En cours au Siège de l'ONU

SOC/102

LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL ORGANISE UNE TABLE RONDE SUR LA PARTICIPATION ET LA JUSTICE SOCIALE

10 février 1998


Communiqué de Presse
SOC/102


LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL ORGANISE UNE TABLE RONDE SUR LA PARTICIPATION ET LA JUSTICE SOCIALE

19980210 La Commission du développement social a poursuivi, cet après-midi, ses travaux en organisant une table ronde sur la participation et la justice sociale. Dans ce cadre, elle a entendu les exposés de Mme Marju Lauristin, Professeur de politique sociale à l'Université de Tartu en Estonie; de M. Jaime Joseph, Sociologue urbain du Centre alternatif de Lima au Pérou; de M. Hussein M. Adam, de nationalité somalienne, Professeur de sciences politiques au Collège Holly Cross du Massachusetts aux Etats-Unis, et de Mme Suchittra Punyaratabandhu, Vice-Présidente de l'Institut national de l'administration du développement de la Thaïlande.

Les discussions entre les experts et les délégations ont surtout porté sur les différents niveaux des interventions propres à stimuler le processus participatoire. A cet égard, les intervenants ont souligné la nécessité de renforcer les organisations aux niveaux local et national en attirant l'attention sur l'émergence d'un nouveau niveau, le niveau intermédiaire ou meso, tel que les agglomérations en expansion et les zones rurales qui les entourent. Ce dernier niveau semble donner naissance à de nouvelles approches de démocratie participative et permettre de dépasser les seuls intérêts locaux, qui se limitent souvent à la satisfaction des besoins immédiats de la communauté, pour définir une vision à long terme. En ce qui concerne la justice sociale, l'accent a été mis sur le lien entre participation et Etat de droit. Dans ce contexte, la lutte contre la corruption a été perçue comme essentielle en ce que ce fléau sape les fondements mêmes de l'Etat de droit.

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mercredi 11 février à 10 heures.

Table ronde sur la participation et la justice sociale

Présentations

Mme MARJU LAURISTIN, Professeur de politique sociale à l'Université de Tartu (Estonie) et ancien Ministre du travail et des affaires sociales, a évoqué l'écart entre les pays riches et les pays pauvres en matière d'information. Certains pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Europe de l'Est sont à l'écart à cause de cette situation. Ainsi, moins d'un pour-cent des bases de données y sont créées. Le moment est venu de réfléchir à des programmes susceptibles d'éliminer cet écart et de promouvoir un accès égal à l'information pour tous. Si les contrastes entre les pays sont évidents, on peut à l'intérieur même des pays constater une différence d'accès à l'information entre les diverses régions, entre les métropoles et les zones éloignées. Un autre obstacle à l'accès à l'information est lié aux lacunes de l'infrastructure, comme les communications téléphoniques, l'accès au réseau câblé ou à la technologie informatique. Pour Mme Lauristin, il existe, en outre, un certain paradoxe dans le fait que dans les pays pauvres, l'accès à l'information, au réseau téléphonique ou informatique est généralement plus cher que dans les pays riches. Ceux qui sont pauvres économiquement deviennent donc aussi de plus en plus pauvres dans le domaine de l'éducation et de l'information, a-t-elle constaté.

Même si la tendance est à une aggravation de l'écart entre "info- pauvres" et "info-riches", il existe cependant de meilleures possibilités d'information pour ceux qui en ont été privés dans le passé. Ainsi, en Estonie, un nouveau programme gouvernemental a été lancé dans le domaine de l'informatique en faveur des enfants vivant dans les régions éloignées. Ce programme, financé par le gouvernement, a déjà produit certains effets, puisque deux tiers des jeunes ont aujourd'hui accès à l'Internet et l'utilisent. Elle a estimé qu'il incombait aux responsables à divers niveaux de favoriser l'accès à l'information pour ouvrir un nouvel espace permettant le débat, la participation et la propagation d'idées nouvelles. Cette possibilité peut changer les relations et la situation dans de nombreuses régions du monde, a-t-elle déclaré. Ainsi, en Amérique latine, il pourrait y avoir de nouveaux paradigmes pour la participation et une véritable politique sociale si l'accès à l'information était considéré comme une véritable priorité, a-t-elle déclaré.

