SG/SM/6318

"LA CORRUPTION EST UN MAL INSIDIEUX QU'IL NE FAUT CESSER DE COMBATTRE OÙ QU'IL SE TROUVE" DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

10 septembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6318


"LA CORRUPTION EST UN MAL INSIDIEUX QU'IL NE FAUT CESSER DE COMBATTRE OÙ QU'IL SE TROUVE" DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

19970910 On trouvera ci-après le texte du message adressé par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la huitième Conférence internationale contre la corruption (Lima, 7-11 septembre), dont le Directeur régional du Bureau régional pour l'Amérique latine et les Caraïbes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Fernando Zumbado, doit donner lecture :

Je suis heureux d'adresser un message à cette auguste assemblée. Le Gouvernement péruvien, qui est à la fois l'organisateur de la Conférence et notre hôte, mérite notre gratitude pour sa volonté résolue — manifestée avec force — de lutter contre la corruption.

La corruption est un fléau qui sape les fondements de toute société civilisée. Elle porte atteinte à la morale, à la démocratie, à la bonne conduite des affaires publiques et à l'État de droit, et absorbe des ressources nécessaires au développement. En outre, elle est un affront pour ceux qui observent fidèlement l'éthique dans leur travail et leurs rapports avec autrui et attendent des autres le même comportement suivant le précepte immémorial "Ne fais pas à ton prochain ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse". La corruption est un mal insidieux qu'il ne faut cesser de combattre.

Une étude menée récemment par le Programme des Nations Unies pour le développement a montré que les pauvres étaient les principales victimes de la corruption puisque, du fait qu'ils constituent le groupe le plus faible et le plus démuni, ils ne peuvent pas verser de dessous-de-table pour bénéficier des services publics et des possibilités offertes par le marché. Nous devons extirper ce mal, supprimer cette véritable plaie qui est le signe d'un très grave dysfonctionnement dans la gestion de l'État.

Aucun pays n'est à l'abri de la corruption, et un grand nombre d'entre eux sont particulièrement vulnérables en raison de la faiblesse de leurs lois et institutions. La corruption revêt elle aussi une dimension internationale. Les frontières ouvertes, les progrès technologiques, les communications transnationales et les transactions commerciales qui caractérisent la société mondiale d'aujourd'hui sont autant de facteurs qui permettent à la corruption de s'enraciner et de s'étendre. Aussi la coopération internationale entre les gouvernements, le secteur privé et la société civile est-elle indispensable si l'on veut venir à bout de cette menace.

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Le coût de la corruption ayant suscité une inquiétude de plus en plus vive au cours des 10 dernières années, l'Organisation des Nations Unies a accordé une plus grande attention à la question, en particulier dans le cadre des activités qu'elle mène pour lutter contre le crime, améliorer la gestion des affaires publiques et renforcer les institutions.

En 1990 et 1995, le Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime a examiné les effets de la corruption sur le développement économique et social. L'année dernière, l'Assemblée générale a adopté le Code international de déontologie de la fonction publique. Elle a également approuvé la déclaration des Nations Unies sur la corruption et les actes de corruption dans les transactions commerciales internationales. En outre, le Manuel de mesures pratiques contre la corruption est régulièrement mis à jour et augmenté.

La Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale est devenue l'instance où les moyens d'action et les mesures concrètes visant à lutter contre la corruption sont arrêtés, puis présentés à la communauté internationale. La Division de la prévention du crime et de la justice pénale, qui relève du Secrétariat et qui fournit à la Commission les services dont elle a besoin, gère des programmes d'assistance technique et a collaboré avec le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues à l'élaboration d'un projet de loi modèle contre la corruption.

Un des principaux éléments du programme de réformes que j'ai présenté aux États Membres en juillet est la proposition tendant à regrouper tous les efforts déployés par l'Organisation pour lutter contre le crime, la drogue et le terrorisme et à les confier à un nouveau Bureau du contrôle des drogues et de la prévention du crime fortement médiatisé, établi à Vienne. Je suis foncièrement attaché à la lutte contre les forces de la "société incivile".

La stratégie et les mesures de lutte contre la corruption qui seront élaborées à l'avenir devraient s'inspirer des 50 recommandations adoptées à la réunion du Groupe d'experts que l'ONU a organisée cette année à Buenos Aires avec l'aide généreuse du Gouvernement argentin.

Ces recommandations prévoient notamment des mesures visant à inciter les représentants des pouvoirs publics à révéler le montant de leurs avoirs et de leurs dettes, ainsi que des dispositions ayant pour objet de créer ou de renforcer des établissements d'audit indépendants et à garantir la libre concurrence, notamment au moyen de règlements antitrust. La réunion du Groupe d'experts a également démontré l'importance de la collaboration entre la Banque mondiale, la Banque interaméricaine, l'Organisation des États américains et Interpol dans ce domaine.

J'approuve pleinement les diverses initiatives prises par ces organismes ainsi que par d'autres organisations.

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L'Organisation des États américains a élaboré une Convention interaméricaine contre la corruption. L'Organisation de coopération et de développement économiques s'est engagée à criminaliser les actes de corruption de fonctionnaires étrangers et a commencé à élaborer une nouvelle convention.

Le Conseil de l'Europe a créé un groupe pluridisciplinaire chargé d'étudier la corruption, tandis que l'Union européenne a arrêté le texte d'un protocole sur la corruption. La Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d'autres institutions financières internationales prennent actuellement des mesures afin de promouvoir la bonne gestion des affaires publiques dans le cadre d'une réforme radicale du rôle de l'État, notamment par l'établissement de fondements juridiques.

Il est essentiel en même temps d'éviter toute disparité entre les mesures de lutte contre la corruption proposées aux pays et adoptées par eux. La présente conférence pourrait jouer un rôle utile dans ce domaine.

Oeuvrons ensemble à lutter contre la corruption et à y mettre un terme ainsi qu'à renforcer l'intégrité des secteurs public et privé. Il n'existe pas de solution rapide ou sûre, mais je suis persuadé que nous progresserons beaucoup grâce à un savant mélange de réformes législatives et administratives, de volonté politique et de soutien de la part de l'opinion publique. C'est dans cette optique que je vous souhaite plein succès dans vos travaux.

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