SOC/108

LA REDUCTION DE LA VULNERABILITE EXIGE DES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT QUI TIENNENT COMPTE DES IDENTITES NATIONALES

17 février 1998


Communiqué de Presse
SOC/108


LA REDUCTION DE LA VULNERABILITE EXIGE DES POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT QUI TIENNENT COMPTE DES IDENTITES NATIONALES

19980217 La Commission du développement social a tenu ce matin une Table ronde sur le "Renforcement de la protection sociale et de la réduction de la vulnérabilité", dans le cadre du suivi du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995).

Ce faisant, la Commission a entendu les experts suivants : Mme Vappu Taipale, Directrice générale du Centre national de recherches et de développement pour la protection sociale et la santé de la Finlande; Mme Meryl James-Sebro, anthropologue de Trinité-et-Tobago, Directrice de l'organisation non gouvernementale "First Works International"; M. John D'Mello, Professeur de sociologie et de théologie de l'Université Saint Pie de l'Inde; et Mme Anna Maria de Frappola de l'Uruguay, Chef de la Division sur les enfants, les familles et du handicap de l'Organisation interaméricaine.

Les experts ont souligné la nécessité de définir des politiques sociales au niveau mondial, de déterminer les défis de la société d'information et de savoir comment elle peut sensibiliser l'opinion aux questions sociales et, d'établir un nouveau partenariat entre l'Etat, le secteur privé et le secteur public. Sans pour autant faire l'éloge du passé, les experts ont plaidé pour un concept de développement intégré qui consiste à tenir compte de l'identité nationale des pays et de leur culture propre. En effet, les tendances de la mondialisation concourent à une uniformisation des économies, des politiques et de la culture qui constitue un danger pour le développement puisqu'elles permettent aux plus forts d'imposer leur modèle aux plus faibles. Selon les experts, le développement et donc la réduction de la vulnérabilité exige la validation et l'utilisation des connaissances et de l'expérience locales. Les experts ont ensuite répondu aux questions des délégations.

La Commission du développement social poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

Table ronde sur le thème du renforcement de la protection sociale et de la réduction de la vulnérabilité

Mme VAPPU TAIPALE, Directrice du Centre national de recherche et de développement pour la protection sociale et la santé de la Finlande, a souligné la nécessité pour la société actuelle de "mondialiser" les politiques sociales, de définir les défis de la société d'information et d'établir un nouveau partenariat entre les secteurs privé et public. Aujourd'hui les domaines social, économique et écologique sont de plus en plus interdépendants. Or, on constate que les questions de mondialisation ont surtout porté sur les aspects économique et politique et que la nécessité d'une politique social au niveau mondial a été oubliée. Ces questions ne peuvent être laissées aux seules mains des politiciens et des économistes. Il faut que les spécialistes du social aient accès au débat. Sur le plan international, un événement important a été l'apparition des pays à économie en transition où l'analyse sociale a remplacé le système collectiviste et où le vide social a dû être comblé par les différentes ONG et institutions. Un autre événement a été l'initiative japonaise qui consiste à souligner la nécessité de s'occuper de questions sociales en cherchant à établir des contacts entre les différents acteurs chargés de la prise de décision.

Par ailleurs, la Commission du développement durable des Nations Unies a inclu dans son programme la question de la consommation et des structures de la production et celle de la parité. L'écologie étant étroitement liée à la pauvreté, une coopération entre la Commission du développement durable et la Commission du développement social ne pourrait être que fructueuse en raison de leur intérêt commun pour l'élimination de la pauvreté. Pour ce qui est des défis de la société d'information, les stratégies en la matière doivent engager les experts sociaux. La société d'information doit prendre position sur les questions sociales clés et contribuer à la création d'une société dans laquelle chacun peut intervenir. Une alliance entre les politiques sociales et les politiques technologies revêt donc une importance capitale.

