un certain pourcentage de personnes handicapées. En conséquence, près de 70% d'entre elles sont actuellement employées.

Le Gouvernement chinois a, par ailleurs, pris des mesures actives en vue de résoudre le problème de la criminalité et de la drogue. Parmi ces mesures, la représentante a cité le renforcement du système judiciaire et les efforts vigoureux visant à diminuer la corruption et les fraudes. Un groupe national a, en outre, été mis sur pied afin de coordonner la lutte contre les stupéfiants. Des peines sévères sont infligées aux producteurs et trafiquants de drogue. Une vaste campagne antidrogue a, en outre, été menée l'an dernier à travers le pays. Dans ces deux domaines, la Chine accorde une grande importance à la coopération internationale, a-t-elle souligné.

Mme TANIA MONTESINO (Cuba) a indiqué que le développement social a été l'une des chevilles ouvrières de la révolution cubaine. Le pays a, en cette matière, enregistré des résultats encourageants puisqu'à Cuba il y a un médecin pour 193 habitants, 100 %de la population jouit d'un accès gratuit aux soins de santé et, pour l'année 1997, le taux de mortalité infantile est de 7,3 pour 1000 naissances. Si l'Amérique latine en général avait ces mêmes indices, 500 000 enfants par an seraient sauvés. Tous les enfants à Cuba sont protégés contre douze maladies infantiles. L'espérance de vie est passée à 75 ans et douze hôpitaux de l'île disposent de services de gériatrie. En ce qui concerne les enfants handicapés, le gouvernement a construit 427 écoles spéciales qui accueillent plus de 55 000 enfants. Ces écoles ont plus de

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14 000 enseignants diplômés d'université. La réhabilitation totale constituant le facteur décisif pour l'intégration sociale, le gouvernement a veillé à fournir un emploi à 14 000 personnes handicapées. Donnant les chiffres de la pauvreté dans le monde, la représentante a regretté le déclin apparemment irréversible de l'aide publique au développement.

Mme OLGA DARGEL, Ministre de la protection sociale du Bélarus, a estimé que les gouvernements avaient encore beaucoup à faire pour atteindre l'objectif de l'inclusion sociale des groupes vulnérables. Pour sa part, le Bélarus s'est fixé comme objectif de créer pour chaque citoyen les conditions lui permettant d'assurer par son travail son bien-être et celui de sa famille. La base de cette nouvelle démarche est le principe de la charité sociale. L'accent est placé sur l'initiative, ce qui est souvent contradictoire avec l'ancien système social qui garantissait l'emploi pour tous, a-t-elle souligné. Pour résoudre les problèmes du système de protection sociale, le Gouvernement travaille à établir une base législative. Le système de protection sociale comprend des programmes d'assurance sociale qui compensent partiellement la perte de salaire pour les retraités et les chômeurs, et des programmes d'aide de l'Etat en faveur de ceux qui ne sont pas en mesure de travailler ou ont des enfants à leur charge. Le Bélarus appuye l'idée que les orientations fondamentales de la politique sociale doivent intégrer une perspective sexospécifique. Dans les pays en transition, les femmes sont en effet particulièrement touchées par les difficultés économiques. D'où l'importance de protéger les familles, et notamment les enfants, en partie par des prestations familiales. Une attention particulière est, notamment, accordée à la protection sociale durant la maternité. Pour créer des conditions favorables à l'éducation des enfants, différents programmes sociaux ont été élaborés avec l'UNICEF et des ONG. Mme Dargel a encore souligné l'importance de la protection accordée aux personnes âgées. Dans ce cadre, une Commission de préparation de l'Année internationale des personnes âgées a élaboré un programme d'activités en faveur de celles-ci. Le Bélarus ne peut toutefois pas résoudre seul tous ses problèmes, a-t-elle déclaré, en demandant une attention accrue aux problèmes des pays en transition et une assistance à l'élaboration de politiques sociales efficaces. Le Bélarus compte sur l'appui de services consultatifs et l'aide d'experts, notamment en ce qui concerne la mise en place de systèmes de partenariat social, la lutte contre le chômage et l'encouragement à l'emploi, a-t-elle conclu.

