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CS/896

LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION INTERAFRICAINE DE SURVEILLANCE DES ACCORDS DE BANGUI JUSQU'AU 16 MARS 1998

5 février 1998


Communiqué de Presse
CS/896


LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION INTERAFRICAINE DE SURVEILLANCE DES ACCORDS DE BANGUI JUSQU'AU 16 MARS 1998

19980205 Il déclare son intention de décider, d'ici au 16 mars 1998, de la création d'une opération de maintien de la paix en République centrafricaine

Réuni sous la présidence du Ministre d'Etat des affaires étrangères du Gabon, M. Casmir Oye Mba, le Conseil de sécurité a adopté ce matin à l'unanimité la résolution 1152 (1998) par laquelle il approuve la poursuite, par les Etats Membres participant à la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (MISAB), des opérations requises, de manière neutre et impartiale, pour que la Mission atteigne son objectif. Il décide que l'autorisation sera reconduite jusqu'au 16 mars 1998 dans un premier temps. Il demande aux parties en République centrafricaine de mener à bien sans délai la mise en oeuvre des dispositions des Accords de Bangui, et demande en outre que soient honorés les engagements énoncés dans la lettre datée du 8 janvier 1998, adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine. Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité autorise les Etats Membres participant à la MISAB et ceux qui fournissent un soutien logistique à assurer la sécurité et la liberté de circulation de leur personnel.

Le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de lui présenter, le 23 février 1998 au plus tard, un rapport sur la situation en République centrafricaine contenant des recommandations au sujet de la création d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies, notamment de la structure, des objectifs précis et des incidences financières d'une telle opération, ainsi que des éléments d'information relatifs à l'application des Accords de Bangui et aux engagements énoncés par le Président de la République centrafricaine.

Les représentants des pays suivants, membres du Conseil, ont expliqué leur position: France, Chine, Japon, Brésil, Bahreïn, Kenya, Portugal, Gambie, Suède, Slovénie, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Costa Rica, Etats-Unis et Gabon.

Le Conseil de sécurité était saisi, pour examiner cette question, d'un rapport du Secrétaire général et du troisième rapport périodique des Etats Membres participant à la MISAB.

Texte du projet de résolution (S/1998/102

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant ses résolutions 1125 (1997) du 6 août 1997 et 1136 (1997) du 6 novembre 1997,

Prenant note du troisième rapport que lui a adressé le Comité international de suivi des Accords de Bangui (S/1998/86),

Prenant note également de la lettre datée du 28 janvier 1998, adressée à son président par le Président de la République centrafricaine (S/1998/88), ainsi que de la lettre datée du 4 février 1998, adressée à son président par le Président de la République gabonaise, au nom des membres du Comité international de suivi des Accords de Bangui (S/1998/97),

Ayant examiné le rapport en date du 23 janvier 1998 (S/1998/61) que le Secrétaire général lui a présenté conformément à sa résolution 1136 (1997),

Se félicitant de la neutralité et de l'impartialité avec lesquelles la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (MISAB) a rempli son mandat, en étroite coopération avec les autorités centrafricaines, et notant avec satisfaction que la MISAB a contribué à stabiliser la situation en République centrafricaine, notamment en supervisant la remise des armes,

Notant que les États participant à la MISAB et la République centrafricaine ont décidé de proroger le mandat de la Mission (S/1997/561, appendice I) afin que celle-ci puisse parachever sa mission, la création d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies étant envisagée,

Soulignant l'importance de la stabilité régionale et, à cet égard, appuyant pleinement les efforts déployés par les États Membres participant au Comité international de médiation, créé lors de la dix-neuvième Réunion au sommet des chefs d'État et de gouvernement de France et d'Afrique, et par les membres du Comité international de suivi des Accords de Bangui,

Soulignant aussi que tous les signataires des Accords de Bangui doivent continuer à coopérer pleinement afin d'assurer le respect et l'application de ces accords et d'aider à créer ainsi les conditions voulues pour qu'une stabilité à long terme puisse s'instaurer en République centrafricaine,

Considérant que la situation en République centrafricaine continue de faire peser une menace sur la paix et la sécurité internationales dans la région,

1. Note avec satisfaction les efforts des États Membres qui participent à la MISAB et de ceux qui leur apportent un soutien, et se félicite que ces États soient prêts à poursuivre leurs efforts;

