SOC/106

COMMISSION DE DEVELOPPEMENT SOCIAL : LA NOTION DE PARTICIPATION DOIT EGALEMENT S'APPLIQUER AU PROCESSUS INTERNATIONAL DE PRISE DE DECISIONS

12 février 1998


Communiqué de Presse
SOC/106


COMMISSION DE DEVELOPPEMENT SOCIAL : LA NOTION DE PARTICIPATION DOIT EGALEMENT S'APPLIQUER AU PROCESSUS INTERNATIONAL DE PRISE DE DECISIONS

19980212 La Commission du développement social a terminé cet après-midi son débat général sur la "Promotion de l'intégration sociale à l'aide des moyens suivants : sensibilisation des gouvernements, pleine participation dans la société, non-discrimination, tolérance, égalité et justice sociale", dans le cadre du suivi du Sommet mondial sur le développement social (Copenhague 1995).

Au cours du débat, certaines délégations ont fait valoir que les systèmes participatifs de démocratie sont aussi essentiels aux niveaux national et local qu'au niveau international. Se référant à la crise en Asie, ils ont dénoncé comme fondamentalement anti-démocratique le fait qu'un système recommandé de l'extérieur puisse jouer un rôle aussi négatif dans la vie des populations. D'autres délégations ont souligné que la décentralisation seule ne suffit pas à garantir une bonne intégration et participation sociales. Dans bien des cas, son succès dépend de la capacité des gouvernants locaux à planifier et à gérer les programmes de développement social. Il faut donc prévoir une certaine formation en la matière. D'autres encore ont fait observer que l'intégration sociale ne peut être garantie par la seule participation de groupes spécifiques au processus démocratique. Ce sont les conditions favorables au développement durable qui garantissent une véritable participation de ces groupes.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Egypte, Ukraine, Fédération de Russie, République islamique d'Iran, Philippines, Pakistan, Pérou, Guatemala et Inde. Les ONG suivantes se sont exprimées : Mouvement international ATD-Quart Monde; Franciscains International, Fédération internationale de la vieillesse, Fédération mondiale des anciens combattants; Nouvelle humanité, Mouvement mondial des mères, Gran Fraternidad universal; et Conseil mondial des églises.

La Commission poursuivra ses travaux demain à 10 heures. Elle entendra notamment l'exposé spécial du Danemark et commencera un débat sur l'examen des plans et programmes d'action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux.

Débat général

M. AL DESOUKY (Egypte) a déclaré que la participation est la pierre angulaire de la promotion de l'intégration sociale. Donner une voix au chapitre aux individus dans le processus des prises de décisions qui affectent leur vie, permet l'établissement de liens de solidarité entre tous les membres de la société. Parallèlement à la promotion de l'intégration et de la solidarité, il est nécessaire de respecter la diversité, car aucun groupe ne peut perdre son identité.

Le Gouvernement égyptien a adopté, pour sa part, une stratégie reposant sur le développement humain et la promotion sociale qui ne laisse aucun groupe à l'écart. Il s'est engagé à garantir le respect du droit et a ouvert des voies de communication avec tous les groupes. Le problème de la pauvreté constitue l'un des grands défis mondiaux. La communauté internationale a le devoir moral, politique et social de réduire ce fléau, a-t-il déclaré. Selon le représentant, la pauvreté ne veut pas seulement dire l'absence de ressources mais aussi la privation de droits. C'est pourquoi le développement doit garantir le respect des droits de tous. A cette fin, l'Egypte accorde une grande attention à l'éducation, qui constitue, par ailleurs, un moyen efficace de résoudre le problème du chômage. Le représentant a encore mentionné l'importance accordée à la participation active des personnes âgées et handicapées dans la société. Les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion du développement social mais il faut également un environnement international favorable. Le représentant a conclu en lançant un appel à tous les gouvernements pour qu'ils tiennent des engagements qu'ils ont pris à Copenhague, en particulier en ce qui concerne la mobilisation des ressources en faveur des pays en développement.

