En cours au Siège de l'ONU

SG/2041

EST LA RESPONSABILITE COMMUNE DE SECRETAIRE GENERAL ET DES ETATS MEMBRES

10 novembre 1997


Communiqué de Presse
SG/2041
ORG/5481


EST LA RESPONSABILITE COMMUNE DE SECRETAIRE GENERAL ET DES ETATS MEMBRES

19971110 On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, le 4 novembre, à l'occasion des consultations officieuses à participation non limitée que l'Assemblée générale en séance plénière a consacrées au point 157 de l'ordre du jour (Réforme de l'Organisation des Nations Unies : mesures et propositions) :

Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour ces consultations officieuses à participation non limitée alors que la première étape de votre tâche essentielle arrive à son terme. Voilà près de six semaines que les Etats Membres examinent mon rapport intitulé "Rénover l'Organisation des Nations Unies : un programme de réformes". Depuis l'ouverture de ces consultations, mes représentants m'ont tenu au courant jour après jour de l'évolution de vos délibérations. Sous ma supervision, ils ont répondu longuement et de manière détaillée aux nombreuses observations que vous avez formulées et aux questions que vous avez posées sur divers aspects du rapport, en particulier au sujet des mesures mises en oeuvre sous ma responsabilité.

Par ailleurs, le Secrétariat a établi cinq documents de séance visant à donner des renseignements complémentaires sur les décisions et recommandations figurant dans le rapport. Les réponses fournies par le Secrétariat et les documents de séance explicitent les mesures que j'ai prises et les propositions que j'ai faites dans mon rapport et devraient être examinés en même temps que celui-ci.

Je me félicite de l'intérêt dont les Etats Membres ont fait preuve lors de l'examen des différentes sections du rapport. Il est compréhensible que certains d'entre eux aient souhaité obtenir des précisions sur les mesures et recommandations qui sont variées et, parfois, inédites et complexes. Je suis persuadé, toutefois, qu'après des semaines d'examen approfondi les Etats Membres sont désormais prêts à décider de mesures concrètes.

Souvenons-nous que le rapport dont vous êtes saisis a pour origine la demande généralisée de réforme dont les chefs d'Etat ou de gouvernement se sont faits l'écho lors des célébrations du cinquantième anniversaire de notre

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organisation. En présentant mes propres propositions, je me suis efforcé de répondre à cette demande tout en tenant pleinement compte des études et recommandations précédentes ainsi que des éléments nouveaux de ces deux dernières années, notamment les conclusions de plusieurs groupes de travail de l'Assemblée générale.

Il convient de rappeler également que mon rapport a été présenté le 16 juillet de cette année, il y a donc environ trois mois et demi. Depuis lors, les Etats Membres ont eu tout le temps nécessaire pour l'examiner dans leur capitale et dans leur mission, ici à New York. La réaction très positive que le rapport a suscitée lors du débat général en séance plénière cette année m'a encouragé dans mes efforts. Il semblerait que le rapport bénéficie d'un large soutien tant pour son orientation générale que pour les mesures qui y sont proposées.

En faisant la synthèse du débat général, vous avez, Monsieur le Président [le Président de l'Assemblée générale, M. Hennadiy Oudovenko (Ukraine)], salué un changement majeur des perceptions et des comportements depuis cette session du cinquantième anniversaire. Vous nous avez rappelé que l'ONU était alors la cible de critiques féroces et souvent destructrices. Vous avez souligné qu'il était très important de ne pas perdre l'élan acquis et de traduire sans tarder en mesures concrètes la volonté politique et l'engagement résolu manifestés lors du débat général.

Tel est le défi qu'il nous faut relever aujourd'hui. La question qui se pose est simple : l'Organisation des Nations Unies peut-elle opérer sa réforme? En tant que Secrétaire général, je ne prétends pas avoir de solution à tous les problèmes que connaît l'Organisation. Sa transformation en une institution prête à faire face aux défis du XXIe siècle est une responsabilité commune au Secrétaire général et aux Etats membres. Et, en fin de compte, c'est à vous, les Etats Membres, qu'il incombe de répondre à la question de la faisabilité d'une réforme de l'Organisation des Nations Unies.

