ONG/82

LA 50EME CONFERENCE DPI/ONG RAPPELLE LA NECESSITE D'INTEGRER LES ACTIONS EN FAVEUR DES DROITS DE L'HOMME, DE LA PAIX ET DU DEVELOPPEMENT

11 septembre 1997


Communiqué de Presse
ONG/82


LA 50EME CONFERENCE DPI/ONG RAPPELLE LA NECESSITE D'INTEGRER LES ACTIONS EN FAVEUR DES DROITS DE L'HOMME, DE LA PAIX ET DU DEVELOPPEMENT

19970911 L'accent est également mis sur l'obligation de vérifier la pertinence de l'aide extérieure pour éviter toute dépendance

La cinquantième Conférence annuelle ONG/DPI, organisée par le Département de l'information de l'ONU en coopération avec le Comité exécutif des organisations non gouvernementales associées au Département de l'information, a poursuivi ce matin ses travaux en les consacrant plus particulièrement au renforcement des réseaux dans le domaine de la promotion des droits de l'homme et dans celui de la coopération pour le développement.

Introduisant le premier thème de la matinée, Mme Charlotte Bunch, Directrice générale du Douglass College center par Women's Global leadership, a estimé que les droits de l'homme sont devenus un concept encore plus important après la guerre froide, compte tenu de la modification de la nature des conflits et du phénomène de mondialisation. Selon elle, il importe aujourd'hui de définir une nouvelle signification des droits de l'homme du point de vue social, racial et du droit des femmes.

Mme Kasimira-Danuté Prunskiené, Présidente du Parti des femmes lithuaniennes, a indiqué que les femmes de son pays souffrent de nombreuses formes de discrimination notamment dans le monde du travail. Elle a dénoncé la complaisance de la société face à la violence domestique. Mme Prunskiené a prôné l'élaboration de lois nouvelles et originales, et elle a regretté l'absence de soutien à la promotion des femmes dans le travail de la part des femmes occupant de hautes responsabilités. Elle a également évoqué des projets conjoints menés par des associations de femmes en Europe de l'Est et a souligné le rôle important joué par le Centre d'appui des femmes dans le domaine de la violence domestique et de la formation professionnelle.

Mme Rebecca Rios-Kohn, Administratrice de programmes au Bureau des relations avec les organismes des Nations Unies et des relations extérieures de l'UNICEF, a rappelé que la communauté internationale s'apprète à célébrer le cinquantième anniversaire de l'adoption de la Convention internationale des droits de l'homme et que la Convention des Nations Unies sur les droits de

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l'enfant a été signée par 190 Etats. L'UNICEF fonde un grand nombre de ses actions sur cette Convention. L'UNICEF réalise également un important travail de sensibilisation des médias et des milieux artistiques, scolaires et universitaires. Le Fonds doit cependant relever un grand nombre de défis, en collaboration avec les autres instances des Nations Unies concernées et les ONG.

M. Leonard Sussman, Professeur de communication internationale à Freedom House, Inc., a mis l'accent sur la protection de la liberté d'expression et de la liberté de la presse. Selon lui, il convient de définir les critères d'une coexistence sereine du droit du citoyen et de la souveraineté de l'Etat. Freedom House s'évertue à vérifier l'application, au niveau national, des instruments juridiques universels. Les ONG, malgré les obstacles nombreux établis par l'ONU elle-même, doivent continuer à collaborer étroitement avec l'Organisation afin de lutter contre les atteintes portées à liberté de l'information.

M. William Vendley, Secrétaire général de la World Conference on Religion and Peace, a rappelé que les communautés religieuses se caractérisent par leur connaissance de la nature humaine obtenue bien avant l'émergence de la notion des droits de l'homme. L'initiation d'un dialogue entre les communautés religieuses et les institutions sociales sur les droits de l'homme facilitera l'apparition de communautés historiquement brillantes qui feront une différence pour la promotion des valeurs universelles des droits de l'homme. Rappelant que certaines communautés religieuses n'appliquent pas ce qu'elles prônent, il a estimé que les droits de l'homme offrent aux communautés religieuses les fondements d'une langue publique tout en leur permettant de rester fidèles à leur philosophie fondamentale.