Mme VEHERA (Ukraine) a indiqué que depuis le Sommet de Copenhague, son pays a adopté une nouvelle politique orientée plus directement vers les besoins sociaux de la population. Des décrets réglementant les activités du pouvoir exécutif pour mettre en oeuvre les recommandations du Sommet ont été promulgués pour la période allant de 1997 à l'an 2000. Le but est d'assurer la participation de la population au processus de prise de décisions en y incluant les personnes de tous âges et de toute condition et de garantir les droits des minorités et des réfugiés. Un plan d'action 1997-2000 a été mis en place pour améliorer la condition de la femme en se fondant sur les recommandations de la Conférence de Beijing. Une grande attention est également accordée aux problèmes du vieillissement de la population. L'Ukraine a pris des dispositions pour améliorer le statut des anciens combattants et a lancé un programme national de santé en faveur des personnes âgées. L'Ukraine estime que la coopération économique et sociale et la mise en place de conditions favorables au développement social doivent être les tâches prioritaires de l'ONU. A cet égard, l'Ukraine se félicite de la fusion

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en un seul département des trois départements chargés des questions économiques et sociales. Elle juge indispensable d'examiner les méthodes qui permettraient de renforcer l'efficacité des travaux de la Commission du développement social.

M. TSEPOV (Fédération de Russie) a déclaré que la Fédération de Russie n'a pas encore réussi à assurer la protection sociale de ses citoyens même au niveau le plus faible, ceci en dépit de l'attention que le Gouvernement a accordé à cette question. Cette situation est due au processus de transition en cours dans le pays. Ainsi, la diminution des salaires a été indispensable en raison notamment de l'affaiblissement de l'économie et de l'inflation galopante. Aujourd'hui, on constate une certaine relance de l'économie mais on ne peut pas encore parler de stabilisation, a-t-il expliqué. Face à ces conditions difficiles, l'Etat russe cherche des solutions optimales. Ainsi, il a récemment adopté le Programme de réformes sociales d'ici à l'an 2000, qui délimite des tâches réalistes et vise à ne pas répéter les erreurs du passé. Dans la situation actuelle, l'Etat ne peut pas assurer la protection sociale pour tous. Le Gouvernement s'efforce actuellement de trouver des solutions plus rationnelles, de programmer les dépenses sociales en tenant compte des capacités réelles du Gouvernement, notamment en ciblant mieux les groupes qui ont le plus besoin d'aide. Cette politique n'est pas très populaire car cela implique une diminution du nombre de bénéficiaires mais nous n'avons pas d'autre choix que de régler les problèmes sociaux de manière différenciée, a expliqué le représentant, en soulignant la nécessité d'accorder une aide aux couches les plus démunies qui vivent d'innombrables difficultés au quotidien.

Le représentant a estimé que le rapport du Secrétaire général contenait un certain nombre de propositions utiles pour réduire la vulnérabilité, dans tous les pays. L'état de la Russie est tel que le pays connaît actuellement tous les types de vulnérabilité. Les recommandations des experts ne traitent d'ailleurs pas de toutes nos difficultés, dont, entre autres, le recyclage des anciens militaires. Le Gouvernement russe a adopté récemment un programme visant à créer des emplois pour les anciens militaires. La solution de tout problème social dépend des capacités économiques et financières de toute société. En Russie, le financement des réformes dans le domaine social, en raison des ressources limitées dont dispose le pays, se limitera à maintenir le niveau actuel, tout en cherchant de nouvelles sources de financement. Actuellement, le financement des projets sociaux ne semble pas très attrayant aux donateurs extérieurs, a reconnu le représentant, qui a suggéré la création d'une banque internationale de données concernant les projets sociaux les plus avancés dans laquelle les pays les moins avancés dans ce domaine pourraient puiser des idées.

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M. MEHDI HAMZEHEI (Iran) a souligné l'absence de méthode universelle en matière d'intégration et de participation sociales. Chaque Etat doit, en la matière, s'inspirer de son contexte social, économique, politique et historique. Cela ne sape nullement l'utilité et la nécessité d'une coopération internationale. L'objectif ne doit pas être d'éliminer les diversités mais de permettre à tous les peuples et à tous les individus de vivre en harmonie et de s'enrichir des différentes cultures. Chaque pays devrait pouvoir contribuer à l'établissement du nouvel ordre économique, social et politique. Le cadre et la primauté du droit sont également des éléments essentiels de l'intégration sociale.

Depuis longtemps, l'Iran est convaincu que la participation de tous les groupes, y compris les femmes et les jeunes constitue un droit inaliénable des populations. Le Gouvernement s'est donné pour tâche de promouvoir la condition de la femme dans une société civile déjà dynamique. Les récentes élections sont une manifestation claire que le peuple, y compris les femmes et les jeunes, veulent déterminer leur propre destinée. En conclusion, le représentant a cité deux éléments qui compromettent, selon lui, les progrès en matière d'intégration sociale : les flux de réfugiés et le trafic des drogues.