M. JORGENSEN, Banque mondiale, a expliqué que la vulnérabilité est ce qui caractérise les personnes les moins à même de protéger leurs biens. Moins l'on contrôle de biens moins de chance l'on a de contrôler les chocs éventuels. En un mot, la principale définition de la vulnérabilité est une incapacité à gérer les risques. La Banque mondiale a établi une typologie des chocs qui inclut les catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme, les changements de politique économique et sociale, les changements dans

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l'environnement économique et social au niveau international ou la sécurité et la stabilité politique des pays. Il faut garder à l'esprit qu'il existe un effet de rétroaction négatif qui lie entre eux un certain nombre de chocs. Les actions à prendre peuvent être préventives ou curatives. En se fondant sur cette théorie, la Banque a établi une grille de lecture à deux matrices - préventif et curatif -. La classification des différentes interventions se fait donc en fonction de ces deux matrices.

En ce qui concerne les actions préventives, la Banque mondiale a lancé des projets concernant par exemple le contrôle des inondations, l'amélioration des normes de construction ou encore l'intensification de la lutte contre la sécheresse. La Banque a également lancé des projets pour renforcer le capital social dans différents pays. Du point des mesures curatives, la Banque oeuvre par exemple à des projets de reconstruction après les catastrophes naturelles et pour ce qui est de la valorisation du capital humain, elle poursuit sa réflexion sur les conséquences des programmes d'ajustement structurel. Elle appuie également les efforts des gouvernements pour améliorer les programmes sociaux.

M. STEFAN BRUPBACHER (Suisse) a estimé que le but du plein emploi demeure une priorité. Pour lutter contre le chômage, l'Etat ne peut plus se limiter à la promotion de l'emploi en tant que tel. Il doit repenser son action en se fondant sur le concept de l'employabilité. Il doit dorénavant accompagner le développement social et économique par une approche en quatre volets, à savoir : promouvoir la création, par l'économie privée, de places de travail de qualité, reposant sur une politique macro-économique saine, qui doit permettre d'utiliser au mieux les facteurs de production; ainsi l'accès sans discrimination au sol, au capital et au marché du travail doit être garanti; mettre en place les conditions pour que les places de travail ainsi créées puissent être occupées par une main-d'oeuvre qualifiée. Aussi, l'Etat doit-il assurer à ses citoyens l'accès à une formation et à un perfectionnement professionnels pertinents et continus; mettre en place un minimum de règles pour faciliter les rapports entre les partenaires sociaux; enfin, l'Etat a encore le devoir de mettre en oeuvre un certain nombre de mesures pour que les groupes marginalisés ne soient pas définitivement exclus de la société. Une place centrale revient à la protection sociale qui est, au même titre que l'emploi, un facteur essentiel de cohésion sociale : elle revêt deux fonctions : celle de sécurité, en permettant aux personnes victimes des changements conjoncturels et structurels du marché du travail de maintenir un revenu d'un certain niveau; celle de moteur en poursuivant, comme but ultime, la réintégration de l'individu.

L'observateur a estimé que grâce à la stimulation du développement économique découlant de la globalisation, il faut dégager les moyens financiers destinés à la réintégration des groupes marginaux, le but primaire étant toujours, bien entendu, d'éviter la création d'une société à deux vitesses.

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Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOKA (Kazakhstan) a expliqué que, dans la stratégie pour 2030 élaborée par le Kazakhstan, la consolidation constituait la condition principale du progrès. Cette stratégie souligne la nécessité d'évaluer de manière appropriée les besoins des différents groupes de la population et les priorités. La notion de consolidation de la société s'est incarnée en 1993 avec la création de l'Assemblée du peuple du Kazakhstan qui comprend des représentants de toutes les religions et de tous les centres culturels du pays. C'est devenu une sorte de lieu où l'Etat peut vérifier la validité de ses actions à la lumière des souhaits de la société. La stratégie sociale du Kazakhstan s'inscrit dans le cadre d'un changement démocratique profond de la société, a-t-elle souligné. Le Gouvernement considère les questions sociales comme étant étroitement liées à la croissance économique et aux facteurs complexes du développement humain durable. C'est pourquoi, la transition se fait vers des mesures de sécurité sociale visant uniquement des individus qui, pour des raisons objectives, ne peuvent subvenir à leurs besoins ou à ceux de leur famille. En même temps, le pays doit faire aux principaux problèmes sociaux qui sont la conséquence de désastres écologiques extrêmement graves dans la région de la Mer d'Arral et de l'ancien site nucléaire soviétique dans la région de Semipalatinsk.

