FEM/981

POUR LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS PERSISTANTES CONTRE LES FEMMES, L'INDONESIE A DEVELOPPE UN PLAN POUR LE PARTENARIAT HARMONIEUX ENTRE LES DEUX SEXES

2 février 1998


Communiqué de Presse
FEM/981


POUR LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS PERSISTANTES CONTRE LES FEMMES, L'INDONESIE A DEVELOPPE UN PLAN POUR LE PARTENARIAT HARMONIEUX ENTRE LES DEUX SEXES

19980202 Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes s'est réuni, ce matin, pour procéder à l'examen des deuxième et troisième rapports périodiques combinés de l'Indonésie. M. Makarim Wibisonoi, Représentant permanent de l'Indonésie auprès des Nations Unies, a fait, au nom du Ministre d'Etat pour la valorisation du rôle de la femme, une déclaration liminaire. Il a indiqué qu'en réponse à la persistance de certaines discriminations et pour accélérer l'égalité entre les sexes des mesures spéciales ont été prises, notamment dans le domaine de l'alphabétisation des femmes, de leur formation et de la protection de la maternité. Si le Ministère d'Etat pour la valorisation du rôle de la femme assure les fonctions de coordination, d'évaluation et de suivi de la politique indonésienne en faveur des femmes, les représentants des pouvoirs publics au niveau régional et local ainsi que les organisations non gouvernementales, les organisations professionnelles et les représentants de la société civile sont largement associés au processus de promotion de la parité entre les sexes, a-t-il déclaré. Afin d'assurer la mise en oeuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et les dispositions de la Plate-forme de Beijing, un Plan pour le partenariat harmonieux entre les hommes et les femmes dans le domaine de la famille, de la société et du développement a été mis en place. M. Wibisonoi a affirmé que la réserve émise par son Gouvernement à l'alinéa 1 de l'article 29 de la Convention, relatif à la compétence de la Cour internationale de Justice, n'entrave en rien l'application de la politique nationale de promotion de la femme. Le Représentant permanent a également précisé que des efforts particuliers sont déployés pour protéger les nombreuses femmes indonésiennes migrantes.

M. Wiek Wibadswo, Ministre adjoint pour la valorisation du rôle de la femme, a ensuite présenté en détails les mesures prises par le Gouvernement indonésien conformément à chaque article de la Convention et a répondu aux questions du Groupe de travail pré-session.

Le Comité achèvera l'examen des rapports périodiques de l'Indonésie cet après-midi, à 15 heures.

Documentation

Deuxième et troisième rapports de l'Indonésie

L'Indonésie compte un peu plus de 195 millions d'habitants dont 50,3% sont des femmes. La population est multiethnique, multiculturelle et multilingue. La République d'Indonésie a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes le 24 juillet 1984. Le Gouvernement indonésien a émis une réserve sur le paragraphe 1 de l'article 29 car il a jugé inapproprié que la Cour internationale de Justice intervienne dans les problèmes intérieurs du pays. L'application de la Convention à l'échelon national relève du Bureau du Ministre d'Etat pour la valorisation du rôle de la femme. Crée en 1978, il est actuellement dirigé par une femme et coordonne l'application des programmes visant à valoriser le rôle des femmes dans les différents secteurs. Dans les 27 provinces, des équipes d'encadrement ont été constituées pour encourager l'action en faveur des femmes. Des centres d'études sur les femmes ont également été créés dans les universités. L'Etat a mis en place 5 grands programmes prioritaires qui sont axés sur la valorisation du rôle des femmes dans l'amélioration du bien-être familial (promotion de la santé de la famille notamment par la réduction de la fécondité et de la mortalité infantile), l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle (utilisation d'utiliser les services de santé de base), la valorisation du rôle des travailleuses (protection des travailleuses dans le pays et à l'étranger), amélioration de l'instruction et de la formation des femmes (programmes en faveur de l'enfance et développement d'un milieu socio-culturel favorable à la promotion de la femme par la diffusion d'informations sur la promotion de la femme)

