ONG/84

LES PARTICIPANTS A LA CONFERENCE DPI/ONG LOUENT LE PRAGMATISME ET L'EFFICACITE OPERATIONNELLE DU PARTENARIAT AVEC LES ONG

12 septembre 1997


Communiqué de Presse
ONG/84


LES PARTICIPANTS A LA CONFERENCE DPI/ONG LOUENT LE PRAGMATISME ET L'EFFICACITE OPERATIONNELLE DU PARTENARIAT AVEC LES ONG

19970912 Pour autant, l'obligation de définir de nouveaux modèles tenant mieux compte des aspirations locales demeure

La cinquantième Conférence ONG/DPI, organisée par le Département de l'information de l'ONU en coopération avec le Comité exécutif des organisations non gouvernementales associées au Département de l'information, a consacré les travaux de sa séance de la matinée à l'examen de modèles pour les nouveaux partenariats, et à la coopération avec les ONG, appréhendée comme une nouvelle façon d'aborder les activités opérationnelles.

Mme Dianne Otto, Maître-assistante en droit international et droit pénal à l'Université de Melbourne, introduisant le premier thème consacré aux modèles pour les nouveaux partenariats, s'est d'entrée de jeu demandée comment développer une langue commune qui permette aux partenariats d'être inclusifs plutôt qu'exclusifs. Remarquant que les ONG se sont fortement professionnalisées ces dernières années, elle a fait valoir qu'il leur devient de plus en plus difficile de concilier leurs nouveaux modes de fonctionnement et les principes qui ont présidé à leur création. Enfin, Mme Otto a invité l'auditoire à réfléchir sur le bien-fondé de la prétention des ONG à se définir comme l'émanation des peuples du monde.

Mme Susan Berresford, Présidente de la Fondation Ford, constatant que le développement s'effectue de plus en plus dans le cadre d'un partenariat élargi, a souligné qu'il existe en fait différents modèles de partenariat. Par conséquent, il y a lieu de s'interroger sur leur fonctionnement et de définir le partenariat comme une base sur laquelle on peut construire quelque chose de solide. Or, souvent, les individus ne reconnaissent pas un partenariat en raison des déséquilibres qui existent entre ses composantes. C'est pourquoi, la Fondation Ford encourage son personnel à donner davantage de pouvoir aux partenaires. Il importe de prendre des risques, d'être neutres et d'accepter la critique. Il faut également se doter d'arrangements et de structures fondés sur des caractéristiques éthiques.

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Mme Andrea Carmen, Directrice exécutive de l'International Indian Treaty Council, a indiqué que son organisation a constaté rapidement qu'il ne suffit pas de participer aux différentes enceintes parlant des droits des peuples autochtones mais qu'il fallait imposer des nouvelles normes garantissant ces droits au niveau international. Même si la notion de partenariat est devenue un slogan fourre-tout, elle est partie intégrante des débats internationaux. Le fondement de ce partenariat est un consentement libre de deux entités, ce qui constitue une nouveauté pour les peuples indigènes. Grâce au partenariat avec d'autres organisations, nous avons dépassé le stade de la formulation de principes, pour atteindre celui de l'élaboration d'instruments de mise en oeuvre de ces principes.

Mme Milana Tolins, Responsable de projet pour Land O'Lakes, a expliqué que son organisation représente les fermiers américains du Middle-West. Elle met en place des programmes de développement international dont l'objectif est de créer, notamment au Mexique, les conditions nécessaires à la réalisation d'investissements. Le programme "fermiers à fermiers" se fonde sur des relations personnelles avec la population locale en vue d'évaluer leurs besoins. Ces relations vont au-delà de simples projets limités dans le temps et impliquent un suivi. Mettant en avant le partenariat engagé avec l'organisation du Conseil indien, Mme Tolins a souligné que ce partenariat a permis d'engager le dialogue avec les populations autochtones.

Pour sa part, M. Clifford Dochotorman, Président du conseil d'administration de la Fondation du Rotary, a indiqué que le Rotary travaille en partenariat avec plus de 300 ONG. Créé en 1905, le Rotary est plus qu'un simple club pour les déjeuners d'affaires. Il comprend 1,2 million de bénévoles totalement désintéressés regroupés dans 28 000 clubs présents dans plus d'une centaine de pays. Depuis 1966, année de création de son premier centre de vaccination contre la poliomyélite aux Philippines, le Rotary a consacré plusieurs centaines de millions de dollars dans le cadre de son programme "PolioPlus" à la lutte contre cette terrible maladie afin de l'éliminer d'ici l'an 2000.

M. Pedro Gabriel Huerta, Président de l'Association internationale des étudiants en science économique (AIESEC), a mis l'accent sur la nécessité de changer soi-même d'attitude avant de prétendre changer celle des autres. L'AIESEC a été créée en 1948 par sept étudiants convaincus que le monde pouvait être fondé sur l'amitié. Elle rassemble aujourd'hui près de 50 000 membres. Elle a pour ambition de former les dirigeants de demain, des dirigeants qui s'intéressent complètement aux problèmes économiques et sociaux, et ce en partenariat avec des entreprises, des ONG et des organisations du système des Nations Unies.