M. JAIME JOSEPH, Sociologue urbain du Centre alternatif du Pérou, a expliqué qu'actuellement le défi que doivent relever les pays consiste à construire une société pour tous en dépassant les politiques orientées exclusivement vers l'élimination de la pauvreté pour les lier à un processus de développement intégral impliquant la jouissance des droits économiques,

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sociaux et culturels. Il faut souligner d'emblée que l'articulation des politiques de lutte contre la pauvreté et de développement intégral ne peut se faire en l'absence de véritables institutions de démocratie participative. Le développement humain et intégral et la démocratie doivent être vus comme des binômes. Les stratégies de développement doivent donner la priorité aux espaces nationaux et aux espaces sous-nationaux où les conditions existent pour soutenir les processus de développement intégral.

Sans faire l'apologie de l'isolationnisme, M. Joseph a estimé que pour lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement intégral, il faut, comme première mesure, adopter une démarche visant à produire pour la population dans un espace géopolitique déterminé. Les marchés doivent donc être appelés à favoriser la satisfaction des besoins de la communauté. Dans ce contexte, il faut orienter les ressources financières vers le développement local et adopter notamment des mesures de réduction des impôts, d'attributions de subventions et de renforcement des gouvernements locaux. Il faut replacer l'homme au centre du développement. Le type du nouveau dirigeant ne serait pas celui qui se contente de gérer les affaires publiques mais celui qui serait capable de développer le meilleur d'une population.

M. HUSSEIN M. ADAM (Somalie), Professeur de sciences politiques au Holly Cross College de Worcester (Massachusetts), a déclaré qu'un développement social durable exigeait un équilibre entre une politique étatique, le développement économique et une société civile active. Il faut un partenariat et des responsabilités partagées entre ces trois pôles. Cet équilibre est important et rares sont les sociétés du tiers monde qui y parviennent. Ainsi, en Afrique de l'Est, on trouve par exemple des Etats forts, avec un secteur privé fort et actif mais qui se livrent à une guerre qui entrave le développement social. D'autres pays, comme en Europe de l'Est, mènent des politiques économiques peu viables, tandis que des pays comme le Cambodge ou la Somalie connaissent un effondrement de l'Etat. La Somalie qui est l'exemple le plus long de l'effondrement du cadre étatique, n'a pas d'armée, pas de police, pas de banques, pas de services sociaux, ni d'hôpitaux, alors qu'il existe des éléments qui permettraient de promouvoir le développement social à long terme et de rétablir les structures étatiques. Il a cité à titre d'exemple un rôle accru des femmes, un renouveau islamique, qui contrairement au fondamentalisme est un mouvement positif qui s'occupe de projets sociaux, et un rôle important joué par le marché libéralisé qui est en train de se développer. La société civile apparaît mais n'arrive pas encore à rattraper le retard, a-t-il poursuivi, soulignant l'absence de structures et de règles. Elle demeure très faible, a-t-il déclaré, tout en citant parmi les possibilités à exploiter, l'accès à de nouvelles technologies, la création d'un Conseil des anciens, l'émergence d'une presse libre, vivante, mais quelque peu incontrôlée, et le renforcement des liens régionaux.

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Evoquant son expérience dans un projet visant à renforcer la participation aux activités de développement locales, M. Adam a estimé que cette expérience avait montré que les activités de participation communautaire n'avaient pas besoin d'attendre l'émergence d'un nouvel Etat fort et central. Cette nouvelle expérience a aussi montré l'importance de l'utilisation par les responsables locaux de méthodes d'auto-évaluation. L'expérience visait aussi à renforcer le rôle des femmes en encourageant leur participation dans des projets tangibles et pratiques. Le travail sur le terrain serait encore amélioré si les ONG internationales pouvaient renforcer leurs liens avec les ONG locales, a-t-il souligné.

Mme SUCHITRA PUNYARATABANDHU, Vice-Présidente de l'Institut national de l'administration du développement de la Thaïlande, a souligné l'importance pour le processus participatoire, de l'Etat de droit et des procédures judicaires ainsi que celle de la lutte contre la corruption. La justice doit être perçue comme équitable et cela exige des gouvernements qu'ils créent un système judiciaire indépendant et doté des ressources adéquates. Il faut également instaurer des mécanismes d'aide judiciaire pour les personnes les moins instruites. En Thaïlande, il est question de mettre en place un système de médiateurs. Il est également important que la police soit vue comme honnête et dévouée à sa tâche. Sans ces éléments, la participation de tous sera difficile voire impossible.