Mme MERYL JAMES-SEBRO (Trinité-et-Tobago), Directrice de l'organisation non gouvernementale "First Works International", anthropologue, spécialiste des questions relatives à la sexospécificité, la santé et la pauvreté, associée à l'"American University" de Washington, D.C., a souligné la nécessité de démasquer le processus de développement et de prendre à bras le corps les démons dans le développement afin d'entamer un dialogue sérieux. Certaines régions du monde et certains groupes sociaux se sont développés au détriment d'autres régions et d'autres groupes sociaux. L'exploitation d'un pays par un autre, produit du capitalisme et de l'exploitation colonialiste, est au coeur du sous-développement moderne, a-t-elle indiqué, en soulignant les tendances néo-colonialistes actuelles qui ont aggravé l'exploitation, la domination et la dépendance. Les influences néo-colonialistes jettent

- 3- SOC/108 17 fvrier 1998

une ombre sur les sociétés post-coloniales actuelles et continuent de renforcer la vulnérabilité structurelle des populations et des pays sous diverses formes : race, sexe, classe, ethnie, âge, religion, culture, ... Le concept même de développement est remis en question parce qu'il importe les modèles éthnocentriques occidentaux des systèmes de connaissance et de pouvoir. Ceux qui ont survécu aux nombreux facteurs de désintégration sociale qui aggravent la vulnérabilité restent les plus vulnérables et demeurent des citoyens de deuxième classe. C'est le cas aux Etats-Unis en ce qui concerne les amérindiens, comme c'est le cas également dans de nombreux pays. Evoquant l'écart profond en ce qui concerne les revenus entre les pays pauvres et les pays riches, elle a souligné une continuité dans le changement. Il faut éliminer les étaux de pouvoir qui permettent aux pays développés de maîtriser la situation dans les pays du tiers monde. La question de la réduction de la vulnérabilité doit être centrée sur les causes et les sources de la vulnérabilité, ce qui nous renvoie au coeur même de la notion de développement, a-t-elle souligné. La théorie du développement prend pour hypothèse qu'on ne peut pas influencer les attitudes, or cette hypothèse contribue au sous-développement. Mme James-Sebro s'est également attaquée à la notion de modernisation selon laquelle tous les changements doivent venir du nord et tous les changements venus du nord sont positifs. A cet égard, elle a souligné le discrédit jeté sur les personnes qui ont besoin du développement, estimant qu'on sape leurs croyances et leur identité.

La pauvreté des femmes s'est fortement aggravée dans le tiers monde, où des arrangements institutionnels les empêchent notamment d'avoir accès aux sources de revenus, a-t-elle poursuivi. Les processus de décolonisation et de formation des Etats ont mis en place de nouvelles structures de domination et de contrôle, et de nouvelles stratifications, ainsi qu'un nouveau discours visant à catégoriser et définir, mais aussi, par des configurations politiques et économiques plus larges, à écarter, les pauvres et les plus vulnérables. C'est dans ce contexte qu'il faut examiner la pauvreté des femmes, la violence à l'égard des femmes, certaines formes de tourisme, ainsi que le problème du sida. Selon elle, la question de la sexospécificité constitue un microcosme des inégalités structurelles plus larges, reflétées dans les conditions de production et de reproduction, la division du travail, validées par les systèmes culturel, religieux, et idéologique qui prévalent. Pour Mme James-Sebro, il faut mettre l'accent sur la revendication de l'identité, utiliser la mobilisation politique et les changements juridiques et établir des politiques équitables. Les gouvernements doivent aller au-delà de ministères de la santé symboliques, a-t-elle affirmé, en soulignant la nécessité de renforcer la communication inter-stratégique entre les différents partenaires, ainsi que l'importance de valider et d'utiliser les connaissances et l'expérience locales et d'encourager la participation au niveau local. A titre d'exemples, elle a mentionné diverses démarches mises en place à Trinité-et-Tobago et en Amérique centrale, qui explorent des approches participatives, en mettant l'accent sur la promotion des populations indigènes.

- 4- SOC/108 17 fvrier 1998

M. JOHN D'MELLO, Professeur de sociologie et de théologie de l'Université Saint Pius (Inde), a déclaré qu'avant de chercher à réduire la vulnérabilité, il convient d'abord d'identifier les facteurs qui y contribuent. On ne naît pas vulnérable, on le devient. La libéralisation de l'économie et les programmes d'ajustement structurel sont des faits insidieux qui rendent vulnérables les couches les plus basses d'une population. En Inde, par exemple, l'un des effets des programmes d'ajustement structurel a été l'introduction de grandes exploitations agricoles qui a fait que 30% des terres indiennes appartiennent à une petite poignée de propriétaires. Les laboureurs et les petits propriétaires se retrouvant sans terres se sont vus contraints de fuir leur village et de tenter leur chance dans les villes, les femmes devant travailler 24 heures par jour comme domestiques. Il en est de même des femmes se consacrant à la pêche. Cette crise a fait naître la vénalité et l'amour du gain rapide et facile. Elle explique en grande partie la prostitution des enfants.

