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SG/SM/6320

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ÉVOQUE LA PROFONDE ÉVOLUTION DU RÔLE DES ONG DANS LA DÉCLARATION LIMINAIRE PRONONCÉE À LA CINQUANTIÈME CONFÉRENCE DPI/ONG

17 septembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6320
PI/1027


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ÉVOQUE LA PROFONDE ÉVOLUTION DU RÔLE DES ONG DANS LA DÉCLARATION LIMINAIRE PRONONCÉE À LA CINQUANTIÈME CONFÉRENCE DPI/ONG

19970917 Le partenariat entre l'Organisation des Nations Unies et les organisations non gouvernementales n'est plus une option mais une nécessité

On trouvera ci-après le texte de la déclaration liminaire prononcée le 10 septembre par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l'occasion de la cinquantième Conférence annuelle DPI/ONG organisée sur le thème "Construire ensemble" :

C'est pour moi un réel plaisir et un honneur de vous souhaiter la bienvenue aujourd'hui à l'Organisation des Nations Unies.

Cette conférence marque un anniversaire mais aussi l'avènement d'une ère nouvelle. Nous célébrons aujourd'hui le cinquantième anniversaire de cette manifestation annuelle, conscients des profonds changements intervenus.

La nature de cette conférence et des relations entre l'ONU et les organisations de la société civile dont elle est devenue le symbole s'est transformée au point de devenir méconnaissable par rapport aux réalités de 1947.

Lorsque j'étais Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, j'ai pu m'en rendre compte personnellement en 1992, lors de l'Opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM), qui prévoyait pour la première fois une protection pour le personnel des organisations humanitaires.

Un jour, 40 membres d'ONG ont décidé de pique-niquer sur la plage à Mogadishu. Lorsqu'ils ont été attaqués, ils ont fait appel à la force de maintien de la paix des Nations Unies. Le commandant de la force s'est immédiatement demandé pour quelle raison il n'avait pas été informé de ce projet.

Cet incident est à mes yeux un exemple de l'incompréhension qui régnait alors et a aujourd'hui pratiquement disparu.

- 2 - SG/SM/6320 NGO/294 PI/1027 17 septembre 1997

Aujourd'hui, nous nous connaissons bien et nous collaborons étroitement dans le domaine des droits de l'homme et des situations d'urgence humanitaires. Votre présence ici, en nombre plus grand que jamais, montre bien l'importance de ce cinquantenaire. Elle est une preuve éloquente des changements intervenus.

Le nombre d'organisations participantes n'a jamais été aussi élevé : 637 organisations non gouvernementales, représentant 61 pays de toutes les régions du monde, sont présentes aujourd'hui.

Vous êtes venus ici de votre propre gré et à vos propres frais. Votre présence, votre enthousiasme, votre engagement montrent bien que la société civile est maintenant une véritable force.

En 1947, les États Membres de l'Organisation des Nations Unies étaient pratiquement les seuls acteurs sur la scène internationale. Les organisations non gouvernementales étaient alors considérées comme des acteurs de second plan, des alliés de l'Organisation des Nations Unies. Leur rôle était important mais relativement modeste. Elles contribuaient avant tout à mobiliser l'opinion publique à l'appui des objectifs et valeurs uniques consacrés dans la Charte des Nations Unies.

On constate aujourd'hui que ces relations ont évolué. Comme l'indique le titre de cette conférence, il s'agit aujourd'hui de "construire ensemble". Les organisations non gouvernementales sont aujourd'hui considérées comme des partenaires essentiels de l'Organisation des Nations Unies en contribuant non seulement à mobiliser l'opinion publique mais aussi en participant aux délibérations et à l'élaboration des politiques et, qui plus est, à l'exécution de ces politiques sur le terrain.

J'ai précédemment mentionné l'Opération menée en Somalie. Dans ce cadre, l'Organisation des Nations Unies et les organisations non gouvernementales ont collaboré sur le terrain pendant plusieurs années.

À maints égards, les organisations non gouvernementales sont devenues des partenaires indispensables de l'ONU. Elles sont souvent présentes sur le terrain avant même que la communauté internationale ait autorisé l'ONU à intervenir. Leur connaissance des situations, leur expérience et leur exemple peuvent nous être d'une aide précieuse.

Les organisations non gouvernementales jouent un rôle particulièrement crucial dans les domaines de la diplomatie préventive, de l'aide humanitaire, du développement et des droits de l'homme comme j'ai pu moi-même le constater.

- 3 - SG/SM/6320 NGO/294 PI/1027 17 septembre 1997

Le rôle de l'ONU et celui des ONG sont complémentaires comme dans toute solide union. Chaque partenaire apporte quelque chose d'unique et contribue à former un tout qui est plus important que la somme de ses parties.

Il s'agit de relations fondées sur la confiance, le partenariat étant à la fois un privilège et une responsabilité comme le constatait le premier groupe d'organisations non gouvernementales participant, à titre consultatif, à la Conférence de San Francisco en 1945. Ce groupe s'était engagé à n'épargner aucun effort, pour qu'au cours des années à venir l'oeuvre entreprise à San Francisco se développe et bénéficie de l'appui d'un public actif et informé.

Dans le monde entier, l'ONU et la communauté des ONG collaborent étroitement. Des organisations non gouvernementales actives et attachées aux objectifs de la Charte — comme les associations pour les Nations Unies — mobilisent l'opinion publique en faveur de l'Organisation des Nations Unies.

Depuis la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement tenue à Rio les conférences mondiales ne se déroulent plus de la même façon. Les ONG participent désormais activement à toutes les étapes de leurs travaux.