La Pancacila, qui est la philosophie d'Etat définissant le style de vie et l'idéologie de la nation indonésienne, ne fait aucune distinction entre les hommes et les femmes. La Constitution de 1945 stipule que tous les citoyens ont le même statut, les mêmes droits, les mêmes obligations et les mêmes possibilités, tant au sein de la famille que dans la société. Les institutions de promotion de la femme sont nombreuses, mais elles s'intéressent surtout aux problèmes pratiques qui se posent aux femmes et leur efficacité demeure limitée, en raison d'un manque de personnel et de ressources généralisé.

Les autorités s'emploient à éliminer la notion de supériorité masculine, souvent dictée par les croyances culturelles et religieuses. Le mari est le chef de famille, chargé de subvenir aux besoins de sa femme et de ses enfants. Les hommes, en majorité ne sont pas disposés à renoncer à leurs privilèges acquis et les femmes se heurtent encore à bien des difficultés pour accéder à des postes de responsabilité et d'autorité. Par ailleurs, la polygamie persiste dans les régions rurales reculées et, en droit musulman, les décisions concernant le divorce et le remariage appartiennent au mari qui a le droit de répudiation. En outre, les obligations à l'égard d'un enfant né hors

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mariage incombent à la mère et à sa famille et non au père. Dans le domaine de l'emploi, les femmes salariées du secteur d'Etat sont considérées comme célibataires et ne reçoivent pas d'indemnités pour charge familiale quel que soit leur statut. L'idée persiste que l'emploi de la femme est toujours secondaire à celui de son mari et que la carrière d'une femme passe invariablement après celle de son mari et les intérêts de sa famille. Dans le domaine de l'éducation, malgré les principes d'égalité inscrits dans la loi, il subsiste encore des règlements et des traditions qui établissent une distinction entre hommes et femmes. On estime ainsi que les filles n'ont pas à poursuivre leurs études puisqu'elles se cantonneront dans le rôle de femmes au foyer.

Le racolage est illégal mais la prostitution elle-même ne l'est pas. Aucune loi spécifique n'a été adoptée concernant le trafic des femmes et leur exploitation. Toutefois les autorités ont organisé des programmes de sensibilisation sur le sida et sa prévention ainsi que des programmes de réhabilitation, de formation et d'éducation à l'intention des prostituées.

Aucune disposition législative n'empêche les femmes de voter ni de se porter candidates aux organes législatifs, judiciaires et exécutifs. Toutefois, il y a peu de femmes en politique, dans la vie publique et aux postes élevés.

En 1989, la durée de la scolarité obligatoire a été portée à neuf ans. L'enseignement n'est pas gratuit mais une aide est accordée aux enfants méritants et aux enfants pauvres. Les écoles sont en majorité mixtes. Dans les années 80, un programme national d'implantation scolaire axé sur les campagnes a permis à l'analphabétisme féminin de passer de 21% à 11% dans les campagnes et de 42 à 26% dans les villes. Les filles demeurent sous- représentées dans les écoles secondaires. En 1991, les femmes représentaient 42% des étudiants nouvellement inscrits dans l'enseignement supérieur, 35% des étudiants poursuivant leurs études à ce même niveau et 36% des diplômés. Elles sont les plus nombreuses dans les domaines linguistique et littéraire.

