LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA (MONUA)
Communiqué de Presse
CS/866
LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA (MONUA)
19971029 Il exige que l'UNITA s'acquitte immédiatement et sans conditions de toutes ses obligationsLe Conseil de sécurité, réuni ce matin sous la présidence de M. Juan Somavia (Chili) pour examiner la situation en Angola, a adopté à l'unanimité la résolution 1135 (1997). Aux termes de ce texte, le Conseil décide de proroger jusqu'au 30 janvier 1998 le mandat de la MONUA et prie le Secrétaire général de lui soumettre, le 13 janvier 1998 au plus tard, un rapport assorti de recommandations sur la présence des Nations Unies en Angola après le 30 janvier 1998. Il exige que le Gouvernement angolais et surtout l'UNITA mènent à bien sans nouveau retard les éléments encore inachevés du processus de paix et s'abstiennent de tout acte susceptible de provoquer une reprise des hostilités. Le Conseil exige que l'UNITA s'acquitte immédiatement et sans conditions de toutes les obligations qui lui incombent en vertu de la résolution 1127 (1997), notamment qu'elle coopère pleinement au processus de normalisation de l'administration de l'État sur l'ensemble du territoire angolais, y compris à Andulo et Bailundo.
Le Conseil note que les mesures visées au paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997) prennent effet le 30 octobre 1997 à 0 h 1 (heure de New York), conformément au paragraphe 2 de la résolution 1130 (1997) du 29 septembre 1997. Il réaffirme qu'il est prêt à réexaminer ces mesures ou à envisager l'application de mesures supplémentaires, conformément aux paragraphes 8 et 9 de la résolution 1127 (1997).
Le Conseil a entendu, sur la question, les Etats Membres suivants qui ont expliqué leur vote : Fédération de Russie, Royaume-Uni, Egypte, République de Corée, Suède, Japon, Portugal, Costa Rica, France, Kenya, Pologne, Guinée-Bissau, Chine et Etats-Unis. Les pays suivants, non membres du Conseil, ont fait une déclaration : Angola et Brésil. Il était saisi pour l'examen de cette question du rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Angola en date du 17 octobre 1997.
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Texte du projet de résolution (S/1997/823)
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures,
Se déclarant fermement résolu à préserver l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Angola,
Soulignant que le Gouvernement angolais et surtout l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) doivent s'acquitter d'urgence, sans nouveau retard, des obligations qui leur incombent en vertu des "Acordos de Paz" (S/22609, annexe), du Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe) et de ses propres résolutions pertinentes,
Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 17 octobre 1997 (S/1997/807),
Se déclarant vivement préoccupé par l'absence de progrès substantiels dans le processus de paix en Angola depuis qu'a été présenté le rapport du Secrétaire général en date du 24 septembre 1997 (S/1997/741),
Déplorant vivement que l'UNITA ne se soit pas acquittée intégralement des obligations qui lui incombent en vertu des "Acordos de Paz", du Protocole de Lusaka et des dispositions de ses propres résolutions, en particulier sa résolution 1127 (1997) du 28 août 1997,
Considérant le rôle important joué par la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) à ce stade critique du processus de paix,
A
1. Décide de proroger jusqu'au 30 janvier 1998 le mandat de la MONUA et prie le Secrétaire général de lui soumettre, le 13 janvier 1998 au plus tard, un rapport assorti de recommandations sur la présence des Nations Unies en Angola après le 30 janvier 1998;
2. Fait siennes les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport du 17 octobre 1997, tendant à ce que le retrait des unités militaires des Nations Unies soit reporté jusqu'à la fin de novembre 1997, selon le plan exposé au paragraphe 15 dudit rapport, et prie le Secrétaire général de lui faire rapport, le 8 décembre au plus tard, sur le calendrier prévu pour la reprise du retrait du personnel militaire, compte tenu de la situation sur le terrain;
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B
3. Exige que le Gouvernement angolais et surtout l'UNITA mènent à bien sans nouveau retard les éléments encore inachevés du processus de paix et s'abstiennent de tout acte susceptible de provoquer une reprise des hostilités;
