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SG/SM/6421

A L'UNIVERSITE DE KOWEIT, LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE QUE L'EDUCATION EST UN DES MEILLEURS INVESTISSEMENTS POUR LA DEFENSE

18 décembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6421


A L'UNIVERSITE DE KOWEIT, LE SECRETAIRE GENERAL SOULIGNE QUE L'EDUCATION EST UN DES MEILLEURS INVESTISSEMENTS POUR LA DEFENSE

19971218 On trouvera ci-après le texte d'une déclaration que M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, doit prononcer à l'Université de Koweït le 13 décembre :

Je suis enchanté de me trouver parmi tant de jeunes aujourd'hui. Et je suis particulièrement heureux de constater que le Koweït est en plein essor, et sa population florissante. Il y a presque sept ans, votre pays était au coeur de l'opération Tempête du désert. Votre présence ici en atteste le succès, vous à qui est donnée la possibilité d'étudier en ce haut lieu du savoir et de vous épanouir en toute liberté.

Je sais que de cette liberté, vous ferez le meilleur usage. Vous les jeunes, qui constituez la majorité de la population de votre pays, c'est vous qui donnerez son visage à la société de demain, et qui en êtes aussi l'avenir.

Or, les tâches qui vous attendent sont nombreuses. J'aimerais ici en évoquer quelques-unes avec vous.

Une nouvelle tempête se lève aujourd'hui sur le monde; bien différente des bourrasques de la guerre — c'est la tempête d'un monde en mutation. Il n'y a jamais eu dans l'histoire des hommes de transformations aussi universelles que celles que connaît l'humanité depuis quelques années. Leurs répercussions sur les êtres humains et sur les institutions sont profondes, quasiment inimaginables.

La détérioration de l'environnement, la criminalité organisée, le terrorisme, la contrebande des drogues, les effets de la mondialisation — tels qu'on les a vus dernièrement avec la propagation des chocs financiers qui se sont produits en Extrême-Orient —, ce ne sont là que quelques exemples des problèmes auxquels les pays se heurtent actuellement. Et ce sont tous là des problèmes auxquels aucun gouvernement, si puissant fût-il, ne saurait s'attaquer seul.

Les techniques nouvelles et l'accès à l'information ont rétréci les dimensions du monde. Aucun pays ne peut plus être à l'abri des effets des mesures qu'a prises ou n'a pas prises un autre pays. Les problèmes d'un pays sont les problèmes de tous. Il y a désormais des problèmes sans frontières.

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J'estime pour ma part que nous ne pourrons relever les défis que nous jette ce monde en mutation qu'à deux conditions — que nous soyons prêts à rechercher des solutions multilatérales à ces problèmes, oeuvrant en tant que communauté de nations, et à fonder notre action sur la volonté des peuples.

La volonté des peuples est le fondement sur lequel doivent s'ériger dans les sociétés ces piliers que sont la saine conduite des affaires publiques, le respect de l'état de droit et la pleine réalisation des droits de l'homme. Qu'elle soit absente, et ces notions ne sont plus que mots vides de substance. L'Organisation des Nations Unies oeuvre dans tous ces domaines pour que la démocratie s'édifie dans le monde entier. Les juristes de l'Organisation des Nations Unies aident les pays à se doter de structures juridiques solides et transparentes, de systèmes judiciaires équitables et fiables.

Les experts de police de l'Organisation des Nations Unies, agissant le plus souvent dans le cadre d'opérations de maintien de la paix, inculquent aux forces de police les rudiments du travail de policier et de la déontologie. Nos opérations sur le terrain aident à bâtir des institutions de défense et de protection des droits de l'homme. L'Organisation a apporté une assistance électorale à des dizaines de pays.

La saine conduite des affaires publiques est un élément essentiel de notre oeuvre de paix, car c'est grâce à elle que les sociétés peuvent se doter des bases solides nécessaires pour assurer leur développement économique et social. C'est grâce à elle aussi que peuvent se mettre en place des structures de réconciliation après un conflit.

Avec la réouverture de son Assemblée nationale, le Koweït a franchi un pas important vers la mise en place de ces bases, de ces structures, et je l'en félicite chaudement.

Par voie de conséquence, les transformations que connaît actuellement le monde exigent que les femmes jouent efficacement leur rôle dans la société. Je suis enchanté de les voir en si grand nombre parmi nous aujourd'hui. Les femmes koweïtiennes prennent de plus en plus souvent leur place au service de leur pays, dans l'enseignement, dans les différentes professions. J'espère vivement que vous continuerez dans cette voie.

Le Koweït est un petit pays, mais un pays qui compte. La puissance économique qu'il titre de ses ressources naturelles est sans commune mesure avec l'effectif de sa population et la superficie de son territoire.

Par le biais du Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes, votre pays s'est montré généreux envers les plus démunis des pays arabes.

