FEM/968

LES EXPERTES DU COMITE S'INQUIETENT DE LA PERSISTANCE DES STEREOTYPES ET DE LA FAIBLE PARTICIPATION DES FEMMES A LA VIE PUBLIQUE EN CROATIE

22 janvier 1998


Communiqué de Presse
FEM/968


LES EXPERTES DU COMITE S'INQUIETENT DE LA PERSISTANCE DES STEREOTYPES ET DE LA FAIBLE PARTICIPATION DES FEMMES A LA VIE PUBLIQUE EN CROATIE

19980122 Les membres du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes ont continué cet après-midi à demander des renseignements complémentaires aux représentantes de la Croatie qui avaient ce matin présenté le rapport initial du pays. Selon plusieurs expertes, les nombreuses mesures prises pour protéger la femme croate en tant que mère, risquent de perpétuer l'image de la femme traditionnelle. Elles ont suggéré à l'Etat partie de faire preuve de plus de vigilance dans sa lutte contre les stéréotypes dans l'enseignement, l'accès à l'emploi, le cadre du mariage et des relations de famille ou encore pour ce qui est de la représentation des femmes dans la vie publique et politique. Ainsi, il a été noté que si le pourcentage de femmes dans le milieu judiciaire est élevé, leur présence aux postes décisionnels est moindre. Le corps enseignant compte une majorité de femmes, ont relevé les experte, mais en revanche la proportion de femmes à la tête des universités se réduit comme une peau de chagrin.

La délégation de la Croatie répondra aux questions posées par les experts lors de la séance de l'après-midi du 23 janvier.

Le Comité poursuivra ses travaux demain, à 10 heures, en entamant l'examen du rapport initial du Zimbabwe.

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Questions des experts à l'Etat partie

Plusieurs expertes ont poursuivi leurs questions relatives à l'article 5 de la Convention concernant les mesures appropriées pour éliminer les préjugés et ont demandé si des programmes spécifiques de lutte contre les stéréotypes ciblant les enfants ont été mis en place par le Ministère de l'éducation. Les femmes qui occupent des positions de direction dans les médias ont-elles conscience des questions de parité entre les hommes et les femmes, a-t-on demandé. Au-delà des mesures pour encourager la participation des femmes à la vie publique, le Gouvernement a-t-il une politique de lutte contre l'image traditionnelle de la femme, mère avant tout ? Une experte a demandé si les hommes sont encouragés à assumer leur part des responsabilités parentales et domestiques. Notant le grand nombre de réfugiés (plus de 500 000), un membre du Comité a souhaité savoir comment le Gouvernement gère les problèmes liés aux tentatives de retour dans les régions d'origine. Selon certaines informations, plusieurs femmes réfugiées qui ont tenté de rentrer chez elles ont été victimes de violence, notamment de la part de l'armée. Le Comité a demandé si ces faits sont confirmés et s'il existe des mesures pour protéger ce groupe de femme et punir les coupables. Dans les cas de violence au sein du domicile conjugal, les femmes victimes qui ne désirent pas porter plainte ont-elles un autre type de recours et accès à une assistance ? A-t-on pu identifier les raisons pour lesquelles les victimes hésitent à porter plainte ? Le droit à la confidentialité est-il pleinement respecté ? Citant des informations communiquées par des ONG, un membre du Comité a souhaité savoir si effectivement certains employeurs obligent les femmes à signer des contrats de travail dans lesquels elles s'engagent à ne pas avoir d'enfant pendant au- moins 5 ans.

Abordant le problème de la prostitution et du trafic des femmes, une experte s'est réjouie que le rapport fasse clairement la distinction entre le texte de la loi et son application. Elle a déploré toutefois l'absence de données concernant le trafic des femmes et les peines attribuées aux personnes ayant été poursuivies devant les tribunaux. Elle a notamment souhaité savoir s'il existe un mécanisme de contrôle de l'émigration clandestine des femmes à des fins de prostitution. Le Gouvernement peut-il confirmer le fait que désormais le proxénétisme est un délit et non plus seulement une infraction ? Ce changement a-t-il déjà eu des effets positifs sur la lutte contre le proxénétisme ? On a également demandé si, dans les faits, les prostituées victimes de viol sont traitées sur un pied d'égalité avec les autres femmes. Un membre du Comité s'est également enquis de l'existence de programmes d'aide et de réintégration des prostituées.

S'agissant de l'article 7 sur l'élimination de la discrimination dans la vie politique et publique du pays, une experte a estimé que cet article est celui qui pose le plus grand nombre de difficultés aux gouvernements. Dans la réalité on constate de nombreux obstacles à la pleine participation des femmes à la vie publique et à tous les échelons du gouvernement. L'experte s'est dit impressionnée par le nombre de femmes dans le corps judiciaire. Toutefois, malgré un taux de représentation élevé, il n'en demeure pas moins qu'elles

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sont sous-représentées aux postes de décision. Dans le domaine politique, plusieurs expertes ont voulu connaître le pourcentage de femmes membres de partis politiques et quelle forme prend leur participation. Combien de femmes sont candidates au Parlement et niveau local ? Y-a-t-il des possibilités de formation leur permettant d'accéder aux postes de décision ? Participent- elles aux syndicats et y-a-t-il des facteurs qui influent sur leur participation ? Quelle est leur représentation dans les es aux prises de décisions politiques ? Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour remédier à la situation ? Y-a-t-il un système de quota pour garantir la représentation des femmes au Parlement ou dans les partis politiques ? Y-a-t- il des programmes de sensibilisation à la participation des femmes à la vie publique ?