4. Exige aussi que le Gouvernement angolais et surtout l'UNITA coopèrent pleinement avec la MONUA, notamment en lui assurant toute liberté d'accès pour ses activités de vérification, et demande de nouveau au Gouvernement angolais d'aviser la MONUA en temps opportun de tous mouvements de troupes, conformément aux dispositions du Protocole de Lusaka et aux procédures établies;
Considérant que la situation actuelle constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales dans la région,
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,
5. Exige que l'UNITA s'acquitte immédiatement et sans conditions de toutes les obligations qui lui incombent en vertu de la résolution 1127 (1997), notamment qu'elle coopère pleinement au processus de normalisation de l'administration de l'État sur l'ensemble du territoire angolais, y compris à Andulo et Bailundo;
6. Note que les mesures visées au paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997) prennent effet le 30 octobre 1997 à 0 h 1 (heure de New York) conformément au paragraphe 2 de la résolution 1130 (1997) du 29 septembre 1997, et réaffirme qu'il est prêt à réexaminer ces mesures ou à envisager l'application de mesures supplémentaires, conformément aux paragraphes 8 et 9 de la résolution 1127 (1997);
7. Prie le Secrétaire général de lui présenter avant le 8 décembre 1997, puis tous les quatre-vingt-dix jours, un rapport sur l'exécution par l'UNITA de toutes les obligations énoncées au paragraphe 5 ci- dessus, au lieu des rapports visés au paragraphe 8 de la résolution 1127 (1997);
8. Demande aux États Membres de communiquer avant le 1er décembre 1997 au Comité créé par la résolution 864 (1993) des renseignements sur les mesures qu'ils auront prises pour donner effet aux dispositions du paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997);
9. Demande aussi au Comité créé par la résolution 864 (1993) de lui faire rapport, avant le 15 décembre 1997, sur les mesures prises par les États Membres pour donner effet aux mesures énoncées au paragraphe 4 de la résolution 1127 (1997);
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C
10. Réaffirme sa conviction qu'une rencontre, en Angola, entre le Président de la République d'Angola et le chef de l'UNITA pourrait faciliter le processus de paix et la réconciliation nationale;
11. Prie instamment la communauté internationale de fournir une assistance pour faciliter la démobilisation et la réinsertion sociale des ex-combattants, le déminage, la réinstallation des personnes déplacées et le relèvement et la reconstruction de l'économie angolaise, en vue de consolider les acquis du processus de paix;
12. Remercie le Secrétaire général, son Représentant spécial et le personnel de la MONUA d'aider les parties angolaises à mettre en oeuvre le processus de paix;
13. Décide de demeurer activement saisi de la question.
Rapport du Secrétaire général sur la mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) (S/1997/807)
Ce rapport a été soumis au Conseil de sécurité, conformément aux résolutions 1118(1997) et 1127 (1997), dans lesquelles il avait été décidé de proroger la mission de la MONUA jusqu'au 31 octobre 1997 et demandé au Secrétaire général de faire un compte rendu sur l'exécution par l'UNITA des obligations stipulées par le Conseil et sur le retrait du personnel militaire de la MONUA. Il fait suite au dernier rapport daté du 24 septembre 1997 (S/1997/741).
Aux termes du présent rapport, le représentant spécial du Secrétaire général s'est entretenu avec le Président de l'Angola et le chef de l'UNITA et leur a présenté les principaux éléments des résolutions citées plus haut et fait le point sur le processus de paix afin d'accélérer l'application des dispositions du Protocole de Lusaka encore en suspens.
Ce rapport fait le point sur la réalisation des trois tâches principales du processus de paix que sont la démilitarisation des forces de l'UNITA, la transformation de radio Vorgan en un émetteur neutre et la normalisation de l'administration de l'Etat dans l'ensemble du pays. A cet égard, le rapport fait état des retards dans l'exécution de ce programme d'action dus à la fois à des problèmes logistiques et politiques. Si dans l'ensemble l'UNITA a fait preuve de coopération pour la mise en place de l'administration centrale, il n'en a pas été de même après l'adoption de la résolution 1130 (1997) du Conseil.