Mme LINGLINGAY F. LACANLALE (Philippines) a indiqué que son pays s'est très vite rendu compte que la définition d'un plan exhaustif de réformes sociales ne suffit pas à atteindre les objectifs du développement social. Il faut établir un train de mesures pour en assurer une mise en oeuvre effective. Aux Philippines, les politiques adoptées en la matière ont conduit aux résultats suivants : une autonomie politique accrue de certaines régions, réconciliation avec les groupes dissidents, attention accrue pour les régions sous-développées, renforcement des services sociaux, amélioration de l'infrastructure économique et participation économique accrue. Les Philippines ont reconnu que la promotion des communautés locales, grâce à la décentralisation, est un élément essentiel de la pleine participation des citoyens à la vie politique du pays. Les communautés locales ont aujourd'hui la responsabilité des services sociaux de base et de la promotion du développement social. Les gouvernements locaux reçoivent des allocations accrues du gouvernement central. Toutefois, la décentralisation elle-même ne suffit pas si elle ne s'accompagne pas, chez les gouvernants locaux, de la capacité de planifier et de gérer les programmes de développement social.

Conscient que l'intégration sociale équivaut à la participation, le Gouvernement des Philippines ont institué un dialogue et une collaboration entre le gouvernement central, les gouvernements locaux, les ONG, le secteur privé et les communautés locales. Des mesures ont été prises pour permettre aux ONG de participer aux projets gouvernementaux et pour améliorer leur accès aux programmes de formation financés par les donateurs et aux activités de

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développement. L'implication du secteur privé dans le domaine du développement se fait grâce à des mesures incitatives telles que la fiscalité ou l'octroi de subsides pour la formation et le recrutement de groupes marginalisés ou vulnérables.

Faisant état des autres mesures pour améliorer le système judiciaire et l'accès à l'information et pour lutter contre la corruption, la représentante a convenu que son pays doit encore renforcer son système de surveillance et d'évaluation en matière sociale. Les Philippines devraient disposer d'indicateurs d'intégration sociale fiables pour mesurer les performances et évaluer les progrès dans la mise en oeuvre des recommandations internationales. L'évaluation de l'impact social des politiques doit être menée, en particulier, dans le contexte des meures de stabilisation économique et des programmes d'ajustement structurel. La mondialisation à la fois ouvre de nouvelles opportunités pour la coopération économique et fait peser de nouveaux risques sur les acquis sociaux. Il est nécessaire, face à la mondialisation de l'économie et l'interdépendance accrue entre les nations de renforcer la coopération pour réaliser les objectifs de Copenhague.

M. NAZAR MOHAMMAD SHAIKH (Pakistan) a indiqué que le Pakistan n'échappe pas à la tendance globale actuelle qui consiste en un élargissement du fossé entre les différents groupes sociaux. L'intégration sociale est un défi qui mérite un effort concerté et mondial. De par son idéologie, le Pakistan est un Etat qui accorde la plus haute importance aux principes de solidarité, tant au niveau des individus que des citoyens partageant les mêmes valeurs et intérêts. L'intégration est à n'en pas douter l'une des promesses de la démocratie. Par le passé, celle-ci a malheureusement été négligée, ce qui a engendré un développement social insuffisant, en raison du détournement des ressources de l'Etat et du dysfonctionnement de secteurs cruciaux, tels que la loi et l'ordre, la justice et la sécurité sociale, a déploré le représentant. Le Gouvernement actuel, conscient de la nécessité de combler les lacunes héritées du passé, a centré sa politique sur la promotion de l'intégration sociale et notamment sur les personnes négligées, exploitées et défavorisées tels que les femmes, les enfants, les personnes âgées, les handicapés et les indigents. Le Gouvernement a réalisé des avancées concrètes vers l'unification des différents groupes sociaux en un seul élément social, sans discrimination de sexe, a affirmé M. Shaikh.

