En cours au Siège de l'ONU

GA/9291

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT DE LA CINQUANTE ET UNIEME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE, M. RAZALI ISMAIL (MALAISIE)

15 septembre 1997


Communiqué de Presse
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TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU PRESIDENT DE LA CINQUANTE ET UNIEME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE, M. RAZALI ISMAIL (MALAISIE)

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Le Président (interprétation de l'anglais) : Tout d'abord, je remercie M. Sanbar, qui est à mes côtés depuis un an — nous sommes devenus des amis très proches; je vous remercie tous également d'avoir toléré mes particularités. Mais nous en sommes pratiquement au dernier jour de la présidence de l'Assemblée générale, et je suis soulagé que cela se termine très bientôt. Je ne m'étendrai pas en essayant de résumer en détail ce qui s'est passé depuis un an — vous avez couvert tout ce qui vous intéresse, et ce que j'ai fait. Je dois dire que j'ai eu une année passionnante — une année très riche, à mon avis. Je peux maintenant vous parler de quelques-uns de ces points marquants, et ensuite vous pourrez poser des questions.

Je crois que la session ordinaire de l'Assemblée générale de l'ONU s'est fort bien passée, à partir du moment où j'ai pris mes fonctions en septembre jusqu'à la fin décembre. Pendant cette période, on a quelque peu modifié les habitudes de travail. On a parlé de "l'ère Razali", et d'autres, et je suis flatté que ces choses soient entrées dans les moeurs. J'espère que le syndrome, qui faisait que l'on faisait toujours les affaires de la même façon, fait maintenant partie du passé dans les habitudes et moyens des diplomates à l'Assemblée générale.

J'apprécie hautement le rôle joué par l'Assemblée générale et la présidence dans la nomination du Secrétaire général. Il y avait des risques que ce processus se dégrade. Ce qui aurait eu une incidence sur la dignité et l'intégrité de cette institution, étant donné les mesures unilatérales et les blocages imposés au Conseil de sécurité. Sans entrer dans les détails, je dirais que l'Assemblée générale et la présidence se sont montrées à la hauteur du défi et ont agi de manière à déboucher sur une issue heureuse, comme vous le savez. Il y a de nombreux aspects dans ce contexte que vous connaissez déjà, je n'entrerai donc pas dans les détails. Mais pour moi cette période a été particulièrement satisfaisante, puisque nous avons été en mesure de gérer la situation de sorte que la bonne décision soit finalement prise. Cela a été fait de façon très digne, et l'intégrité de l'Assemblée générale et de l'ONU dans son ensemble a été préservée.

Les cinq groupes de travail n'ont cessé de travailler; des calendriers très rigoureux ont été fixés par moi-même. J'ai même dû concevoir des moyens pour faire venir les ambassadeurs à la Mission de la Malaisie et leur donner des indigestions de nourriture malaisienne pour débloquer certains des blocages qu'il y avait dans leurs esprits lorsqu'ils insistaient sur leurs positions nationales, tout ça pour que nous puissions arriver à un consensus.

Nous avons donc connu un certain succès mais, pour l'essentiel, le caractère même de la négociation aux Nations Unies est entièrement tributaire d'une énonciation préalable des positions nationales. Il s'agit d'énoncer tout un ensemble de positions nationales par l'intermédiaire d'un groupe et il a été très difficile de trouver un consensus mais un consensus véritable est évidemment une chose, une valeur inestimable et c'est le sens de l'Assemblée

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générale. Mais dans certains cas, lorsqu'il n'est pas facile de trouver un consensus, on est obligé de recourir à la procédure démocratique du vote.

S'agissant des groupes de travail, chacun a obtenu des résultats à des degrés divers de succès; ce sera à vous de juger. On pourrait dire que pour l'Agenda pour la paix et le renforcement des Nations Unies et l'Agenda pour le développement, nous avons eu un consensus mais ce qui aurait pu être fait au niveau des ces groupes de travail nous rappelle que ce n'est qu'en amenant les ambassadeurs à dépasser leurs positions nationales et à voir au-delà que l'on aurait pu obtenir de meilleurs résultats dans ces groupes de travail. Mais les ambassadeurs ont travaillé dur au sein de ces groupes; ils ont fait de leur mieux et ce qui a été obtenu, nous montre le chemin parcouru, mais en même temps, il y a également les choses que nous n'avons pas pu obtenir.