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2. Se félicite que le Programme des Nations Unies pour le développement apporte un appui au Comité international de suivi des Accords de Bangui et l'encourage à poursuivre ce soutien;

3. Demande aux parties en République centrafricaine de mener à bien sans délai la mise en oeuvre des dispositions des Accords de Bangui, et demande en outre que soient honorés les engagements énoncés dans la lettre datée du 8 janvier 1998, adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine (S/1998/61, annexe);

4. Approuve la poursuite, par les États Membres participant à la MISAB, des opérations requises, de manière neutre et impartiale, pour que la Mission atteigne son objectif, comme prévu au paragraphe 2 de la résolution 1125 (1997);

5. Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, autorise les États Membres participant à la MISAB et ceux qui fournissent un soutien logistique à assurer la sécurité et la liberté de circulation de leur personnel;

6. Décide que l'autorisation mentionnée au paragraphe 5 ci-dessus sera reconduite jusqu'au 16 mars 1998 dans un premier temps;

7. Rappelle que les dépenses et le soutien logistique de la MISAB seront couverts par des contributions volontaires conformément à l'article 11 du mandat de la MISAB et encourage les États Membres à contribuer au Fonds d'affectation spéciale pour la République centrafricaine;

8. Se félicite de l'intention de nommer un Représentant spécial en République centrafricaine que le Secrétaire général a déclarée dans son rapport du 23 janvier 1998, et se déclare convaincu que la nomination rapide dudit représentant pourrait aider les parties à appliquer les Accords de Bangui et faciliter les autres activités des Nations Unies dans le pays;

9. Demande à nouveau à tous les États et à toutes les organisations internationales et institutions financières d'aider au développement de la République centrafricaine après le conflit;

10. Prie les États Membres participant à la MISAB de lui présenter, par l'entremise du Secrétaire général, un rapport avant la fin de la période visée au paragraphe 6 ci-dessus;

11. Prie le Secrétaire général de lui présenter, le 23 février 1998 au plus tard, un rapport sur la situation en République centrafricaine contenant des recommandations au sujet de la création d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies, notamment de la structure, des objectifs précis et des

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incidences financières d'une telle opération, ainsi que des éléments d'information relatifs à l'application des Accords de Bangui et aux engagements énoncés dans la lettre adressée au Secrétaire général par le Président de la République centrafricaine;

12. Déclare son intention de décider, d'ici au 16 mars 1998, sur la base du rapport mentionné au paragraphe 11 ci-dessus, de la création d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine;

13. Décide de demeurer activement saisi de la question.

Rapport présenté par le Secrétaire général sur la situation en République Centrafricaine (S/1998/61)

Le présent rapport est soumis en application de la résolution 1136 (1997) du Conseil de sécurité par laquelle il demande au Secrétaire général de lui présenter un rapport sur l'application de la résolution et de lui faire part de ses recommandations concernant un nouveau soutien international à apporter à la République centrafricaine une fois que serait achevé le mandat de la Mission interafricaine chargée de surveiller l'application des Accords de Bangui (MISAB), qui arrive à expiration le 6 février 1998. En application de cette résolution, une mission technique multidisciplinaire des Nations Unies s'est rendue à Bangui du 6 au 13 décembre 1997 pour évaluer la situation politique, militaire, sécuritaire, économique et sociale et pour commencer à formuler des recommandations. Cette mission a été suivie par la visite de M. Hedi Annabi, Sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, envoyé spécial du Secrétaire général, chargé de rencontrer le Président de la République centrafricaine, M. Ange-Félix Patassé, ainsi que le Président de la République gabonaise, M. El-Hadj Omar Bongo, en sa qualité de Président du Comité international de médiation, en vue d'insister sur la nécessité d'appliquer intégralement les Accords de Bangui et de procéder à des réformes profondes dans les domaines politiques, économiques et sécuritaire, et de déterminer quel nouveau soutien international pourrait être apporté à la République centrafricaine après le retrait de la MISAB.

A ce stade, toutes les parties aux Accords de Bangui considèrent que des sept clauses principales des Accords, trois ont été mises en oeuvre, à savoir la mise en place d'un gouvernement d'union nationale en février 1997; la promulgation de la loi d'amnistie pour les délits perpétrés pendant la troisième mutinerie (novembre 1996); et l'adoption de la loi prévoyant le versement de pensions et autres prestations aux anciens présidents de la République. Une quatrième disposition concernant le désarmement (restitution des armes par les anciens mutins et récupération des armes auprès des milices et de la population civile) a été presque entièrement appliquée en ce qui concerne les armes lourdes, et à deux tiers en ce concerne les armes légères. Néanmoins, trois autres points n'ont pas été appliqués.