Pour parvenir à l'intégration sociale, la structure administrative doit fonctionner comme un catalyseur et doit non seulement répondre aux aspirations et aux besoins de la société, mais encore rendre les représentants auxquels elle délégué ses pouvoirs responsables de leurs actes. Le Gouvernement pakistanais s'est engagé dans une vaste réforme visant à améliorer la qualité de la direction des affaires publiques et à en éliminer les éléments

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corrompus. Une Commission pour la restructuration de l'administration a été créée en mars 1997 et afin d'assurer la participation de l'ensemble des acteurs sociaux, les conseils locaux ont été rétablis. Le représentant a précisé que des élections à ces conseils sont prévues pour mars 1998.

En matière de développement de l'intégration sociale, la première réponse du Pakistan a été la mise en place d'un Plan d'action national, qui a été exécuté en partenariat avec les gouvernements fédéraux et provinciaux, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et les bénéficiaires. Encouragé par le succès de ce premier plan, le Gouvernement vient de lancer SAPP-II, dont le coût est estimé à 10,1 milliards de dollars et qui place un accent particulier sur l'éducation des femmes. L'objectif des mesures citées ainsi que des nombreuses autres actions entreprises par l'Etat pakistanais est de construire une société intégrée, fondée sur l'équité, la justice sociale, l'égalité et la liberté, a affirmé M. Shaikh. n.6 PAKISTAN

Mme MARITZA RODRIGUEZ (Pérou) a déclaré qu'oeuvrer au développement des pays supposait de régler en même temps la question de la stabilité économique et les déséquilibres sociaux afin de parvenir à un développement durable. Dans les pays en développement, l'objectif doit être la réduction et l'élimination à terme de la pauvreté et de ses conséquences. En Amérique latine, et en particulier au Pérou, nous sommes passés dans un laps de temps très court de l'instabilité politique et économique à une période caractérisée par l'efficacité de la politique macro-économique et le renforcement des institutions et des organisations. Dans le contexte actuel du Pérou et grâce à la mise en place de politiques saines visant à déréglementer le marché, il a été possible d'établir des bases économiques saines et des conditions de transparence qui ont permis d'éliminer les sources d'instabilité et la corruption. Nous devons actuellement travailler sur le secteur social et sur une meilleure redistribution des richesses, a déclaré la représentante. L'objectif premier du Gouvernement du Pérou pour la période 1996-2000 est la réduction de l'extrême pauvreté. A cette fin, une stratégie a été développée qui alloue 40% du budget aux programmes sociaux. La représentante a affirmé que la croissance économique était une condition nécessaire pour lutter contre la pauvreté. Elle a estimé que l'intervention de l'Etat était nécessaire pour renforcer l'appareil productif et améliorer la qualité des services de santé ainsi que l'éducation. Il est essentiel de reconnaître la responsabilité qui incombe à l'Etat et ne pas accorder aux forces du marché la totale responsabilité, a-t-elle souligné.

Les priorités qui ont été fixées au Pérou sont notamment le développement du capital humain, la création des conditions pour l'égalité des chances et des mesures d'encouragement économique pour améliorer la production et la productivité et créer de nouvelles sources de travail pour les pauvres. Les principaux objectifs portent sur le secteur de l'éducation et de la santé,

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et visent les groupes les plus vulnérables, comme les enfants ou les femmes enceintes. Cette stratégie entend également favoriser la participation de la population à des plans d'action locaux. La représentante a enjoint les Etats à passer à la mise en oeuvre des politiques. Ce sont des initiatives comme l'initiative 20-20 qui nous permettrons de passer à des actions concrètes, a-t-elle notamment souligné, estimant que l'existence d'une communauté d'intérêts doit reposer sur des valeurs communes.

M. JULIO ARMANDO MARTINI HERRERA (Guatemala) a déclaré que les Accords de paix, entrés en vigueur il y a un an, ont permis d'atteindre le niveau nécessaire de participation des organisations, des institutions et des groupes sociaux. Il n'en reste pas moins que les populations autochtones demeurent le groupe social le plus vulnérable dans le pays. Le Gouvernement a adopté des politiques en tenant compte de la nature multi-ethnique du pays, l'objectif étant d'éliminer la discrimination dont fait l'objet la majeure partie de la population maya. En coopération avec la Banque mondiale, le Guatemala a mis en place des mécanismes pour permettre aux membres de ces populations de participer à la mise en oeuvre des Accords de paix. De l'avis du Guatemala, c'est sur ce type d'initiative conjointe que la Commission devrait se concentrer comme l'a dit le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.