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M. Conrad Kottak, Professeur d'anthropologie à l'Université du Michigan et expert-consultant auprès de la Banque mondiale, a expliqué que ses activités sur le terrain se sont toujours appuyées sur le milieu local en mettant en oeuvre des projets sociologiquement adéquats. Il a souligné l'importance de la communication avec les populations locales et a critique le recours à des pratiques interventionnistes. Il faut également tenir compte dans l'élaboration des projets de l'ampleur de la diversité sociale et de l'intégration de celle-ci, a-t-il ajouté. M. Kottak a par ailleurs plaidé en faveur de la prise en compte des femmes et des jeunes adolescents dans l'élaboration de projets de développement.

Un participant a demandé si le Rotary a un programme pour inciter les pays membres à régler leurs contributions aux Nations Unies. Un autre a voulu savoir s'il était possible dans le contexte d'un nouvel ordre international et unipolaire de parvenir à un traitement équitable de toutes les organisations. Un autre encore a demandé s'il l'on pouvait lutter contre la tuberculose aussi efficacement que contre la poliomyélite. Une participante a souhaité connaître l'influence que les populations autochtones peuvent exercer sur le monde des affaires.

Mme Milana Tolins, répondant à la dernière question a indiqué que les programmes de son organisation permettent aux milieux des affaires de comprendre comment les populations locales travaillent. Il n'y a pas que le droit des affaires qui doit primer mais également le droit des cultures, a-t- elle déclaré. Mme Andrea Carmen a fait part de son inquiétude quant aux accords commerciaux qui ne tiennent ni compte d'Action 21, ni de la Convention sur la diversité biologique, ni des droits des peuples autochtones. Pour ce qui est du paiement des contributions aux Nations Unies, M. Dochtorman a expliqué, pour sa part, que le Rotary est une organisation internationale à but non lucratif et que, par conséquent, elle n'est pas autorisée à se constituer en groupe de pression. S'agissant de la lutte contre la tuberculose, il a fait état de certains programmes tout en regrettant l'absence de campagnes mondiales de la part des professionnels de la santé. Répondant à la question du partage du pouvoir entre les ONG internationales et nationales, il a indiqué qu'il existe de nombreuses disparités qui favorisent les premières.

Le deuxième thème de la matinée relatif à la nouvelle façon d'aborder les activités opérationnelles à travers la coopération avec les ONG a été présenté par Mme Leona Forman, Chef de la section des ONG au Département de l'information.

M. John Clark, Chef de la section des ONG au sein de la Banque mondiale, a indiqué que même les économistes les plus durs et les réticents de la Banque mondiale reconnaissent l'importance croissante des ONG. Après les avoir ignorées, puis perçues comme de véritables ennemis, la Banque mondiale, qui durant de longues années n'a travaillé qu'avec les seuls gouvernements, s'interroge aujourd'hui sur la façon de créer des partenariats efficaces avec les organisations les plus performantes et les aide à rencontrer les interlocuteurs pertinents.

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Mme Sonan Yangchen, Directrice du Programme de la société civile, des organisations et de la participation au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que le processus de réforme des Nations Unies constitue une occasion unique pour changer les relations qu'entretient l'ONU avec les ONG. Le PNUD oeuvre de concert avec les représentants de la société à la promotion du développement humain durable. Il est conscient que la mise en oeuvre des recommandations adoptées lors des grandes conférences est impossible sans l'appui des communautés locales. Le PNUD cherche à favoriser les échanges entre les ONG et les gouvernements en aidant à la création de réseaux et vise à associer les ONG à toutes les étapes de ses programmes.

Les participants ont posé les questions suivantes à M. Clark: y-a-t-il une résistance des gouvernements à l'égard de la coopération de la Banque mondiale avec les ONG et comment fait la Banque pour mobiliser les groupes de personnes? Une participante a fait part de sa surprise quant aux montants des aides alloués par la Banque mondiale aux ONG. M. Clark a indiqué qu'il était difficile de donner un chiffre exact des ressources qu'alloue la Banque aux ONG mais il a indiqué qu'une centaine de millions de dollars a été octroyée par un canal des ONG à Madagascar. Il a expliqué que la Banque mondiale encourage les gouvernements à avoir une composante ONG dans leurs programmes de développement. Evoquant un projet de barrage au Pakistan, il a expliqué que les ONG et organisations locales y ont été associées permettant ainsi un dialogue permanent avec les populations locales. Par ailleurs, il a convenu de réactions négatives de la part de certains gouvernements à l'association de la Banque mondiale aux ONG. Ceux-ci estiment en effet que la Banque mondiale est allée trop loin dans ses relations avec les ONG.

La Conférence achèvera cet après-midi ses travaux par l'examen de la promotion de la paix et des nouvelles tendances qui se font jour au sein des ONG et des sociétés civiles.

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