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Les situations sociale et économique dans le pays demeurent extrêmement inquiétantes. De plus, n'ayant pas respecté ses obligations envers les institutions de Bretton Woods, la République centrafricaine s'est trouvée prise dans un cercle vicieux, avec la suspension de l'aide des institutions et d'autres donateurs dont l'aide dépend de la conclusion d'accords avec les institutions de Bretton Woods. Si des mesures rigoureuses ne sont pas prises rapidement pour le relèvement économique et financier du pays, les conditions de vie difficiles de Bangui risquent de susciter de nouvelles tensions politiques et sociales, qui compromettraient sérieusement la stabilité de tout le pays.

Concernant les questions relatives à la sécurité, la MISAB parvient à faire régner un calme et un sentiment de sécurité relatif à Bangui, mais la situation générale demeure préoccupante, notamment en raison de l'affaiblissement du mécanisme de sécurité nationale. S'il est incontestable que la situation s'est dans l'ensemble améliorée, rien n'est encore définitivement acquis. Il est indispensable que les dispositions des Accords de Bangui qui ne sont pas encore entrées en application le soient dans les meilleurs délais et que des réformes de fond en vue de la relance de l'économie et de l'amélioration des conditions de vie de la population soient entamées. Malheureusement, il n'y a rien eu de vraiment concret sur ces deux points, et cela, malgré les efforts du Comité international de suivi et les encouragements de la communauté internationale. Le Président Patassé, dans ses voeux à la nation pour l'année 1998 ainsi que dans sa lettre adressée au Secrétaire général, a dit avoir bon espoir que l'année 1998 serait celle de la réconciliation nationale, du renforcement de la démocratie et de la reprise de l'économie. Il a annoncé qu'il soumettrait un code électoral révisé au Parlement avant de fixer la date des élections municipales et législatives. Par ailleurs, l'une de ses priorités serait de renouer avec les institutions de Bretton Woods afin d'essayer de convenir d'un programme de refonte structurelle.

Le Président Patassé juge cependant essentiel qu'une force de maintien de la paix crédible soit mise en place par les soins de l'ONU dans le pays. Il est fortement appuyé en cela par le Comité international de suivi et les Etats de la région. Les forces de sécurité nationales étant inopérantes, la MISAB est devenue indispensable pour maintenir la sécurité et la stabilité dans le pays. Sont retrait laisserait la République centrafricaine dans une situation fragile qui pourrait avoir des répercussions négatives sur le processus de paix, la situation humanitaire et la stabilité dans la sous- région. La France se préparant à retirer d'ici mi-avril 1998 la totalité de ses troupes de la MISAB, privera par conséquent la MISAB de la quasi-totalité de son soutien financier et logistique. Les autres états membres de la MISAB ne sont pas à eux seuls en mesure de fournir les moyens nécessaires. Une assistance internationale effective sera donc indispensable en République centrafricaine après l'expiration du mandat de la MISAB le 6 février 1998. Cette présence internationale constituerait une très importante mesure préventive, qui permettrait au pays de s'ancrer dans la stabilité et écarterait ainsi de nouveaux risques de troubles dans une sous-région où la

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situation est déjà très précaire. La constitution et le déploiement, sous l'égide de la communauté internationale, d'une autre opération de maintien de la paix semble être le seul véritable moyen de préserver la stabilité dans le pays. Le Secrétaire général propose dans ce rapport que l'opération des Nations Unies qui pourrait être envisagée devrait avoir la même structure et la même fonction militaire que la MISAB. Cette force de stabilisation manifesterait sa présence viserait à maintenir la paix rétablie par la MISAB et à créer les conditions nécessaires au bon déroulement des élections législatives prévues pour août et septembre 1998. En plus de cette dimension militaire de son mandat, cette mission devrait aussi orienter et soutenir d'autres actions des Nations Unies comme prêter leur concours et leur moyens techniques pour aider à la réconciliation nationale et à la restitution d'institutions démocratiques. Elle devrait aussi étroitement collaborer avec le PNUD, les organismes de financement internationaux et les donateurs bilatéraux, de façon à assurer la cohésion des efforts engagés pour consolider la paix retrouvée.