Des instruments tels que l'Accord sur l'identité et les droits des populations autochtones, entré en vigueur en 1996, ont permis d'asseoir la reconnaissance de la diversité linguistique et culturelle du Guatemala dans le cadre de l'unité de l'Etat. La réforme du secteur public se fonde elle sur le postulat selon lequel la décentralisation permet au Gouvernement d'offrir de meilleurs services. Un Fonds d'investissement social a donc été créé qui finance les projets prioritaires définis par les communautés elles-mêmes. En ce qui concerne les femmes, un projet intitulé "les femmes et les réformes juridiques" financé par le PNUD et l'UNIFEM a été lancé. Il permet avec d'autres dispositions d'assurer l'accès des femmes au travail et aux services sociaux. L'intégration sociale ne peut être garantie par la seule participation de groupes spécifiques au processus démocratique. Il faut également créer les conditions nécessaire au développement durable pour garantir la véritable participation de ces groupes.

Mme ROHINI NAYYAR (Inde) a déclaré qu'au niveau national, le défi de la démocratie était de rendre celle-ci plus participative et plus inclusive pour que les individus et les groupes, en particulier les groupes marginalisés et désavantagés, puissent participer aux processus de prise de décisions qui affectent leurs vies. L'Inde a élaboré des stratégies de discrimination positive en faveur des castes les plus basses, des tribus marginalisées et des femmes en offrant des postes dans les structures de décision et des opportunités d'emploi. Les éléments clés de cette stratégie sont

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le renforcement des institutions démocratiques au niveau des villages avec la représentation obligatoire des femmes et des groupes sociaux désavantagés, la mobilisation sociale par l'organisation de petits groupes auto-gérés bénéficiant de facilités de crédits et l'implication active des ONG.

Le premier défi que doivent relever tous les pays en développement est celui de la pauvreté et de son impact sur l'intégration sociale, a poursuivi la représentante. En raison de son ampleur et de sa nature globale, la pauvreté est liée à toutes les formes de vulnérabilité, d'exclusion et de marginalisation, et pose des problèmes spécifiques en ce qui concerne l'intégration, la participation et la jouissance des droits de l'homme. Un autre défi consiste à résoudre les problèmes anciens et nouveaux du développement social tout en s'efforçant de "rattraper" les normes appliquées dans les pays industrialisés dans les domaines économique, social et de niveau de vie, et cela dans un laps de temps très court. Il faut parvenir aux objectifs du développement social dans le cadre du processus de croissance lui-même, a encore souligné la représentante. Le développement social implique la croissance et une justice équitable. Mais un taux de croissance plus élevé n'assurera pas une réduction de la pauvreté. C'est pourquoi, il faut assurer une croissance viable d'un point de vue social. A cet fin, il faut investir davantage dans les secteurs sociaux et promouvoir l'emploi. A court terme, les interventions directes de l'Etat sont toutefois indispensables afin de réduire la pauvreté et de fournir des services primaires aux pauvres et aux défavorisés.

La représentante a ensuite souligné les besoins d'investissements étrangers dans les pays en développement. Elle a estimé qu'il est ironique que des pays en développement soient considérés comme des locomotives économiques, mais écartés de la prise de décision sur la scène internationale. C'est pourquoi, il est essentiel que les systèmes participatifs de démocratie qui sont essentiels au niveaux national et local, existent aussi au niveau international dans les domaines politiques et économiques. Lorsque la crise frappe, comme c'est le cas en Asie du Sud-Est, ces économies qui étaient considérées comme viriles, sont à nouveau réduites à faire l'objet des prescriptions des gérants des marchés financiers internationaux. Il est facile de mettre les crises sur le dos des faiblesses domestiques. Mais un système dans lequel ces forces peuvent jouer un tel rôle négatif dans la vie des populations, est fondamentalement antidémocratique.

La représentante a déploré, par ailleurs, le fait que la réforme n'ait pas rendu la Division des affaires économiques et sociales à même d'influencer le système dans son ensemble, en particulier en ce qui concerne la prévention des crises. Le renforcement de la capacité de la Division en ce qui concerne la politique de développement, et les fonctions dans les domaines de la paix, de la sécurité, des droits de l'homme et des crises humanitaires demeurent

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séparés, même si l'on comprend de plus en plus l'importance de développer des stratégies préventives, des solutions durables et à long terme, et des approches systématiques qui reconnaissent l'importance du développement économique et social dans la prévention des crises, a déclaré la représentante.