Bon nombre de ces personnes étaient certes pauvres mais les politiques imposées de l'extérieur les ont rendues vulnérables à l'exploitation et à la déshumanisation. Des initiatives ont été lancées par différentes organisations qui ont commencé par la création de centres et d'abris pour les femmes et les enfants afin de leur offrir une aide immédiate. L'étape suivante a consisté à obtenir une loi qui reconnaisse que les domestiques et les femmes pêcheurs sont des travailleurs à part entière qui ont droit à un salaire minimal et au recours à un tribunal du travail. L'étape ultime a été de créer de petits mouvements de femmes pour leur faire prendre conscience de ces questions. Ces mouvements de solidarité ont eux-mêmes cherché à créer des liens avec d'autres organisations à travers tout le pays.

Les réseaux de groupes de citoyens qui peuvent se créer ainsi contribueront certainement à faire de la société civile un acteur influent. Il ne fait aucun doute en effet que les ONG deviennent un nouveau centre de pouvoir et que leur contact avec les médias permet d'attirer l'attention sur les politiques iniques des gouvernements. L'Etat ne peut renoncer à son rôle et donner carte blanche à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. Dans ce contexte, la vision du développement est essentielle. A l'heure actuelle, le monde assiste à la "macdonalisation" de la culture. Le modèle du développement social intégré s'effrite en faveur du modèle de la croissance économique sans préoccupation sociale. Les médias occidentaux jouent un rôle important en la matière et contribuent à la création, dans les pays en développement, d'une classe supérieure et moyenne acquise aux valeurs occidentales. Cette classe devient donc l'importateur conquis des politiques préconisées de l'extérieur.

Mme ANNA MARIA DE FRAPPOLA (Uruguay), responsable du service pour les enfants, les familles et les handicapés au sein de l'Organisation inter-américaine, spécialiste de la politique sociale, a souligné la perte d'identité nationale et culturelle, et la crise de valeurs actuelle,

- 5- SOC/108 17 fvrier 1998

caractérisée par une confusion entre le bien et le mal, et l'absence de confiance. Les décisions affectant la vie quotidienne dépassent aujourd'hui le contexte d'une seule nation. Il y a aussi un mouvement vers la réforme et la modernisation des Etats, en même temps qu'une recherche de compétitivité excessive. En Amérique latine, des groupes de travail ont été mis sur pied qui oeuvrent en faveur des groupes à risque, en partenariat avec les gouvernements et les autres partenaires sociaux. La stratégie de développement mise en place dans divers pays de la région a été construite de manière participative. Pour l'instant, on en est à l'étape des stratégies d'intervention, a-t-elle souligné. Elle a estimé qu'il fallait garantir le développement plein et entier des populations dans un contexte de respect et d'acceptation mutuels. L'économie constitue l'un des instruments, mais non le seul, pour atteindre cet objectif. Il faut lutter contre la fragmentation et la ségrégation, et établir des politiques liées à l'autonomisation qui mettent la personne au centre des stratégies en tant que sujet de droit. Le respect des valeurs ne doit pas entraîner l'exclusion. Il s'agit en réalité de se fonder sur des normes de respect collectives, comme le droit à la vie. Le fait de respecter les personnes différentes amène à se respecter soi-même, a-t-elle affirmé, soulignant l'importance de reconnaître les droits des autres pour bâtir une société multiculturelle. Ces valeurs indispensables sont trop souvent écartées. C'est pourquoi il faut promouvoir une coexistence pacifique. Elle a également souligné la valeur de la solidarité dans le cadre de l'aide au développement. La planification et les politiques doivent être centrées sur l'intérêt des personnes. C'est pourquoi, le rapport coûts- avantages ne doit pas l'emporter sur l'intérêt des personnes concernées. Il faut équilibrer mondialisation et développement communautaire, développement communautaire et équité, et s'efforcer d'atteindre l'objectif commun ensemble. Elle a aussi préconisé, à cette fin, un renforcement institutionnel et politique sur le plan interne. Les communautés doivent disposer de mécanismes souples qui permettent d'enrichir les travaux des institutions et de donner aux organisations sociales un rôle de contrôle.