En ce qui concerne la structure de la mission, le Secrétaire général propose de nommer un représentant spécial, assisté par un petit nombre de civils. Le chef de cabinet de ce représentant spécial pourrait être le Coordonnateur et représentant résident du PNUD. Par ailleurs, il prévoit un effectif de 1 400 militaires et le Secrétaire général compte sur le soutien des pays ayant mis des effectifs et des moyens logistiques au service de la MISAB pour en faire de même pour la mission des Nations Unies.

Le Secrétaire général a rappelé qu'il était nécessaire que parallèlement à la mise en place d'une nouvelle opération, il fallait faire de réels efforts pour honorer les engagements énoncés dans la lettre que lui avait adressé le Président Patassé. A ce stade, le Conseil de sécurité pourrait envisager de maintenir jusqu'au 15 mars 1998 l'autorisation donnée dans sa résolution 1136 (1997) et qu'il se déclare en principe prêt à instituer une opération de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine.

Troisième rapport au Conseil de sécurité suite à l'adoption de la résolution 1136 (1997) relative à la situation en République centrafricaine (S/1997/86)

Ce rapport a été soumis au Conseil, par l'entremise du Secrétaire général et conformément aux dispositions de la résolution 1136 (1997), par les Etats Membres participant à la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (MISAB) et fait état de l'évolution de la situation en République centrafricaine pendant la période allant du 5 janvier au 4 février 1998.

Le rapport rappelle que les Accords de Bangui constituent une base incontournable pour l'instauration et la consolidation de la paix et pour la réalisation de la réconciliation nationale, passage obligé pour la reconstruction et le redressement de la République centrafricaine. A cet égard, le chronogramme proposé par le Comité international de suivi et accepté

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par tous, relatif à la mise en oeuvre desdits Accords est en cours d'exécution même si les dates initialement indiquées s'y trouvent décalées pour certaines clauses. Un examen des 24 clauses regroupées en sept points principaux permet de constater qu'en définitive, il n'existe aucun point du chronogramme du Comité international de suivi qui ne soit pas encore exécuté, entièrement ou partiellement, même si beaucoup d'écueils inutiles se dressent souvent sur la voie de leur mise en oeuvre. Avec un renforcement de volonté politique d'un côté et un peu plus de discernement de l'autre, le Comité, en collaboration avec les autres acteurs de la vie politique et sociale de ce pays, s'efforcera de créer les conditions nécessaires à la poursuite de l'application des Accords de Bangui.

Le Comité international de suivi des Accords de Bangui, qui est l'organe qui dirige l'action de la MISAB et qui est présidé par la général d'armée Amadou Toumani Touré, insiste une fois encore sur la nécessité et l'utilité de reconduire pour une période d'un à deux mois à partir du 6 février 1998 l'effet de la résolution 1136 (1997) du Conseil de sécurité relatif au mandat de la MISAB. Ce délai permettrait aux différents acteurs intéressés de mener les démarches nécessaires au déploiement d'une force multinationale pendant la période post-MISAB, afin de garantir les conditions de sécurité nécessaires à la mise en oeuvre des réformes indispensables et au déroulement d'élections libres, démocratiques, pacifiques, sereines et transparentes. Par ailleurs le Comité international de suivi souhaite continuer de bénéficier de l'appui logistique et technique du PNUD afin de poursuivre sa double mission qui consiste à assurer la direction politique de la MISAB et à suivre les Accords de Bangui grâce à une médiation permanente, jusqu'à la mise en oeuvre des décisions pertinentes du Conseil de sécurité.

Le rapport souligne que, en vue d'éviter tout dérapage ou tout risque de retour à la case départ qui pourrait se produire suite à une explosion sociale, il serait utile de recommander avec insistance que toutes les mesures soient prises aux niveaux appropriés, notamment à celui du Secrétaire général pour une meilleure sensibilisation des Etats Membres, des organisations internationales et des institutions financières en vue d'apporter l'assistance nécessaire au développement de la République centrafricaine, conformément au paragraphe 9 de la résolution 1136 (1997), et cela en complément des efforts indispensables à faire par les autorités centrafricaines. Toute approche contraire risque de compromettre le chances de la République centrafricaine de tourner durablement la page de la crise et ainsi de provoquer irrémédiablement l'échec de cette expérience originale de règlement interne que représente la médiation actuelle.