La Vice-Président du Mouvement international ATD Quart Monde a déclaré que vouloir la participation de tous, c'est refuser l'intolérable de la faim et de l'errance, l'intolérable de l'ignorance et de la violence. C'est le refuser avec ceux qui en sont les victimes, c'est surtout inventer avec eux les moyens pour que leur contribution, forcément originale, émerge de façon authentique. L'expérience de beaucoup d'organisations et personnes membres du Forum Permanent sur l'extrême pauvreté dans le monde montre qu'il y a un élément incontournable pour permettre la participation de tous : c'est l'engagement humain dans la durée. Cet élément est insuffisamment analysé et insuffisamment soutenu, a-t-elle poursuivi. C'est pourquoi le Mouvement ATD Quart Monde propose qu'en prévision de la session spéciale de l'Assemblée générale en l'an 2000, Copenhague + 5, et pour donner un contenu solide à la notion de participation, une réflexion soit entreprise pour mieux comprendre et identifier les chemins nécessaires à la participation de tous, y compris les populations les plus pauvres, dans la réalisation des objectifs fixes à Copenhague.

Des travaux ont déjà été réalisés, comme par exemple le rapport réalisé par M. Leandro Despouy pour la Commission des droits de l'homme des Nations Unies et intitulé "Droits de l'homme et extrême pauvreté". Pour sa part, ATD Quart Monde et son réseau de correspondants dans plus de cent pays est prêt à s'investir dans un travail, avec d'autres, autour de cette question.

Le représentant de Franciscans International, attirant l'attention sur la condition des sourds et des malentendants, a déclaré que les progrès de la technologie médicale permettent aujourd'hui de détecter la surdité ou des problèmes d'audition chez les enfants âgés de moins de trois ans. Il a donc plaidé pour que chaque pays offre des services appropriés à tous les enfants souffrant de ces maladies. Il a également défendu leur droit à une éducation appropriée afin qu'ils deviennent des contributeurs à part entière de la société. Il est inacceptable d'obliger les enfants sourds et malentendants à s'asseoir sur leurs mains pour apprendre à lire sur les lèvres et à les obliger à parler pour les couler dans un moule imposé par d'autres. Par ailleurs, il existe aujourd'hui des équipements modernes qui facilitent la communication entre les peuples. Le représentant a regretté que ces nouvelles technologies de la communication demeurent généralement hors de portée des sourds et des malentendants en raison de leur coût.

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La représentante de la Fédération internationale de la vieillesse a indiqué que l'allongement de la vie constituait une tendance démographique des plus stimulantes. C'est une révolution démographique tranquille qui va modifier les structures de la société. Pour la représentante, il faut considérer les personnes âgées en tant que ressources et non comme fardeau. Une telle perspective permettra d'ailleurs d'améliorer la qualité de vie pour tous. A cette fin, les personnes âgées doivent avoir accès aux ressources. La Fédération internationale de la vieillesse propose que les gouvernements investissent dans les personnes âgées en tant que ressource importante qui permettra à la société de s'adapter au transfert démographique. Elle a également préconisé des efforts dans le domaine de l'éducation afin d'éliminer les attitudes négatives et les préjugés face aux personnes âgées.

Le représentant de la Fédération mondiale des anciens combattants, organisation qui, a-t-il précisé, regroupe 27 millions d'anciens combattants, résistants et victimes de la guerre dans 76 pays des cinq continents, a fait remarquer que les problèmes particuliers de ces derniers, ceux des victimes de la guerre, ne relèvent d'aucune organisation internationale intergouvernementale. Ces problèmes et les solutions à leur apporter ne font donc l'objet d'aucune concertation systématique, notamment au sein des Nations Unies ou de ses institutions spécialisées. La protection du droit international humanitaire cesse au plan international en même temps que les hostilités.

Afin de pallier cette lacune, la Fédération mondiale des anciens combattants a organisé six Conférences internationales sur le législation des anciens combattants et victimes de la guerre qui ont permis, en particulier, de définir les principes que doit comprendre cette législation concernant les anciens combattants et victimes de la guerre, chaque pays devant déterminer, en fonction de sa situation propre, les modalités d'application de ces principes. C'est l'objet du document sur les "Principes directeurs des droits fondamentaux des anciens combattants et victimes de la guerre.