En ce qui concerne le travail, un règlement du Ministère du travail interdit aux employeurs de mettre fin à l'emploi des travailleuses pour cause de mariage, de grossesse ou d'accouchement. Ce même règlement exige que l'employeur assigne d'autres tâches à une travailleuse enceinte si ses fonctions normales sont incompatibles avec la grossesse. Un congé de maternité d'un mois et demi avant la date de l'accouchement et d'un mois et demi après. Les travailleuses ne peuvent être requises de travailler le premier et le deuxième jours de la période menstruelle. Les femmes ne peuvent être obligées à travailler de nuit mais elles peuvent être autorisées à le faire pour assurer la continuité de la chaîne de production. Le travail de nuit ne peut être demandé qu'aux femmes de plus de 18 ans ou aux femmes mariées, pour ce faire l'autorisation du mari ou du tuteur est requise et les coutumes locales doivent être respectées. La loi sur le travail fait un certain nombre de distinctions entre les hommes et les femmes, qui sont

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défavorables aux femmes. Un décret sur la rémunération du personnel des entreprises d'Etat définit les femmes et les enfants comme les personnes à charge. De ce fait, les femmes ne reçoivent pas d'indemnité quel que soit leur statut matrimonial. Dans le secteur public, il y a relativement peu de femmes dans les postes de haut niveau et cette proportion est encore plus faible dans le secteur privé. De plus en plus nombreuses sont les Indonésiennes qui vont travailler à l'étranger, de manière légale ou non. Elles sont souvent employées dans les services domestiques, viennent le plus souvent de familles pauvres des régions rurales et ont un niveau peu élevé de compétences et d'éducation. Si les femmes estiment que leurs droits n'ont pas été respectés et qu'elles font l'objet d'une discrimination dans le travail, à ce jour elles ne peuvent recourir qu'aux syndicats.

Les pouvoirs publics gèrent un vaste réseau de services de santé qui sont particulièrement orientés vers les mères et les enfants. Il existe notamment un réseau de postes de santé gérés par les collectivités, exploités par près d'un million de volontaires des villages et qui fournissent notamment un centre d'accouchement dans chaque village. L'effectif du personnel de santé a augmenté sensiblement pendant les années 80, malgré cela près de 64% des accouchements se faisaient encore avec l'aide des accoucheuses traditionnelles en 1993 et le taux de mortalité maternelle est élevé. Pour pallier les inconvénients de cette situation, un programme a été institué en 1991 qui vise à placer des sages-femmes qualifiées dans tous les villages. Un vaste réseau de services de planification familiale a également été mis en place. Le taux d'utilisation de la contraception est élevé et le pourcentage des couples utilisant les méthodes modernes de contraception est passé de 38% en 1987 à 47% en 1991. Il n'est pas expressément fait mention de l'avortement dans la loi, mais un article stipule, qu'en cas d'urgence, lorsqu'il importe de protéger la vie de la mère, il est possible d'y recourir. Le Département des affaires sociales diffuse des campagnes sur les maladies sexuellement transmissibles et le danger du sida à proximité des lieux que fréquentent les prostituées.

Les femmes ont le droit de demander des prêts bancaires et des hypothèques, elles ont pour cela besoin d'une personne qui garantisse leur demande, sans nécessairement que cela soit le mari. Il existe plusieurs programmes de prêts destinés particulièrement aux femmes, tant dans le secteur de l'industrie que de l'agriculture. Il existe également des programmes spécialement conçus pour favoriser le progrès des femmes des régions rurales. Le Mouvement pour le bien-être de la famille (PKK), par le biais de l'action de 2 millions de volontaires, constitue un important mécanisme pour la participation des femmes au développement. L'importance de l'agriculture est en baisse relative mais ce secteur continue à assurer du travail à la majorité des femmes actives. En outre, les migrations des hommes des régions rurales ont augmenté les responsabilités des femmes dans le domaine de l'agriculture car elles sont devenues de facto chefs de ménage. Ce rôle élargi n'est toutefois pas reconnu par les autorités et non seulement les femmes voient leur charge de travail augmenter, mais elles n'ont aucun revenu indépendant,

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aucune reconnaissance et aucun titre officiel à la terre, par suite du régime d'héritage et du droit coutumier. Cette situation limite par ailleurs leur accès aux activités d'information et réduit leur participation effectives aux décisions du ménage, en particulier en ce qui concerne les activités agricoles.