Explications de vote

M. ALAIN DEJAMMET (France) a déclaré que, après les nombreux troubles qu'a connus la République Centrafricaine, les accords de Bangui de janvier 1997 ont mis en place un processus de paix et de réconciliation nationale. La Mission interafricaine chargée de surveiller l'application des accords de Bangui (MISAB), qui a apporté son appui à ce processus, constitue un exemple

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remarquable de diplomatie préventive et grâce à elle des progrès notables ont été accomplis. La situation en République Centrafricaine reste cependant précaire et elle présente toujours un risque pour la stabilité et la sécurité dans la région. Des efforts tenaces doivent être poursuivis pour soutenir la réconciliation nationale. Il s'agit de préparer les prochaines élections législatives en septembre, de restructurer les forces de sécurité et de mettre en oeuvre des mesures énergiques dans les domaines économiques et sociaux.

La France appuie les recommandations faites par le Secrétaire général qui prévoient notamment l'établissement d'une opération des Nations Unies. C'est pourquoi elle se prononcera en faveur du projet de résolution soumis aujourd'hui au Conseil. Ce projet permettra en effet au Secrétariat de préparer des propositions opérationnelles sur lesquelles le Conseil de sécurité statuera le 16 mars prochain.

M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que son pays était en faveur de la prolongation du mandat de la MISAB et appuyait le Comité international de suivi des Accords de Bangui dans son action visant à aider le Gouvernement de la République centrafricaine à régler le conflit dans le pays. C'est pourquoi, a-t-il déclaré, la Chine votera en faveur du projet de résolution. La Chine est préoccupée par les troubles constants dans le pays et les souffrances qu'endure la population. Elle espère que la République centrafricaine pourra surmonter la crise le plus rapidement possible.

La Chine se réjouit que tous les parties intéressées se soient engagées à rétablir la paix et la stabilité dans le pays. Tant que toutes les parties tiendront compte des intérêts de la population dans un esprit de réconciliation, les difficultés et les différends pourront être surmontés et les Accords de Bangui pourront être mis en oeuvre. Pour aider la République centrafricaine à résoudre la crise et parvenir à la réconciliation, les pays d'Afrique de la région ont surmonté leurs propres difficultés, a-t-il souligné, en souhaitant la poursuite de la coopération entre tous les intéressés pour faire aboutir les efforts régionaux. La Chine est favorable à la proposition du Secrétaire général de déployer une force de maintien de la paix. Elle souhaite que toutes les parties intéressées puissent répondre à l'appel des pays africains et du Secrétaire général pour continuer à aider la République centrafricaine.

M. MASAKI KONISHI (Japon) a rappelé l'engagement de son pays dans les efforts visant à développer une stratégie efficace de prévention et de résolution rapide des conflits en Afrique et à préciser le rôle du Conseil de sécurité dans une telle stratégie. Pour le Japon, le déploiement d'une opération de maintien de la paix en République centrafricaine devrait être un des éléments de cette stratégie. Bien qu'il y ait une stabilité relative sur le terrain, grâce à l'excellent travail de la MISAB, il est essentiel de maintenir une présence internationale après l'expiration du mandat de la MISAB. C'est pourquoi le Japon votera en faveur de la résolution, y compris la partie concernant l'intention de prendre une décision d'ici au 16 mars sur l'établissement d'une opération de maintien de la paix dans ce pays. Pour le

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Japon, l'extension du mandat de la MISAB jusqu'au 16 mars donnera au Président Patasse le temps de remplir sa promesse de mettre en oeuvre les Accords de Bangui.

Il est très important que le Président Patassé, en tant que chef de l'administration, tienne ses engagements et assume ses responsabilités envers la population de la République centrafricaine, en particulier les militaires et les fonctionnaires du Gouvernement. C'est une condition essentielle pour une paix véritable et durable et pour la stabilité dans le pays. Il y a beaucoup d'obstacles à surmonter, y compris la restructuration des forces de sécurité et l'adoption d'un nouveau code électoral. Le Japon se réjouit de recevoir bientôt le rapport du Secrétaire général qui doit être soumis dans le courant de ce mois. Entre-temps, le Japon continuera à appuyer la République centrafricaine dans ses efforts visant à restaurer la stabilité et assurer la prospérité.