Le corruption représente un autre obstacle à un véritable processus participatoire en ce qu'elle entrâve la participation en excluant certaines couches de la population et en créant une politique de fait de deux poids deux mesures. Deux types de corruption existent. Le premier type concerne la corruption, de bas niveau, qui consiste à payer pour obtenir certains services ou pour que la police ferme les yeux sur certaines activités illégales. Cette pratique engendre l'exclusion et maintient les clivages sociaux puisqu'elle ne privilégie que les nantis. Le deuxième type de corruption est la corruption de haut niveau qui consiste à payer des pots-de-vin pour obtenir des marchés ou un poste gouvernemental. Il s'agit là d'un véritable gaspillage de l'argent public qui prive les citoyens de l'argent investi. Il s'agit aussi d'une violation des principes de la justice distributive et d'une invitation au népotisme.

Pour lutter contre ces fléaux, il faut mettre en place des mécanismes visant à faire connaître les abus et des mécanismes de recours pour que les citoyens puissent faire entendre leurs griefs. Il faudra également songer à accroître les salaires des fonctionnaires pour les rendre plus imperméables aux tentatives de corruption. Pour ce qui est de la corruption de haut niveau, il faut créer un système d'évaluation et d'audit efficace des appels d'offres et mettre les informations à la disposition du public; la transparence et la responsabilité étant nécessaires. Pour éviter l'achat de postes au sein des gouvernements, il faut des réformes politiques qui dépassent peut être le cadre du débat lié à la participation, a conclu l'intervenante.

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Dialogue

La représentante de la Finlande a demandé comment il était possible de résoudre la question de l'écart de plus en plus important entre les "info-riches" et les "info-pauvres", qu'il s'agisse de pays ou de personnes, et quel rôle pouvaient jouer les gouvernements à cet égard.

Reprenant l'exemple de son pays, Mme LAURISTIN (Estonie) a souligné que les nouvelles technologies de l'information ouvraient de grandes possibilités aux pays pauvres. Ainsi, en Estonie, on trouve dans chaque région, dans chaque école, de nouvelles technologies, mais pour arriver à ce résultat, il faut un effort commun. En Estonie, l'initiative a été prise par le gouvernement, et c'est l'expérience acquise dans les universités qui a été utilisée, tandis que les entreprises ont vu là des possibilités d'élargir leur marché. En réalité, c'est la manière la plus productive de procéder, car une planification uniquement gouvernementale serait trop lente. Si l'on laissait tout au secteur économique, certains intérêts ne seraient pas pris en compte et si l'on s'en remettait uniquement aux universités, on risquerait de viser un niveau trop élevé, a-t-elle déclaré.

M. JOSEPH (Pérou) a souligné l'importance de mettre les nouveaux instruments technologiques à la disposition de tous ceux qui sont chargés de prendre des décisions à tous les niveaux.

La représentante de la Jamaïque a interrogé les experts sur les facteurs les plus critiques en matière de coûts, et sur les questions d'infrastructure et de géographie. Elle a demandé quels étaient les facteurs qui contribuent le plus à l'inégalité dans l'accès à l'information. Elle a également voulu savoir dans un pays donné, quels étaient les effets sur le marché de l'informatique, d'une faible population et d'une base de croissance limitée.

Mme LAURISTIN (Estonie) a souligné que si seules jouent les forces du marché, les nouvelles technologies ne seront développées que dans les régions les plus riches du pays, les régions pauvres et les plus éloignées des métropoles devenant en conséquence de plus en plus marginalisées. Sans planification stratégique du développement, cette situation ne peut être résolue, a-t-elle déclaré. Le plus important est donc la volonté d'agir. Les forces du marché pourront ensuite jouer dans ces régions initialement défavorisées.

Le modérateur, M. DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné pour sa part l'importance de tenir compte des besoins locaux.

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Rappelant l'effondrement brutal de son pays, M. ADAM (Somalie), a déclaré que la Somalie était passée de la tyrannie à l'anarchie. L'anarchie s'est quelque peu atténuée mais il faut quand même une certaine structure pour pouvoir faire des affaires. C'était un état de dictature très féroce et aujourd'hui il y a une phobie de la centralisation, a-t-il déclaré.