Le rapport préconise le maintien des unités militaires des Nations Unies pour achever la démobilisation des forces de l'UNITA. Quant aux forces de
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police, M. Annan a estimé que le climat de sécurité et le climat politique du pays pourraient être améliorés si un complément de formation était offert à la Police nationale angolaise et à la police d'intervention rapide, mission que la MONUA est prête à prendre en charge.
En matière de droits de l'homme et de justice, la MONUA a établi un document qui examine les procédures pénales en vigueur concernant les violations des droits de l'homme et se félicite de la création de la Commission nationale de réforme du code pénal. Le rapport signale cependant que les organisations internationales de secours oeuvrant en Angola restent préoccupées par le manque d'accès aux populations vulnérables de certaines parties du pays, essentiellement en raison des restrictions imposées aux déplacements du personnel humanitaire. D'autre part, en raison du manque de ressources financières, les organismes internationaux ne cessent d'avoir des problèmes à apporter l'aide nécessaire aux populations vulnérables et déplacées. Dans ce contexte, le Secrétaire général a réitéré son appel à la communauté internationale afin qu'elle fournisse d'urgence les ressources nécessaires aux programmes de démobilisation militaire et de secours humanitaires en Angola.
Confrontés au processus de démobilisation compromis par les changements que l'UNITA a apportés systématiquement et de manière injustifiée dans la destination des soldats démobilisés, le PNUD et d'autres donateurs ont mis en oeuvre des projets d'orientation, des programmes de réintégration et de formation professionnelle des soldats démobilisés.
En ce qui concerne la stratégie économique globale, le Gouvernement, avec l'aide du PNUD, a engagé une équipe d'experts internationaux pour préparer un cadre national de politique économique à moyen terme visant à stabiliser l'économie, assurer le relèvement et amorcer le développement économique du pays.
Le rapport conclut sur un constat du Secrétaire général qui remarque que le processus de paix en Angola n'avait pas sensiblement avancé et se déclare particulièrement préoccupé par la lenteur de l'opération de démilitarisation de l'UNITA et du ralentissement de l'extension de l'administration de l'Etat aux zones relevant de l'autorité de l'UNITA. Il engage l'UNITA a prendre d'urgence des dispositions pour le transfert de toutes les zones demeurant sous son contrôle à l'autorité gouvernementale et à transformer radio Vorgan en une radio non partisane. Il a aussi demandé au Gouvernement et à l'UNITA de prendre des mesures spécifiques, et notamment une rencontre du Président angolais avec le chef de l'UNITA en Angola, afin de renforcer leur confiance mutuelle et d'améliorer les perspectives de réconciliation nationale. Il engage ensuite le Gouvernement à respecter son engagement d'information de la MONUA en cas de mouvements de ses troupes, rappelant les rapports faisant état de présence de troupes angolaises dans la République du Congo.
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Compte tenu des données présentées dans le rapport, le Secrétaire général a recommandé la prorogation du mandat de la MONUA jusqu'au 31 janvier 1998. Quant au rôle de la communauté internationale, il l'a appelée à déployer tous les efforts pour faire en sorte que les acquis soient renforcés par une aide financière et matérielle suffisante pour notamment financer la réintégration des soldats démobilisés, les activités de déminage et d'autres projets humanitaires.
Déclarations
M. ALFONSO VAN-DUNEM MBINDA (Angola) a déclaré que, à la lumière du rapport du Secrétaire général, l'UNITA n'a pas fait preuve de coopération, de bonne foi, ni de volonté politique. A ce jour, aucun progrès n'a été réalisé pour ce qui est de la démilitarisation de son arme politique. Les chiffres avancés par cette organisation pour ce qui est de ses effectifs militaires actuels sont faux et donc totalement inacceptables. L'UNITA a toujours 35 000 hommes lourdement armés. Le représentant a indiqué que la normalisation de l'administration d'Etat n'est pas achevée en dépit des progrès réalisés et ceci en raison des obstacles que dresse systématiquement l'UNITA. Pour ce qui est de la radio Vorgane, peu de progrès ont été réalisés pour en faire une radio non partisane. La propagande anti gouvernementale se poursuit, a-t-il précisé.