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Les droits de petits pays sont un sujet dont l'Organisation des Nations Unies s'est préoccupée depuis qu'ont été formulés les principes qui ont présidé à sa création. Au coeur même de sa vocation, il y a le devoir de veiller à ce que tous les Etats puissent dûment se faire entendre, quels que soient leur superficie, leur population, leurs ressources ou leurs arsenaux.

Lors du prochain sommet du Conseil de coopération du Golfe, qui doit avoir lieu ce mois-ci, ce sera le Koweït qui assurera la présidence. Vous ne savez que trop bien combien est cruciale la coopération pour affermir la stabilité de la région du Golfe. Le reste du monde le sait aussi. Ce n'est que trop souvent qu'on a l'occasion de se rappeler combien cette région est névralgique et combien elle a d'importance stratégique.

Les organismes régionaux tels que le Conseil de coopération du Golfe comptent parmi les alliés et partenaires les plus importants de l'Organisation des Nations Unies. Leur action vient, en effet, compléter et appuyer les travaux de l'Organisation. Leur rôle est d'ailleurs défini dans la Charte des Nations Unies. Nombre d'entre elles sont dotées du statut consultatif auprès de l'Assemblée générale des Nations Unies, et nous serions particulièrement heureux si le Conseil de coopération du Golfe demandait à bénéficier de ce statut.

À un moment où l'on préconise l'adoption d'approches multilatérales dans tous les domaines, la collaboration entre l'Organisation des Nations Unies et les organismes régionaux revêt une importance cruciale. Comme je l'ai déjà souligné, les nations doivent agir de concert face aux changements qui se produisent à l'échelle mondiale. Ce n'est qu'en unissant leurs forces que les pays pourront combattre le trafic de drogues et le crime organisé.

Ce n'est qu'en conjuguant leurs efforts qu'ils trouveront les moyens de faire face aux conséquences de la mondialisation.

Ce n'est qu'en travaillant ensemble qu'ils pourront prendre les mesures nécessaires pour empêcher une catastrophe écologique de l'ampleur de celle qui hante encore les mémoires dans ce pays.

Toutefois, le développement, la paix et la démocratie ne relèvent plus de la seule responsabilité des gouvernements, des organisations internationales et des organes intergouvernementaux. On a assisté, ces dernières années, à une augmentation énorme du nombre d'organisations non gouvernementales et autres acteurs de la société civile qui oeuvrent au renforcement des institutions démocratiques, sensibilisent l'opinion publique et organisent des campagnes pour un monde meilleur. Il suffit, à cet égard, de prendre l'exemple des lauréats du prix Nobel de la paix de cette année — Jody Williams et la Campagne internationale pour l'interdiction des mines terrestres.

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Partant de rien, un millier d'organisations non gouvernementales dans une soixantaine de pays ont réussi à convaincre leurs gouvernements de conclure un accord en vue d'interdire ces armes effroyables.

C'est ainsi que des citoyens ont créé un mouvement qui a pris les choses en mains lorsque les gouvernements n'ont pas répondu à leurs exhortations. Il s'agit aussi là d'un exemple de ce que peut produire la volonté des individus. Le mouvement était démocratique, il avait une envergure mondiale, et il a été couronné de succès.

Ce succès s'explique dans une large mesure par le fait que le mouvement a fondé son action sur l'éducation du public. Il a fait découvrir au monde des millions de femmes et d'enfants innocents qui avaient été tués ou mutilés par les mines, longtemps après la signature d'un cessez-le-feu, et a montré ce qu'il en coûte à un pays de se reconstruire longtemps après que la guerre a pris fin.

Je voudrais aujourd'hui féliciter le Koweït des efforts qu'il a déployés pour éduquer ses citoyens.

Pour les pays de la région, la défense est une préoccupation constante et occupe une place prépondérante dans le budget de l'État, et pour cause. Je voudrais, toutefois, souligner que l'éducation est un des meilleurs investissements qui soient sur le plan de la défense.

Pourquoi en est-il ainsi? Parce que l'éducation permet de former des citoyens informés, et que des citoyens informés sont les meilleurs défenseurs de la liberté d'un pays.

Homme ou femme, un citoyen informé est une personne qui fait des choix. Et, quelle que soit la taille d'un pays, une société éclairée est une société qui détermine son avenir.

Eleanor Roosevelt, qui a participé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a fait un jour une réflexion dans laquelle j'ai toujours puisé une grande force. En vous quittant aujourd'hui, je voudrais vous la soumettre : "Nul ne peut vous faire éprouver un sentiment d'infériorité si vous n'y consentez pas". Quels que soient votre âge, votre sexe, votre taille, la couleur de votre peau, le montant de votre compte en banque — ne vous laissez pas rabaisser. Pensez, agissez et vivez en ayant cette réflexion présente à l'esprit. Soyez maître de votre vie. L'Organisation des Nations Unies est là pour vous aider à atteindre les objectifs que vous vous serez fixés.

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