La représentante a indiqué que le Kazakhstan appuye l'idée proposée par le Secrétaire général d'élaborer un manuel dressant la liste de toutes les organisations qui apportent un assistance aux individus vulnérables. Les propositions concernant l'établissement d'une base de données internationale sur les projets sociaux mérite également l'attention, a-t-elle ajouté. S'agissant des personnes handicapées, le Kazakhstan a choisi une politique pratique dont l'objectif est de développer une industrie de réhabilitation qui permette aux handicapés d'accéder à l'éducation, aux loisirs, à la culture, au sport, à l'emploi et aux transports.

La stratégie pour 2030 met également l'accent sur la promotion d'une vie saine et envisage ainsi des mesures contre la consommation d'alcool et de tabac, et la lutte contre les stupéfiants. La représentante a souligné les efforts entrepris par son pays pour lutter contre la drogue et le trafic de stupéfiants. A cet égard, elle a préconisé un renforcement de la coopération internationale. Dans le cadre du Mémorandum d'accord en matière de contrôle des stupéfiants, signé le 4 mai 1996 par les gouvernements du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan, de l'Oubzbékistan et le PNUCID, une première réunion des ministres des Affaires étrangères de ces pays s'est tenue à Almaty à la mi-janvier. Les parties ont adopté une Déclaration sur l'élargissement et le renforcement de la coopération régionale sur le contrôle des drogues et ont approuvé les projets régionaux du PNUCID pour 1998 et 1999. Un accord s'est également dégagé sur la nécessité d'établir un organe de coordination régional dans le domaine du contrôle des drogues qui sera installé de manière permanente dans l'un des pays d'Asie centrale, tandis qu'une conférence internationale sur la question est prévue à l'automne 1998 à Almaty, a-t-elle expliqué.

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Mme FAITH INNERARITY (Jamaïque) a fait part d'une étude menée dans son pays sur le chômage des jeunes. Il apparaît que ce phénomène ne peut plus être lié au chômage des adultes et qu'il constitue un phénomène distinct. Les politiques en la matière ne peuvent plus être greffées à la demande totale d'emplois. Des programmes spéciaux doivent être élaborés. D'autre part, l'éducation sans la formation ne suffit plus. La segmentation du marché du travail est telle qu'll décourage aujourd'hui les jeunes garçons à investir dans l'éducation étant donné qu'ils ont moins de chance que les filles de faire valoir leur diplôme sur le marché du travail. En effet, la forte demande d'emplois non qualifiés encourage les jeunes garçons à quitter l'école, en particulier dans les milieux ruraux. Les politiques doivent donc viser à encourager cette population à rester à l'école. Ces politiques doivent également être menées en fonction des opportunités d'activités génératrices de revenus.

L'étude a, en outre, confirmé que le chômage des jeunes filles atteint des proportions alarmantes. Celles qui travaillent occupent des emplois instables et à bas revenus. Les données sur la durée de l'emploi démontrent, elles, la gravité et le caractère chronique du chômage des jeunes. Il s'agit là d'une situation sociale dangereuse puisque le développement d'attitude et d'habitudes appropriées vis-à-vis du travail se voient compromis. Les jeunes ont de plus en plus de difficultés à faire la transition entre l'école et le travail. L'analyse des programmes mis en place par la Jamaïque ces deux dernières décennies a conduit à une distinction entre la formation sectorielle et la formation communautaire. La première concerne l'acquisition des connaissances et la deuxième touche le changement d'attitude et les activités génératrices de revenus.

Il apparaît que les deux domaines requièrent un cadre du marché du travail qui tienne compte des caractéristiques de la population jeune. Il faut que les jeunes peu éduqués aient accès à la formation et que les jeunes mieux éduqués trouvent une activité productive. Venant à la question du trafic illicite des drogues, la représentant a plaidé pour la promotion d'alternatives économiques pour les groupes marginalisés susceptibles de succomber au commerce de la drogue. Il faut surtout aider les fermiers pauvres et les chômeurs dans les villes. Etant donné que le trafic mondial concerne surtout les plantes et non les substances chimiques, il faudrait recommander aux chercheurs de trouver une utilité pharmaceutique à ces produits. A cet égard, deux chercheurs ont découvert que la marijuana peut être utilisée dans le traitement du glaucome et que le cannabis peut être utilisé dans la production de textiles, de papier et d'autres produits à valeur économique.

