LA CONFERENCE DPI/ONG EXAMINE LES ACCOMPLISSEMENTS ET LES NOUVELLES TENDANCES DANS LES RELATIONS ENTRE LES ONG ET L'ONU
Communiqué de Presse
ONG/81
LA CONFERENCE DPI/ONG EXAMINE LES ACCOMPLISSEMENTS ET LES NOUVELLES TENDANCES DANS LES RELATIONS ENTRE LES ONG ET L'ONU
19970910 Le vrai débat doit-il porter sur la notion du partenariat ou sur celle du partage des pouvoirs, s'interrogent les intervenantsLa Cinquantième Conférence annuelle DPI/ONG a poursuivi cet après-midi ses travaux en présence de Mme. Gillian Sorensen, Sous-Secrétaire général aux relations extérieures. La séance a été ouverte par la projection d'un film intitulé "Les ONG et l'ONU: cinquante ans de partenariat" et d'une vidéo retransmettant les discours des trois cosmonautes et astronautes de la station spatiale Mir. Les participants se sont exprimés sur les thèmes des principales étapes et accomplissements dans les relations entre les ONG et les Nations Unies, et sur les tendances actuelles de ces relations.
Introduisant le premier thème, Mme Gillian Sorensen, Sous-Secrétaire général aux relations extérieures, notant que plus de 2 000 ONG participent à la cinquantième Conférence, a souligné l'importance qu'accorde le Secrétaire général à la coopération de l'ONU avec les ONG. Mme Sorensen a évoqué la participation des ONG aux grandes conférences des Nations Unies et rappelé l'initiative du Secrétaire général relative à la tenue en l'an 2000 d'une Assemblée générale du Millénaire à laquelle participeraient les ONG. Elle a enfin mis en exergue la complémentarité de l'ONU et des ONG qui permet d'obtenir des résultats incomparables.
De son côté, Mme Becky Cain, Présidente de la League of Women Voters, a rappelé la longue histoire de la League qui a toujours défendu les Nations Unies et l'idée de créer un mécanisme international de règlement des différends. Depuis 1945, la League est présente au sein des Nations Unies en qualité d'observateur. Elle fournit des informations spécifiques à ses membres et assure un suivi constant de l'action du gouvernement américain au sein de l'ONU. La représentante a insisté sur la pression exercée sur le Gouvernement américain pour que celui-ci règle ses contributions. Elle a fait état des diverses participations de la League aux conférences internationales et réitéré son ferme soutien à l'Organisation.
- 2 - ONG/81 10 septembre 1997
A une participante qui avait demandé s'il était possible d'inciter les Etats-Unis à s'acquitter de leurs arriérés, Mme Cain a répondu qu'il importait d'établir des liens plus étroits entre les citoyens des Etats Unis et l'Organisation. Les Nations Unies en effet s'adressent à une vaste palette de citoyens américains qui ne se rendent même pas compte des avantages que peuvent leur apporter l'Organisation.
Pour sa part, M. Randolph Nugent, Secrétaire général du Conseil général des ministères mondiaux de la "United Methodist Church", abordant le rôle du Centre des Eglises au sein des Nations Unies en vue de faciliter la participation des ONG aux travaux de l'ONU, a rappelé que la tradition de toutes les églises est à la base de la recherche de la paix. M. Nugent a déploré le peu d'accent mis sur la lutte courageuse que mènent l'ONU et les églises en faveur du développement. Il convient désormais de promouvoir le respect des droits des femmes et l'adoption d'un pacte sur les droits économiques.
A la suite de cette intervention, un représentant des Frères pour la paix, s'est demandé pour quelle raison les personnes qui ont le plus confiance en les Nations Unies sont celles qui en savent le moins sur elles, interrogation que M. Nugent a déclaré partager. Un autre intervenant a souligné l'importance de la fonction oecuménique pour la paix initiée notamment en Amérique du Sud et en Amérique centrale, sous l'impulsion du Pape. Un autre encore a suggéré de créer un Conseil de sécurité alternatif et a proposé que soit célébrée chaque année, le 21 septembre, une Journée de la paix.
M. Svein Erik Odden, Secrétaire général de l'Association pour les Nations Unies en Norvège, a évoqué son travail quotidien dans le domaine de l'éducation et de l'information. Pour ce qui est du mandat de l'association, il a indiqué qu'il n'était pas possible de mener ce travail d'information et d'éducation sans un partenariat avec le Gouvernement Norvégien, les centres d'information des Nations Unies et les autres associations tout en préservant sa propre autonomie.
Un participant a suggéré de parler d'organisation de volontaires ou de trouver une terminologie plus positive que celui d'ONG. Une autre participante a demandé à la communauté internationale, en particulier aux Nations Unies, d'organiser un "sommet pour la paix dans les rues". Un autre participant a dénoncé les inégalités dans le monde qui justifieraient l'élaboration d'un pacte social et demandé à Mme Sorensen si les Nations Unies ont envisagé de prendre des mesures visant la formation des jeunes pour qu'ils deviennent acteurs du partenariat entre la société civile et les ONG. Mme. Sorensen a répondu que de nombreuses activités, dont l'Unité des jeunes, sont organisées aux Nations Unies en faveur des jeunes. M. Odden a indiqué que les jeunes en Norvège soutiennent massivement l'Organisation des Nations Unies qu'ils connaissent bien.