La représentante de l'Autriche a souligné que l'intégration sociale ne se limite pas à la lutte contre la pauvreté. Elle exige que l'on tienne compte des besoins spécifiques des différents groupes vulnérables tels que les jeunes ou les personnes âgées. Il faut donc une stratégie de promotion de l'égalité des chances et de participation. Cela veut dire qu'il faut trouver un équilibre entre les stratégies politiques de lutte contre la discrimination et des politiques permettant l'intégration; un équilibre dans la répartition des revenus de la société, et un équilibre entre la participation politique et sociale des jeunes et des personnes âgées. L'équilibre s'impose aussi entre le travail rémunéré et le travail non rémunéré ou encore entre le travail des jeunes et celui des personnes âgées. Est-il possible de disposer de mécanismes au niveau vertical qui tiennent compte des besoins des différents groupes vulnérables?

Mme LAURISTIN (Estonie) a répondu qu'il convient d'abord de déterminer et d'évaluer les intérêts des différents groupes. Dans les sociétés comme celles de l'Europe de l'est, ce sont les jeunes qui profitent de la situation, les générations d'âge mûr étant laissées à l'écart. En ce qui concerne la formation, des réseaux horizontaux doivent être mis en place pour promouvoir l'accès à l'information et à la communication, et promouvoir le débat entre les différents groupes pour les forcer à articuler leurs opinions. Il semble que la situation des personnes handicapées, groupe marginalisé par excellence, se soit améliorée depuis qu'elles ont accès aux nouveaux moyens de communication qui les lient aux organisations d'handicapés opérant à travers le monde.

M. JOSEPH (Pérou) est lui revenu sur l'importance, pour l'intégration sociale, d'un processus de démocratisation efficace et de la participation des différents acteurs de la société. Par exemple au niveau local, lorsqu'une communauté affronte un problème, la tendance est au conflit et la dynamique d'intégration se voit écartée d'emblée. En revanche, au niveau intermédiaire, certains groupes ont réussi à déterminer des objectifs communs. Il faut consolider ces nouveaux espaces intermédiaires qui se sont mis en place sans réglementation aucune. L'expert a estimé, par ailleurs, que la redistribution des revenus est un aspect fondamental mais non déterminant car elle ne suffit pas quand 60% de la population vit en-deçà du seuil de pauvreté. Il faut rechercher un processus plus viable pour assurer l'intégration sociale.

Le représentant du Canada a noté que, selon l'expérience acquise, la durabilité des interventions est tributaire d'un renforcement du partenariat au niveau intermédiaire.

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M. ADAM (Somalie), intervenant sur le rôle que peut jouer la communauté internationale pour stimuler le processus participatoire, a expliqué qu'en Somalie, les Nations Unies ont commis l'erreur de vouloir à tout prix rétablir l'Etat, ce qui a conduit à la résurgence du conflit. En l'absence d'une administration centrale, seul le bilatéralisme peut jouer un rôle essentiel par l'apport d'une aide humanitaire. Les organisations internationales, lorsqu'elles interviennent, devraient s'efforcer de faire renaître la société civile.

Mme LAURISTIN (Estonie) a expliqué qu'après l'effondrement des régimes totalitaires, le rôle des organisations internationales a été important, en particulier pour la société civile.

Le représentant du Royaume-Uni a insisté sur la nécessité d'adopter des mesures pour éviter l'exclusion de certaines couches de la société des autoroutes de l'information. Il a demandé aux experts ce qu'ils pensaient de cette exclusion et si, selon eux, le développement du commerce électronique permettrait de favoriser le commerce.

Pour Mme LAURISTIN, il faut une synergie entre la volonté des peuples, s'appuyant sur l'éducation et aidée par les gouvernements et des programmes internationaux. S'agissant des effets économiques, elle a expliqué qu'en Estonie, le développement rapide du système bancaire grâce aux moyens technologiques modernes a donné au pays une position forte sur ce marché par rapport à ses voisins d'Europe de l'Est. Il faut également une synergie dans le domaine de l'éducation, a-t-elle préconisé, en soulignant que l'échange d'information contribue à consolider l'éducation. Dans notre situation particulière, nous avons en Estonie de bons exemples prouvant qu'il est importance d'accorder la priorité au développement de l'information, a-t-elle déclaré.

Le modérateur, M. DESAI, a indiqué que les Nations Unies formuleraient prochainement des propositions plus précises concernant l'amélioration de l'accès aux nouvelles technologies d'information.