N'oublions pas que l'opinion publique internationale s'attend à ce que l'Organisation des Nations Unies sache répondre à l'impératif de réforme. Lorsque j'ai demandé que mes propositions de réforme fassent l'objet d'un nouveau point de l'ordre du jour de l'Assemblée générale et qu'elles soient considérées comme un tout indissociable, ce n'était pas dans la perspective que les Etats Membres les adoptent sans les examiner de manière adéquate. J'étais bien conscient que certaines d'entre elles auraient besoin d'être encore mises au point et clarifiées. Je savais également que d'autres devraient peut-être être transmises à des organes spécialisés pour qu'ils les examinent à fond.

Dans le même temps, j'ai tiré des déclarations faites lors du débat général et des entretiens que j'ai eus ici à New York, il y a quelques

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semaines, avec les chefs d'Etat et de gouvernement et les ministres des affaires étrangères de vos pays, la conclusion encourageante que l'ensemble de mes propositions bénéficiait de l'appui de la plupart des membres.

S'il est nécessaire d'approfondir davantage les propositions, nous le ferons. Les documents de séance les plus récents sont consacrés aux dividendes pour le développement et au Fonds d'avances de trésorerie. Nous sommes prêts à en soumettre d'autres, selon que de besoin.

Mes représentants sont également prêts à répondre à vos questions et observations. Cela étant, Monsieur le Président, j'espère toutefois que l'Assemblée générale saura réaliser un équilibre entre le souhait de disposer d'informations supplémentaires et la nécessité tout aussi importante de prendre des décisions concrètes sans tarder.

Laissez-moi en venir aux 29 décisions que j'ai décrites dans mon rapport. Ces décisions ont pour objectif d'améliorer la capacité de gestion et de réaction du Secrétariat, pour lui permettre de mieux répondre aux besoins des Etats Membres. Ces décisions procèdent directement de ma responsabilité d'administrateur du Secrétariat, et il est essentiel de leur donner suite rapidement pour conserver la dynamique de la réforme.

Bien que ces décisions entrent dans le cadre de mes pouvoirs en tant que plus haut fonctionnaire de l'Organisation, je suis conscient des directives figurant dans le plan à moyen terme, dans les textes portant autorisation du contenu des programmes des différentes entités organiques et dans le Règlement financier et les Règles de gestion financière de l'Organisation, et soucieux de les respecter pleinement.

Ces considérations valent pour toutes les décisions que j'ai prises. Je voudrais faire observer en particulier qu'elles s'appliquent aux décisions concernant les droits de l'homme et la société civile, domaines au sujet desquels les Etats Membres ont fait état de leurs préoccupations.

Les décisions qui ont des incidences budgétaires ont été soumises pour examen aux organismes intergouvernementaux appropriés. Dans un petit nombre de cas, les mesures ont des incidences sur les programmes dont il a été tenu compte dans les recommandations qui sont soumises aux Etats Membres pour examen.

Ces consultations officieuses ont également aidé à déterminer dans quels secteurs il serait utile d'affiner notre démarche dans la phase de mise en oeuvre. Je tiendrai pleinement compte des observations formulées par les délégations à cet égard et, en particulier, des vues exprimées par les pays en développement du "Groupe des 77" et le Mouvement des pays non alignés.

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Il y a quelques points sur lesquels je pense qu'il serait utile que je donne aujourd'hui un certain nombre de précisions supplémentaires.

Le premier concerne ma proposition visant à créer un poste de vice- secrétaire général, proposition qui a fait l'objet d'un document de séance. Mon intention à cet égard, et je voudrais que cela soit très clair, est que le vice-secrétaire général fasse partie intégrante de mon cabinet et exerce exclusivement les responsabilités et les fonctions qui découlent de ma propre autorité et que je lui aurai de temps à autre déléguées.

En proposant de créer un poste de vice-secrétaire général, j'ai pour objectif de m'adjoindre les services d'un fonctionnaire ayant le rang, l'envergure et les capacités nécessaires pour m'aider à m'acquitter plus pleinement et plus efficacement de la charge qui m'incombe et non d'introduire un nouvel échelon dans la hiérarchie.

Je ne projette donc pas de mettre en place une nouvelle structure qui m'éloigne des hauts fonctionnaires qui me font actuellement rapport directement; je cherche au contraire à faciliter et à renforcer les relations que j'ai avec eux, ainsi que ma capacité, à travers eux, de contrôler et diriger efficacement l'Organisation.