- 3 - ONG/81 10 septembre 1997
Le thème de la deuxième partie de la réunion, "les tendances actuelles du partenariat entre les Nations Unies et les ONG", a été introduit par M. Cyril Ritchie, Président de la Fédération des institutions internationales à Genève. M. Ritchie s'est interrogé sur les règles dont doivent se doter les ONG pour éviter les dérapages de certains de ses membres, suggérant pour ce faire l'adoption d'un code de bonne conduite. Il s'est également demandé comment les ONG pouvaient profiter des opportunités et des canaux de coopération existants au sein de la communauté internationale et de l'ONU en particulier. Il a enfin souhaité que soit envisagée la façon de promouvoir une contribution efficace des ONG à la réalisation des objectifs fixés par les gouvernements.
M. Ahmad Kamal, Représentant permanent du Pakistan auprès des Nations Unies et Président du Sous-groupe sur les ONG, a qualifié les relations entre l'ONU et les ONG de complexes tout en regrettant le peu de résultats. Abordant le processus de réforme des Nations Unies, il a estimé que les résultats des efforts déployés depuis deux ans sont proches de zéro. Le grand problème à aborder dans le cadre de la réforme est celui de la perte de crédibilité de l'Organisation. L'Organisation n'a pas tenu compte de l'apparition de nouveaux acteurs, à savoir la société civile, le secteur privé et l'informatique, et fait aujourd'hui les frais de cette inertie. Pour ce qui est du partenariat avec l'ONU, quel degré d'intégration aux travaux des Nations Unies devons-nous accorder aux ONG, s'est demandé M. Kamal. Le vrai débat doit porter en fait sur la notion de partage de pouvoirs. Abordant la question de la qualité de certaines ONG, M. Kamal a appelé à la création d'un système de sélection. Il a également évoqué la question du déséquilibre Nord/Sud et a prôné la recherche d'une solution à la question de la représentativité des peuples du Sud.
De son côté, M. Techeste Ahderom, représentant principal de la communauté internationale Bahà'i auprès de l'ONU, a indiqué que, selon l'OCDE, la contribution totale des ONG au développement s'élevait en 1992 à 8,3 milliards de dollars et l'on estime que les ONG génèrent aujourd'hui 25% de l'aide au développement. Cependant, en dépit de ces chiffres considérables, les ONG souffrent encore de certaines carences, notamment en raison leur absence de certains secteurs ou régions. Les ONG ont également largement contribué à l'adoption d'instruments juridiques internationaux contraignants en matière de défense des droits de l'homme. A l'avenir, elles doivent veiller en priorité à la mise en oeuvre des nombreux programmes d'action adoptés lors des grandes conférences internationales auxquelles elles ont largement contribué.
M. Tatsuro Kunugi, Professeur à l'Université Chrétienne de Tokyo, lisant le message de Mme Domoto, membre de la Maison des conseillers de la diète japonaise, a expliqué qu'un grand nombre d'ONG au Japon n'ont aucun statut juridique car elles n'ont pas la taille requise pour bénéficier du statut d'organisation à but non lucrative. Le sénateur Domoto a essayé de trouver une loi de compromis qui devrait être promulguée au mois de décembre pour leur accorder un statut juridique.
- 4 - ONG/81 10 septembre 1997
Mme Margareta Wahlstrom, Secrétaire général adjoint de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, évoquant l'élaboration d'un code de bonne conduite pour l'assistance humanitaire et les secours, a rappelé que le volume de l'aide humanitaire a sensiblement augmenté, passant en quelques années de 500 millions à 3 milliards de dollars. De fait, de plus en plus de personnel humanitaire est présent sur le terrain en raison des catastrophes humanitaires, mais aussi en raison de conflits internes. Le code de bonne conduite a d'ores et déjà été entériné par plus de 130 ONG. Le code sera prochainement complété par un code de conduite minimale. Il importe d'indiquer que les codes sont élaborés par les ONG qui auront à les appliquer.
M. Andrei Kortunov, Président du Moscow Public Science Foundation, a évoqué la multiplicité des ONG en Russie tout en opérant une distinction entre celles qui ne sont que la voix du gouvernement et celles qui restent dans la clandestinité avec des conséquences destructrices. Ces deux types extrêmes d'ONG doivent être évités. Les ONG peuvent être de bons partenaires des Nations Unies, en particulier pour la collecte de l'information, la promotion des principes et objectifs de la communauté internationale et la contribution à la mobilisation de l'opinion publique. Abordant le concept de partenariat, il a fait remarquer que les gouvernements ne partagent pas le pouvoir à moins d'y être contraints.
Une participante a demandé à M. Kamal si une résolution des Nations Unies visant la participation des ONG aux travaux des grandes Commissions et de la Plénière de l'Assemblée générale verra le jour au cours de la cinquante deuxième session. Une autre participante a demandé à M. Kamal comment les Nations Unies peuvent aider les ONG du Nord et du Sud à créer des partenariats réels et positifs en faveur du développement.
Répondant à la première question, M. Kamal a indiqué qu'une lutte des classes à propos du partage du pouvoir entre ONG et gouvernements avait cours actuellement. Il a indiqué qu'à son avis d'ici le mois de décembre, il y a peu de chance pour qu'un projet de résolution de ce type soit adopté. Il a appelé les ONG à faire pression sur leurs gouvernements pour les sensibiliser à cette question. Il a précisé qu'il était inutile de présenter un tel projet de résolution en sachant pertinemment qu'il ne sera pas adopté. Pour ce qui est de la deuxième question, il a répondu que le problème n'était pas le nombre d'ONG mais leurs objectifs. La solution définitive va de pair avec la recherche d'un équilibre entre les ONG du Nord qui travaillent sur des questions liées à l'environnement et les droits de l'homme et celles du Sud qui concentrent leurs travaux sur le développement durable.
La Conférence poursuivra demain ses travaux, à partir de 10 heures, en examinant les réseaux en action.
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