J'aimerais rappeler un instant ce qui s'est produit dans le contexte de la session extraordinaire sur la CNUED "Rio + 5 ans". Nous avons eu soin de ne pas embellir les choses, nous avons cherché à affronter les problèmes avec honnêteté et courage. C'est un principe auquel je me suis conformé et les résultats ont bien montré que nous n'avons pas cherché à occulter les lacunes. Nous avons pu tirer de cela beaucoup d'enseignements sur la façon de traiter les grandes conférences à l'avenir.

Nous avons pu voir avec plaisir les ONG siéger aux côtés des gouvernements dans le cadre de la session extraordinaire, mais sur la question des ONG elles-mêmes et des sous-groupes, j'éprouve quelque déception à constater qu'après plus de 30 heures de conversation, on n'a même pas réussi à établir un mandat pour décider de la façon de procéder pour traiter de la question des ONG à l'ONU et dans toutes les commissions. Je regretter que quelques gouvernements aient ployé face aux positions de leur pays et face aux craintes que les ONG prennent le contrôle des travaux. Nous n'avons donc pas réussi à nous mettre d'accord sur un mandat mais j'espère que cette question pourra être résolue dans le cadre de la cinquante-deuxième session.

À présent, la session extraordinaire d'urgence, cette session a été une période pendant laquelle l'Assemblée générale a eu l'occasion de montrer sa vigueur dans le cadre de la résolution de l'unité pour la paix, le Conseil de sécurité a manqué à ses responsabilités à deux reprises et l'Assemblée générale a eu l'occasion ainsi de montrer son pouvoir face à l'incapacité du Conseil de sécurité, je crois qu'à l'avenir, il conviendrait de recourir davantage à l'Assemblée générale aux termes de cette résolution si justice n'est pas rendue aux questions dont le Conseil de sécurité est saisi.

Sur la question de la réforme du Conseil de sécurité : ce groupe de travail est sans doute le plus politisé à tous égards. Il a suivi de nombreux méandres pendant trois ans, sans arriver véritablement à prendre forme et je me suis employé pour ma part à présenter une image de ce que pourrait être une formule d'ensemble. Vers le début de l'année, c'était en mars je crois, j'avais défini ce qui m'avait semblé devoir être une image d'ensemble en vue

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d'une réforme, et pas seulement d'un simple élargissement, mais d'un élargissement assorti d'une réforme permettant une meilleure représentation, une meilleure légitimité de la participation et, dans une certaine mesure, une démocratisation. Ce document est toujours là.

Il y a des problèmes qui apparaissent de différents bords, il y a certains intervenants qui n'acceptent pas de modification de leurs droits et de leurs prérogatives. Ils considèrent que le veto n'est pas négociable, que les chiffres ne doivent être envisagés que dans le contexte de l'efficacité. C'est un aspect du problème. Et puis il y a l'autre point de vue qui considère que l'élargissement dans les deux catégories est un problème en raison des rivalités bilatérales ou sous-régionales ou en raison de positions de principe qui sont adoptées depuis 1945. Je pense que nous nous sommes rapprochés d'une façon très alléchante de ce qui pourrait être une formule qui serait susceptible d'être soutenue au moins par les deux tiers de l'Assemblée générale. Il appartient à ceux qui sont directement concernés par ces efforts de mettre ensemble cette formule en forme et de la soumettre à l'Assemblée générale.

Que puis-je dire d'autre? L'ONU reste en proie à une fièvre de la réforme, le Secrétaire général a présenté ses propositions en deux volets qui doivent être examinées et qui, à mon sens, traduisent un effort très courageux pour affronter le problème de la réforme. J'espère que les ambassadeurs en tiendront pleinement compte avec diligence et donneront au Secrétaire général tout le soutien possible. L'ONU traverse une période de changement, elle a été assaillie par toutes sortes de mouvements et de changements, mais ce qui va en résulter n'est pas une chose que j'aimerais prédire.

Les relations entre les États-Unis et l'ONU constituent un facteur déterminant majeur dans toute l'évolution du changement de cette institution. Dans ce contexte, les augures ne sont pas positifs si l'on examine les interventions du Congrès et les comptes rendus dans les médias qui indiquent comment les positions des Nations Unies sont reflétées dans la presse d'une manière qui donne vraiment l'impression que les initiatives des États-Unis commencent à l'emporter ici. Il y a une tentative ici à New York d'essayer de donner une impression favorable de ce que les États-Unis essaient de faire aux Nations Unies et je crois qu'il est nécessaire de rééquilibrer les choses.

