SG/SM/6378

LE SECRETAIRE GENERAL INVITE TOUS LES PAYS A INVERSER LA TENDANCE A LA BAISSE DES CONTRIBUTIONS AUX ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT DU SYSTEME DE L'ONU

12 novembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6378
GA/9346


LE SECRETAIRE GENERAL INVITE TOUS LES PAYS A INVERSER LA TENDANCE A LA BAISSE DES CONTRIBUTIONS AUX ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT DU SYSTEME DE L'ONU

19971112 On trouvera ci-dessous le texte du message que M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, a adressé à la Conférence de 1997 pour les annonces de contributions aux activités de développement et dont le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et scolaires, M. Nitin Desai, a donné lecture le 4 novembre :

La Conférence de 1997 pour les annonces de contributions aux activités de développement se déroule à un moment critique. Point n'est besoin de vous rappeler qu'en 1996, l'aide publique au développement (APD) est tombée à son plus bas niveau. Nous avons donc l'obligation collective de réaffirmer notre attachement à la coopération multilatérale pour le développement.

Le montant total des ressources distribuées par les fonds et programmes des Nations Unies, ressources de base et autres ressources comprises, est resté relativement stable au cours des quatre dernières années, se situant aux alentours de 4,5 milliards de dollars par an. Mais les contributions volontaires ne fournissent pas les ressources de base nécessaires pour réaliser les objectifs convenus au niveau des programmes et répondre aux besoins.

Les ressources à des fins spéciales représentent à l'heure actuelle plus de la moitié de l'ensemble des fonds disponibles pour les activités de coopération des organismes des Nations Unies en faveur du développement. Les contributions de base ont diminué et sont devenues imprévisibles. J'ai par conséquent recommandé aux Etats Membres d'adopter un nouveau système de contributions volontaires aux ressources de base et d'engagements négociés prévoyant le versement de contributions échelonnées sur plusieurs années.

Les fonds et programmes des Nations Unies continuent à avoir pour vocation de faciliter la réalisation des objectifs nationaux en aidant les pays à se doter des moyens nécessaires pour lutter contre la pauvreté et le sous-développement.

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Ils attachent une attention spéciale aux pays les plus pauvres et aux groupes les plus vulnérables et associent de plus en plus l'assistance humanitaire aux activités de reconstruction et de développement. Ils mènent des activités cruciales de consolidation de la paix après les conflits, notamment des opérations de déminage et de remise en état des institutions essentielles.

Ce qui constitue toujours le point fort du système des Nations Unies dans le domaine de la coopération pour le développement, c'est sa neutralité et ses relations de confiance avec les pays bénéficiaires. Il s'ensuit que les activités entreprises revêtent une importance vitale pour les pays considérés et sont menées sans être soumises à aucune condition, dans des domaines de coopération sensibles.

La coopération pour le développement assurée par le système des Nations Unies est accordée à la demande des pays. Les fonds et les programmes mettent l'accent sur la maîtrise individuelle de leur développement par les pays et les activités opérationnelles sont pleinement intégrées dans les efforts nationaux.

Ils font également appel aux capacités de la société civile, du secteur privé, des institutions de Bretton Woods et des autres partenaires du développement, conformément aux besoins et demandes spécifiques des gouvernements bénéficiaires.

Pour améliorer la conception et l'efficacité des activités opérationnelles et mieux les adapter à l'évolution des besoins des pays, d'importantes réformes ont été entreprises. Comme je l'ai indiqué dans mes propositions de réforme en juillet, l'Assemblée générale a souligné à maintes reprises que les divers fonds et programmes et les institutions spécialisés devaient travailler de concert pour intégrer l'assistance dans le processus de développement des pays bénéficiaires de façon pleinement coordonnée.

J'ai par conséquent décidé, dans le cadre de mon programme de réformes, de maintenir le système des coordonnateurs résidents placé sous la direction du Groupe des Nations Unies pour le développement. Mais ce système a besoin d'une base de ressources adéquates pour pouvoir s'acquitter avec efficacité du rôle qui lui est dévolu.

Je voudrais maintenant formuler quelques observations sur les besoins particuliers de certains fonds et programmes des Nations Unies.

Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)

Le PNUD a lancé un programme très intéressant de réformes et de changement : PNUD 2001. Le but final est de décentraliser la prise des

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décisions et de renforcer la capacité fonctionnelle des bureaux extérieurs dans les pays qu'il dessert.

