En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6415

MESSAGE DU SECRETAIRE GENERAL A LA CONFERENCE DES PARTIES A LA CONVENTION CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

8 décembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6415
ENV/DEV/455


MESSAGE DU SECRETAIRE GENERAL A LA CONFERENCE DES PARTIES A LA CONVENTION CADRE DES NATIONS UNIES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

19971208 Le texte suivant a été lu à la Conférence de Kyoto (Japon) au nom du Secrétaire général par M. Maurice Strong, coordonnateur de la réforme de l'ONU :

Cette réunion que le Gouvernement japonais accueille généreusement aujourd'hui en la capitale historique de Kyoto marque un tournant décisif dans l'acheminement de l'humanité vers un équilibre judicieux et durable entre ses priorités économiques et sociales, d'une part, et, de l'autre, la biosphère, dont nous savons tous que l'activité et le bien-être des habitants de la planète sont entièrement tributaires.

Je suis fier du rôle central que l'Organisation des Nations Unies a joué dans ce processus. C'est elle, y a-t-il besoin de le rappeler, qui a convoqué la première Conférence mondiale sur l'environnement, à Stockholm en 1972, de même que le Sommet "Planète Terre" qui a fait date à Rio de Janeiro, voilà maintenant cinq ans.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement a donné une impulsion décisive aux activités de surveillance de l'environnement dans le monde et contribué pour beaucoup à sensibiliser l'opinion aux questions d'environnement. La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement a ouvert la voie, quant à elle, dans l'étude fort importante et prometteuse des perspectives qu'offre l'échange de droits d'émission.

Les programmes, fonds et institutions spécialisées des Nations Unies ont pris une part déterminante aux efforts visant à promouvoir un développement durable.

L'ONU s'est en outre activement employée à négocier les conventions sur l'environnement et le développement durable, dont elle assure le service, y compris la Convention-cadre sur les changements climatiques, instruments qui nous dotent des moyens juridiques requis pour faire face aux problèmes d'environnement d'aujourd'hui et de demain.

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Ces diverses activités se poursuivront à titre hautement prioritaire. Il est clair, en effet, que les changements climatiques font peser une menace plus lourde et diffuse que jamais sur la sécurité de la collectivité humaine ainsi que sur la vie elle-même. Comme l'ont montré vos négociations difficiles, il n'est pas aisé de s'entendre. Cela étant, le fait même que des objectifs et calendriers juridiquement contraignants soient maintenant en vue pour ce qui est de limiter les émissions de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre témoigne des progrès que la communauté des nations a accomplis sur la voie du partage des responsabilités pour l'avenir de notre planète.

De fortes divergences d'opinions persistent, touchant aussi bien les risques inhérents aux changements climatiques que les mesures à prendre pour y faire face. Certains contestent la validité des travaux scientifiques accréditant l'idée que l'activité des hommes contribue aux changements climatiques. Je suis convaincu qu'il serait sage de suivre l'avis du Groupe intergouvernemental d'experts pour l'étude du changement climatique, à savoir celui de la plupart des autorités mondiales en la matière, sur ce point. Il va de soi que la recherche devra se poursuivre, mais les gouvernements, les chefs d'entreprise et les individus de tous horizons prennent chaque jour des décisions importantes sur la base d'éléments d'appréciation beaucoup moins complets et probants que ceux qu'a réunis le Groupe d'experts. Sur une question aussi lourde de conséquences pour l'avenir de l'humanité, le doute n'est pas permis : nous devons partir du principe qu'il vaut mieux prévenir aujourd'hui que paniquer demain. Certaines des décisions qui pourraient être prises dans un premier temps se justifient en fait déjà, tant sur le plan économique que sur un certain nombre d'autres.

Certaines des mesures les plus importantes que nous pouvons prendre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre auront des retombées bénéfiques sur le plan économique aussi bien que sur celui de la préservation de l'environnement. La notion d'"écorendement", qu'ont dégagée et que prennent en considération certains des principaux industriels du monde actuel, fait clairement apparaître que l'efficacité dans l'utilisation des matériaux et de l'énergie, de même que dans la réduction et l'évacuation des déchets, contribue au bon fonctionnement et au dynamisme de l'économie.