La question du non-paiement est peut-être l'aspect le plus décevant qui est ressorti de la cinquante et unième session. Pendant plus d'un an, nous n'avons pas fait de véritable progrès pour ce qui est d'essayer d'entamer les arriérés d'un milliard et demi de dollars que doivent les États-Unis, c'est un fait qui doit être ressenti comme une déception par tous les membres de l'Assemblée générale. Et à la suite de cela, le mouvement de réforme en a subi les conséquences. On ne peut se pencher sur tout autre aspect de la réforme, qu'il s'agisse du Conseil du sécurité ou d'un autre organe, alors que le problème majeur des arriérés est omniprésent. Cela ne fait que s'ajouter à la tension lorsqu'on essaye de traiter d'autres aspects de la réforme.

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Une offre a été faite par les États-Unis. Je ne suis pas sûr que cette offre soit officielle. Elle représente 800 millions de dollars, ce qui est très en-deçà du montant requis et, pour ma part, je pense que les Membres devraient réfléchir très sérieusement à la question de savoir si cette demi- mesure est acceptable ou non. Il n'y a aucune raison de faire des arrangements particuliers en faveur du pays le plus puissant du monde sur ce qu'il doit payer, alors qu'il est légalement contraint de payer cette somme. Et je ne crois pas que, dans le contexte actuel de fluctuation, d'autres pays viendront au secours des États-Unis pour les soulager d'une partie de leurs contributions, parce qu'ils sont incapables ou refusent de payer la totalité de leurs arriérés.

Quant aux propositions du Secrétaire général, j'ai dit que je partageais cet avis. La plus grande partie de son programme se rapporte à ce qu'il peut faire lui-même. Il n'y a que 25 % environ du programme de réforme qui se rapporte aux efforts que les gouvernements devront faire pour l'aider. Évidemment, les procédures intergouvernementales peuvent parfois être très lentes; j'espère que ça ne sera pas le cas cette fois-ci. Il faudra voir les détails. La Cinquième Commission devra se prononcer sur les coûts et nous verrons ce que l'on peut faire à partir de là. Cela concerne également le poste de Vice-Secrétaire général.

Je ne sais comment qualifier ma présidence. Les choses ont parfois évolué lentement, parfois à la vitesse de l'éclair; donc si l'on fait une moyenne sur toute l'année, j'espère que de bonnes choses ont pu être faites. Pour la Malaisie et pour moi-même, ces fonctions ont été particulièrement satisfaisantes. Je suis heureux, en tant que représentant de la Malaisie, d'avoir servi les membres à la présidence de l'Assemblée générale et je vous remercie.

Question : La presse des Nations Unies s'est félicitée de votre démarche très active. Au nom de l'Association des correspondants des Nations Unies, nous vous félicitons de votre coopération et nous espérons que vous pourrez continuer à agir en ce sens.

Vous avez parlé de la session extraordinaire d'urgence des Nations Unies - la session sur l'unité pour la paix. Vous avez dit que ça avait été l'occasion pour l'Assemblée de montrer son pouvoir, mais est-ce que les choses se sont arrêtées là ou est-ce que cette résolution a véritablement un poids? Est-ce qu'il faut s'attendre à des résultats, compte tenu des mesures qui sont concrètement envisagées par la résolution?

Le Président : Dans le cadre de la cinquante et unième session de l'Assemblée générale, je suis satisfait qu'elle ait été en mesure de se saisir de la question et de montrer son autorité sur cette question. Je crois que l'effet a été salutaire. Certains pays membres du Conseil de sécurité savent qu'ils peuvent se trouver politiquement gênés par une prise de position de

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l'Assemblée générale. Il faudra voir maintenant ce qu'il va en résulter pour la question des territoires occupés

Mais l'Assemblée reste une instance de recours pour que justice soit faite lorsqu'elle n'est pas faite au niveau du Conseil de sécurité.

Question : Où en sont les choses actuellement, à votre connaissance? Est-ce qu'il ne devait pas y avoir de réunions des Hautes Parties contractantes à la Convention de Genève? Est-ce qu'il y avait des mesures qui, à votre avis, devaient être prises et qui n'ont pas été prises, ou est-ce qu'il y a des mesures qui vont être prises?

Le Président : Et bien, la résolution a été l'occasion pour l'Assemblée générale de prendre certains engagements. Autant que je sache, rien n'a été fait. Il appartient donc maintenant aux partisans de la résolution de soumettre de nouveau la question à l'Assemblée générale.

Question : S'agissant de la réforme du Conseil de sécurité, on a dit que vous aviez travaillé de façon fiévreuse sur l'élaboration d'un projet de résolution. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que ce texte contient et ce que vous voudriez en obtenir?

