SOC/103

COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL : L'EDUCATION EST UN DES OUTILS LES PLUS EFFICACES POUR PROMOUVOIR L'INTEGRATION SOCIALE

11 février 1998


Communiqué de Presse
SOC/103


COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL : L'EDUCATION EST UN DES OUTILS LES PLUS EFFICACES POUR PROMOUVOIR L'INTEGRATION SOCIALE

19980211 La Commission du développement social a commencé ce matin, dans le cadre du suivi des décisions du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995), son débat général sur le thème prioritaire "Promotion de l'intégration sociale et de la participation de l'ensemble de la population, y compris les groupes et personnes désavantagées et vulnérables".

Parmi les éléments favorables à l'intégration sociale et à la participation, les délégations ont notamment cité l'éducation, les institutions démocratiques, une croissance économique forte et une décentralisation des pouvoirs. Certaines d'entre elles ont toutefois insisté sur le fait qu'il n'existe pas de méthode universelle d'intégration sociale. Pour ce qui est de l'intégration des groupes vulnérables, les délégations ont convenu que leur réelle intégration à la société exige l'identification préalable de leurs besoins et de leurs attentes. A cet égard, la représentante de la République dominicaine a mis en garde contre ce qu'elle a qualifié de fragmentation artificielle de la société en groupes distincts qui risque, selon elle, de faire perdre de vue les liens essentiels entre tous les acteurs d'une société, et le principe de l'égalité des droits et des responsabilités.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat : Royaume-Uni (au nom de l'Union européenne), Indonésie (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Etats-Unis, Chine, République dominicaine, Jamaïque, Norvège, Venezuela, Algérie, Népal et Pays-Bas. Les représentants de la Banque mondiale et de l'Organisation internationale du Travail ont également pris la parole ainsi que le représentant de l'organisation non gouvernementale, BUSCO.

La Commission poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.

Débat général

Mme ROSALIND EYBEN (Royaume-Uni), prenant la parole au nom de l'Union européenne, des pays d'Europe centrale et orientale, et de Chypre, a déclaré que la responsabilité de créer un environnement favorable à la promotion du développement social incombait aux gouvernements nationaux et que la communauté internationale devait appuyer cet effort, en particulier dans les pays les moins développés. L'intégration sociale requiert de construire des sociétés plus inclusives. Elle a souligné l'importance de la croissance économique, d'une bonne gestion et de la promotion de la coopération internationale pour créer des sociétés davantage inclusives qui offrent à chacun la possibilité de se développer et de contribuer au but commun, et dans laquelle chacun a un enjeu et une part à prendre. Elle a déploré le fait que les besoins des groupes spéciaux faisaient depuis trop longtemps l'objet de solutions partielles et a préconisé une analyse holistique afin de développer des stratégies efficaces pour promouvoir la justice sociale et l'inclusion. Un grand nombre de causes d'exclusion repose sur le non-respect des droits de l'homme, la non-reconnaissance du potentiel productif et de la contribution sociale de nombreux groupes sociaux, ainsi que sur le manque d'investissements dans le capital humain et social, et plus généralement les lacunes dans la promotion des groupes marginaux et vulnérables.

La représentante a souligné, par ailleurs, la nécessité d'adopter systématiquement une perspective soucieuse des enfants. Elle a estimé, en outre, qu'il fallait donner un nouvel élan à l'intégration des groupes ayant des besoins spéciaux et travailler à la solidarité entre les générations en promouvant les droits et la participation des personnes âgées dans la société. Les préparatifs en vue de l'Année internationale des personnes âgées en 1999 sont déjà très avancés dans les pays de l'Union européenne, a-t-elle indiqué. Pour celle-ci, la participation active des femmes est essentielle dans le processus d'intégration sociale en tant que moyen de construire des sociétés nouvelles et de développer des processus de participation. Les grands problèmes du monde ne peuvent pas être résolus sans la participation égale des femmes et des hommes dans tous les aspects des processus de décision politique. Cette participation égale fournira l'équilibre qui est nécessaire pour renforcer la démocratie. La cohésion sociale peut aussi être renforcée par les investissements dans le capital social, c'est-à-dire le renforcement des relations sociales, des réseaux et des organisations qui contribuent à l'engagement civique de tous les groupes de population, y compris les personnes vivant dans la pauvreté et les groupes vulnérables. La participation à la communauté mondiale est de plus en plus dépendante de l'accès rapide à l'information, a-t-elle souligné. Les personnes pauvres et marginalisées sont de plus en plus appauvries dans ce processus, en particulier dans les pays moins développés. C'est pourquoi, il faut développer des politiques qui favorisent des approches novatrices, efficaces