La sixième de ces conférences, qui s'est tenue à Lisbonne en mars 1994, a actualisé ce document en y incluant notamment une définition des victimes de la guerre, malheureusement de plus en plus nombreuses, et des dispositions concernant les personnes ayant servi dans les Opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Elle a recommandé que le document reçoive une reconnaissance internationale du fait des problèmes économiques et sociaux qui se posent dans de très nombreux pays aux anciens combattants et aux victimes de la guerre. Le représentant a rappelé que lors du Sommet mondial pour le développement social, les gouvernements se sont engagés à favoriser la protection sociale et l'intégration complète dans l'économie et la société des anciens combattants; ainsi qu'à prendre des mesures visant à réinsérer dans

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la vie économique et sociale des personnes démobilisées et des personnes déplacées lors de conflits civils et de catastrophes. Le document sur les "principes directeurs des droits fondamentaux des anciens combattants et victimes de la guerre" répond très précisément aux engagements pris.

Le représentant de la Nouvelle humanité a constaté que les sociétés actuelles ne se sont pas suffisamment préparées aux changements découlant de l'accroissement de l'espérance de vie. Il faut revoir notre vision de la vie, de la naissance à la mort et réviser les systèmes sociaux pour répondre aux changements démographiques. Nouvelle humanité organise des congrès des personnes âgées dans différentes villes et établit des plans pour répondre à leurs besoins. Son message est que les sociétés doivent s'adapter au phénomène du veillissement. Il faut prendre des mesures en vue d'une meilleure intégration des personnes âgées dans la société.

Le représentant du Mouvement mondial pour les mères et de la Voix de la famille a souligné l'importance des questions traitées dans les rapports de la Commission du développement durable et qui se rapportent à l'intégration sociale, la vulnérabilité, les drogues, la violence et le crime. Il a toutefois regretté que ces rapports mentionnent peu le rôle de la famille qui est pourtant au coeur du processus de développement. Il a été prouvé au plan international que la plupart des questions traitées par la Commission sont causées par la désintégration de la famille. Le renforcement de la famille doit rester une priorité. En ce qui concerne l'éducation des enfants, qui est également une question clef, le représentant a estimé qu'elle sera plus efficace si elle est replacée dans le contexte de la famille.

Le représentant de Gran Fraternidad universal a déclaré que l'intégration et la participation sociales exigent une conception nouvelle de l'éducation où l'être humain doit être considéré comme le point de départ. L'éducation formelle et informelle doit conduire l'homme vers la perfection afin d'en faire un acteur plus actif de la société. L'éducation doit viser à développer les capacités de penser de l'individu et ses aptitudes à s'intégrer dans la société et à lui assurer une formation en science, en art, en philosophie et en didactique. Par l'éducation, l'homme doit être encouragé à développer son potentiel de résistance à la vulnérabilité qui, il faut le souligner, est souvent liée à l'échelle de valeurs morales. Il est d'ailleurs utile d'étudier cette échelle de valeurs sans préjugés politiques, économiques ou ethniques. L'éducation doit également viser le développement physique, mental et spirituel et les groupes vulnérables doivent être sensibilisés à un équilibre psychophysique qui est un équilibre entre l'individu, la société et la nature.

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La représentante du Conseil mondial des Eglises a estimé que la mondialisation de l'économie aggravait des inégalités. Les choix politiques et sociaux ne devraient pas être laissés aux forces du marché. Au Mexique, l'Accord de libre-échange nord américain (ALENA) a eu des conséquences très négatives pour les petits agriculteurs, a-t-elle déclaré. Elle a demandé le renforcement des instruments en vue de la mise en oeuvre des droits économiques, sociaux et culturels et du droit au développement. Une société juste et pacifique permettra le développement social. La lutte contre la pauvreté demande des conditions spécifiques, a-t-elle affirmé. Le Conseil mondial des Eglises encourage les efforts qui doivent permettre des mesures plus concrètes de la part des acteurs financiers comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l'Organisation mondiale du commerce. La représentante a demandé l'annulation de la dette des pays les plus endettés. Il faut assurer la participation des citoyens à la prise de décisions, a-t-elle dit, en demandant la mise en place de mécanismes de régulation pour que tous les acteurs assument leurs responsabilités. L'humanité a pour la première fois les moyens d'éliminer la pauvreté en une seule génération, il ne faut pas laisser passer cette occasion, a-t-elle conclu.

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