CONFERENCE DPI/ONG : LES PARTICIPANTS SOUHAITENT ARDEMMENT LA DEMOCRATISATION DES FLUX ET DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
Communiqué de Presse
ONG/83
CONFERENCE DPI/ONG : LES PARTICIPANTS SOUHAITENT ARDEMMENT LA DEMOCRATISATION DES FLUX ET DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
19970911 La cinquantième Conférence annuelle DPI/ONG a poursuivi cet après-midi ses travaux au Siège, en mettant l'accent sur la communication, en particulier sur les nouvelles technologies appréhendées en tant qu'éléments de partenariat. Pour ce faire, la Conférence, qui est organisée par le Département de l'information de l'ONU en coopération avec le Comité exécutif des ONG associées au Département, a tout d'abord examiné le partenariat dans l'espace cybernétique, thème qui a été introduit par Mme Zehra Aydin-Sipos, chargée de la liaison entre les différents groupes de la Division du développement durable au Département de la coordination des politiques et du développement durable de l'ONU. Mme Aydin-Sipos a expliqué que le monde virtuel a suscité de grandes attentes notamment pour ce qui est d'accroître nos connaissances et d'échanger des informations. Néanmoins, il existe encore des inégalités d'accès au réseau Internet tandis que nous ignorons encore les conséquences à long terme de l'utilisation des médias électroniques.M. Carlos Alfonso, Président du Conseil d'administration de Association for Progressive Communications (APC), a expliqué que l'APC est le résultat de plusieurs initiatives prises par cinq ONG dans les années 80 pour fournir des moyens d'accès aux réseaux électroniques internationaux à certains pays et régions du monde qui manquent de moyens techniques. Le représentant a expliqué que le principal objectif de l'APC est de démocratiser l'accès à l'information.
M. John Pavlik, Directeur exécutif du Centre des nouveaux médias de l'Ecole de journalisme de l'Université de Columbia, a indiqué que le Centre, qui a été créé en 1994, a pour objectif de définir, grâce à de nombreux partenariats, la place du journalisme au sein des nouvelles technologies. Le Centre poursuit ainsi un programme de recherche sur les incidences et applications de l'apparition des nouvelles technologies sur le travail des journalistes. Le Centre, qui cherche constamment à élargir ses partenariats, est particulièrement intéressé par toute proposition de collaboration que voudront bien lui faire les représentants des ONG qui participent à la Conférence.
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M. Omar Wasow, Président de New York Online, dont la société aide les entreprises à utiliser efficacement Internet à des fins commerciales, a estimé que la signification du concept de médias de masse a totalement été modifiée au cours des dernières années. Selon lui, la conjonction de la réduction des coûts du matériel informatique et de l'augmentation de la vitesse de transmission des informations a facilité l'accès à l'information, et par conséquent, à la connaissance. Or, paradoxalement, on assiste à un renchérissement du coût de l'enseignement. Il est donc à espérer que les détenteurs du savoir mettront désormais davantage, par le truchement de l'outil informatique, leur compétence au profit de tous.
A un représentant d'une ONG qui s'interrogeait sur les moyens de sensibiliser davantage de monde à la cause des Nations Unies et des ONG, M. John Pavlik a répondu que la priorité est de disposer d'un flux d'informations équitable. Il a ajouté que la source centrale de l'information n'existant plus, tout le monde peut lancer une entreprise de presse. Le représentant de l'APC a fait part de son expérience positive avec les journalistes dans le cadre d'initiatives animées par son association. Une autre participante a abordé la question de la protection de la vie privée sur Internet. M. Pavlik a qualifié ce débat de passionnel et d'exagéré, la véritable question selon lui étant de savoir quel est le véritable contrôle que l'on peut avoir l'information.
Répondant à un participant qui avait soulevé la question des inégalités d'accès à l'information, le Président de l'APC a plaidé en faveur de la participation des communautés et du recours à des connexions à faible vitesse garantissant l'utilisation de technologies à faible coût. Pour répondre à cette même question, M. Pavlik a cité les exemples positifs de la Malaisie ou du Nigéria qui se sont équipés récemment et qui témoignent d'une évolution rapide de la situation. Il a expliqué que pour ses étudiants, les médias électroniques constituent un moyen de mettre en oeuvre un nouvel agenda social plus juste. Il a néanmoins regretté les disparités dans l'accès à l'information électronique qui dépend des niveaux d'éducation de chacun. La démocratisation de l'information ne va-t-elle pas générer un chaos, a demandé un participant?
M. Pavlik a répondu que parler de surcharge de l'information était dangereux, la multiplicité de l'information et de l'accès à cette information étant toujours une bonne chose.
Le deuxième thème de l'après-midi, relatif à la circulation de l'information, a été présenté par Mme Raghida Dergham, Présidente de l'Association des journalistes accrédités auprès de l'ONU (UNCA) et correspondante du journal Al-Hayat.
M. Alvin Adams, Président de l'Association des Etats-Unis pour les Nations Unies, après avoir évoqué les raisons pour lesquelles les Etats-Unis éprouvent tant de difficultés dans ses relations avec l'Organisation, a invité
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la société civile à mieux tirer parti d'Internet qui est gratuit, qui est la voix du peuple et qui, pour l'instant, n'est pas censuré. Internet constitue un formidable moyen de communication entre les citoyens et les Nations Unies. De son côté, l'Association des Etats-Unis pour les Nations Unies peut contribuer via Internet à sensibiliser l'opinion publique américaine aux activités de l'ONU qui ne sont jamais présentées dans les journaux en raison de considérations commerciales. En outre, un grand nombre d'Américains pourraient être informés par des programmes télévisés réalisés à leur intention. En fait, seule la peur du lendemain dissuade les personnes de s'intéresser davantage aux relations internationales.