Les hommes et les femmes ont le droit de se marier, sur la base du consentement mutuel. L'âge minimum du mariage est de 16 ans pour les femmes et de 19 ans pour les hommes mais les autorités encouragent les mariages plus tardifs (20 ans pour les femmes et 25 pour les hommes) afin de permettre aux filles de poursuivre leurs études et d'être plus mûres pour commencer la vie commune. Malgré cela, la majorité des jeunes des campagnes continuent à se marier avant l'âge officiellement autorisé. Les femmes ne peuvent se faire stériliser sans le consentement de leur mari mais celui-ci n'est pas exiger pour le recours aux méthodes anticonceptionnelles réversibles. En cas de divorce, seules les femmes sont soumises à des conditions pour le remariage.

Présentation du rapport par l'Etat partie et réponses aux questions du Groupe de travail pré-session

M. MAKARIM WIBISONOI, Représentant permanent de la République d'Indonésie auprès des Nations Unies, a donné lecture de la déclaration liminaire qui devait être faite par Mme Mien Suggandhi, Ministre d'Etat pour le rôle de la femme de la République d'Indonésie, malheureusement retenue à Jakarta. Le représentant a rappelé que les femmes indonésiennes ont désormais atteint l'égalité avec les hommes devant la loi. Il a reconnu toutefois que certaines discriminations subsistent, ajoutant que certaines sont perpétuées par les femmes elles-mêmes. Afin d'accélérer l'égalité entre les sexes, le Gouvernement a conçu des mesures spéciales s'attaquant notamment à l'analphabétisme, améliorant la formation et renforçant la protection de la maternité. La mise en oeuvre de la politique à l'égard des femmes est assurée par les pouvoirs publics en collaboration avec les ONG et à la société civile. De nombreux séminaires sont ainsi organisés en commun. C'est le Ministère d'Etat pour le rôle de la femme qui assure le suivi de toutes les politiques touchant les femmes. Il exerce aussi des activités de coordination, d'évaluation et de promotion des questions de la femme. En 1994, un nouveau bureau a été crée au sein du Ministère des affaires étrangères afin de multiplier les liens et la coopération avec des agences gouvernementales étrangères. Tous les représentants des autorités publiques, aussi bien au niveau de la région que du simple village, sont priés de garantir la coordination des activités relatives à la promotion de la femme.

La Convention et la Plate-forme de Beijing sur les femmes ont été traduites en indonésien tant au niveau central que régional. On a également introduit le concept d'un partenariat harmonieux entre les femmes et les hommes dans le contexte de la famille, la société et le développement. Le Gouvernement avec les organisations professionnelles et les universités a également adopté l'aperçu pour le partenariat harmonieux entre les sexes, afin

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de renforcer le statut et le rôle de la femme, ainsi que les efforts visant à éliminer toutes les formes de discrimination et de violence. Au sein de ses plans quinquennaux, le Gouvernement donne la priorité à la pauvreté, l'éducation, la santé et l'émancipation des femmes, conformément à la Plate- forme de Beijing. En outre, un programme sur les femmes dans les conflits armés a été mis en place.

Le Gouvernement de l'Indonésie continue de renforcer la mise en oeuvre des droits de l'homme et notamment des femmes. Une Commission nationale des droits de l'homme a été établie et elle fonctionne comme une institution indépendante. Malgré les nombreux efforts menés, il demeure un certain nombre de violations des droits de l'homme, y compris des femmes. Il n'y a pas de disposition législative qui empêche les femmes d'être actives dans la vie politique, toutefois rares sont celles qui y participent à un échelon élevé. Des séminaires et ateliers d'information, auxquels participent des organisations de femmes, sont régulièrement organisés pour lutter contre le poids de la tradition.