Conformément aux décisions novatrices prises par son Conseil d'administration en 1994 et 1995, le PNUD a désormais principalement pour mandat d'aider les pays à se doter des capacités requises pour réaliser leurs objectifs en matière de développement humain durable, en accordant une priorité absolue à l'élimination de la pauvreté. Le PNUD alloue actuellement 60 % de ses ressources de base aux pays les moins avancés, et près de 90 % aux pays ayant un revenu annuel par habitant égal ou inférieur à 750 dollars.

L'objectif principal des activités de lutte contre la pauvreté menées par le PNUD, qui absorbent près de 40 % de ses ressources de base, consiste à démarginaliser les pauvres, en veillant à ce qu'ils aient accès aux facteurs de production comme le crédit, les compétences techniques, les possibilités d'emploi et les débouchés nationaux et internationaux. Par ailleurs, 32 % des ressources de base servent à soutenir le processus de démocratisation, notamment l'assistance électorale et le renforcement de l'appareil judiciaire. Environ 21 % des ressources sont allouées à des programmes axés sur l'environnement.

Dans le cadre de son processus de réforme, et conformément à la résolution 50/227 de l'Assemblée générale, le PNUD a sensiblement amélioré l'efficacité de sa gestion grâce au remaniement de son Conseil d'administration. Le processus de consultations est devenu plus pragmatique et fonctionnel et a été davantage axé sur les résultats. Pour améliorer l'efficacité de son action dans les pays bénéficiant d'un programme, le PNUD a soigneusement recentré ses interventions à l'appui du développement humain durable. En 1995, le Conseil d'administration a substitué, dans le mécanisme de répartition des ressources de base du PNUD entre les pays, le critère de l'encouragement au critère périmé du droit à prestations.

Depuis 1992, le PNUD a aussi progressé sensiblement dans la mise en place d'une organisation allégée et plus responsable. Il a réduit le nombre des postes permanents de 15 % au niveau du Programme dans son ensemble et de 31 % au niveau des services du siège. Il a également appliqué des mesures pour réduire sensiblement le budget administratif et renforcer la décentralisation au profit des bureaux de pays.

En dépit de ces progrès importants, le montant des ressources de base a chuté, tombant de plus de 1,1 milliard de dollars en 1992 à un peu moins de 848 millions de dollars en 1996.

Bien que nous soyons à la recherche d'autres sources de financement, notamment non traditionnelles, ce sont les gouvernements des Etats Membres qui

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demeurent la principale source des ressources de base. La responsabilité d'assurer des niveaux adéquats et prévisibles de financement n'incombe pas seulement aux pays que nous appelons les donateurs traditionnels, mais à tous les Etats Membres.

Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)

L'assistance dans le domaine de la population constitue l'une des réalisations positives incontestables du XXe siècle. Par rapport à 1972, l'espérance de vie des hommes a augmenté de sept ans et demi et celle des femmes de neuf ans; le taux de survie des enfants a augmenté tandis que celui de la mortalité maternelle a diminué; les femmes ont en moyenne trois enfants au lieu de six; six couples sur 10 ont recours à la planification familiale, contre un sur sept; et l'accroissement annuel de la population est tombé de 2 % à 1,4 %.

Ce progrès témoigne à la fois des efforts menés par les pays en développement eux-mêmes et du succès de la coopération internationale. Et le rôle du FNUAP a été essentiel.

Trois ans après la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire, qui a fait date dans l'histoire, le FNUAP coopère avec des gouvernements, des organisations non gouvernementales et la société civile à la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence.

Les programmes appuyés par le FNUAP font intervenir tous les organismes des Nations Unies, les banques de développement, les institutions nationales d'aide et les organisations non gouvernementales internationales.

Aujourd'hui, les habitants des pays en développement s'emploient de plus en plus activement à mettre en oeuvre le programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement. De nombreux pays ont révisé leurs politiques en matière de population et programmes de planification de la famille pour tenir compte des objectifs de la Conférence.