La représentante du Royaume Uni a demandé ce que la communauté internationale pouvait faire pour empêcher la désintégration de pays comme la Somalie.

M. ADAM a répondu en évoquant les opportunités perdues par les Nations Unies en Somalie. Lorsque l'ONU a décidé de travailler avec les conseillers de district et de traiter avec les seigneurs de la guerre, c'est là que les erreurs ont été commises, a-t-il déclaré. Aujourd'hui, l'ONU peut jouer un rôle mineur dans la situation d'anarchie qui prévaut, en s'acquittant de tâches élémentaires dans le domaine de la santé par exemple, tandis que des projets très simples peuvent être entrepris pour encourager le développement.

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La représentante de l'organisation non gouvernementale de la Grande Fraternité Universelle a demandé ce qu'il en est des principes éthiques qui sont la base de l'intégration sociale et comment s'assurer que les gouvernements les mettent en oeuvre dans le domaine de l'éducation. Une autre représentante de la même organisation a estimé que l'éducation devait avoir pour objectif de réaliser la paix interne de l'individu.

Le représentant du Syndicat national ghanéen a interrogé les experts sur le rôle des réfugiés et des travailleurs migrants et sur la manière dont ceux-ci peuvent être réintégrés dans la société.

Le représentant de l'Association économique du Danemark a estimé que la question de l'identité était à la base de nombreux problèmes auxquels doivent faire face de nombreux pays.

Reprenant la parole, M. JOSEPH a déclaré que l'aspect éthique et philosophique était une façon d'aborder l'éducation. Les sciences sociales influencent notre façon d'aborder les choses. Ce qui manque c'était une base pour notre réflexion sur laquelle asseoir tout le reste, a-t-il affirmé, estimant qu'on ne pourra pas réaliser un véritable développement social au Pérou sans entamer ce type de réflexion. Mais, a-t-il ajouté, la manière dont le gouvernement en tiendra compte est un problème trop complexe.

Abordant la question des réfugiés et des travailleurs migrants, M. ADAM a affirmé que ce problème était très grave en Somalie, notamment en raison des mouvements de population liés aux conflits. Dans ce cadre, s'inscrit aussi le problème de l'identité. Il est intéressant de constater que les réfugiés qui sont rentrés dans le nord de la Somalie ont contribué à mettre en valeur leur région. S'agissant du problème de l'identité, il a affirmé que dans le cas de la Somalie, le talon d'Achille était la structure de la société qui est basée sur les clans. Pendant la période de transition où la société essaie de récupérer après la guerre et la destruction, le clan est une source de fierté pour l'individu car il lui permet de se situer, bien qu'il y ait eu des situations où des liens d'amitié transgressant cette situation, a-t-il ajouté.

Mme LAURISTIN a indiqué, pour sa part, que tous les changements en Europe de l'Est étaient eux aussi liés à un changement d'identité qui s'est produit des deux côtés après la chute du rideau de fer. Il s'agit aujourd'hui de trouver une nouvelle identité globale, a-t-elle affirmé. Il ne suffit pas de dire "nous sommes plus développés, vous êtes moins développés", il faut s'enrichir mutuellement. Le problème des relations ethniques a ses racines dans les identités anciennes et les structures anciennes de l'éducation qui renforcent l'exclusion. La perte d'identité dans le nouveau monde entraîne de nouveaux dangers. Il faut donc trouver une nouvelle identité qui permette une participation collective. D'où l'importance de l'éducation car sans éducation éthique, il n'y aura pas d'identité commune, a-t-elle déclaré.

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Pour Mme PUNYARATABANDHU, les identités sont aujourd'hui fluides et changeantes. C'est pourquoi ce concept doit être stimulé et renforcé. La participation implique une nouvelle éthique, un nouveau mode de perception. Elle a estimé qu'en matière de participation, il fallait renforcer les institutions sociales existantes.

Concluant le débat, le modérateur, M. DESAI, a estimé que la question de l'identité posait des problèmes car on voyait l'identité de manière trop mathématique. L'identité n'est pas unique, on ne peut pas en faire une équation. C'est pourquoi la participation ne peut pas non plus être unique, a-t-il déclaré. La question de l'identité pose problème si on l'associe à des éléments extérieurs. C'est pourquoi il faut chercher à réduire la crainte dans l'esprit des gens car c'est la peur qui est la cause de la désintégration. C'est là que se posent les questions d'éthique, de valeurs, a-t-il conclu.

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