PI/1039

LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, APPELLE LES MEDIAS A AIDER L'ONU A RENDRE NOTRE MONDE MEILLEUR

19 novembre 1997


Communiqué de Presse
PI/1039


LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, APPELLE LES MEDIAS A AIDER L'ONU A RENDRE NOTRE MONDE MEILLEUR

19971119 Le deuxième Forum mondial sur la télévision s'ouvre à l'ONU sur le thème "la télévision dans le nouvel environnement multimédia"

Le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, le Ministre italien des affaires étrangères, M. Lamberto Dini, M. Enzo Siciliano, Président du Réseau des chaînes non commerciales, et M. Fedele Confalonieri, Président de Mediaset, ont ouvert ce matin le deuxième Forum mondial des Nations Unies sur la télévision qui se tient jusqu'au 21 novembre. Le premier Forum s'était également tenu au Siège, l'année dernière, les 21 et 22 novembre.

Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a ouvert le débat en déclarant que la télévision est si importante à l'ONU qu'on dit même que celle-ci serait le seizième membre du Conseil de sécurité. Nous sommes tous convaincus, aux Nations Unies, que l'information contient un immense pouvoir de démocratisation attendant d'être mis au service de la lutte pour la paix et le développement. Car, a expliqué le Secrétaire général, c'est l'ignorance, non le savoir, qui pousse les hommes à se haïr, c'est l'ignorance qui transforme des enfants en combattants et qui pousse certains à faire l'apologie de la tyrannie contre la démocratie. La télévision, qui nous permet de jeter un jour nouveau sur le puits sombre de l'intolérance, peut nous aider à faire revivre le monde et à le rendre meilleur.

Le Ministre italien des affaires étrangères, M. Lamberto Dini, a déclaré que ce Forum représente un pas important dans la recherche de la part des Nations Unies de stratégies en vue d'amener l'Organisation dans le nouveau millénaire. Ces stratégies supposent des ressources, des procédures et des institutions auxquelles la télévision n'est pas étrangère. Pour le Ministre, les contributions possibles de la télévision et des multimédias à un monde plus stable et plus juste peuvent être résumées en trois mots: liberté, solidarité et responsabilité.

(à suivre - 1a)

- 1a - PI/1039 19 novembre 1997

Le Président directeur du Réseau des chaînes non commerciales, M. Enzo Siciliano, a estimé que la télévision doit savoir changer, s'adapter et interpréter les complexités plus grandes qui nous entourent tout en sachant être un agent au service du développement économique et social. Utilisons la télévision comme un moyen de raccourcir les distances entre les peuples, a-t-il déclaré, en veillant à ce qu'elle ne se substitue pas à la réalité mais qu'elle la serve.

M. Fedele Confalonieri, Président de Mediaset, a estimé que le monde est à la veille d'une nouvelle ère dans laquelle la télévision aura un rôle nouveau et important à jouer. Il s'agit de trouver des voies nouvelle de communication en vue d'encourager le dialogue et de préparer l'avenir. Même si la télévision ne peut résoudre tous les problèmes de la planète, elle peut cependant garantir une meilleure communication entre les peuples, a-t-il estimé.

La Journée mondiale de la télévision, qui est célébrée chaque année le 21 novembre, a été proclamée par l'Assemblée générale en 1996. Au cours de ce deuxième Forum, dont le thème central est "la télévision dans le nouvel environnement multimédia" plusieurs tables rondes seront organisées : "Vision pour le futur", "le nouvel environnement multimédia", "les nouveaux scénarios de la télévision", "une programmation pour les personnes" et "nouveaux défis pour la coopération internationale".

Le Secrétaire général, M. KOFI ANNAN, a ouvert le Forum en rappelant qu'en chaque journaliste sommeille un diplomate et qu'en chaque diplomate sommeille un journaliste. On dit même, a ironisé M. Annan, que la télévision serait le seizième membre du Conseil de sécurité.

En tant que leaders, vous vous apprêtez à vous pencher sur ce que sera la télévision au siècle prochain, en vous basant sur un large éventail de cultures et de régions. Grâce à vous, ce Forum va permettre d'instituer une collaboration plus étroite entre ces régions et ces cultures et de promouvoir une meilleure compréhension et une plus grande tolérance entre les audiences ainsi que la paix entre les nations. Les débats que vous tiendrez devraient permettre de mieux cerner comment la télévision peut devenir un instrument du changement, un instrument de la compréhension.