Il importe également au plus haut point de rallier les marchés. En encourageant l'efficacité énergétique et l'adoption de pratiques avisées sur d'autres plans, les gouvernements peuvent ouvrir la voie à la créativité industrielle. Que les entreprises et leurs dirigeants reçoivent un message clair — objectifs convaincants, politiques économiques rationnelles, mécanismes de financement novateurs — et ils mettront en effet au point des technologies et des services respectueux du climat plus rapidement que bon nombre de sceptiques ne croient actuellement qu'ils le pourraient.

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Les pays les plus riches reconnaissent que la responsabilité de la réduction des émissions de gaz à effet de serre leur incombe au premier chef. C'est à eux qu'il appartient de donner l'exemple, et je leur enjoins de s'engager à opérer des réductions sensibles, obligées et vérifiables. Ils ont la richesse et la technologie nécessaires pour ce faire. Je leur demande d'agir dans le souci de l'avenir et veux espérer qu'ils saisiront cette occasion de mettre en train une action mondiale concertée de lutte contre le réchauffement de la planète.

La position des pays en développement doit être prise en considération et j'ose sincèrement espérer qu'il ne s'agira pas là d'une pierre d'achoppement pour les débats de Kyoto. L'accumulation de gaz à effet de serre ne peut guère être imputée aux pays en développement, laissés pour compte de la croissance économique à laquelle le phénomène est dû. La plupart n'en sont encore qu'aux première étapes du processus de développement. Il ne faut pas que le droit à la croissance leur soit dénié, il ne faut pas que leur développement soit entravé par l'adoption de mesures trop onéreuses ou contraignantes.

Cela étant, les pays en développement constitueront très bientôt la principale source d'émissions supplémentaires, même si les niveaux qu'ils atteignent demeurent relativement bas par habitant. Bon nombre d'entre eux, agissant de leur propre initiative, ont déjà pris des mesures visant à limiter les effets de leur croissance sur l'environnement. Ils se sont en outre déclarés disposés à coopérer aux efforts déployés à l'échelon mondial en vue de réduire les risques de changement climatique, à condition que leurs intérêts soient protégés et qu'il soit pourvu à leurs besoins sur une base équitable.

Pour ce faire, il importe qu'ils aient accès à la technologie et, davantage encore, au capital. À un moment où les perspectives d'accroissement de l'aide publique au développement ne sont guère prometteuses, de nouvelles modalités de financement public et privé seront nécessaires. Le Fonds pour l'environnement mondial constitue un instrument inégalable en l'espèce, et le Fonds d'investissement dans le carbone qu'envisage de constituer la Banque mondiale s'ajouterait fort utilement aux mécanismes de financement existants.

Des efforts particuliers devront également être faits pour mettre au point de nouveaux moyens de mobiliser et d'acheminer les sommes considérables nécessaires. Le Bureau du financement du développement que je prévois de mettre en place dans le cadre de mon programme de réformes fera de cet impératif l'une des plus importantes de ses priorités.

Le concours et l'appui des organisations non gouvernementales et de la société civile constituent également un facteur décisif. Les groupes et associations considérés continuent d'influer sur l'orientation des débats, ils aident à faire en sorte que les gouvernements rendent compte, ils ont apporté

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une contribution extrêmement précieuse au Sommet Planète Terre et à toutes les conférences tenues depuis lors, et ils agissent sur le terrain, aidant à améliorer la qualité de vie de chacun. Les collectivités locales apportent elles aussi d'insignes contributions, nombre de municipalités mettant en oeuvre des programmes de réduction des émissions propres à recueillir l'appui de la population.

Les questions qui vous sont posées ne seront résolues ni facilement ni rapidement. Tandis que vous entrez dans la phase ultime de vos négociations, en quête de terrains d'entente, je sais que l'inspiration vous viendra de la conviction que ce que vous faites ici influera profondément, voire décisivement, sur l'avènement d'un avenir de sécurité et de stabilité pour l'humanité tout entière. Les enjeux sont élevés. Permettez-moi donc, pour finir, de vous adresser tous mes voeux de succès.

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