Il est facile de noter que les instances dirigeantes de l'UNITA ont totalement violé les résolutions 1127 et 1130. La communauté internationale et le Conseil de sécurité ne doivent pas se laisser induire en erreur par une organisation qui n'a fourni aucune preuve de sa bonne volonté à abandonner le pouvoir. L'imposition de sanctions fortes par la communauté internationale à l'encontre de l'UNITA est la seule alternative qui s'offre si nous voulons amener son dirigeant à adopter la voie de la paix et de la démocratie. Aujourd'hui, nous pouvons arriver à la conclusion que l'UNITA n'a pas pris les mesures nécessaires afin de respecter ses obligations prévues dans la résolution 1127. Nous demandons donc l'application des mesures prévues dans le paragraphe 4 de la résolution 1127.
M. CELSO L.N. AMORIM (Brésil) a regretté qu'il n'y ait pas eu de progrès notables au cours des derniers mois dans le processus de paix en Angola. Il demande à l'UNITA de remettre tout le personnel et équipements en sa possession à la MONUA et cela dans le cadre des engagements pris dans le Protocole de Lusaka. Le Brésil considère la prise de sanctions comme un instrument de dernier recours qui devra correspondre à des situations d'extrême urgence parce qu'elles peuvent avoir des effets négatifs sur les populations innocentes des pays avoisinants. Néanmoins, dans le cas de l'Angola, le Brésil est convaincu que le Conseil de sécurité a adopté la bonne voie en votant une résolution qui prévoit des sanctions uniquement à l'égard des parties réticentes. La situation est arrivée à un stade où la communauté internationale se doit de faire parvenir un message clair, dans lequel elle
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devra souligner qu'elle ne tolérera plus que les engagements internationaux pris ne soient pas appliqués. Il a rappelé que le troisième anniversaire du Protocole de Lusaka était le mois prochain, et qu'à cette occasion il espère que les mesures prises, aujourd'hui, auraient pour effet de prouver que la seule alternative viable pour l'Angola sera la paix et la réconciliation.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a exprimé sa préoccupation quant au fait que ces derniers mois, le processus de paix ait été compromis pour des motifs politiques et notamment par la mise en oeuvre d'obstacles par l'UNITA qui a foulé au pied les résolutions 1127 et 1130. Aujourd'hui, les sanctions prévues contre l'UNITA entrent en vigueur conformément à la résolution 1127. Au vu de la situation critique actuelle, la prorogation de la MONUA et le report du retrait des éléments militaires prennent toute leur importance. C'est la raison pour laquelle la Fédération de Russie votera en faveur du projet de résolution.
M. DAVID RICHMOND (Royaume-Uni) a déclaré que le manque de progrès dans le processus de paix en Angola est largement imputable à l'UNITA qui n'a pas tenu ses engagements. Après avoir, une première fois, reporté la date de la mise en oeuvre des mesures à l'encontre de l'UNITA, le Conseil de sécurité doit, aujourd'hui, décider l'application de ces mesures. Les mesures prises à l'encontre de l'UNITA ne sont pas punitives mais, au contraire, visent à encourager l'UNITA à respecter ses engagements. Ces mesures peuvent être levées si l'UNITA entretenait une coopération satisfaisante avec la communauté internationale.
Le Gouvernement de l'Angola, pour sa part, a des responsabilités. Il doit notifier tout mouvement de troupes à la MONUA. M. Weston a déclaré qu'il partage l'inquiétude du Secrétaire général face à la présence de forces angolaises en République du Congo. Il considère que ces forces doivent être retirées immédiatement. Le processus de paix doit avancer et il est essentiel que la confiance mutuelle des parties au conflit soit rétablie. Le Royaume- Uni approuve la prorogation du mandat de la MONUA et décide de voter en faveur de la résolution.