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et participatives visant à promouvoir l'accès à l'information. En outre, la mondialisation présente de grands défis pour l'économie mondiale et l'intégration sociale. Les forces générées par la mondialisation constituent une opportunité puissante de réduire les disparités au niveau mondial. La représentante s'est déclarée préoccupée par le fait que de nombreux pays moins développés n'ont pas la possibilité de participer activement à l'économie et de tirer des bénéfices de la mondialisation.

L'inégalité peut entraîner une rupture du tissu social dans les pays pauvres comme dans les pays riches. C'est pourquoi de nouveaux partenariats favorables à l'inclusion sont nécessaires pour limiter ce sentiment d'exclusion. Des nouveaux partenariats entre le monde des affaires, les gouvernements et la société civile et les organisations internationales doivent être développés afin de promouvoir des normes éthiques dans les pratiques commerciales. Il faut aussi oeuvrer au niveau mondial aux respects de normes de travail pour tous les travailleurs. Une solidarité plus large doit être fondée sur une notion commune selon laquelle une société plus juste, plus inclusive et plus sûre dans les pays riches est liée à la réalisation de la croissance économique et à la stabilité dans les pays les plus pauvres. Il faut créer de nouveaux partenariats afin de renforcer les engagements visant à éliminer la pauvreté et réaliser les objectifs du développement international. Le succès de ces partenariats dépendra de l'engagement de tous les pays à reconnaître que ceci fait partie intégrante du développement économique et social. Abordant la question de l'exclusion culturelle, la représentante a expliqué que des politiques nationales et supranationales forgées sur des valeurs et des modèles considérés comme constituant la norme par la culture dominante, pouvaient renforcer un sentiment d'exclusion chez ceux qui ne se situent pas dans cette définition. Elle a, en outre, souligné le rôle important des organisations non gouvernementales dans les politiques de développement social et suggéré que les gouvernements engagent un dialogue actif avec les organisations de la société civile lorsqu'ils définissent leurs politiques.

M. ARIZAL EFFENDI (Indonésie), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé qu'aucun succès ne peut être enregistré, en matière de développement social, sans une plus grande participation des pays en développement dans les processus politique, économique et social de prise de décisions. La dynamique des forces du marché et les risques accrus inhérents à la globalisation continuent d'avoir un impact sérieux sur nombre de pays qui n'interviennent pas ou très peu dans la création d'un environnement qui serait favorable à leur développement social. Le Groupe des 77 et la Chine estiment, par ailleurs, qu'il n'existe aucune méthode universelle en matière d'intégration sociale et de participation. Chaque pays doit réaliser ses objectifs conformément à son contexte social, économique, culturel et historique, en tenant compte des croyances religieuses de son peuple. Le processus participatoire doit se faire dans le cadre de la constitution et en respectant la souveraineté nationale.

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Le Groupe des 77 et la Chine conviennent qu'il revient aux gouvernements d'initier les stratégies d'intégration sociale et de participation. A cet égard, ils doivent promouvoir des politiques et des programmes propres à renforcer les capacités des groupes vulnérables et marginalisés. La priorité doit également être accordée aux programmes de lutte contre la pauvreté et aux programmes visant à fournir aux populations pauvres l'accès à l'éducation, à la formation, au crédit et à la technologie. La promotion des communautés locales et la décentralisation des responsabilités dans certains domaines d'activités sont également des mesures importantes à prendre. De même, une plus grande collaboration multisectorielle entre la société civile, les ONG, les institutions de développement et le gouvernement doit être encouragée comme moyen d'intensifier la participation de la base dans le processus de développement et augmenter le sens de la responsabilité chez les individus.