Nous vivons aujourd'hui dans un village mondial et interdépendant, a poursuivi M. Annan, et nous devons accepter que le changement est devenu une condition essentielle de nos vies. Les défis auxquels est aujourd'hui confrontée l'humanité sont multiples et complexes et touchent à tous les aspects de l'humanité. Les dossiers que gèrent les Nations Unies, tels que l'environnement, les drogues, les pandémies ou le développement durable, sont autant de sujets qui ne connaissent pas de frontières.

Nous sommes tous convaincus, aux Nations Unies, que l'information contient un immense pouvoir de démocratisation attendant d'être mis au service de la lutte pour la paix et le développement. Car, a expliqué le Secrétaire général, c'est l'ignorance, non le savoir, qui pousse les hommes à se haïr, c'est l'ignorance et non le savoir qui transforme des enfants en combattants. C'est aussi l'ignorance qui pousse certains à faire l'apologie de la tyrannie contre la démocratie, a assuré le Secrétaire général. La quantité et la qualité d'informations désormais disponibles croissent exponentiellement jour après jour, partout dans le monde et l'information a fait de la responsabilité et de la transparence deux valeurs que doivent prendre en compte les gouvernements.

Les nouvelles technologies, plus simples et moins couteuses, rendent possible l'avènement d'un nouvel ordre mondial de l'information. Lorsque le monde s'était lassé de tout, ce sont les médias qui ont réveillé les citoyens du monde et les ont fait s'intéresser aux Bosniaques, à la région des Grands lacs et à la famine en Ethiopie. Vous avez lancé des débats qui ont été repris par d'autres médias et par les politiciens et vous les avez fait vivre, a-t-il déclaré. De plus en plus, vous n'attendez plus que le sang coule pour faire des reportages et, de même, j'espère que vous ne cesserez pas de vous intéresser aux zones de conflits dès lors que des accords de cessez-le-feu auront été conclus.

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Notre défi, aujourd'hui, est de faire en sorte que l'information soit disponible pour tous. Pendant trop longtemps, les inégalités économiques et la peur de la liberté ont empêché une grande majorité de peuples de cette planète de saisir la chance offerte par la somme d'informations dont nous disposons aujourd'hui.

Les Nations Unies souhaitent établir des liens ouverts et de confiance avec les médias. Avec l'aide de la télévision, nous pouvons jeter un jour nouveau sur le puits sombre de l'intolérance. Grâce à la télévision, le monde peut revivre de nouveau et grâce à l'intérêt que nous lui portons, devenir un monde meilleur. Aidez-nous à rendre ce monde meilleur, a dit le Secrétaire général.

M. ENZO SICILIANO, Président directeur du Réseau des chaînes non commerciales, a déclaré qu'il était convaincu que les responsabilités qui incombent aux responsables de télévision les obligent, dans le même temps, à être vigilants dans leurs efforts. La télévision doit savoir changer, s'adapter et savoir interpréter les complexités plus grandes qui nous entourent tout en sachant être un agent au service du développement économique et social. On a dit, a souligné M. Siciliano, que la télévision était comme une méchante belle-soeur, ce qui n'enlève rien à son utilité car, a-t-il ajouté, la télévision permet de lever le voile sur tout ce qui est dissimulé. Le président a indiqué que d'ici deux jours, la RAI diffusera un programme spécial sur l'histoire et les problèmes rencontrés par les Nations Unies, de manière à ce que ce Forum qui se déroule à New York puisse profiter à tous les citoyens du monde.

M. Siciliano a insisté sur la nécessité de simplifier et de diversifier les sujets traités par les télévisions de manière à ce qu'ils puissent couvrir la vaste gamme des besoins en matière d'informations. La télévision est comme une prothèse qui nous aide à vivre, a-t-il ajouté, et il faut qu'elle soit en mesure de poursuivre son rôle de vecteur de la démocratie, de la liberté et de la paix. Utilisons la télévision comme un moyen de raccourcir les distances entre les peuples, a-t-il insisté, en veillant à ce qu'elle ne se substitue pas à la réalité mais qu'elle la serve.

M. LAMBERTO DINI, Ministre des affaires étrangères de l'Italie, a déclaré que ce Forum représente un pas important dans la recherche de la part des Nations Unies de stratégies en vue d'amener l'Organisation à entrer dans le nouveau millénaire. Ces stratégies supposent des ressources, des procédures et des institutions et dans ce cadre le rôle de la télévision ne saurait être secondaire. Les contributions possibles de la télévision et des multimédias à un monde plus stable et plus juste peuvent être résumées en trois mots: liberté, solidarité et responsabilité.