M. Roberto Bissio, Directeur de l'Institut du tiers-monde, a estimé, que depuis le début de la décennie, la communication se caractérise par le fait que le coût des équipements et de la communication a fortement baissé. Cela a un impact très important sur la protection des droits de l'homme, la participation des citoyens aux affaires nationales et la possibilité de prendre part aux débats internationaux. Pourtant, les transferts de technologies qui devenaient envisageables se sont révélés impossibles en raison des différentes protections instaurées et censées protéger le droit de la propriété intellectuelle. Il est paradoxal de constater que l'information produite par les pauvres est gratuite et disponible pour tous, alors que celle générée par les riches est chère et inaccessible. Pour surmonter cet obstacle et aider les peuples et ONG du Sud, il convient donc de s'astreindre à ne transmettre que les informations essentielles.
Mme Evelyn Leopold, correspondante en chef de Reuters aux Nations Unies, a demandé aux ONG de ne pas utiliser le jargon onusien que les journalistes ne comprennent pas. Elle leur a également demandé de fournir des informations exhaustives en vue de faciliter le travail des journalistes arguant du fait que ce sont les ONG qui, en travaillant sur le terrain, sont en mesure de fournir des informations complètes. Elle a souligné la contribution importante des ONG au travail des journalistes.
M. Jim Ottaway, Vice-Président de Dow Jones et Président de Ottaway Newspapers Inc, a souligné l'importance de la constitution de partenariats afin de promouvoir le flux libre d'opinion et la justice sociale. Il s'est félicité de la nouvelle relation de partenariat qui s'est instaurée entre les Nations Unies et les ONG à la suite de la réforme agressive menée par le nouveau Secrétaire général des Nations Unies. Rappelant que seul un tiers des pays du monde bénéficie d'une presse libre, M. Ottaway a appelé les dirigeants à adopter des lois qui garantissent la liberté d'opinion. Il a également appelé au partage des connaissances avec les pays en développement citant à nouveau le Secrétaire général qui avait déclaré que "la connaissance est le pouvoir".
Mme Raghida Dergham est intervenue pour signaler que parfois, les gouvernements des sociétés démocratiques exercent un contrôle très subtil sur les médias.
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Mme Viviane Wee, Directrice exécutive de Engender, a abordé la question des déséquilibres dans le monde en matière d'accès à l'information en précisant que sur les 1,6 milliard d'analphabètes, la majorité est constitué de femmes. Elle a également indiqué que 75 % des lignes téléphoniques mondiales sont entre les mains de 20 % de la population mondiale. Elle a demandé que l'on accorde une attention prioritaire à la "collectivité humaine" plutôt qu'à "la collectivité électronique" afin que le flux d'informations provienne et soit dirigé vers ceux qui en ont le plus besoin.
M. Jim Ottaway, en réponse à un participant qui regrettait qu'à de rares exceptions, la presse américaine soit hostile aux activités des ONG et indifférente aux relations internationales, a estimé que cette situation tient au fait que les Etats-Unis sont un pays isolé dont les citoyens privilégient les informations économiques et financières, seules susceptibles selon eux d'avoir des conséquences sur leur vie quotidienne. M. Omar Wasow a réitéré sa confiance en la puissance et l'universalité d'Internet. Il a, en revanche, a reconnu que certains programmes tels ceux de la Banque mondiale, qui auront des incidences incalculables sur la situation de millions de gens, restent inaccessibles.
Une participante a souhaité connaître les actions d'UNIFEM en faveur de l'accès des femmes à Internet. Un participant s'est étonné que la radio et tous les autres médias qui ont depuis longtemps fait leur preuve soient totalement occultés, indignation partagée par Mme Wee qui a déploré la tendance grandissante qui consiste à ne plus évoquer qu'Internet lorsque l'on parle de flux d'informations. Plusieurs participants ont regretté que le monde soit noyé d'informations de faible importance qui ne concernent qu'une minorité d'individus. M. Adams s'est déclaré surpris par les nombreuses critiques faites à l'encontre des chaînes de télévision accusées de passer sous silence les activités de l'ONU. Il a évoqué à cet égard l'émission hebdomadaire "The World Report" de la chaîne CNN qui reprend largement des informations relatives aux Nations Unies.
M. Ottaway, en réponse à un participant qui avait prôné la création d'une taxe permettant de financer les Nations Unies, a fait valoir qu'une telle imposition risquerait de contribuer à un tarissement des flux informations, soulignant le fait que les marchés financiers nationaux ne peuvent prospérer qu'à la condition de disposer d'un maximum d'informations. Une participante s'est interrogée sur la façon d'évaluer l'efficacité des différents médias qui couvrent les activités de l'ONU. M. Ottaway a rappelé que la plupart des 50 plus importantes sociétés américaines réalisent leurs profits à l'extérieur. D'où la nécessité de disposer d'informations économiques et financières internationales. Une participante a condamné le fait que le réseau Internet privilégie l'utilisation de l'anglais et la diffusion d'informations partiales.
La Conférence consacrera dès 10 heures, demain matin, ses travaux à une réflexion sur l'élaboration de modèles pour les nouveaux partenariats et aux activités opérationnelles, nouvelle façon de coopérer avec les ONG.
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