M. NABIL ELARABY (Egypte) a déclaré que le processus de paix est entré dans une phase délicate, étant donné que l'UNITA ne respecte pas ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka. La communauté internationale s'attend toujours à ce que l'UNITA mette en oeuvre, sans conditions, ses obligations les plus importantes. L'adoption des résolution 1127 et 1130 témoigne de l'importance qu'attache la communauté internationale au processus de paix en Angola. Le représentant a regretté que les informations continuent de faire état de l'atterrissage d'avions sur les territoires sous contrôle de l'UNITA. Ces manoeuvres indiquent que l'UNITA est prête à créer un état à l'intérieur d'un état, a précisé le représentant. Pour sortir de l'impasse, il faut que l'UNITA renonce à l'option de la guerre. En dépit de nos objections de principe à l'imposition de sanctions, la situation actuelle veut
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que nous appuyions les mesures contenues dans les résolutions 1127 et 1130. Le représentant a indiqué le soutien de son pays au report du retrait de la composante militaire de la MONUA et a souligné que l'Egypte votera en faveur du projet de résolution présenté aujourd'hui.
M. PARK SOO GIL (République de Corée) s'est déclaré préoccupé de la lenteur du processus de paix en Angola, et notamment de la démilitarisation de l'UNITA et de la lenteur avec laquelle l'administration nationale se met en place. Il est encore plus regrettable de constater que la coopération de l'UNITA n'a pas eu de suite après le report dans l'application des sanctions décidé le mois dernier. Il faut désormais que le Conseil de sécurité fasse preuve de résolution en n'accordant plus de sursis supplémentaire dans l'application des sanctions envisagées par la résolution 1127. Ces sanctions ne visent pas à punir l'UNITA mais à l'amener à coopérer, a déclaré M. Park. Il est également important qu'une réunion ait enfin lieu entre le Président de l'Angola et le chef de l'UNITA sur le territoire de l'Angola.
La République de Corée est préoccupée en outre par la tension créée dans la région par les mouvements de troupes gouvernementales qui affectent non seulement le processus de paix en Angola mais également la paix dans l'ensemble de la région. Elle s'inquiète, tout particulièrement, des interventions transfrontières dans la région, qui constituent une violation claire de la Charte des Nations Unies. C'est pourquoi, elle soutient la déclaration du Président du Conseil de sécurité qui appelle à un retrait immédiat des forces étrangères dans le République du Congo. La République de Corée est également préoccupée par les actes de banditisme perpétrés dans les régions sous contrôle gouvernemental et par les restrictions à la libre circulation des personnes et des biens, en particulier des restrictions imposées au personnel de la MONUA et au personnel international engagé dans des activités humanitaires. Elle demande au Ggouvernement angolais de prendre des mesures pour faire face à ces graves problèmes. Dans ces circonstances, il est nécessaire de prolonger la présence internationale en Angola. La République de Corée soutient la proposition du Secrétaire général tendant à étendre le mandat de la MONUA jusqu'à la fin janvier 1998 et à reporter le retrait de la composante militaire. Elle votera donc en faveur du projet de résolution.
M. HENRIK SALANDER (Suède) a déploré qu'en dépit des efforts déployés, le processus de paix en Angola n'ait pas enregistré de progrès notables et a rejeté la responsabilité première de cette situation sur l'UNITA. Rappelant les initiatives du Conseil de sécurité pour amener cette partie à assumer ses obligations, le représentant a précisé que les mesures envisagées, aujourd'hui, s'adressent spécialement aux dirigeants de l'UNITA et qu'elles n'affecteront pas le peuple angolais puisque des exceptions sont prévues en matière humanitaire. Il a appelé le Comité des sanctions sur l'Angola à s'assurer de la pleine mise en oeuvre du régime des sanctions, en coopération avec tous les Etats Membres des Nations Unies. Le projet de résolution ne
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laisse aucun doute sur la ferme détermination du Conseil de sécurité d'établir une paix durable en Angola. Les sanctions ne sont pas une fin en soi mais un moyen de convaincre les dirigeants de l'UNITA qu'il n'existe aucune alternative à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Se félicitant de la prorogation de la MONUA pour une période de trois mois, le représentant a jugé important, compte tenu de la tension qui règne en Angola, que le retrait de la composante militaire de la mission soit effectué en tenant compte de l'évolution de la situation sur le terrain. La mission doit être en mesure de remplir son mandat sans harcèlement ni obstruction.