La coopération est devenue depuis lors une pratique courante. Dans divers domaines, l'ONU et les ONG sont devenues des partenaires opérationnels. Je citerai quelques exemples :

En Afghanistan, dans le domaine du déminage, l'ONU collabore avec six organisations non gouvernementales afghanes, une ONG internationale et un organisme de secours de la République islamique d'Iran.

Nous avons engagé un dialogue avec le secteur privé, qui a ouvert la voie à un échange de compétences, de connaissances, de conseils et d'informations.

Les organisations non gouvernementales de défense des droits de l'homme demeurent des partenaires irremplaçables de l'ONU pour faciliter la réadaptation de la société civile après les conflits qui ont déchiré des pays comme le Cambodge, El Salvador et le Guatemala.

La participation des autorités locales, des maires et des fonctionnaires des administrations provinciales de nombreux pays a été cruciale pour l'exécution des programmes de l'ONU sur la bonne gestion des affaires publiques. Un dialogue vital se poursuit avec ces acteurs.

- 4 - SG/SM/6320 NGO/294 PI/1027 17 septembre 1997

Les relations étroites qui existent maintenant entre l'ONU et l'Union interparlementaire attestent l'importance cruciale du partenariat avec les membres des parlements pour la réalisation d'objectifs communs.

Il est plus que jamais nécessaire de s'appuyer sur ce nouveau partenariat pour faire face aux grands problèmes mondiaux. Notre partenariat est d'autant plus vital que nous devons affronter de nouveaux ennemis de la société civile : les forces de ce que j'appellerais "la société privée de sens civique".

Ces nouveaux ennemis mondiaux, contre lesquels la coopération internationale est notre seule arme, ce sont les trafiquants de drogue, d'armes, de devises, ceux qui blanchissent l'argent sale ou exploitent la prostitution des jeunes. Ils ont tous mis à profit la zone d'ombre existant entre la souveraineté de l'État et le droit international. Ils incarnent les dangers de la mondialisation économique.

La mondialisation a des effets positifs comme l'expansion des ONG, l'élargissement de l'accès à l'information et le libre-échange des personnes et des idées mais elle a aussi ses effets négatifs, comme ces nouvelles menaces mondiales.

Pour y faire face, la société civile internationale doit se mobiliser. C'est la raison pour laquelle les États Membres, les organes gouvernementaux et intergouvernementaux et les organisations non gouvernementales doivent être des partenaires.

Il est devenu indispensable de s'appuyer sur un partenariat pour résoudre les grands problèmes mondiaux.

Je vous félicite des progrès accomplis en ce qui concerne la définition des droits et des responsabilités des organisations non gouvernementales.

De nombreux États s'emploient déjà à définir le cadre législatif nécessaire qui porte sur les avantages fiscaux — mais aussi sur la question des responsabilités des organismes à but non lucratif.

Dans la Fédération de Russie, le Président Eltsine a signé en mai 1995, un décret concernant les associations publiques. Au Japon, le sénateur Akiko Domoto a fait campagne pour l'adoption d'une loi définissant des normes nationales applicables aux associations et fondations à but non lucratif.

J'ai cru comprendre que le représentant de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge exposerait les dispositions qui ont été prises en vue de l'élaboration d'un code de conduite pour les ONG participant à des activités opérationnelles et humanitaires.

- 5 - SG/SM/6320 NGO/294 PI/1027 17 septembre 1997

La Conférence traitera de ces questions importantes.

D'autres débats seront nécessaires car l'examen de ces questions portera non sur des mois, mais sur plusieurs années.

S'agissant de l'Organisation des Nations Unies, j'ai entrepris un processus de réformes dès mon entrée en fonctions. Le plan de réformes que j'ai présenté à l'Assemblée générale sera examiné ce mois-ci. J'espère que des décisions seront prises rapidement.

La façon dont je conçois la réforme est celle-ci : il s'agit de transformer les structures de direction et de gestion de l'Organisation, de la doter de capacités renforcées et d'une structure rationalisée qui agisse en synergie totale au niveau des pays; qu'elle soit mieux préparée aux crises humanitaires et politiques; qu'elle dispose d'un personnel hautement qualifié et joue un rôle renforcé dans la coopération pour le développement; et qu'elle soit mieux gérée et capable de réduire ses dépenses afin de distribuer les "dividendes pour le développement".

Dans mon rapport sur la réforme, je suggérai la tenue d'une assemblée du millénaire des peuples par les ONG, en parallèle à l'Assemblée du millénaire des Nations Unies.

J'espère que vous y réfléchirez. Ce pourrait être un excellent moyen de sceller notre nouveau partenariat.

Pour ma part, je suis prêt à étudier toutes vos idées et suggestions quant à la forme et à la nature que pourrait prendre notre partenariat à l'avenir.

Fixons-nous comme échéance l'an 2000 pour parvenir à forger de nouveaux liens solides entre l'Organisation des Nations Unies et la communauté des organisations non gouvernementales.

Je souhaite que vos débats soient couronnés de succès. Cette conférence marque un jalon. Elle aborde un nouveau domaine.

Selon le dicton africain, quelle que soit la longueur du chemin à parcourir, le voyage commence par un premier pas. Que ce soit dans le domaine du maintien de la paix, de l'aide humanitaire ou à titre personnel, nous pouvons tous apporter une contribution. L'engagement qui motive notre présence peut avoir un impact vital.

Aussi bien pour la victime que pour le bourreau, tout est différent quand on sait que le monde vous regarde et qu'il n'est pas indifférent.

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