Pour ce qui est de la situation des femmes migrantes, M. Wibisonoi a expliqué que chaque année les femmes arrivant sur le marché de l'emploi sont plus nombreuses que les hommes (7,1% contre 3,9%). Ce nombre ne peut être absorbé par le marché intérieur et c'est pourquoi beaucoup de femmes se tournent vers l'étranger. Près de 700 000 travailleurs migrants vont travailler dans le secteur formel alors qu'environ 325 000 seront employés dans le secteur informel. Le problème est que certaines travailleuses migrantes indonésiennes sont maltraitées par leurs employeurs. Le représentant a toutefois estimé que les problèmes rencontrés par les travailleuses, en Arabie Saoudite notamment, sont dûs à des différences culturelles et doivent être réglés entre les deux pays. Parmi les autres problèmes auxquels les femmes migrantes doivent faire face, on note : le manque de protection, le manque de compétence et la mauvaise compréhension de la langue du pays d'accueil, ainsi que l'absence de papiers en bonne et due forme. Il y a un manque de suivi de la situation des travailleuses migrantes, a reconnu M. Wibisonoi, qui a précisé que le Gouvernement a décidé d'examiner le système de placement à l'étranger et d'informatiser toutes les fonctions du système de surveillance de la mobilité des travailleuses à l'étranger. Une institution d'offres d'emplois à l'étranger donnant de nombreuses informations devrait être créée, et l'on va s'attacher à intensifier la préparation des femmes qui s'apprêtent à partir et à développer la coopération avec les institutions à l'étranger qui peuvent apporter un appui aux femmes indonésiennes qui en ont besoin.

Le représentant a affirmé, en conclusion, que la réserve émise par son pays à l'article 29 de la Convention, relatif à la compétence de la Cour de Justice internationale, n'affecte en rien la mis en oeuvre de la politique du Gouvernement de l'Indonésie en faveur des femmes.

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Présentant ensuite le rapport article par article, M. WIEK WIBADSWO, Ministre adjoint pour la violation du rôle de la femme, a indiqué que nombre des freins importants à l'égalité ont trait à la manière dont les femmes se voient elles-mêmes. C'est pourquoi le sixième plan quinquennal s'attache à favoriser l'évolution harmonieuse des rôles de l'homme et de la femme au sein de la société. Dans le domaine de l'éducation des programmes obligatoires de 9 ans sont encouragés pour diminuer le fossé existant entre les hommes et les femmes. En matière de santé, les efforts ont surtout été tournés vers la réduction de la mortalité infantile et maternelle. Un vaste programme de formation de sages-femmes a ainsi été mis en place. Par ailleurs, l'acceptation des méthodes de contraception modernes a progressé grâce au travail de personnes volontaires dans les villages et en milieu rural (en 1995-1996, l'utilisation de ces méthodes a augmenté de 8,4%). Pour ce qui est des travailleuses, le Gouvernement s'est surtout attaché à améliorer la situation des femmes à faibles revenus et à apporter des informations et des conseils aux femmes du secteur informel.

Afin d'assurer le développement d'un environnement socio-culturel favorable à la promotion de la femme, le Gouvernement a multiplié la communication avec les organisations non gouvernementales, les organisations professionnelles et la société civile. Il a également multiplié les informations visant à faire connaître à tous les citoyens les droits des femmes. La priorité a été donnée à la prise de conscience collective. Un nouveau règlement du Ministère du travail va être mis en place concernant l'emploi des femmes la nuit et l'interdiction de licenciement des travailleuses pour raisons de mariage, de grossesse ou d'accouchement. Le Ministère d'Etat pour la valorisation du rôle de la femme a publié un décret sur la promotion de la participation de la femme au niveau central, régional et local et le Ministère de l'intérieur en a fait de même.