Des éléments militaires essentiels du processus de paix doivent encore être mis en oeuvre, a précisé le représentant, en espérant qu'au cours des prochains mois des progrès seront également effectués dans la mise en oeuvre du mandat civil de la mission. A cet égard, il a appelé le Haut Commissaire des Nations Unies sur les droits de l'homme à assister la MONUA dans ses activités relatives à ce domaine. Le représentant a lancé un appel urgent aux deux parties pour qu'elles retirent leurs forces de la République du Congo. Une telle initiative est nécessaire à l'établissement de relations de confiance dans la région, et en Angola même. Le représentant a appelé le gouvernement à notifier à la MONUA tout mouvement de troupes conformément au Protocole de Lusaka.
M. HISASHI OWADA (Japon) a rappelé que l'UNITA est largement responsable de l'impasse du processus de paix en Angola et cela malgré les appels répétés du Conseil de sécurité à vouloir lui faire respecter les engagements qu'elle a pris. Par la résolution de ce jour, le Conseil a décidé de mettre en oeuvre des mesures concrètes contre l'UNITA sous réserve que celle-ci ne fasse preuve de volonté concrète de se conformer à ses obligations. Le Conseil avait au préalable décidé d'accorder le bénéfice du doute à l'UNITA en reportant la date de la mise en oeuvre de ces mesures or, à ce jour, l'UNITA n'a pas répondu à la bonne volonté de la communauté internationale. Cette fois, le Conseil n'a plus d'autre alternative que de décider la mise en application des sanctions. Le Japon attache une grande importance à l'efficience de ces mesures et considère que la coopération avec les Etats voisins est nécessaire à cet égard. L'UNITA doit néanmoins savoir que le Conseil de sécurité reste disposé à réexaminer ces sanctions, voir aussi à envisager des mesures supplémentaires et cela en fonction de l'attitude de l'UNITA au cours des prochains jours.
M. Owada a noté que le Gouvernment angolais est aussi appelé à respecter ses engagements afin d'aller de l'avant dans le processus de paix et dans sa coopération avec la MONUA. Le Japon a appelé les deux parties au conflit à décider la tenue d'une réunion entre le Président Dos Santos et M. Savimbi. Le Japon a appelé le Gouvernement angolais à retirer ses troupes immédiatement de la République du Congo. Compte tenu de ce qui précède, le Japon a décidé de voter en faveur de cette résolution.
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M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) Le Portugal appuie pleinement la prorogation du mandat de la MONUA et cela parce que le processus de paix en Angola n'est de toute évidence pas encore irréversible. Le projet de résolution d'aujourd'hui ne se veut pas être punitif mais plutôt vise à pousser la mise en oeuvre de ce processus de paix. Il a rappelé que le Conseil de Sécurité avait au préalable accordé deux périodes de grâce à l'UNITA et adressé un message clair à cette dernière. Ces initiatives n'ont cependant pas été entendues et l'UNITA n'a pas pris les mesures concrètes et irréversibles que la communauté internationale lui demandait. Les sanctions votées dans la résolution d'aujourd'hui visent à permettre la réalisation des objectifs de tous ceux qui souhaitent voir la paix en Angola. Il a rappelé à cet effet que le Conseil de sécurité avait fait preuve de patience et reste prêt aujourd'hui à reconsidérer ces mesures, voire à en envisager d'autres si l'UNITA ne fait pas preuve d'une volonté concrète de coopération. Le Portugal appelle l'UNITA à respecter ses engagements car il y va de l'avenir du peuple angolais.
M. MELVIN SAENZ-BIOLLEY (Costa Rica) a regretté que l'UNITA n'ait pas respecté les obligations qui lui incombent au titre de la résolution 1127 du Conseil de sécurité. Le Costa Rica rappelle à cet égard que les mesures imposées à l'UNITA constituent une autre preuve de la nouvelle tendance du Conseil de sécurité d'imposer des sanctions aux dirigeants ou aux groupes dirigeants des parties au conflit de manière à ce que celles-ci n'affectent pas la situation humanitaire de la population civile d'un pays donné.