Le Groupe des 77 et la Chine estiment, d'autre part, que la croissance économique constitue un élément essentiel du développement social. Dans ce contexte, il convient d'identifier, de manière précise, les groupes vulnérables et d'évaluer l'impact qu'ont sur eux les politiques macro-économique, micro-économique et sectorielle ainsi que les programmes de développement social. En ce qui concerne la question des ressources, le Groupe des 77 et la Chine plaident pour un recours plus fréquent au secteur privé. Ils notent toutefois qu'il est nécessaire de renverser la tendance du déclin des flux financiers pour le développement. Il faut, de toute urgence, dégager un consensus mondial sur le développement qui faciliterait la croissance et l'intégration sociale et qui permettrait de surmonter les barrières de l'exclusion et de la polarisation à tous les niveaux.

Mme BETTY KING (Etats-Unis) s'est félicitée du rapport du Secrétaire général qui brosse les conditions nécessaires au développement social. Elle a indiqué notamment que, pour les Etats-Unis, l'éducation et la circulation libre de l'information constituent les moyens les plus importants pour que les citoyens prennent en charge leur destinée et leur citoyenneté et pour rompre le cercle vicieux de la pauvreté et de l'exclusion. La politique des Etats-Unis en ce qui concerne la promotion des valeurs et des institutions démocratiques est fondée sur la conviction que la démocratie, le développement économique et le pluralisme politique vont de pair. Le rapport du Secrétaire général et les deux ateliers d'experts sur lequel ce rapport est basé fournissent un excellent aperçu des défis auxquels nous devons faire face, a-t-elle indiqué. Notre tâche est d'aller au-delà des discussions théoriques vers une discussion sur les mesures pratiques que la Commission peut prendre pour promouvoir et appuyer ce travail important. Elle a déclaré qu'il fallait commencer par se demander ce que fait la Commission pour contribuer à assurer la participation des citoyens dans les politiques qui les affectent et de quelle manière celle-ci favorise l'accès égal à l'éducation, l'emploi, les services sociaux, ainsi que la protection d'un système judiciaire transparent

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et équitable. La Commission peut jouer un rôle important, mais le développement social requiert également l'action des Etats Membres aux niveaux national et local, ainsi qu'un large soutien de la société civile et la participation des organisations régionales et multilatérales. Le rôle de la Commission n'est pas tant de mettre en oeuvre les programmes de développement social, mais de surveiller le suivi de la Déclaration de Copenhague, a-t-elle estimé, soulignant le fait que de nombreux membres de la Commission sont frustrés de ne pas pouvoir apporter une réponse plus forte.

Le rôle de la Commission devrait être d'assurer l'intégration des objectifs du développement social aux niveaux local, national et international. Il faut encourager les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les Nations Unies à prendre en compte l'impact de leurs actions sur l'intégration sociale et le développement social. Lorsque les programmes échouent, la Commission devrait suggérer des lignes directrices nouvelles et plus efficaces, a-t-elle indiqué, en souhaitant que celle-ci poursuive des discussions utiles, tant formelles qu'informelles, et offre des recommandations efficaces.

M. QIN HUASUN (Chine) a estimé que la croissance économique constitue une condition préalable à la promotion de l'intégration sociale. Les populations des pays en développement peuvent difficilement jouir de tous les droits de l'homme sans la réalisation préalable du droit de se nourrir et de s'habiller. Les gouvernements doivent formuler leurs politiques de promotion de l'intégration sociale à la lumière de leur situation propre tant il est vrai que les contextes politique, économique, social et culturel diffèrent d'un pays à l'autre. L'intensification de la coopération internationale entre les pays riches et les pays pauvres constitue également une condition indispensable à la promotion de l'intégration sociale. Les problèmes de désintégration sociale pouvant facilement déborder des frontières, ils nécessitent une coopération élargie et des efforts conjoints.