M. CELSO L. N. AMORIM (Brésil) a déclaré que malgré tous les efforts des signataires des accords de Bangui et de la communauté internationale, de nouveaux éléments qui ne sont pas forcément favorables au processus de paix sont apparus. Le fait que les dirigeants du Groupe des onze partis politiques de l'opposition et ceux des quatre centrales syndicales aient décidé de se retirer du Comité préparatoire de la Conférence apporte une nouvelle préoccupation. C'est pourquoi, le Brésil est convaincu que la nomination sans délai d'un Représentant spécial pour la République Centrafricaine pourra apporter une contribution significative au processus de paix.

En ce qui concerne l'établissement d'une opération de paix des Nations Unies, le représentant a rappelé que le projet de résolution pose clairement qu'une décision sera prise d'ici au 16 mars sur la base du rapport que le Secrétaire général présentera le 23 février. Ce rapport devra contenir une proposition de structure ainsi que les objectifs et implications financières d'une telle opération, a indiqué M. Amorim, ajoutant que la responsabilité principale du processus de paix reste entre les mains des différents acteurs politiques de la République Centrafricaine. A cet égard, il a souligné le rôle central du Président Patassé.

M. RASHID AL-DOSARI (Bahreïn) s'est félicité des efforts de médiation du Président du Gabon, M. Omar Bongo, et du rôle exemplaire de la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui en vue de rétablir une paix et une sécurité durable en République centrafricaine. Sa délégation souhaite que tous les Accords de Bangui soient mis en oeuvre. Le Bahreïn estime que les institutions spécialisées et en particulier le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), apportent l'appui nécessaire aux réformes économiques et sociales entreprises par le gouvernement centrafricain. Le Bahreïn appuie la prorogation du mandat de la MISAB jusqu'au 16 mars prochain.

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M. THOMAS B. AMOLO (Kenya) a appuyé les efforts déployés par le Secrétaire général ainsi que ses recommandations concernant la situation en République centrafricaine. Le gouvernement kenyan se dit inquiet de la fragilité de la présente situation et de ses incidences sur la stabilité régionale et sur la paix et la sécurité internationales. La MISAB a joué un rôle exemplaire dans des circonstances extrêmement difficiles. La délégation kenyane émet la crainte que le retrait anticipé de l'appui logistique et financier de la France d'ici la mi-avril, indispensable à la MISAB, compromette les progrès accomplis et déstabilise la paix fragile dans le pays. C'est précisément pour ces raisons que le Kenya appuie les recommandations du Secrétaire général visant à redresser sans délai la situation en République centrafricaine. M.Amolo a estimé que la présente résolution répond à ces préoccupations. C'est pourquoi, le Kenya votera en faveur du texte.

M. JOSE TADEU SOARES (Portugal) a déclaré que la MISAB constituait un bon exemple de ce que l'Afrique peut faire pour résoudre les crises sur ce continent. Mais, a-t-il poursuivi, les efforts entrepris nécessitent un soutien continu afin qu'ils ne soient pas compromis. Le Portugal appuie le Comité international de suivi des Accords de Bangui, ainsi que les pays fournisseurs de troupes. Le représentant a également loué les efforts du Président du Comité international de suivi et le président gabonais Omar Bongo en vue de résoudre la crise.

La situation en République centrafricaine demeure toutefois instable, a poursuivi le représentant. La sécurité est précaire et l'instabilité que connaît le pays pourrait avoir des conséquences graves pour la région. C'est pourquoi le Portugal se félicite de la proposition du Secrétaire général de maintenir une présence internationale en République centrafricaine et estime que les parties doivent s'acquitter le plus rapidement possible de toutes les dispositions des Accords de Bangui. Face aux tâches énormes qu'il reste à accomplir, le Portugal pense qu'il est nécessaire d'établir une opération de maintien de la paix en tant que mesure préventive et appuie donc le projet de résolution.

M. MOMODOU SALLAH (Gambie) s'est félicité des efforts considérables déployés par la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (MISAB) pour restaurer la paix et la sécurité en République centrafricaine et dans la région. Il a regretté qu'en dépit de ces efforts, la paix demeure fragile dans le pays. Le maintien d'une opération crédible contribuera à créer un climat propice pour la tenue d'élections législatives en août et septembre 1998. Le représentant a estimé que les Nations Unies doivent donner une suite favorable à la demande du Président Patassé pour mettre en place une force de maintien de la paix crédible dans le pays. La Gambie appuie le présent projet de résolution et votera en faveur du texte.