Le Président : Et bien, je ne dirais pas que l'activité a été fiévreuse, mais j'ai participé à des consultations officieuses avec plusieurs pays, des pays qui soutiennent activement l'idée d'un élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents. Nous avons essayé d'élaborer une formule raisonnable qui sera soumise à l'Assemblée générale. Il n'y a pas de projet de résolution en tant que tel. Bien que je sache ce qu'il doit contenir pour que la formule soit attrayante pour au moins les deux tiers des Membres.

Mais il y a des problèmes parmi ceux qui participent activement à l'élaboration de cette formule. Certains membres permanents n'ont pas véritablement évolué par rapport à leur position fondamentale. Je parle ici de chiffres et je parle des questions de prise de décisions et du veto. À mon sens, le problème n'est pas seulement un problème d'élargissement, il ne s'agit pas de faire venir deux ou trois pays qui deviendront membres permanents pour qu'on oublie tout le reste.

La seule formule qui m'intéresse et que je pourrais soutenir, serait une formule qui permette d'arriver à des chiffres qui soient acceptables par les deux tiers de l'Assemblée et qui en même temps s'accompagne d'une nouvelle méthode de prise de décisions qui montre que la préoccupation générale d'une grande partie des pays du monde concernant l'utilisation du droit de veto dans le passé est prise en compte. Nous n'allons pas continuer, comme on l'a fait pendant tant d'années, de permettre à cinq pays d'exercer un droit de veto absolu sans que, d'une certaine façon, l'utilisation de ce droit n'engage davantage de responsabilités vis-à-vis de l'ensemble des membres et sans

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souligner qu'il ne peut y avoir de discrimination grave entre les membres permanents actuels et les nouveaux membres permanents.

Question : Dans le contexte général de la réforme, votre sentiment est- il que l'ONU va être renforcée ou affaiblie, sans prédire ce qui va se passer exactement, j'aimerais savoir quel est votre sentiment. Au Conseil économique et social, je crois que vous avez formulé certaines critiques à l'égard du Secrétariat de l'ONU. Comment pensez-vous que le processus de réforme influera sur cela?

Le Président : Le processus de réforme de l'ONU doit avancer avec circonspection, compte tenu de ce que l'on a connu depuis les cinquante dernières années, mais aussi avec un esprit novateur. Il faut donc allier les deux choses, de même que l'on allie vision et sens pratique. Cela ne veut pas dire que l'on ne va pas traiter des questions particulières, mais pour ma part, je suis dans le camp de ceux qui sont convaincus que l'ONU va être réformée. Si des changements sont apportés au Conseil de sécurité, il y aura une situation politique qui sera suffisamment dynamique pour faire avancer l'ONU dans un sens particulier et il en résultera une Organisation des Nations Unies changée, qui sera à tous égards plus représentative et plus légitime. Donc, pour notre part, nous devons envisager ces perspectives, notamment un renforcement du rôle de l'Assemblée générale, dans cet esprit.

Pour ce qui est du Secrétariat, je crois que le Secrétaire général a investi beaucoup d'efforts, encore une fois, dans une perspective à la fois circonspecte et novatrice, pour faire avancer la réforme. Quant à ce qu'il a accompli, je crois qu'il a fait beaucoup de choses dans les domaines où il pouvait agir sans l'autorisation des gouvernements. Dans les domaines qui relèvent de la compétence des gouvernements, nous avons été saisis de ses propositions et j'espère que l'on pourra y donner suite rapidement, sinon toute l'impulsion va s'affaiblir.

Question (interprétation de l'anglais) : Si je comprends bien, vous voudriez que l'Assemblée générale ait la primeur par rapport au Conseil de sécurité. Si tel est bien le cas, envisagez-vous de proposer un changement dans la Charte des Nations Unies à la prochaine session de l'Assemblée générale?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Non, ce n'est pas mon intention. Je n'ai jamais eu l'intention de changer les choses pour que l'Assemblée générale l'emporte. Il y aux Nations Unies trois organes distincts qui doivent coopérer et coordonner leur travail. Ce sont le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale et ce que l'on appelle la fonction du Secrétaire général. Ces trois institutions sont les organes principaux de l'ONU; ils doivent collaborer dans le contexte des responsabilités qui sont les leurs et qui leur sont reconnues par la Charte, et non de manière à ce que leur action empiète sur celle des autres.

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Au cours des 50 dernières années, nous avons assisté à de nombreuses joutes à propos de la façon dont les pouvoirs sont exercés par les trois institutions. Pendant l'année écoulée à la présidence de l'Assemblée générale j'ai essayé, dans une atmosphère non partisane, d'amener les trois institutions à collaborer ensemble. Et je crois que nous avons connu un certain succès.