Le Gouvernement chinois attache une grande importance aux politiques de croissance économique qu'il a toujours doublées de politiques exhaustives de développement social. Depuis la réforme de 1978, le Gouvernement a pris des mesures de lutte contre la pauvreté qui ont permis à 200 millions de Chinois d'échapper à ce fléau. Pour résoudre la question des travailleurs licenciés lors du processus de reconstruction économique, plusieurs villes ont créé un "fond de réemploi", lancé des "programmes de réemploi" ou fourni une formation supplémentaire à ces travailleurs. Par ailleurs, sa population étant composée de plusieurs ethnies, la Chine estime que l'unité ethnique constitue la clé de la stabilité sociale et du développement social. C'est la raison pour laquelle, elle a institué un système d'autonomie régionale dans les régions à minorités ethniques. Le Gouvernement chinois accorde également une attention particulière au développement social des groupes vulnérables pour lesquels il a formulé des politiques et des lois pour leur assurer des droits et le partage des acquis matériaux et culturels de la société.

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Mme JULIA T. ALVAREZ (République dominicaine) a demandé sur quelle base les personnes dites "désavantagées" ou "vulnérables" pouvaient participer pleinement à la société, si on les identifiait dès le départ en tant que groupe à part. Cette participation ne peut venir que de la faiblesse et ne peut être qu'un cadeau du reste de la société, plutôt qu'un droit et une responsabilité en tant qu'êtres humains, a-t-elle affirmé. Il est essentiel de ne pas confondre leur condition avec qui ils sont et de ne pas perdre de vue les liens essentiels entre tous les groupes et toutes les personnes. La division et la fragmentation artificielle ne permettront que peu de bénéfices sociaux et risquent même de menacer les fondements de la société, a-t-elle déclaré. Ainsi, l'intégration des personnes âgées dans la société doit constituer une priorité et celles-ci ne doivent pas être considérées comme "les autres" ou un groupe à part, mais nous devons nous reconnaître en elles dans quelques années. Il faut donc réexaminer et peut-être revoir certaines de nos certitudes et de nos attitudes. Des attitudes et des préjugés non exprimés minent trop souvent notre travail, a-t-elle déclaré, en préconisant de revenir aux principes fondamentaux et de se replacer dans une vision réaliste de la manière dont la société et l'interaction sociale fonctionnent réellement.

A cette fin, la République dominicaine soumet à la Commission une "Déclaration d'interdépendance", qui se veut un plaidoyer en faveur du caractère unique de chaque être humain. C'est un appel visant à remplacer le pouvoir hiérarchique par une vision réaliste des besoins sociaux, des droits et des devoirs de tous les groupes et de toutes les personnes dans la société. La République dominicaine espère que cette Déclaration contribuera à définir les liens qui unissent toutes les personnes et tous les groupes, et en général, tous les êtres humains comme un seul peuple, a conclu la représentante.

Mme FAITH INNERARITY (Jamaïque) a regretté qu'alors que se réunit la 36ème session de la Commission du développement social, l'objectif d'une société ouverte à tous, caractérisée par le respect de tous les êtres humains et des libertés fondamentales, la pleine participation de toutes les personnes, l'égalité et la justice sociale n'ait toujours pas été réalisé. Les actions nécessaires à sa réalisation sont soulignées dans le rapport du Secrétaire général ainsi que dans les comptes rendus des discussions des groupes d'experts.

Mme Innerarity a indiqué qu'en Jamaïque, à l'instar des autres pays anglophones des Caraïbes, les efforts en faveur du pluralisme sont fondés sur l'expérience historique du colonialisme et des plantations qui ont rassemblé des personnes ayant des origines sociales, culturelles, raciales et ethniques différentes. L'existence d'un système politique démocratique a fortement contribué à la réduction des clivages sociaux. Cependant, d'importants défis restent à relever en ce domaine ainsi qu'en ce qui concerne la répartition des richesses, du pouvoir et du prestige entre les différents groupes sociaux.