Mme Frappola a encore souligné l'importance du renforcement des familles pour lutter contre la désintégration sociale. La famille doit fonctionner comme élément d'un système d'appui, comme unité de base, sans toutefois que cela ne conduise à limiter le droit au développement individuel. Elle a mis l'accent sur la participation et la coordination entre différents secteurs, notamment entre les gouvernements, les organisations non gouvernementales et le secteur privé. Dans tout projet de réforme de politique sociale, il faut prévoir des groupes de travail inter et intrasectoriels quel que soit le thème de la politique sociale traitée. La participation de tous les groupes est indispensable, car il faut tenir compte des besoins fondamentaux de chacun et du droit à une vie digne. La responsabilité du secteur gouvernemental dans ces domaines est inéluctable mais les politiques définies peuvent être mises en oeuvre avec d'autres partenaires. Ainsi, le secteur privé et des entreprises possède des ressources qui peuvent bénéficier à tous les citoyens.

- 6- SOC/108 17 fvrier 1998

Ce n'est qu'avec tous les partenaires que l'on peut mettre en oeuvre une stratégie du changement. Pour Mme Frappola, l'élément clé du succès se trouve dans la reconnaissance, le respect mutuel et la sagesse. Il est fondamental que tous les acteurs respectent les règles du jeu et qu'aucun d'entre eux ne cherche pas à l'emporter. Elle a toutefois mis en garde contre un modèle participatif assorti de progrès trop rapides qui pourraient entraîner des distorsions.

Dialogue entre les experts et les délégations

La représentante de la Jamaïque a souhaité en savoir davantage sur la structure des relations internationales entre pays développés et pays en développement en ce qui concerne la mondialisation et la libéralisation de l'économie. S'arrêtant sur la question de la nécessité de préserver l'identité nationale et la vie dans sa forme autochtone, elle y a vu une contradiction du point de vue du développement. Le développement peut-il se faire sans que le changement intervienne et ce changement est-il forcément mauvais. Faut-il comprendre que la vulnérabilité n'existe pas dans le mode de vie autochtone. Cette remarque a été étayée par la représentante de l'Inde qui a en outre souligné l'importance pour les gouvernements de disposer de ressources adéquates pour fournir les services sociaux de base. Pour sa part, la représentante du Japon a indiqué que dans son pays 25% de la population seront bientôt composés de personnes de plus de 65 ans. Quelles sont les politiques qu'il faut prévoir pour protéger les personnes vulnérables quand elles constituent une grande partie de la population ? Intervenant à son tour, le représentant de la Chine a attiré l'attention sur la situation des femmes handicapées qui se heurtent à une double difficulté par leur handicap et leur sexe. Il faut tout mettre en oeuvre pour réduire leur vulnérabilité. Il a souhaité que la Commission du développement social encourage la coopération technique entre pays développés et pays en développement et entre pays en développement dont le niveau de développement est comparable. La Décennie pour les personnes handicapées a par exemple été l'occasion pour la Chine de se lancer dans une coopération régionale fructueuse en particulier, sur les prothèses.

Répondant aux questions, Mme JAMES-SEBRO a précisé que le développement autodéfini, évoqué dans son exposé, signifie que les pays doivent s'employer à valoriser leur culture. Remplacer les "corn-flakes" par le pain traditionnel ne saurait constituer un recul qui compromettrait le développement, bien au contraire. Quel pays a le droit d'imposer sa volonté à d'autres ? Cette question doit se poser dans les relations internationales en ce qui concerne l'économie et la politique. Aujourd'hui des forces externes pèsent sur les gouvernements qui les transfèrent alors sur leur propre population.

- 7- SOC/108 17 fvrier 1998

A son tour, Mme DE FRAPPOLA a souligné que la question n'est pas de rejeter le développement mais de trouver une stratégie intermédiaire qui permette à l'individu de conserver ses cadres de références tout en gardant à l'esprit la notion de diversité et de multiculturalisme aux niveaux national et international. Répondant à la Chine sur la situation des personnes handicapées, elle a argué que pour satisfaire efficacement les besoins d'intégration des personnes les plus vulnérables, comme les personnes handicapées, il faut s'appuyer sur une politique sociale inclusive qui englobe toutes les personnes jouant un rôle dans les politiques sociales : le gouvernement, le secteur de la santé ou celui l'éducation. Ceci pour éviter une discrimination au motif de handicap. Cette discrimination vient souvent du sectarisme avec lequel sont traitées les questions de réduction de la vulnérabilité. Il faut une stratégie articulée, intersectorielle et pluridisciplinaire.

