En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6401

LA TELEVISION DEVRAIT METTRE SON POUVOIR AU SERVICE D'UN AVENIR MEILLEUR, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A L'OCCASION DU FORUM MONDIAL SUR LA TELEVISION

21 novembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6401
PI/1042


LA TELEVISION DEVRAIT METTRE SON POUVOIR AU SERVICE D'UN AVENIR MEILLEUR, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A L'OCCASION DU FORUM MONDIAL SUR LA TELEVISION

19971121 On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général a prononcée le 19 novembre 1997, au Siège de l'ONU, en inaugurant le deuxième Forum mondial des Nations Unies sur la télévision :

Il y a en chaque diplomate, dit-on, un journaliste qui sommeille, et en chaque journaliste un diplomate qui sommeille. Sans doute est-ce dans cet état d'esprit qu'un correspondant diplomatique frustré s'est un jour décrit comme "quelqu'un qui attend dans les couloirs que l'on vienne lui mentir". J'espère que les journalistes chargés de couvrir les activités de l'ONU ont eu des expériences plus heureuses dans les couloirs de cette maison. Nous avons nous aussi une plaisanterie à ce sujet, mais elle n'est pas si éloignée de la vérité : la télévision, disons-nous, est le seizième membre du Conseil de sécurité.

Avant de poursuivre, j'aimerais remercier chaleureusement, à titre personnel et au nom de l'Organisation des Nations Unies, le Gouvernement italien et son Ministre des affaires étrangères, M. Lamberto Dini. Je voudrais également remercier la Radiotelevisione Italiana (RAI) pour le soutien qu'elle apporte au Forum depuis son lancement l'année dernière, et à Mediaset, coparrain du Forum. C'est un grand plaisir pour nous que d'ouvrir la première réunion en compagnie de trois personnalités éminentes du monde de l'information — j'ai nommé MM. Rupert Murdoch, Dan Rather et Zwelakhe Sisulu.

Vous êtes présents ici aujourd'hui comme l'élite qui déterminera ce que sera la télévision au siècle prochain, mais vous représentez aussi toutes sortes de régions et de cultures. Ce forum sera pour vous l'occasion de renforcer la collaboration entre ces régions et ces cultures et de promouvoir ainsi la compréhension et la tolérance entre vos audiences, ainsi que la paix entre les nations. Vous allez au cours des journées à venir débattre du rôle de la télévision dans le nouvel environnement des multimédias, débat de portée mondiale qui permettra de mieux cerner comment la télévision peut devenir un instrument du changement, un moyen de mieux se comprendre, un outil qui ouvre de nouveaux horizons.

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Nous vivons aujourd'hui dans un village mondial et interdépendant. Nous sommes confrontés à de nouvelles réalités. Nous devons accepter le changement comme une condition essentielle de notre existence. Les défis que l'humanité doit relever aujourd'hui transcendent toutes les frontières et touchent à tous les aspects de la sécurité humaine, mais l'entendement humain ne les a pas encore tous saisis. L'ONU s'occupe des questions liées à l'environnement, à la drogue, aux pandémies, au développement durable — et ces questions n'ont pas de nationalité. C'est le message que nous essayons de transmettre au monde. Pourtant, la réflexion du public reste cantonnée aux frontières nationales. C'est pourquoi nous devons compter sur les possibilités offertes par la technologie. C'est pourquoi aussi le pouvoir de la télévision est si nécessaire à notre action.

L'Organisation des Nations Unies est convaincue que l'information renferme un grand pouvoir de démocratisation attendant d'être mis au service de notre combat en faveur de la paix et du développement dans le monde. Nous en sommes convaincus, car nous sommes convaincus que c'est l'ignorance, pas la connaissance, qui pousse les hommes à se haïr. C'est l'ignorance, pas la connaissance, qui transforme les enfants en combattants. C'est l'ignorance, pas la connaissance, qui pousse certains à faire l'apologie de la tyrannie contre la démocratie. C'est l'ignorance, pas la connaissance, qui fait dire à d'autres qu'il y a plusieurs mondes, alors que nous savons qu'il n'y en a qu'un : le nôtre.

La quantité et la qualité des informations disponibles croissent de manière stupéfiante chaque jour, dans chaque pays, dans chaque coin du monde. Les citoyens ont un accès de plus en plus large à l'information. La diffusion de l'information fait de la responsabilité et de la transparence des impératifs pour tous les gouvernements. Les nouvelles technologies, plus simples et moins coûteuses, rendent possible l'avènement d'un nouvel ordre, véritablement mondial, de l'information. Elles permettent une réelle démocratisation des informations télévisées et cela profite aussi bien aux pays en développement qu'aux petites agences de presse et aux sociétés indépendantes. Il en va de même des événements autrefois trop difficiles et trop coûteux à couvrir et des informations trop compliquées à transmettre.

C'est avant tout lorsqu'elle est entre les mains de personnes dévouées que la technologie fonctionne. Je voudrais aujourd'hui rendre hommage à tous ceux qui ont fait en sorte que l'opinion publique n'oublie pas les souffrances humaines et l'injustice. Lorsque l'attention aurait pu se lasser, les citoyens et les gouvernements ont continué de s'intéresser aux Bosniaques, aux Grands Lacs, à la famine en Ethiopie, et la télévision y est pour beaucoup. Vous avez lancé des débats qui ont été repris et relancés par d'autres médias et par les politiciens, et vous les avez fait vivre en dépit de ce que l'on a appelé la "lassitude de la compassion". De plus en plus souvent, vous n'attendez pas que le sang coule pour raconter et pour montrer. Et j'espère que de plus en plus souvent aussi, vous continuerez de vous intéresser aux zones de conflit après la signature des accords de cessez-le-feu.

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Ensemble, nous pouvons faire plus. Le défit consiste maintenant à faire en sorte que l'information soit disponible pour tous. Les inégalités économiques et la peur de la liberté ont trop longtemps empêché la grande majorité des hommes et des femmes de profiter de l'abondance de connaissances qui s'offre à eux grâce à la révolution de l'information.

L'ONU s'emploie à établir avec la télévision une relation d'ouverture et de confiance mutuelle. Nous avons besoin des médias, et nous ne devrions pas faire appel à eux seulement lorsque nous avons besoin d'eux. Pour notre part, nous nous engageons à être simples, honnêtes et francs dans tout ce que nous entreprenons.

Grâce à la télévision, nous pouvons jeter un jour nouveau sur le puits sombre de l'intolérance, et il n'est rien que les sombres recoins craignent davantage que la lumière. Grâce à la télévision, nous pouvons faire revivre le monde et l'apprécier ainsi suffisamment pour aider à en faire un endroit meilleur. Grâce au pouvoir de la télévision, nous pouvons faire en sorte que notre jeunesse soit la première à profiter de ces connaissances, et faire de la télévision son partenaire dans la quête d'un avenir meilleur. Partagez avec nous votre pouvoir pour nous aider à rendre ce monde meilleur, pour la jeunesse d'aujourd'hui et de demain.

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