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Aussi, la Jamaïque s'est-elle dotée d'un programme national qui met notamment l'accent sur le développement des ressources humaines en visant à accroître l'offre en matière d'éducation et à renforcer les compétences des personnes, et ce dans le primaire que dans le secondaire. Des efforts sont également déployés en matière de décentralisation et de déconcentration de l'administration. Le pays a également adopté un programme d'élimination de la pauvreté qui s'appuie sur une approche communautaire intégrée. Parallèlement, un Fonds d'investissement social a été établi pour améliorer les infrastructures communautaires. De plus, la Jamaïque a lancé un Programme d'actionnariat des salariés, a créé une Commission nationale sur l'égalité sociale et entre les sexes, a procédé au renforcement de son système judiciaire, a réformé sa constitution et a adopté une Charte des citoyens. Ces mesures, qui ne sont pas exhaustives, ont connu divers succès. Leurs résultats sont régulièrement évalués, ce qui permet d'en accroître l'efficacité.

M. OLE PETTER KOLBY (Norvège) a déclaré que le Sommet mondial pour le développement social a permis d'avoir une nouvelle approche de la question du développement social en soulignant l'importance des droits de l'homme, de la promotion de la femme, des droits des enfants et de la participation de la société civile au processus de prise de décision. Aujourd'hui, il est capital que la société accorde une place importante à la diversité humaine. Les groupes les plus vulnérables ou discriminés, comme les personnes handicapées, doivent être identifiés et leur dignité respectée. Il est également essentiel de les inclure dans les prises de décisions afin de réduire leur vulnérabilité. Conformément aux règles des Nations Unies sur l'égalité des chances pour les personnes handicapées, à Action 21 et au Programme d'action du Sommet mondial pour le développement social, le Gouvernement norvégien met en oeuvre un Plan national d'action pour les personnes handicapées 1998-2001 qui vise à renforcer les organisations de personnes handicapées et à les inclure dans les prises de décisions aux niveaux local, national et international.

En ce qui concerne les personnes âgées, dont le nombre est en augmentation en Norvège, le représentant a déclaré que celles-ci devaient non seulement recevoir les soins médicaux dont elles ont besoin et mais aussi pouvoir participer activement à la société. En 1992, le Parlement a voté une loi demandant qu'un Conseil des personnes âgées soit présent dans chaque municipalité. Le représentant a estimé que, s'il est essentiel de renforcer les mécanismes de participation au niveau national des groupes vulnérables et désavantagés, il est également impératif de déterminer au niveau international des standards et des priorités pouvant influencer la façon dont les nations envisagent leur politiques économiques et sociales.

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M. CARLOS ALTIMARI, Ministre de la Famille au Venezuela, a indiqué que le programme de développement économique et social, lancé dans son pays à la suite du Sommet mondial de Copenhague, vise quatre objectifs qui sont le renforcement de la famille, la formation du capital humain, la réduction de la pauvreté et le renforcement de la société civile. Le but du Gouvernement était de lancer un programme d'ajustement économique qui n'affecterait pas les indicateurs macrosociaux. En 1997, le PIB du pays a augmenté de 5,1% et les indices d'investissement encourageants du pays ont fait passé les revenus fiscaux à 24% du Produit intérieur brut (PIB), chiffre le plus élevé depuis 1991. Une lutte contre l'inflation est également menée pour préserver des termes de l'échange favorables. Tout le programme se fonde sur une politique fiscale sévère et une bonne gestion des dépenses publiques. Aujourd'hui le salaire minimum mensuel est de 145 dollars, ce qui représente un des meilleurs salaires minimum de toute la région de l'Amérique latine. Les politiques de lutte contre le chômage ont permis d'intégrer plus de 500 000 personnes dans le marché du travail.

Ces efforts économiques ont permis d'améliorer tous les indicateurs du développement social au Venezuela. Pour renforcer la participation, le Gouvernement a décidé de décentraliser les pourvoir vers les Etats fédérés et les municipalités. Le gouvernement travaille, en collaboration, avec 14 programmes sociaux qui ont géré jusqu'à ce jour près de 3 millions de dollars dans des programmes visant la compensation des revenus, l'accès aux biens et services à des prix inférieurs à ceux du marché et la formation dans les secteurs à moindre revenus.