M. Saenz-Biolley a rappelé que les conditions de la démobilisation et de la démilitarisation existent en Angola puisque les représentants de l'UNITA sont désormais intégrés à la structure gouvernementale, militaire et policière. L'UNITA n'a donc plus aucune raison ni de maintenir une force armée ni de garder des territoires sous son contrôle. A cet égard, l'UNITA doit rendre les territoires d'Andulo et de Bailundo de manière à ce que l'administration étatique angolaise puisse s'appliquer à ces derniers. Le Costa Rica exprime l'espoir que le Président Dos Santos et M. Jonas Savimbi pourront se réunir prochainement en Angola afin de négocier les questions relatives à la pacification du pays qui sont toujours en suspens.
Le Costa Rica souligne que la présence d'éléments armés angolais en République du Congo, si elle était avérée, risquerait de mettre en péril le processus de paix pour lequel s'est tant battu le peuple d'Angola. En conséquence, le Costa Rica condamne fermement toute ingérence extérieure en République du Congo et demande à toutes les forces étrangères, notamment les mercenaires, de se retirer immédiatement du pays.
M. ALAIN DEJAMMET (France) a estimé que le comportement de l'UNITA justifie que les mesures définies par la résolution 1127 du Conseil lui soient appliquées sans délai supplémentaire. L'UNITA n'a en effet toujours pas rempli ses engagements au titre du Protocole de Lusaka et des résolutions du Conseil et porte ainsi la responsabilité principale des difficultés que traverse le processus de paix. L'application des mesures définies dans la
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résolution 1127 doit faire comprendre à l'UNITA que sa seule perspective d'avenir est de participer à la vie politique dans le respect des engagements souscrits. Le Gouvernement angolais, qui peut compter sur l'appui de la France dans son oeuvre de reconstruction nationale, doit également entendre les appels qui lui sont lancés par le Conseil, et en particulier ceux qui concernent la coopération avec la Mission d'observation des Nations Unies, a déclaré M. Dejammet.
M. KIPKORIR ALY AZAD RANA (Kenya) a jugé regrettable que les parties angolaises, et en particulier l'UNITA, n'aient pas utilisé pleinement les moyens mis à leur disposition par la communauté internationale pour mener à bien le processus de paix. Le Kenya votera donc en faveur de la résolution. Il aurait espéré qu'on parlât, aujourd'hui, de programmes et de projets de reconstruction de l'économie en Angola. Au lieu de cela, nous en sommes à discuter de l'extension de la MONUA et de l'imposition de sanctions. Cette situation est décevante et aurait pu être évitée si toutes les parties angolaises, et en particulier l'UNITA, s'étaient pleinement conformées aux dispositions du Protocole de Lusaka.
Le Kenya est également déçu que les deux principaux protagonistes, M. Savimbi et le Président Dos Santos, ne se soient pas encore rencontrés, malgré les appels multiples de la communauté internationale en ce sens. Une telle rencontre, symbolique, aurait contribué à l'établissement de la confiance et donc au processus de paix. Les informations sur une possible rencontre, le mois prochain, sont en ce sens encourageantes. Le Kenya demande à toutes les parties, et en particulier à l'UNITA, de se conformer entièrement et sans délais au Protocole de Lusaka et à la résolution 1127 du Conseil de sécurité.
M. ZBIGNIEW MATUSZEWSKI (Pologne) a demandé ce que le Conseil de sécurité pouvait faire de plus pour trouver une solution à la situation difficile en Angola. Pas grand chose, si les parties qui détiennent le sort de l'Angola entre leurs mains ne sont pas prêtes à mettre en oeuvre le Protocole de Lusaka. Le représentant a lancé un appel à l'UNITA pour que celle-ci réexamine sa position et amorce une véritable coopération. Nous ne sommes pas satisfaits de l'entrée en vigueur, ce soir, des sanctions prévues dans le paragraphe 4 de la résolution 1127. Néanmoins, nous les avons soutenues car nous pensions qu'à ce stade, il s'agissait de la seule manière de contraindre ceux qui sont concernés par ces mesures à prendre au sérieux les efforts déployés par la communauté internationale. Le représentant a indiqué le soutien de son pays à la prorogation du mandat de la MONUA et le report du retrait de sa composante militaire.