L'expérience indique que les objectifs de la Conférence peuvent être atteints, pourvu que nous disposions de ressources suffisantes. L'objectif financier arrêté d'un commun accord au Caire portait sur un montant de 17 milliards de dollars d'ici à l'an 2000. Environ un tiers de ce montant, soit 5,7 milliards de dollars, devait venir de la communauté des donateurs. Les pays en développement consacrent une part de plus en plus importante de leurs propres ressources aux programmes en matière de population.

Mais selon les estimations, les contributions des donateurs aux activités en matière de population représentent moins de 2 milliards de dollars, soit quelques points de pourcentage de la totalité de l'APD.

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Le FNUAP estime que ses recettes pour 1997 seront inférieures d'environ 8 à 10 % à ses prévisions antérieures. S'il ne dispose pas de ressources suffisantes, le Fonds ne pourra pas répondre à des besoins critiques en matière de santé de la reproduction — notamment de planification de la famille et de services de santé en matière de sexualité — surtout pour la masse des femmes en âge de procréer. Cette situation aura des répercussions dans d'autres domaines également. La poursuite d'un accroissement démographique rapide réduira à néant les résultats déjà obtenus dans d'autres domaines essentiels, comme le développement des systèmes scolaires, l'amélioration des services de soins de santé primaires, la construction de logements peu coûteux, le développement des infrastructures de communication et la gestion de ressources naturelles d'importance vitale.

J'invite chaque pays à faire la preuve de son attachement aux objectifs du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement et aux activités du FNUAP en versant la contribution la plus élevée qu'il soit en mesure d'apporter.

Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF)

Grâce aux programmes qu'il exécute dans la plupart des pays en développement, l'UNICEF sert les groupes de population les plus vulnérables du monde : les enfants et les femmes. Il joue également un rôle important, à l'échelle mondiale, en contribuant à mieux faire connaître les besoins et les droits des enfants et des femmes.

La force et l'efficacité de l'UNICEF reposent sur le processus de programmation par pays. Ces programmes qui portent sur les secteurs de la santé, des ressources en eau et de l'assainissement, de l'éducation et de la nutrition ainsi que sur les besoins des enfants nécessitant des mesures de protection spéciale, utilisent des méthodes rentables et décentralisées.

Ils encouragent la réorientation des dépenses publiques vers les services sociaux de base au profit des enfants et des femmes.

Compte tenu de la place de plus en plus importante qui est faite aux droits de l'homme et de la ratification pratiquement universelle de la Convention relative aux droits de l'enfant, la possibilité nous est offerte de faire progresser les travaux relatifs à la protection de l'enfant. La Convention constitue un cadre de programmation et facilite l'adoption, à l'égard des problèmes des enfants, d'une approche globale qui englobe tous les secteurs.

Le nombre et l'ampleur sans précédent des situations d'urgence au cours de ces dernières années ont fait l'objet d'une attention considérable de la

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part des gouvernements et du public, ainsi que de l'UNICEF. Mais l'UNICEF s'est surtout attaché à combattre les situations d'"urgence silencieuse" dont les enfants sont victimes dans le monde entier, à briser le cercle vicieux de la maladie, de la malnutrition et de la pauvreté, grâce à des activités à long terme.

Alors que le niveau de l'aide chute, le nombre de personnes vivant dans la misère absolue continue à augmenter. La mission de l'UNICEF, et celle de tous les organismes des Nations Unies, est plus urgente que jamais. Jamais l'aide au développement — surtout l'aide multilatérale — n'a été plus nécessaire partout dans le monde. Jamais elle ne s'est avérée aussi efficace.

Il est paradoxal que ce fléchissement des apports d'aide se produise à une époque où les droits de l'homme font l'objet d'une attention sans précédent, à une époque où la Convention relative aux droits de l'enfant — l'instrument qui a recueilli la plus large adhésion dans toute l'histoire des droits de l'homme — impose aux pays donateurs de garantir les droits économiques et sociaux de tous les enfants grâce à la coopération internationale. C'est en leur nom que l'UNICEF compte sur votre appui.

La mission des Nations Unies en matière de développement répond aux besoins du groupe le plus important d'Etats Membres de l'Organisation des Nations Unies. Grâce au développement, l'Organisation des Nations Unies s'efforce de libérer le monde de l'injustice économique et sociale et de tenir l'engagement que nous avons pris de jeter les bases de la paix. C'est là notre vocation essentielle.

J'invite tous les pays à traduire cet engagement en action en inversant la tendance à la baisse des contributions.

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