Au titre de l'article 10 sur l'élimination de la discrimination dans l'éducation, une experte a demandé si des mesures particulières avaient été prises pour permettre aux femmes d'avoir accès à des cours d'alphabétisation. Une autre experte a fait remarquer que l'on compte beaucoup plus de femmes dans le corps enseignant. Quelles sont les mesures prises pour rectifier ce déséquilibre ? Les conseillers en éducation, qui sont constitués de femmes à 70 %, sont-ils nommés et quel rôle ont-ils ? Ont-ils une influence sur la politique nationale ? Le grand nombre d'étudiantes dans le domaine scientifique et technique est encourageant mais combien y a-t-il de femmes professeurs à l'université et quelles disciplines enseignent-elles ? Y-a-t-il des programmes d'éducation en matière des droits de l'homme d'autant que la Croatie sort d'une guerre qui a connu de nombreuses violations de ces droits. Une experte a fait remarquer que le rôle des femmes continue d'être présenté sous un angle traditionnel et stéréotypé. En effet, dans la présentation du rapport par l'Etat partie ce matin, l'accent à été mis sur le rôle des femmes en tant que mères.

S'agissant de l'article 11 sur l'emploi, une experte a souhaité obtenir des données chiffrées actualisées sur le pourcentage de femmes dans le travail, à domicile et leurs domaines d'activités. Selon les données à notre disposition, elles représenteraient plus de 50 % des chômeurs. Y-a-t-il des programmes de formation pour les femmes chômeuses ? Est-ce que les femmes mères de famille ont la priorité dans la politique du pays ? Quel est le pourcentage de femmes occupant des postes de direction ? Une autre experte a demandé si d'autres restrictions existaient, en dehors de l'interdiction faite aux femmes mères et enceintes de faire des heures supplémentaires ou de travailler la nuit. Le rapport ne présente pas de données sur l'écart entre le salaire des hommes et des femmes. Pourquoi acceptent-on que les hommes travaillent le soir et pas les mères ? Il s'agit d'une discrimination déguisée dans la mesure où ces mesures dites de protection freine l'accession au marché du travail des femmes, a estimé l'experte.

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Abordant les questions de santé, un membre du Comité a estimé que le système de santé proposé est très développé et complet. L'experte s'est félicité du nombre de données fournies sur cette question, bien qu'elles remontent à 1992. Elle a précisé qu'il serait utile de connaître le montant des ressources affectées à la santé depuis 1991, car aux dires de certaines organisations non gouvernementales, il semble y avoir eu de fortes compressions budgétaires, notamment à l'encontre des services de santé exclusivement destinés aux femmes, tels la contraception et l'avortement. L'assurance de santé et les indemnisations s'appliquent-elles de manière différentes aux hommes et aux femmes ? Une experte a regretté qu'aucune information ne soit donnée sur les femmes qui, sans être inscrites en tant que chômeuses, n'ont pas d'emploi rémunéré. Notant l'augmentation de la proportion des personnes âgées, et notamment des femmes, dans la population, un membre du Comité a demandé s'il existe des structures de soins spécifiques pour elles. Il a également été demandé si les personnes réfugiées ont droit à tous les services médicaux, y compris l'avortement et la contraception. Les soins gynécologiques sont-ils disponibles sur un pied d'égalité pour toutes les femmes, quelle que soit leur appartenance ethnique ? Des données ventilées par sexes sur les causes de la mortalité ont également été demandées. Le rapport ne fait pas état, par exemple, d'une éventuelle augmentation du nombre de femmes touchées par le VIH/sida. En ce qui concerne la contraception, un membre du Comité a regretté que le rapport n'énumère pas les moyens de contraception qui sont proposés. Depuis la suppression du financement de l'avortement par l'Etat, quel est le coût d'une telle intervention? Les soins gynécologiques dans leur ensemble demeurent-ils gratuits ? Le Gouvernement envisage-t-il d'accorder un droit à la confidentialité aux jeunes filles qui désirent avorter et ainsi supprimer le consentement nécessaire des parents ? Notant que plusieurs hôpitaux refusent de pratiquer des avortements sur la base de l'objection de conscience, une experte a demandé si le Gouvernement s'efforce de lutter contre ce phénomène.

Revenant sur l'article 2 de la Convention, une experte a demandé si des femmes ont déjà appel à la Convention pour faire valoir leurs droits.

Pour ce qui est de la situation des femmes rurales, une experte a regretté que le rapport ne lui accorde pas davantage de considération et ne présente aucune information détaillée. C'est pourquoi elle a demandé si le Gouvernement envisage de développer un programme intégré et spécifique pour la promotion des femmes rurales, qui sont souvent doublement discriminées en raison de la prégnance des stéréotypes et de l'accès difficiles aux centres de soins notamment.

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Pour ce qui est de l'article 16 sur l'élimination de la discrimination dans toutes les questions découlant du mariage, une experte a relevé dans le rapport que la loi sur le mariage et les relations familiales stipule que les droits et devoirs qui peuvent faire l'objet d'un accord entre époux touchent notamment à la division du travail dans le cadre du mariage. On lit également que les femmes ont beaucoup plus souvent demandé le divorce que les hommes car elles assument le fardeau de la double journée. Quelles mesures peuvent être prises pour combler le fossé entre les dispositions de la Loi et sa mise en oeuvre. Est-ce que les femmes peuvent saisir les tribunaux . Y-a-t-il des services d'ordre juridique pour les aider à ce niveau ?

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