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M. NINA SIBAL (UNESCO) a indiqué que les problèmes clé comme la violence, le crime et le trafic illicite des stupéfiants liés à la désintégration de la société ont été pris en compte par l'UNESCO pour élaborer un nouveau projet international de recherche sur les transformations économiques et sociales liées au trafic des stupéfiants. Ce projet de quatre ans a été mis en oeuvre dans le cadre de la gestion générale du Programme des transformations (MOST) de l'UNESCO. Ce programme a pour objectif de développer de nouvelles connaissances en rassemblant des informations non publiées sur la situation dans différents pays. Il vise également à engager une analyse comparative des pays et régions examinés, afin de déterminer de manière plus claire les différents aspects historiques, culturels, sociaux, économiques, juridiques et politiques du développement du trafic des stupéfiants et des transformations sociales y afférentes. Ce programme vise en outre l'établissement d'un réseau d'institutions de recherches et de chercheurs dans les grandes régions du monde - Asie, Amérique du Nord et du Sud, le Moyen-Orient, ainsi que l'Europe de l'Est et de l'Ouest. Le projet devrait permettre une meilleure compréhension théorique des conditions régissant l'évolution du trafic des stupéfiants et des transformations économiques et sociales qui en résultent, ainsi que la production régulière d'analyses sur le statut de la question, à la fois aux niveaux mondial, régional et sous-régional. Un réseau international de chercheurs serait ainsi créé, impliquant toutes les régions du monde et axé sur un ensemble de problèmes non explorés essentiels à l'avenir de la planète et à l'organisation d'un fonds d'expertise pour fournir une assistance aux décideurs publics, tant sur le plan national que sur le plan international.

M. PIERRE-CLAVER ZENG-EBOME, Ministre des affaires sociales, de la solidarité nationale et de la famille du Gabon, a déclaré qu'en matière de protection sociale, la Constitution de la République gabonaise fait obligation à tout gouvernement de réduire les inégalités sociales et favoriser l'insertion des personnes démunies au processus de développement. C'est ainsi que trois régimes de protection sociale cohabitent avec l'ambition d'atteindre ces objectifs. Les trois régimes couvrent toute la population active du pays, dont la prise en charge est organisée en fonction du statut professionnel : les travailleurs salariés du secteur privé, les fonctionnaires et les agents contractuels de l'Etat ainsi que les travailleurs indépendants nationaux et, depuis 1983, les ruraux et les personnes démunies. L'activité professionnelle n'est plus une condition exclusive pour la couverture des soins de santé et l'octroi des prestations familiales. Les garanties offertes par le système de protection sociale gabonais se résument en un ensemble de dispositifs réglementant la couverture des risques : maternité, soins de santé, accidents du travail, maladies professionnelles, charges de famille, invalidité, vieillesse et décès.

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Le Ministre a indiqué que les bouleversements socio-économiques actuels ont quelque peu ralenti les efforts déployés par l'Etat, présageant du même coup des périodes sombres pour les familles défavorisées. Toute amélioration de la protection sociale passant inévitablement par de nouveaux frais, ces personnes se trouvent fragilisées par les difficultés économiques du moment. Aux raisons conjoncturelles, s'ajoutent des causes structurelles et la précarité économique qui en résulte engendre plutôt une insécurité sociale.

Malgré les efforts accomplis par le gouvernement dans l'application des mesures préconisées, on constate que l'absence d'un volet social conséquent dans les programmes d'ajustement structurel, la détérioration des termes de l'échange, la dévaluation, (voire la mondialisation de l'économie où la libre entreprise est le credo), menacent à terme la viabilité des régimes de protection sociale dont l'équilibre financier est mis à rude épreuve, au moment où leur nécessité se fait le plus sentir, a averti M. Zeng-Ebome. Le Gabon, désormais exclu de la liste des pays à revenus intermédiaires, éligibles à certains concours financiers pour leur développement, a le sentiment profond de vivre une très grande injustice de la part des organismes financiers internationaux.