Au titre des mesures temporaires spéciales, des programmes d'alphabétisation, de formation et de protection de la maternité ont été mis en place. Par ailleurs des prêts sans garantie sont accordés aux femmes dans le cadre des efforts pour promouvoir l'accès au micro-crédit. Pour ce qui est de l'emploi, il existe des programmes sectoriels qui visent particulièrement les femmes. Par ailleurs, le Ministère pour la valorisation du rôle de la femme a mis en place un programme intégré visant à améliorer la productivité des femmes. En matière de lutte contre la violence des femmes, M. Wibadswo a précisé qu'il existe des centres de conseils juridiques pour les femmes, ainsi que de nombreux refuges gérés par les ONG.

En ce qui concerne la lutte contre les stéréotypes, le représentant a reconnu que les attitudes sociales nuisent à la pleine participation des femmes au développement. Le statut des hommes et des femmes au sein du mariage est différent. L'homme est le chef de famille alors que la femme est responsable de l'entretien du domicile et de la famille. Parmi les mesures temporaires positives, le Gouvernement a modifié le Code du mariage, qui procure notamment une meilleure protection aux épouses des fonctionnaires.

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Le trafic et l'exploitation des femmes ne sont pas réglementés en vertu d'une loi spéciale. Le Ministère des affaires sociales offre cependant des mesures de réadaptation aux prostituées. Le Gouvernement a pris également des mesures de prévention et a recueilli des données statistiques, relatives essentiellement au VIH/sida.

Le Gouvernement gère un vaste réseau de services de santé particulièrement tournés vers la santé des femmes et des enfants se trouvant dans les zones les plus reculées du pays. Ces services sont complétés par l'action de volontaires dans les villages. Depuis 1976, le taux de mortalité des nourrissons a ainsi baissé de 50%. Des postes de lutte contre la toxicomanie ont également été mis en place dans les régions les plus isolées. En matière de planification familiale, des efforts importants ont été déployés. L'avortement libre demeure toutefois interdit, mais il est possible d'y recourir dans des circonstances particulières et selon une procédure bien définie. Plusieurs projets de lois ont été présentés pour combattre la diffusion du VIH/sida.

L'Indonésie n'a pas de système complet de prestations familiales profitant à l'ensemble des familles. Les prestations des femmes mariées et salariées vont au mari.

En ce qui concerne l'article 13 relatif aux droits et aux avantages sociaux, économiques et culturels, le consentement du mari est requis si les femmes et les hommes ont des biens en commun. A propos de l'article 14 sur les femmes rurales, le représentant a souligné le renforcement du rôle des femmes dans les industries de petite échelle ainsi que dans les villages pauvres ou démunis. Le Mouvement pour le bien-être de la famille est un mouvement national orienté principalement pour promouvoir le rôle des femmes dans les milieux ruraux. Les applications de la philosophie du Pancacila, qui est la philosophie d'Etat définissant le style de vie et l'idéologie de la nation indonésienne, vise à encourager les initiatives personnelles. D'autres programmes ont été institués pour développer les aptitudes des femmes tel que le Programme intégré pour la valorisation du rôle de la femme et la promotion de familles saines et prospères ou le Programme pour le développement du rôle des femmes dans la petite industrie. La charge de travail des femmes augmente en milieu rural. A propos des micro-crédits, ceux-ci s'appliquent aussi bien aux femmes qu'aux hommes. La femme rurale participe activement aux travaux agricoles et domestiques. Le fardeau est plus lourd pour les femmes que pour les hommes qui participent peu aux travaux domestiques. L'accès des cultivatrices à l'information concernant l'agriculture est limité. Il y a des barrières entre les vulgarisateurs masculins et les femmes du fait que ceux-ci préfèrent parler aux hommes. Le statut des hommes reste plus élevé au sein du ménage.