M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a déclaré que la communauté internationale s'est investie en faveur de la paix en Angola et a demandé, notamment, à l'UNITA de se conformer aux dispositions du Protocole de Lusaka. Le Conseil de Sécurité a, à nouveau, été saisi de la situation en Angola et a pris note de la gravité de la situation à la suite de quoi il a proposé la
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résolution d'aujourd'hui. Cette fois, il préconise la mise en application de sanctions, car l'UNITA n'a pas été en mesure de respecter les engagements pris auparavant. La Guinée-Bissau soutient la décision de proroger le mandat de la MONUA et manifeste à nouveau sa volonté de voir une rencontre entre les deux parties au conflit qui permettra à terme de recréer un climat de confiance dans le pays. La Guinée-Bissau a décidé de voter la résolution d'aujourd'hui et se félicite des efforts du personnel des Nations Unies en Angola.
M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré que deux mois après l'adoption de la résolution 1127, le processus de paix en Angola n'a pas avancé. Faisant valoir que de nombreuses situations explosives en Afrique ont été résolues, il a formé l'espoir que l'Angola commencera son relèvement et s'engagera sur la voie du développement. L'UNITA doit, sans délais et sans conditions, respecter le Protocole de Lusaka et les accords relatifs au désarmement et à la normalisation de l'administration d'Etat. La Chine a depuis toujours adopté une position prudente quant à l'imposition de sanctions, mais elle votera en faveur du projet de résolution.
M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a indiqué que son pays a voté en faveur de la prorogation du mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA) tout en soulignant le rôle essentiel joué par la mission dans le processus de paix. Il a indiqué en outre que son pays soutient le retrait de la composante militaire de la MONUA lorsque celle-ci aura achevé son mandat. Exprimant sa préoccupation quant aux attaques perpétrées contre le personnel de la mission, le représentant a demandé que les responsables de cet acte soient appelés à comparaître. Les parties angolaises doivent garantir que de tels incidents ne se reproduiront plus, a-t-il souligné. Mentionnant le report des sanctions prévues contre les membres de l'UNITA, le représentant a formé l'espoir que l'UNITA fera bon usage du délai qui lui est imparti pour prendre les mesures nécessaires en vue de parachever le processus de paix.
Le représentant a regretté qu'en dépit de la mission à Bailundo, samedi dernier, de l'Ambassadeur Bill Richardson, l'UNITA n'a pas respecté ses obligations conformément au Protocole de Lusaka et de la résolution 1127. L'UNITA a même reculé en entravant la travail des administrateurs des régions qui ont été récemment placées sous le contrôle du gouvernement. Par conséquent, nous soutenons la mise en oeuvre des sanctions prévues dans la résolution 1127. Nous mettrons vigoureusement en oeuvre ces mesures ainsi que celles prévues dans la résolution 864. Le représentant a indiqué que son pays est prêt à réexaminer la nécessité d'imposer des sanctions si l'UNITA voit dans l'imposition de ces mesures un signe de la détermination de la communauté internationale de faire en sorte que l'UNITA achève le processus de paix. Le représentant a précisé que ce projet de résolution adresse un message également au Gouvernement angolais pour que celui-ci fasse montre de retenue dans la mise en oeuvre des derniers volets du processus de paix.
- 13 - CS/866 29 octobre 1997
Le représentant a en outre exprimé sa profonde préoccupation quant à l'intervention militaire des Forces armées angolaises dans la République du Congo qu'il a qualifiée de violation de la Charte des Nations Unies et de celle de l'Organisation de l'unité africaine. Nous comprenons les préoccupations d'ordre sécuritaire du Gouvernement angolais pour ce qui est de la situation dans la province de Cabinda et sa frustration quant à l'aide fournie par la République du Congo à l'UNITA mais l'intervention militaire n'est pas une réponse adéquate. Nous condamnons cette intervention et demandons au Gouvernement angolais de retirer immédiatement ses troupes. Nous demandons également que les mercenaires et autres groupes armés, y compris l'UNITA, se retirent immédiatement.
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