Question (interprétation de l'anglais) : Concernant la réforme du Conseil de sécurité, vous avez dit Monsieur le Président que les membres permanents ne font pas grand chose pour promouvoir la réforme. Comment voyez-vous la nouvelle initiative des États-Unis? Estimez-vous qu'elle est insuffisante pour relancer la discussion?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Il était très important que les États-Unis annoncent — ce qu'ils n'avaient pas fait auparavant — qu'ils soutenaient l'idée de cinq membres permanents supplémentaires, dont trois viendraient des régions en développement du monde. Ce fait nouveau très important donne une impulsion.

Mais nous n'en sommes encore qu'au chiffre de 20 ou 21, ce qui n'est pas suffisant, à mon avis, pour obtenir l'appui des deux tiers des Membres et donner satisfaction aux très nombreux pays qui ne gagneront rien au simple fait que le nombre de membres permanents augmente, mais qui voudraient voir une augmentation du nombre des membres non permanents du Conseil de sécurité. On ne peut pas avoir un Conseil de sécurité qui compterait 10 membres permanents et 10 membres non permanents. Le chiffre de 20 serait absurde. Quel que soit le critère employé, il serait absurde d'avoir 10 membres permanents et 10 membres non permanents. Il faut qu'il y ait davantage de membres permanents.

Question (interprétation de l'anglais) : Est-ce que vous pensez que la réforme du Conseil de sécurité doit se faire maintenant, en même temps que la réforme d'ensemble, ou faut-il qu'il y ait des étapes ou différents éléments de la réforme réalisés les uns avant les autres?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Ces dernières années, on a vu qu'il y avait des séquences, dont certaines avaient été décidées auparavant et d'autres par la suite. Mais nous arrivons aux domaines les plus difficiles, où certainement il y a des liens. Je ne vois pas comment la question du barème des quotes-parts pourrait être réglée tant que la situation ne sera pas claire en ce qui concerne la composition et l'élargissement du Conseil de sécurité.

Question (interprétation de l'anglais) : Êtes-vous soulagé de quitter vos fonctions? Avez-vous connu des déceptions au cours de votre mandat et quels conseils pourriez-vous donner à votre successeur?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Je n'ai aucun conseil à donner à mon successeur. C'est une situation à laquelle il doit faire face

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lui-même. Je ne voudrais pas lui gâcher son plaisir en lui disant par avance ce qui l'attend.

Mais j'ai eu une année très satisfaisante. Ma déception, dans le contexte de ce que nous avons essayé de faire est qu'il n'a pas été possible d'agir clairement en ce qui concerne la question du financement. Nous devons faire face à cette question — celle du barème des quotes-parts — d'ici la fin de l'année. Sept ou huit propositions ont été soumises, dont l'une par les États-Unis. Je ne sais pas comment on va faire.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez demandé s'il fallait accepter la demi-portion offerte par les États-Unis. Mais, d'un point de vue réaliste, quels sont les moyens d'action des États Membres en l'occurrence?

Le Président (interprétation de l'anglais) : C'est une question étrange. Nous reconnaissons que les États-Unis ont des moyens d'action parce qu'ils représentent un partenaire important dans la constellation d'États au sein de l'ONU, mais on ne saurait nier cependant une position collective de nombreux Membres. C'est une hypothèse, mais si on considère que ce n'est pas suffisant, on peut arriver juste à un niveau de survie pour les quelques prochaines années, et les États-Unis seront embarrassés politiquement, car ils deviendront le délinquant No 1 puisqu'ils ne paient pas leurs contributions.

Question (interprétation de l'anglais) : Mais, d'ores et déjà, ils ne paient pas leurs contributions. Quelles autres mesures pourraient être prises?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Je ne sais pas. Je pense qu'il y a un certain sentiment d'aliénation en ce moment entre les États-Unis et l'Union européenne. De nombreux partisans automatiques des États-Unis autrefois ne le sont plus. Il y a un prix à payer quand on adopte une telle position unilatérale.

Question (interprétation de l'anglais) : Est-ce que vous pensez au droit de vote des États-Unis à l'Assemblée générale? Quand vous parlez de mesures, est-ce à cela que vous songez?

Le Président (interprétation de l'anglais) : Cela fait prendre conscience de la manière dont il faut réagir face à cette position unilatérale. Je ne peux pas prévoir ce qui sera fait à cet égard, mais tout est possible.

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