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Parlant de la liberté, M. Dini a remarqué que les droits de l'homme sont universels et ne peuvent dépendre de frontières géographiques, politiques et idéologiques. Les attaques des libertés fondamentales ne peuvent qu'être nourries que par le silence. C'est pourquoi elles doivent faire l'objet d'une couverture médiatique approfondie. A cet effet, la télévision est une synthèse parfaite entre l'image et la parole. La télévision délivre un message perceptible et démocratique car les images ne mentent pas. La diffusion d'images peut aider à réduire l'injustice et la tyrannie dans le monde. Il a déclaré que l'une des tâches principales que l'on doit assigner à la télévision est le contrôle constant de la conduite de ceux qui sont au pouvoir et qui ne peuvent plus se cacher derrière des arguments comme la souveraineté nationale ou le secret d'Etat.

Concernant la solidarité, M. Dini a estimé que la révolution de l'information doit être utile aux plus pauvres de ce monde. La télévision est souvent une fenêtre sur le monde développé. Aujourd'hui, la télévision peut influencer les migrations de populations, qui en dépit de leur caractère silencieux et clandestin, peuvent prendre des proportions bibliques. La communication est essentielle au développement durable, mais aussi à l'éducation et à la formation professionnelle. Elle peut être un instrument dans la prévention et la lutte contre des problèmes transnationaux tels que les drogues. La télévision peut être l'instrument d'une solidarité nouvelle pour le développement durable, l'alphabétisation et la prévention contre les catastrophes naturelles. Elle permet de rapprocher les peuples et les pays et constitue un instrument efficace pour la promotion du dialogue interculturel puisque l'un des défis les plus importants de ce monde est de comprendre l'autre. M. Dini a déclaré qu'il n'y a pas de plus grande menace pour la liberté de l'homme que celle du monopole d'une idéologie ou d'un système unique. Nous devons accepter les perspectives d'horizons multiples et de modes de vie différents. A cet égard, les multimédias méritent un rôle capital, non seulement dans la sphère publique, mais aussi dans le domaine privé.

Quant à la responsabilité, M. Dini a estimé que la télévision n'est pas simplement la continuation des moyens de communication qui l'ont précédé. Elle s'aventure dans des domaines totalement nouveaux et dans un monde différent dans lequel la relation entre la compréhension et la vue peut être renversée. On a tendance à critiquer la télévision, cependant elle représente à la fois des opportunités et des risques. La télévision occupe une position critique dans les politiques contemporaines car elle influence les choix à la fois des électeurs et de ceux qui les gouvernent. Cela confère une responsabilité énorme aux patrons des télévisions et à ceux qui sont réunis aujourd'hui ici. Plus que jamais, le vingt et unième siècle sera celui de la libre circulation des idées et des informations. Les Nations Unies aident à établir les principes et les règles pour la coexistence dans cette ère. La télévision ne peut radicalement changer le monde, mais elle peut aider à le restructurer.

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M. FEDELE CONFALONIERI, Président de Mediaset, a indiqué que Médiaset avait l'honneur de parrainer le présent Forum en collaboration avec la RAI parce qu'il estime que le monde est à la veille d'une nouvelle époque dans laquelle la télévision aura un rôle nouveau et important à jouer. A la veille de ce millénaire il s'agit de trouver des voies nouvelles de communication en vue d'encourager le dialogue et préparer l'avenir. La télévision ne peut résoudre tous les problèmes de la planète, elle peut cependant garantir une meilleure communication entre les peuples et une meilleure compréhension.

Que peut-on faire pour encourager le dialogue et les échanges? Pour M. Confalonieri ce qui importe le plus à l'avenir c'est la qualité des images et des messages diffusés par la télévision. Ce Forum est l'expression même de cette prise de conscience de la communauté internationale en ce qui concerne la responsabilité de la télévision et la volonté d'en améliorer les messages. Il n'y a aucun doute que la télévision a amélioré la vie des personnes, bien qu'elle reste souvent critiquée. Il est difficile de penser à ce moyen de communication de façon objective. La télévision représente en effet une association sociale entre les hommes et les nations. Ce que la télévision fait de mieux c'est d'encourager les téléspectateurs à se former une opinion. Le juge final de la télévision ne peut être que le public et nous devons nous assurer qu'elle reflète ce qu'il y a de mieux comme valeurs humaines. Ce Forum peut y contribuer largement et M. Confalioneri a proposé la création d'un groupe d'observation permanent des relations entre la télévision et les droits de l'homme. En conclusion, il a insisté sur la nécessité de l'indépendance des autoroutes de la communication du monde à l'avenir.

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