Mme DAVIS, Banque mondiale, a reconnu le fait que la Banque mondiale n'avait pas été un pionnier dans le domaine de l'inclusion sociale mais, a-t-elle dit, nous cherchons aujourd'hui à rattraper le train en marche. Evoquant un discours récent du Président de la Banque mondiale, M. Wolfensohn, sur l'inclusion sociale, elle a affirmé que l'objectif actuel était de réduire la disparité économique entre les pays pour leur faire partager à tous les fruits du développement. L'inclusion est le défi le plus important actuellement. La Banque mondiale entend se baser sur la compétence des autres et devenir un meilleur partenaire que dans le passé. Nous voulons améliorer la qualité de notre coopération. C'est pourquoi la Banque inclut aujourd'hui des évaluations sociales dans ses projets, l'objectif étant d'identifier les acteurs et d'avoir un cadre dès le départ, a-t-elle déclaré. Cette évaluation tient compte de la diversité et des besoins des populations concernées, et est, en outre, participative. Avec le consentement des bailleurs de fonds, nous voulons que cette stratégie soit plus transparente et plus participative, incluant la participation des populations locales, des syndicats, des ONG, des églises et de la société civile. La Banque mondiale a besoin de l'aide des pays de la Commission pour qu'ils lui permettent d'ouvrir cette stratégie à un grand éventail de la population, a-t-elle souligné.

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La représentante a ensuite évoqué la situation particulière des réfugiés qui sont les exclus et les plus défavorisés du monde. Elle a fait part de la volonté de la Banque mondiale de renforcer sa collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour la reconstruction des pays qui ont connu des conflits. Elle a indiqué que l'objectif de la Banque mondiale était de se concentrer sur l'inclusion sociale et de collaborer avec les pays dans la réalisation de leurs politiques d'inclusion sociale, d'évaluer le rôle des organisations locales et de montrer l'amélioration que celles-ci peuvent apporter. Il y a un lien clair et évident entre le développement économique et social. Nous ne pouvons pas avoir une inclusion durable développement économique, a-t-elle souligné.

M. SAMIR RADWAN, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que la contribution de l'OIT à l'Année internationale pour l'élimination de la pauvreté a été la publication d'un livre sur les statistiques de la pauvreté et la distribution des revenus. Par ailleurs, l'examen des politiques d'emploi mené par l'Equipe spéciale du Comité administratif de coordination sur le suivi du Sommet de Copenhague a couvert également la question de l'élimination de la pauvreté. L'équipe multidisciplinaire de l'OIT demeure active aux niveaux régional, sous-régional et national. En ce qui concerne l'intégration sociale, l'OIT a lancé un projet visant à déterminer les modes et les causes de l'exclusion sociale et à définir des politiques de promotion de l'intégration. Pour ce qui est de l'intégration sociale des femmes, l'OIT s'est fixé trois priorités qui sont l'augmentation des chances d'emploi des femmes, l'élimination des pratiques discriminatoires sur le marché du travail et le développement de stratégies pour promouvoir l'intégration de la dimension sexospécifique dans le filet de sécurité social.

Pour ce qui est du chômage des jeunes, l'OIT estime que la formation ne suffit pas. Elle met actuellement en oeuvre un programme d'action qui a pour objectif de développer des stratégies spéciales et des programmes destinés aux jeunes demandeurs d'empois. En ce qui concerne le travail des enfants, l'OIT appelle à une nouvelle convention contre les formes les plus intolérables de ce travail. S'agissant du secteur informel, l'OIT estime qu'il faut trouver les moyens d'offrir un certain degré de protection sociale aux travailleurs de ce secteur. Depuis 1995, l'OIT s'occupe de cette question, prodigue des conseils et offre des études de faisabilité pour les projets pilotes. Elle travaille également à des projets de développement local et de schémas d'épargne et de crédit pour le secteur informel.