Mme Joanna Weschler, Représentante de Human Rights Watch auprès des Nations Unies, a évoqué le domaine des communications qui pendant des années a été l'arme la plus puissante pour lutter contre les abus. L'information crée une pression internationale sur les gouvernements. Mais, curieusement, en dépit de la révolution des communications, les résultats n'ont pas été à la hauteur des espoirs. Le conflit en ex-Yougoslavie et le génocide au Rwanda ont frappé en direct la conscience collective sans que de grands changements politiques n'interviennent. La diffusion de l'information doit s'accompagner d'actions de plaidoyer. Pour cela, les ONG doivent établir des partenariats de communication avec l'ONU en fournissant des faits et des analyses aux organes concernés.

Lançant le débat sur le premier thème de la matinée, une intervenante égyptienne, représentant une ONG de femmes juristes arabes a adressé une mise en garde contre la tentation séduisante d'opérer une distinction entre les ONG du Nord et du Sud. De son côté, un universitaire indien a rendu hommage à Mère Thérésa qui a tant contribué à la protection des déshérités dans son

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pays, et a exhorté l'ONU à sauver l'humanité de la menace que représente le surarmement. Une intervenante s'est demandée pour quelles raisons le Congrès du pays le plus puissant du monde n'a pas encore ratifié la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant. Un orateur s'est élevé contre l'assertion selon laquelle les hommes naissent et vivent égaux en droit et a fustigé l'influence néfaste des religions.

En réponse à plusieurs de ces questions, Mme Charlotte Bunch a souligné la nécessité d'intégrer, au 21ème siècle, les droits de l'homme à la vie quotidienne des individus, et en particulier des femmes. De son côté, M. William Vendley s'est interrogé sur les significations religieuse et culturelle du rôle de l'Eglise, réitérant son appel en faveur d'un désarmement général. Pour sa part, Mme Rebecca Rios-Kohn, a estimé que Mère Thérésa était une sainte et a rendu hommage aux célébrités, telle qu'Audrey Hepburn, qui ont grandement contribué aux activités de l'UNICEF. Elle a précisé que les Etats- Unis ont signé la Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant, mais ne l'ont pas ratifiée. C'est à ce niveau que les ONG doivent faire la différence afin de mettre rapidement un terme à ce type de carence.

Mme Joanna Weschler a également soutenu l'idée d'une intégration des droits de l'homme à la vie quotidienne des citoyens et a appuyé les efforts déployés pour interdire définitivement les mines terrestres antipersonnel. Leonard Sussman a réaffirmé sa conviction de la nécessité de procéder à un désarmement inconditionnel afin de mettre fin aux souffrances et dégager des ressources pour le développement personnel. Enfin, Mme Kazimira-Danuté Prunskiné a déploré les traditions conservatrices bien ancrées qui font que seulement 18% des parlementaires lituaniens sont des femmes. En conclusion, Mme Charlotte Bunch a estimé que le premier segment a permis de souligner le caractère universel des droits de l'homme et la nécessité d'intégrer davantage les démarches en ce domaine.

Introduisant le deuxième thème de la matinée relatif à la coopération pour le développement, M. Reinhart Helmke, Directeur général du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets, a indiqué qu'aujourd'hui le rôle des ONG nationales et internationales, la manière dont elles relèvent les défis actuels et la façon dont le partage du travail peut se faire, sont des questions de la plus haute importance. Comment les ONG contribuent-elles à l'insertion sociale et à la prise de décision des groupes vulnérables? comment passer de l'urgence à une situation alimentaire acceptable?, telles sont quelques-unes des questions auxquelles il convient de répondre.