La Communauté internationale doit savoir qu'il n'y a pas de pays sans pauvres. Et les pays en construction plus que les autres. Le Ministre a demandé un traitement équitable pour son pays. Nous sollicitons, encore une fois, la remise totale de notre dette publique pour l'élargissement et l'approfondissement de notre dispositif social, a-t-il dit. Ne nous laissons pas éblouir par les calculs savants de nos experts économiques qui se sont trompés tant de fois.

Pour éviter que la mondialisation de l'économie repose uniquement sur la loi du plus fort, la délégation gabonaise invite la Communauté internationale à imaginer un dispositif multiforme capable d'apporter à tous, sans exclusive, des moyens de vivre décemment et des raisons de ne point désespérer de la capacité des institutions nationales et internationales, publiques et privées, à répondre positivement aux appels de ceux de nos semblables qui ont soif, qui ont faim, qui ont froid et qui luttent contre la maladie.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a souligné que le développement social exige la volonté politique des gouvernements, la disponibilité des ressources financières et l'intensification de la coopération internationale. A la suite de l'embargo imposé à l'Iraq, le pays s'est trouvé dans l'impossibilité d'utiliser sa principale source de revenus, à savoir le pétrole. En conséquence, la mortalité des enfants de moins de cinq ans est passé à 12 000 cas en décembre 1996 alors qu'il n'était que de 101 en décembre 1987. Les maladies pulmonaires ont également augmenté de 170% et la malnutrition a causé 2707 morts en décembre 1997 alors qu'elle n'avait causé que 81 décès

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en décembre en 1989. Les décès des personnes de plus de cinquante ans ont eux augmenté de 500%. Par ailleurs, l'abandon scolaire est en perpétuelle augmentation en raison des circonstances économiques difficiles. Le représentant a poursuivi en citant les chiffres de la FAO sur la situation alimentaire et en soulignant que les sanctions ont provoqué une chute considérable du niveau de vie de la population iraquienne et engendré des problèmes sociaux inconnus auparavant comme la mendicité des enfants ou la délinquance juvénile.

Mme SWEET, Mouvement pour un monde meilleur, a expliqué que les droits de l'homme et la dignité étaient inséparables et a estimé que la dignité ne pouvait jamais être menacée par la vulnérabilité. On ne peut pas traiter certaines personnes comme si elles étaient elles-mêmes le problème social. Le manque d'harmonie entre ces trois concepts est évident, a-t-elle souligné. Elle a estimé qu'il était temps que ceux qui s'occupent des problèmes sociaux se penchent sur les problèmes globaux et plus seulement sur ceux qui en souffrent. Il faut reconnaître la vulnérabilité de la société, a-t-elle insisté. La vulnérabilité n'est pas une maladie, elle est provoquée par le manque de responsabilité collective envers les personnes vulnérables. Elle a expliqué que la solidarité venait de la participation et que la solidarité naît dans la société par l'entraide.

Mme SUSAN PARKER, Réhabilitation international, s'est félicitée de ce que la Commission du développement social ait mis l'accent sur les problèmes des handicapés au cours de cette session. Après avoir exprimé sa satisfaction vis-à-vis des travaux et programmes substantiels visant à améliorer le sort des handicapé à travers le monde, Mme Parker a cependant regretté que le Secrétariat des Nations Unies n'ait pas informé les délégués des Etats Membres, de la décision prise il y a sept mois par le Conseil économique et social d'étendre la durée des règles minima de surveillance des différentes Déclarations, Conventions et Résolutions concernant les droits de l'homme, les droits de l'enfant et le développement social. Ces règles jouent actuellement un rôle clef, en permettant d'influencer les législations, les actions et les évaluations des programmes aux niveaux national et international.

La représentante a accueilli favorablement le fait que les Nations Unies, par la voix de son Secrétaire général adjoint, M. Desaï, citent l'importance des problèmes sociaux, et fassent référence aux objectifs du Sommet mondial pour le développement social. Elle a ensuite appelé l'Organisation à accorder la plus grande priorité et visibilité aux problèmes touchant les personnes handicapées, y compris en dotant prioritairement de ressources l'unité chargée des problèmes d'invalidité. Si des expressions telles que "équitable", "centré sur la population" et "participatif" doivent être utilisées comme caractéristiques positives du développement, il faut commencer par mettre en premier les handicapés au coeur de l'action des Nations Unies, a conclu Mme Parker.

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