LA DEGRADATION DES TERRES : UN DEFI A RELEVER AU PLUS TOT
Communiqué de Presse
FAO/3669
LA DEGRADATION DES TERRES : UN DEFI A RELEVER AU PLUS TOT
19970926 Rome, 26 septembre 1997 -- Si la dégradation des terres est synonyme de maladie, la désertification, elle, en signe de mort. Les sols du monde, sans lesquels on ne saurait produire la nourriture dont l'humanité a besoin, sont menacés notamment par la dégradation, le déboisement, le surpâturage, l'érosion et la mauvaise gestion des terres arables.Chaque année, 25 milliards de tonnes de couche arable sont emportés par les eaux : en Chine, le fleuve Huang en déverse à lui seul l,6 milliard de tonnes dans la mer. Dans le monde, l'érosion des sols menace l'existence de prés de l milliard d'habitants.
La pression sur les terres est appelée à se poursuivre parallèlement à l'accroissement démographique. Selon les projections des Nations Unies, la population mondiale doit augmenter de 3 milliards d'ici à 2030. Aussi une augmentation substantielle de la production alimentaire est-elle indispensable au cours des prochaines années.
Le défi est de taille, car la ressource n'est pas illimitée et la plupart des terres cultivables sont déjà exploitées. Selon la FAO la disponibilité des terres arables par habitant devrait se réduire d'ici à l'an 2010 passant de 0,85 hectare à environ 0,4 hectare.
La désertification est la dégradation des terres arides. Il ne s'agit pas de la progression des déserts, mais bien de la perte de productivité et de complexité biologique ou économique des terres cultivables, des pâturages et des terres boisées, notamment à proximité des grandes villes et des zones rurales à forte densité démographique ainsi qu'autour des points d'eau.
La dégradation affecte à des degrés divers prés de 2 milliards de terres arables et de pâturages, soit 15 pour cent des sols de la planète. Elle est due, pour l'essentiel, à des variations du climat et à des activités humaines et non durables.
Les terres arides sont les écosystèmes les plus fragiles de la planète, Et pourtant, elles abritent quelque 900 millions de personnes. A l'échelon mondial, on estime que les pertes de revenu subies dans les zones directement touchées par la désertification atteindraient près de 42 milliards de
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dollars par an. Les coûts économiques et sociaux indirects encourus en dehors des zones touchées, y compris l'afflux de "réfugiés écologiques" et les pertes de production alimentaire nationale, sont sans doute beaucoup plus élevés.
La dégradation des terres affecte les réserves d'eau douce, sur le plan quantitatif comme sur le plan qualitatif. La sécheresse et la désertification entraînent une baisse des niveaux des cours d'eau, des lacs et des nappes souterraines. Ainsi, par exemple, des pratiques d'irrigation non durables peuvent assécher les cours d'eau qui alimentent de grands lacs; la mer d'Aral et le lac Tchad ont tous deux vu leur rivage reculer de manière spectaculaire.
Outre, le déboisement, le surpâturage, l'érosion des sols, l'expansion des zones urbaines, les activités industrielles, la mauvaise gestion des terres et les variations de climat, la dégradation des sols a également des causes économiques et sociales. Dans les pays en développement, elle est étroitement liée à la pauvreté qu'elle soit individuelle ou nationale. La surexploitation des terres et les mauvaises pratiques d'irrigation sont souvent le fait de ruraux pauvres moins préoccupés par la bonne santé à long terme des sols que par la nécessité impérieuse de satisfaire des besoins immédiats.
En Afrique subsaharienne et dans plusieurs autres régions de la planète, le développement des cultures de rente durant les années 1980 a souvent entraîné une dégradation des terres. Tout comme l'utilisation de certaines machines agricoles inadaptées a parfois détruit la structure des sols. L'exploitation des terres marginales et les régimes fonciers ont également leurs parts de responsabilité.
Il est pourtant possible de lutter contre la dégradation des terres à condition d'y mettre le prix sur les plans politique, économique, social et technologique. Selon la FAO, il convient notamment de réduire la pression sur les terres en encourageant la diversification des revenus dans les zones rurales. L'exploitation agricole durable des terres arables réduirait en outre la pression sur les terres marginales. Il convient également de développer, là où cela est possible, l'agroforesterie, la pêche et l'aquaculture. La lutte contre la désertification doit surtout s'appuyer sur la participation effective des utilisateurs de la terre notamment les femmes rurales.
La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification offre de nouveaux espoirs. 115 pays ont signé cette Convention qui est entrée en vigueur le 26 décembre 1996, 90 jours après sa ratification par 50 pays.
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En offrant ses salles de conférence à la première réunion de la Conférence des parties (chargée de superviser la mise en oeuvre de la Convention) et en oeuvrant aux côtés de ses partenaires en vue d'un développement agricole durable, la FAO a clairement manifesté son engagement aux côtés de tous ceux qui luttent contre la dégradation des terres.
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