En ce qui concerne les personnes handicapées, l'objectif est de promouvoir les possibilités d'un travail productif librement choisi en garantissant l'égalité des chances et de traitement. L'action de l'OIT consiste à lancer des projets de recherches, à offrir des services consultatifs et à proposer des programmes d'action. En ce qui concerne

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les populations autochtones, la stratégie de l'OIT vise à améliorer les compétences de ces populations, en consultation avec les promoteurs de projets de développement et d'aider les gouvernements et les sociétés privées à réexaminer leurs règles et procédures en ce qui concerne ces populations. Pour ce qui est des problèmes posées par la migration internationale, l'OIT offre une coopération technique, des services consultatifs et une formation sur l'élaboration de mesures législatives plus efficaces.

La crise des économies en Asie, a conclu le représentant, a mis en évidence la nécessité de préserver la cohésion sociale. Les conséquences sociales de l'augmentation du chômage peuvent conduire à des catastrophes en raison de la faiblesse des systèmes de protection sociale qui caractérise la plupart des pays d'Asie. La crise actuelle peut servir de catalyseur et forcer les pays à trouver des mécanismes formels propres à prévenir les dangers inhérents à la mondialisation de l'économie. Dans ce contexte, le succès de la mondialisation dépendra de la gestion des effets sociaux qui peuvent émerger à court-terme.

Melle DALILA SAMAH (Algérie) a déclaré qu'à la veille du nouveau millénaire, et malgré les efforts consentis à l'échelle internationale, régionale ou nationale en matière de développement économique et social, des disparités énormes dans ce domaine persistent toujours au sein de l'humanité. Le fossé séparant les pays en plein expansion et les autres s'élargit et s'approfondit davantage, a-t-elle fait observer, ajoutant que dans beaucoup de pays en développement, les programmes d'ajustement structurel, mis en oeuvre avec brutalité et sans tenir compte des énormes coûts sociaux qu'ils induisent, ont pour effets entre autres de mettre à mal le niveau des populations à travers l'augmentation du coût de la vie, le chômage et la baisse de revenus. La représentante a en outre appelé la communauté internationale à oeuvrer davantage et par les moyens pacifiques à l'instauration et au maintien de la paix et de la sécurité, sans lesquelles il ne saurait y avoir de progrès réels et durables en matière de développement social et de justice sociale.

La dimension sociale a toujours été au centre de la démarche de développement de l'Algérie et c'est aujourd'hui une préoccupation qui prend un relief accru, tant au regard des difficultés qu'elle traverse, qu'à celui du nouvel élan qu'elle aspire à donner à sa dynamique de développement. Ainsi l'action sociale en direction des catégories défavorisées fait l'objet d'un soin particulier des pouvoirs publics au travers du dispositif de "filet social", qui assure une forme de revenus aux personnes défavorisées, réduit les risques d'exclusion et de marginalisation des populations vulnérables et représente un système d'intégration sociale globale et cohérente. Melle Samah a estimé que l'épanouissement démocratique autant que la libéralisation économique plaident pour le renforcement de la participation

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de la société civile à la gestion des affaires de la collectivité et, à cet égard, elle a rappelé que les 54 000 organisations non gouvernementales créées depuis une dizaine d'années ont un rôle de plus en plus influent, car le Gouvernement a inscrit parmi ses actions, le développement, au niveau central et local de l'Etat, de la concertation avec le mouvement associatif. L'action de l'Etat tend à encourager et canaliser la solidarité nationale, vertu spirituelle de la Nation algérienne, au profit de ceux qui en ont besoin, pour parvenir à une société plus équilibrée, réduire les inégalités et assurer la prédominance de la tolérance et de la justice sociale.