A propos de l'article 15 relatif à l'égalité devant la loi, le représentant a rappelé que l'égalité de chance et de droit est soulignée dans les directives de la politique nationale. Le Pancacila ne fait pas de

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distinction entre les hommes et les femmes. Les femmes ont les mêmes droits que les hommes dans toutes les activités de développement. L'Indonésie est favorable à un meilleur partage du pouvoir entre les hommes et les femmes comme le confirment plusieurs mesures prises par le Gouvernement ainsi que l'élaboration et l'amendement de textes législatifs visant à garantir l'égalité des femmes. Un Groupe de travail du Bureau du Ministre d'Etat pour la valorisation du rôle de la femme a été mis en place afin d'étudier les questions concernant la promotion de la femme, d'identifier les textes législatifs contenant des clauses discriminatoires et de proposer des amendements.

La Loi sur le mariage, promulguée en janvier 1974, n'élimine pas entièrement la diversité des règles tenant à la pluralité et à la diversité des ethnies et des religions en Indonésie, mais elle contient un ensemble de principes cohérents ayant force obligatoire qui s'appliquent à tous les citoyens indonésiens quelle que soit leur religion. Le consentement des deux parties au mariage est requis. En ce qui concerne la décision d'avoir des enfants, une femme ne peut se faire stériliser sans le consentement du mari. La femme peut cependant avoir recours à des méthodes de contraception réversibles sans le consentement de son mari. Les biens acquis pendant le mariage sont des biens communs. En cas de dissolution du mariage par divorce, les biens communs sont répartis selon les dispositions appropriées de la loi. Le Gouvernement indonésien déclare sa résolution et sa volonté politique sans réserve d'atteindre l'égalité réelle et d'éliminer toute forme de discrimination. Le représentant a déclaré que la participation des femmes et leur pleine intégration au développement national et à la société constituent des éléments essentiels pour le développement et pour l'établissement de la véritable démocratie.

Répondant aux questions posées par le Groupe de travail pré-session, M. WIEK WIBADSWO a déclaré que, selon la Constitution de 1945, il n'y a pas de discrimination entre les hommes et les femmes. Tout citoyen a droit de travailler et d'espérer un bon niveau de vie. Bien avant la Conférence de Pékin, le Gouvernement de l'Indonésie a pris des mesures pour favoriser le rôle des femmes. Le développement économique du pays a eu de grandes répercussions sur les femmes. Il y a davantage de possibilités d'emploi pour les femmes dans les secteurs formel et informel. La crise que traverse actuellement le pays touche aussi bien les femmes que les hommes. Les directives de la politique d'Etat sont le produit des travaux des institutions politiques les plus élevées du pays. Les directives représentent les aspirations politiques et sociales de l'ensemble de la population. Les programmes consacrés aux femmes ont permis d'accroître la participation des femmes à la vie active et d'améliorer la qualité de l'éducation, de la santé et de la nutrition des femmes. Les organisations de femmes participent activement à toutes les étapes du développement. Les obstacles à franchir sont notamment liés à certaines normes socio-culturelles qui continuent à nuire aux femmes et au manque de compétence et d'information en ce qui concerne les questions de sexospécificité dans les programmes consacrés aux

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ressources humaines. Le représentant de l'Indonésie a signalé une réduction du taux de mortalité maternelle. L'élimination de la pauvreté des femmes est un domaine prioritaire et le Gouvernement de l'Indonésie s'efforce d'élaborer des politiques privilégiant le rôle des femmes dans le développement. Des équipes de gestion ont été créées dans chaque province afin de mettre en oeuvre les politiques visant à promouvoir le rôle des femmes. Ces équipes rendent directement compte de leur travail au Ministère d'Etat pour la valorisation du rôle de la femme. Les 79 centres d'études féminines sont soutenus par le Gouvernement. En ce qui concerne l'article 4 relatif aux mesures temporaires spéciales de lutte contre la discrimination, le budget consacré en 1997/1998 aux programmes nationaux visant à renforcer le rôle des femmes est de $ 8,6 millions de dollars. La prise en compte des questions d'égalité dans le processus décisionnel est essentielle et le Gouvernement encourage la participation des femmes à ce processus.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.