M. Shaikh Hassan Cissé, Président de l'Institut islamique Américano- africain, a plaidé en faveur d'un mécanisme de reconversion de la dette des pays pauvres, de l'instauration d'un partenariat entre ONG et ONU pour la prévention des conflits, de la création de structures nationales de promotion des droits de l'homme et du rôle de la femme dans la résolution des conflits. Il a également insisté sur la nécessité de déployer des efforts d'éducation en matière de paix en facilitant l'intégration de ces programmes éducatifs à toute action de développement.

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M. Hassan Ba, Secrétaire général de Synergies Africa, a mis en avant l'ignorance qui caractérise les relations entre les acteurs locaux, les Nations Unies et les ONG internationales. La plupart des organisations humanitaires, a-t-il regretté, interviennent de façon intempestive en écrasant les actions locales de promotion de la société civile. Les conséquences sont graves et sont les suivantes: absence de suivi, balkanisation des acteurs locaux en raison de logiques imposées de l'extérieur et amenuisement de la confiance dans les capacités locales.

Mme Fabiola Fuentes Orellana, Consul général du Guatemala, a jugé encourageant que les ONG aient modifié leur mode d'intervention en Amérique centrale pour mieux les adapter aux aspirations de toutes les composantes des pays dans lesquels elles interviennent. Les ONG ont compris l'importance de la sensibilisation des générations nées durant les années de guerre à une culture de la paix et au rétablissement de la confiance entre les hommes et les femmes.

Mme Mona Hammamm, Directrice par intérim du Bureau du Programme alimentaire mondial (PAM) à New York, rappelant que l'aide alimentaire doit rester un simple don, a indiqué que le PAM, lorsqu'il intervient dans les pays en crise, ne souhaite pas créer de dépendance vis-à-vis de l'assistance extérieure. L'aide alimentaire ne constitue qu'un pré-investissement, précédant l'amélioration des infrastructures et de la production locales. Ainsi, au Bangladesh, l'aide alimentaire se limite à deux ans. Le PAM travaille en partenariat avec un millier d'ONG locales et internationales, mais aussi avec les communautés locales.

Mme Angella Cropper, Conseiller spécial sur les questions de développement au PNUD, a rappelé la nécessité pour l'ONU et l'ONG de maintenir un partenariat systématique et multidisciplinaire. Elle s'est félicitée de la coopération croissante, en matière de protection de l'environnement, des composantes de la société civile avec le secteur privé, mais aussi avec le système des Nations Unies. Pour sa part, le PNUD oeuvre en faveur de l'adoption de modes de vie viables afin de rendre les communautés davantage autonomes. Il importe d'aider les ONG à mieux utiliser le système des Nations Unies.

Une participante a critiqué la distribution gratuite de nourriture qui décourage la production locale et encourage la production des pays industrialisés. Elle a plaidé en faveur d'une aide à la production locale. Un autre participant a demandé si le problème du développement ne provient pas des dépenses excessives accordées à l'armement. Il a estimé que certains programmes alimentaires sont fondés sur des considérations politiques, citant en exemple la situation désatreuse des réfugiés de Palestine ou encore les sanctions contre l'Iraq. Une participante a demandé à Mme Hammamm si elle disposait d'experts nutritionnels sur le terrain.

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Mme Mona Hammamm a indiqué que la distribution gratuite d'aliments est réservée aux situations d'urgence mais qu'il existe diverses modalités d'action dans le domaine de l'aide alimentaire. S'agissant de la question de l'utilisation politique de l'aide alimentaire, elle a répondu que depuis 1991, le PAM a donné 400 millions de dollars aux groupes vulnérables en Iraq. Elle a mentionné également le programme alimentaire mis en place en Arménie et a rappelé que le PAM dispose d'experts nutritionnels.

La conférence poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures, en se penchant sur l'élément de partenariat entre l'ONU et les ONG que constituent les nouvelles technologies de la communication.

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