M. HANS DAHLGREN (Suède) s'est félicité du rôle crucial que la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (MISAB) a joué pour faciliter le retour à la paix et à la sécurité en République centrafricaine. Des progrès notables ont été réalisés au cours de l'année dernière dans la

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mise en oeuvre des Accords de Bangui. Sa délégation émet l'espoir que des efforts concertés seront déployés pour appliquer les dispositions de ces Accords, visées par la lettre du président de République centrafricaine. La Suède appuie la prorogation du mandat de la MISAB jusqu'au 16 mars prochain. M. Dahlgren a estimé qu'il est également nécessaire de maintenir une présence internationale en République centrafricaine à l'expiration du mandat de la MISAB. Il incombe aux Nations Unies de maintenir la paix et la sécurité internationales. La Suède appuie donc la recommandation du Secrétaire général visant à assurer le suivi de la MISAB en mettant en place une opération de maintien de la paix. Le gouvernement suédois attache une grande importance à l'aspect préventif et multidisciplinaire de la future opération de maintien de la paix des Nations Unies.

M. DANILO TURK (Slovénie) a estimé que la situation et le processus de paix en République centrafricaine restent précaires. La Slovénie est encouragée par la volonté des Etats qui participent à la Mission interafricaine chargée de surveiller les Accords de Bangui (MISAB) de proroger le mandat de la Mission afin de la mener à son terme, étant entendu qu'une opération de maintien de la paix prendra le relais. La Slovénie accorde la plus grande importance à la rapide mise en oeuvre des Accords de Bangui. A cet égard, elle rend hommage à l'appui apporté par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Comité international de suivi et l'encourage à poursuivre ses efforts. De même, le Président de la République centrafricaine, M. Patassé, devra respecter dans les plus brefs délais l'engagement qu'il a pris de mettre en oeuvre les Accords de Bangui dans la lettre qu'il a adressée au Secrétaire général.

La Slovénie attache la plus grande importance à la prorogation du mandat de la MISAB jusqu'au 16 mars 1998 en attendant l'établissement d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies. Selon elle, il importe que la communauté internationale et la République centrafricaine manifestent leur volonté d'instaurer de façon durable la paix et la sécurité et s'engagent à mettre en oeuvre le programme d'ajustement structurel. La Slovénie est encouragée par le fait que toutes les partis politiques centrafricains ont exprimé leur intention de participer à la Conférence de réconciliation nationale organisée à Bangui du 23 au 28 février.

M. STEPHEN GOMERSALL (Royaume-Uni) a salué les grands efforts du Président gabonais Omar Bongo pour obtenir une paix durable en République centrafricaine. Il a loué les efforts de la MISAB pour maintenir la paix dans le pays, ainsi que ceux des pays africains contributeurs de troupes, et a rendu hommage à la France pour l'appui logistique qu'elle apporte. Il a indiqué que son pays soutenait la poursuite d'une présence internationale sous réserve de certaines conditions et qu'il examinerait favorablement la requête du Secrétaire général en ce sens. Pour le Royaume-Uni, le Gouvernement de la République centrafricaine doit notamment répondre aux conditions dans des domaines financier et économique. Il faut, en outre, surveiller les progrès dans la mise en oeuvre des réformes dans le pays. Le Royaume-Uni votera donc en faveur du projet de résolution, a indiqué le représentant.

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M. YURIY V. FEDOTOV (Fédération de Russie) s'est félicité des efforts de médiation déployés par le Président du Gabon, M. Omar Bongo, et de ceux de la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui. Il a toutefois regretté que la situation dans le pays demeure précaire. Sa délégation estime qu'il est nécessaire de maintenir une présence des Nations Unies pour une durée limitée afin de restaurer la paix et la stabilité en République centrafricaine et dans la région. La Fédération de Russie examinera de façon plus approfondie les recommandations du Secrétaire général, à la lumière de son rapport complémentaire.

M. MELVIN SAENZ BIOLLEY (Costa Rica) a loué les efforts du Président gabonais Omar Bongo pour parvenir à la réconciliation et s'est félicité, en outre, des efforts des pays africains pour résoudre les conflits sur le continent. Les pays de la sous-région qui font partie du Comité international de suivi ont développé un effort intelligent de diplomatie préventive dans la région, avec le soutien logistique de la France, a-t-il déclaré.