Mme TAIPALE a, elle, répondu sur la coopération entre la société civile, l'Etat et le secteur privé en disant qu'en Finlande, une telle coopération est considérée comme la clé de l'avenir. Par ailleurs, elle a estimé à l'instar de la représentante de la Jamaïque qu'il n'est pas nécessaire de faire l'éloge du passé. Il faut être prudent et choisir le mode de développement adéquat. Répondant à la représentante du Japon, elle a souligné la nécessité de rassembler des données pour voir de quelle manière assurer une qualité de vie aux personnes âgées. M. D'Mello a convenu qu'il n'est pas juste de dire que la vulnérabilité n'existait pas avant la mondialisation de l'économie. Il faut pourtant reconnaître, a-t-il souligné, qu'elle s'est généralisée depuis lors. Il faut donc évaluer l'impact des programmes d'ajustement structurel et leurs répercussions sociales dans les secteurs vulnérables de la population. Il faut en outre étudier la vision du développement que présente les médias qui sont responsables de l'affaiblissement de la notion du développement intégré.

La représentante de Cuba a souligné la responsabilité des gouvernements dans l'établissement de stratégies de développement social qui tiennent compte de tous les acteurs de la société. De telles stratégies permettent de progresser plus rapidement malgré la mondialisation et ses conséquences.

Le représentant de la Malaisie a souligné le fait que le développement implique un changement qui a inévitablement un impact social. Il a préconisé de suivre de près tous les projets de la Banque mondiale et leur impact social. Il faut aussi que les différentes parties qui s'occupent du développement économique soient davantage conscients des problèmes sociaux car le développement n'est qu'un instrument, l'élément humain étant lui, essentiel. Pour le représentant, la participation des ONG ouvre des perspectives nouvelles en matière de développement. Alors qu'il faut davantage de respect pour la diversité des cultures, on assiste à une nouvelle forme de colonialisme et on voit la domination des cultures des régions riches

- 8- SOC/108 17 fvrier 1998

sur celles des régions plus petites et moins bien défendues. En Malaisie, la famille est l'unité essentielle de la société. Elle est toutefois l'un des groupes les plus vulnérables, touchée par des séparations de plus en plus nombreuses et une montée de l'individualisme.

Pour la représentante de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), promouvoir le secteur macro- économique ne permet pas d'améliorer les conditions de vie des pauvres. La libéralisation de l'économie aggrave la pauvreté et la situation des groupes les plus vulnérables, a-t-elle souligné.

Le représentant du Centre "Ambedkar" pour la justice et la paix a rappelé que l'Asie du sud compte la moitié des pauvres et des millions d'enfants esclaves. Une proportion importante d'enfants et d'adultes sont victimes d'exploitation, perpétuant le système de castes, a-t-il déclaré, en lançant un appel en vue de l'abolition du travail forcé des enfants. L'exploitation des enfants est interdite en principe, mais il faut l'interdire dans la pratique. Il a demandé l'envoi d'une mission des Nations Unies pour enquêter sur la pauvreté en Asie. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international doivent mettre des conditions aux prêts qu'ils accordent aux gouvernements afin d'éliminer l'esclavage des enfants.

Mme JAMES-SEBRO a souligné l'importance des médias et de l'enseignement dans le processus de communication et la transmission des diverses approches en matière de développement. Les pays et les peuples ont le droit de rechercher leurs propres solutions. D'où l'importance d'une large participation afin que chacun puisse faire entendre sa voix, a-t-elle déclaré.

Mme TAIPALE a évoqué l'échec du néolibéralisme, en soulignant le fait qu'il y a des conditions à la vie économique qui sont d'ordre social. Le développement social durable est tributaire d'une bonne gouvernance, a-t-elle déclaré.

M. D'MELLO a estimé que les politiques sociales mondiales devaient tenir compte des réalités locales et respecter l'identité de chacun.

Mme DE FRAPPOLA a préconisé, pour sa part, de rechercher d'autres méthodes de développement dans les domaines de la santé et de l'éducation, notamment, en permettant la participation de tous. Ces stratégies doivent être mondiales, tout en insistant sur le local. Il faut renforcer certains éléments dont la famille pour qu'elle puisse servir d'appui au système. Le renforcement des institutions est également important car celles-ci pourront ainsi participer au processus de manière plus coordonnée. Toutefois, aucun des secteurs ne doit perdre de vue son rôle propre. Il est important de respecter la diversité culturelle et de ne plus voir l'autre comme différent mais en tant que personne ayant des besoins différents. Il faut dépasser les stéréotypes et voir l'être humain avec sa capacité et son potentiel et chercher à inclure chacun.

* *** *

- 9- SOC/108 17 fvrier 1998

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.