M. RAGHAB DHOJ PANT (Népal) a estimé que la question de l'intégration sociale était étroitement liée aux questions de la réduction de la pauvreté, à la promotion des groupes désavantagés et vulnérables, ainsi que de la mondialisation et du rôle de celle-ci dans la croissance du secteur privé et de toute l'économie. Le représentant s'est déclaré préoccupé par le fait que l'indice de pauvreté ait montré une tendance à la hausse dans un certain nombre de pays en développement, y compris le Népal. Les questions de la protection sociale, de l'emploi, de l'égalité et de la justice sociale influencent et sont influencées par l'ampleur de la pauvreté. Le Gouvernement du Népal a fait de la réduction de la pauvreté l'objectif principal de son 9ième Plan quinquennal qui est actuellement mis en oeuvre et qui vise à réduire la pauvreté d'ici 20 ans en se concentrant sur les activités de développement dans les régions où le pays jouit d'un certain avantage comparatif. L'agriculture a été définie comme secteur principal, suivie par le développement des ressources en eaux et du secteur touristique. La pauvreté ne peut être réduite ni éliminée sans croissance de l'économie. Ceci n'est toutefois pas suffisant. C'est pourquoi des programmes spéciaux visant à réduire le fardeau des personnes âgées, des femmes et des enfants ont été lancés. Le Gouvernement a l'intention de créer une Commission pour la réduction de la pauvreté qui sera chargée de créer un fonds pour la mise en oeuvre des programmes en faveur des groupes désavantagés. Il a, en outre, adopté une loi visant à faire de la participation un moyen, un objectif et un processus dans le cadre des programmes qui ont un impact direct sur la population.

Le Gouvernement et tous les partis politiques se sont, par ailleurs, engagés à poursuivre une politique économique libérale. L'économie du Népal repose à la fois sur un petit secteur moderne en rapide expansion qui est stimulé par des politiques favorables aux lois du marché, et sur un secteur rural où le marché doit encore émerger. Le Gouvernement a pris des mesures en vue d'augmenter la participation de la population locale dans la gestion de ses affaires. Des politiques nationales visant à encourager la participation du secteur privé, des communautés et des ONG ont permis de renforcer les activités économiques et de promouvoir l'intégration sociale. Le représentant a appuyé la proposition du Groupe d'experts visant à mettre sur pied un réseau international d'organisations pour l'échange d'informations et d'expériences concernant la mise en oeuvre de la Déclaration de Copenhague.

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M. PENNEKAMP (Pays-Bas) a estimé que dans le cadre des efforts tendant à promouvoir l'intégration sociale, il faut souligner le rôle de l'éducation et surtout du sport pour les enfants. Une résolution de la Conférence de l'UNESCO a insisté sur la nécessité de programmes d'éducation spécifiques pour les groupes socialement désavantagés. Ainsi les enfants et leurs familles pourront bénéficier de meilleures opportunités. Pour ce qui est du sport, il s'agit d'une activité sociale qui permet de développer de meilleures relations entre individus et cela concerne aussi bien les jeunes et les personnes âgées que les personnes handicapées.

M. OLIVIER GISCARD D'ESTAING, Président de BUSCO (Association mondiale des entrepreneurs pour le Sommet social) et Président de l'IBAC-ONUDI (International Business Advisory Council), a évoqué les contributions particulières des entreprises, notamment en ce qui concerne l'emploi des handicapés et des exclus, en soulignant notamment que beaucoup d'entreprises réservent des emplois de production ou de services pour des cas de toutes natures. Tout en reconnaissant qu'il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine, il a indiqué qu'il y avait, selon lui, trois motifs d'action pour les entrepreneurs : l'intérêt, l'obligation légale et un sentiment d'éthique de solidarité. L'intérêt peut exister en raison de l'efficacité de ces travailleurs et employés, de leur régularité, de leur fidélité, intérêt aussi pour l'image de l'entreprise et les avantages chiffrés ou non que cela lui confère. Le deuxième motif est l'obligation légale d'employer un certain pourcentage de handicapés physiques ou mentaux et d'accorder des avantages fiscaux ou des contributions publiques. De telles mesures doivent faire l'objet d'études préalables basées sur les expériences vécues et une concertation avec les intéressés. Le troisième facteur est le sentiment personnel des entrepreneurs à qui le sens de leur responsabilité confère une motivation les incitant à entreprendre ce genre d'action.

En ce qui concerne la prétendue rivalité entre les pouvoirs publics et les entrepreneurs dans la quête du pouvoir, BUSCO estime que la vraie rivalité doit s'exercer dans leur contribution respective à la solution des problèmes sociaux. Il importe d'entreprendre l'inventaire le plus complet possible des actions entreprises par les pouvoirs publics et par les entrepreneurs. Il faut en connaître les mérites et les insuffisances afin d'en amplifier les résultats, a-t-il déclaré.

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