La paix et la sécurité en République centrafricaine doivent se fonder sur les particularités mêmes du pays qui connaît des conditions de vie difficile, a-t-il poursuivi. C'est pourquoi le pays doit pouvoir surmonter les difficultés économiques qui affectent son développement. Il est important que la communauté internationale se penche sur cette question et soutienne le développement du pays. Le représentant a souligné le rôle joué par la MISAB en faveur de la sécurité des citoyens. C'est notamment pour cette raison que la présence international doit se poursuivre. Le Costa Rica votera donc en faveur du projet de résolution. Le représentant a conclu en soulignant l'importance de pouvoir déployer dans un avenir proche une opération de maintien de la paix en République centrafricaine.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) s'est félicitée de la contribution du Président du Gabon, de l'ancien Président du Mali, de celle d'autres Etats ainsi que de la France pour rétablir la paix et la sécurité en République centrafricaine. Par le biais de la MISAB, ils ont rétabli la sécurité à Bangui, mis en oeuvre un programme de désarmement efficace et contribué à créer les conditions nécessaires à l'application des Accords de Bangui. C'est pourquoi, les Etats-Unis appuient pleinement la prorogation, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, du mandat de la MISAB jusqu'au 16 mars 1998. Les Etats-Unis seront prêts à prendre une décision sur une éventuelle mission de maintien de la paix des Nations Unies en République centrafricaine. Ils examineront si le processus institutionnel, politique, militaire et les réformes économiques en République centrafricaine pourraient être aidés par la garantie de sécurité qu'apporterait une opération de maintien de la paix. La délégation des Etats-Unis examinera de manière approfondie les recommandations du Secrétaire général concernant la dimension, le mandat, les coûts et le retrait de la future opération de maintien de la paix.

( suivre)

- 13 - CS/896 5 fvrier 1998

La représentante a estimé que la communauté internationale peut assister mais non pas se substituer aux efforts déployés par le gouvernement de la République centrafricaine en vue d'établir une stabilité durable. Pour garantir son efficacité, une opération de maintien de la paix doit être liée à la mise en oeuvre des réformes fondamentales dans les domaines politique, économique et de la sécurité. Il incombe donc au gouvernement de République centrafricaine de s'y atteler immédiatement. De l'avis de Mme Sodenberg, la nomination prochaine d'un Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine pourrait aider le Gouvernement centrafricain, les institutions spécialisées et la communauté internationale à élaborer un programme de transition coordonné qui pourrait régler la crise dans le pays et instaurer une paix plus permanente.

Le Ministre d'Etat des affaires étrangères du Gabon, M. CASIMIR OYE MBA, a rappelé que le Président Bongo, en sa qualité de Président de la médiation internationale sur la crise centrafricaine, avait exprimé au Conseil de sécurité, dans sa lettre adressée à son Président, la nécessité impérieuse de prendre toutes les mesures qui s'imposaient afin d'éviter que la situation en République centrafricaine, faute d'assistance adéquate, ne dégénère à nouveau. M. Oye Mba s'est déclaré heureux que la résolution que le Conseil de sécurité vient d'adopter prenne en compte cette préoccupation. Il a par ailleurs salué les sacrifices consensits par les pays africains qui participent à la MISAB, l'assistance du Programme des Nations Unies pour le développement, et il a loué l'engagement de tous les partenaires, en particulier la France, dont la contribution logistique et financière à la MISAB a permis à la MISAB de mener à bien son mandat. Au moment où la composition et les moyens de la MISAB vont connaître des changements importants, en raison du retrait annoncé de la France, M. Oye Mba a estimé qu'il est justifié que s'exprime la solidarité de la communauté internationale avec le peuple centrafricain, notamment par le déploiement en temps opportun d'une opération de maintien de la paix.

En agissant dans ce sens, le Conseil contribuerait efficacement à prévenir la résurgence de nouveaux conflits en République centrafricaine, dont les effets comporteraient de graves menaces pour la paix de l'ensemble de la sous-région de l'Afrique centrale, déjà si fragilisée, a estimé M. Oye Mba. Il a exprimé sa vive préoccupation devant les nouveaux atermoiements du Conseil de sécurité, lorsqu'il s'agit du déploiement d'une opération de maintien de la paix en Afrique.

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