Comme vous pouvez le constater, il arrive que, du fait de la nature même de ma charge, mes priorités et les exigences auxquelles je dois répondre varient. Je souhaite avoir la possibilité de faire appel aux services du vice-secrétaire général d'une façon qui contribue le plus utilement et le plus efficacement à l'exercice de mes fonctions. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de ne pas déléguer à titre permanent au vice-secrétaire général un secteur particulier de mes responsabilités.

Un élément important du raisonnement qui m'a amené à prendre cette décision est la priorité absolue que je suis résolu à donner à la revitalisation du rôle de l'ONU dans le domaine du développement. Selon certaines délégations, la meilleure solution à cet égard consisterait à confier au vice-secrétaire général la responsabilité des questions de développement. Mais je ne souhaite aucunement me décharger de cette responsabilité fondamentale et n'ai pas l'intention de le faire; je demanderai plutôt au vice-secrétaire général de m'aider à donner à la question du développement toute l'attention qu'elle mérite, et ce sera là l'une de ses tâches principales.

C'est parce que, dans mon optique, il ferait partie intégrante de mon cabinet que je voudrais pouvoir nommer le vice-secrétaire général pour une durée qui n'excédera, en aucun cas, celle de mon propre mandat.

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La deuxième question sur laquelle je voudrais m'arrêter est celle du désarmement. Le désarmement est le seul sujet qui relève à la fois des actions entreprises sous ma responsabilité, des questions ayant des incidences budgétaires et des recommandations aux Etats Membres. C'est manifestement un sujet qui revêt un grand intérêt pour tous les Etats Membres, en raison de ses incidences sur les questions fondamentales de la paix et de la sécurité internationales, et de la souveraineté des Etats.

C'est en considération de l'intérêt que vous portez à cette question que le document de séance sur le désarmement a été l'un des premiers à être élaborés. J'ai l'intention d'en publier de nouveau le texte, de même que celui des autres documents de séance, dans des additifs officiels à mon rapport de juillet, afin de leur donner le statut qui convient.

J'ai également décidé, conformément à la recommandation de l'Assemblée générale, de baptiser le nouveau département "Département des affaires de désarmement".

Dans le domaine des droits de l'homme, mes décisions ont été guidées par les principes formulés dans la Déclaration et le Programme d'action de Vienne. La Déclaration dispose que "la démocratie, le développement et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales sont interdépendants et se renforcent mutuellement" et demande à toutes les entités concernées, à l'ONU ou dans le système des Nations Unies, d'évaluer les effets de leurs stratégies et politiques sur l'exercice des droits de l'homme dans leur ensemble.

La participation du Haut Commissaire aux droits de l'homme aux travaux de tous les comités exécutifs concernés permettra de promouvoir ces principes et objectifs ainsi que la pleine réalisation de tous les droits de l'homme, y compris le droit au développement, "droit universel et inaliénable qui fait partie intégrante des droits fondamentaux de la personne humaine".

Plusieurs délégations ont demandé des éclaircissements sur les pouvoirs des coordonnateurs résidents. Mon objectif est que toutes les entités des Nations Unies collaborent effectivement aux activités opérationnelles pour le développement. Il serait utile pour cela qu'il y ait un fonctionnaire, de rang supérieur aux autres, qui puisse présenter au chef de gouvernement l'habituelle lettre de recommandation du Secrétaire général.

Je pense que cette approche correspond aux voeux des Etats Membres, qui ont exprimé le souhait que la position du coordonnateur résident soit renforcée. Mais ce sera toujours aux différents Etats Membres qu'il appartiendra d'accorder à l'intéressé le niveau de pouvoir proposé.

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Monsieur le Président, je suis heureux d'avoir eu la possibilité de prendre la parole aujourd'hui devant l'Assemblée. Je sais que vous avez dirigé les débats avec votre talent et votre détermination habituels. Vous contribuez à faire de cette Assemblée celle de la réforme, et je suis convaincu que, sous votre direction, l'Assemblée générale sera bientôt en mesure de prendre des décisions sur ce point de l'ordre du jour. Je vous souhaite, ainsi qu'aux délégations qui participent à ces consultations, de réussir dans votre mission historique.

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