En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6317

LA REFORME COMMENCE AU SOMMET, PAR LA DIRECTION, SOULIGNE LE SECRETAIRE GENERAL A REYKJAVIK DANS UNE DECLARATION SUR LA REFORME DE L'ONU

9 septembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6317
ORG/1246


LA REFORME COMMENCE AU SOMMET, PAR LA DIRECTION, SOULIGNE LE SECRETAIRE GENERAL A REYKJAVIK DANS UNE DECLARATION SUR LA REFORME DE L'ONU

19970909 Selon lui, la 52ème session de l'Assemblée générale s'annonce comme une des périodes les plus marquantes de l'histoire de l'Organisation

On trouvera ci-après le texte d'une déclaration faite le 4 septembre 1997 à Reykjavik, par le Secrétaire général, Kofi Annan, sur la réforme de l'Organisation des Nations Unies :

C'est pour moi un grand plaisir que de m'adresser à un public islandais. L'Islande prouve qu'un pays ne doit pas nécessairement être grand, ou militairement ou économique puissant pour jouer un rôle actif dans l'Organisation des Nations Unies.

L'engagement de l'Islande en faveur de la paix et de la sécurité internationales découle de l'histoire et de la géographie uniques du pays. Au fil des ans, son histoire a été marquée par bien des vicissitudes. Situé dans l'Atlantique Nord, le pays occupe une position névralgique dans la géopolitique du XXe siècle.

C'est pourquoi l'Islande comprend bien les raisons de la coopération internationale. Comme tous les petits pays épris de paix, l'Islande se tourne vers l'Organisation des Nations Unies et d'autres organisations internationales et attend d'elles qu'elles fixent des normes claires de relations entre les nations et qu'elles servent d'instruments de progrès pour la communauté internationale. L'Islande est pleinement en droit d'attendre de l'Organisation des Nations Unies qu'elle soit efficace et productive et qu'elle sache clairement où elle va.

Dans un monde en mutation rapide, les buts énoncés dans la Charte de l'Organisation il y a plus de 50 ans n'ont rien perdu de leur actualité. Nous devons encore faire face à des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales. Plus que jamais, nous devons promouvoir le développement économique et social. Il est indispensable que les grands idéaux — droits de l'homme, bonne conduite des affaires publiques et démocratie — suscitent chez les hommes un écho de plus en plus fort dans leur vie de tous les jours. De surcroît, la primauté du droit doit être raffermie.

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Il y a deux ans, le Premier Ministre, David Oddsson, a déclaré lors de la Réunion commémorative spéciale de l'Assemblée générale à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, que tous les pays ont de plus en plus à surmonter des difficultés et des obstacles identiques. Certaines menaces sont déclarées : terrorisme, pandémies, prolifération des armements. D'autres sont plus insidieuses : changement climatique, trafic de drogue, blanchiment de l'argent et corruption. Toutes ces menaces se moquent des frontières et aucun pays ne peut les écarter en agissant tout seul.

Chaque pays a donc besoin de l'Organisation des Nations Unies. Même ceux qui un temps ont cru pouvoir s'en passer peuvent tirer avantage du multilatéralisme et de l'engagement au niveau international. C'est qu'en effet le nouvel agenda mondial ne peut être abordé que par une action à l'échelle mondiale. L'Organisation des Nations Unies est la seule organisation qui ait la légitimité, la compétence et la présence nécessaires pour entreprendre une action de cette ampleur.

J'ai constaté avec plaisir qu'un consensus se dégageait sur ce point — sur la valeur et les objectifs de l'action internationale et sur la nécessité d'une approche commune face à des problèmes communs.

Il s'agit là d'un fait nouveau majeur. Pendant les années de la guerre froide, les États Membres étaient en désaccord profond sur de nombreux points fondamentaux. Rien donc de surprenant qu'ils n'aient jamais donné à l'Organisation des Nations Unies la possibilité de concrétiser son énorme potentiel, de devenir une organisation cohérente capable de servir un objectif commun.

Aujourd'hui toutefois, face aux mutations profondes de son environnement politique extérieur, l'Organisation doit elle-même changer. Voilà pourquoi une réforme s'impose. Voilà pourquoi j'ai choisi de faire de la réforme une de mes toutes premières priorités. Voilà pourquoi j'ai lancé une révolution silencieuse dans l'Organisation des Nations Unies.

Les structures du système des Nations Unies — le Secrétariat, les programmes, les fonds, les institutions spécialisées et autres entités — ne sont pas le fruit d'une planification délibérée. Elles se sont plutôt développées de façon graduelle en fonction des mandats, lesquels ont évolué au fil des ans au gré des priorités successivement fixées par les États Membres.

Nous devons aujourd'hui apporter une plus grande cohérence à ces structures et mandats. Il nous faut une plus grande unité d'objectifs et d'action. Nous devons être plus souples et plus rentables. Nos gestionnaires et leur personnel doivent faire de l'excellence leur règle de conduite et doivent être responsables de leurs résultats.

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Le train de réformes que j'ai présenté aux États Membres en juillet vise à atteindre ces objectifs et à introduire une transformation fondamentale dans notre fonctionnement.

Ce plan axe les activités de l'Organisation sur quatre domaines de fond : paix et sécurité; affaires économiques et sociales; coopération pour le développement et affaires humanitaires. Les questions relatives aux droits de l'homme seront prises en compte dans les quatre domaines de fond, et sont un exemple de la synergie qui caractérise notre programme de travail. Chaque activité vient étayer et renforcer les autres.

La réforme commence au sommet, par la direction. Dès mon retour à New York, la semaine prochaine, je présiderai la première réunion du nouveau Groupe de gestion de haut niveau : un petit comité de gestionnaires de haut niveau qui jouera le rôle d'un cabinet. La plupart des gouvernements n'y verront qu'une procédure normale, mais l'Organisation des Nations Unies n'a jamais eu de dispositif de ce type jusqu'à présent. Il nous permettra de planifier la réforme ensemble, de conjuguer nos efforts, de coordonner nos activités et d'oeuvrer au nom d'objectifs communs. L'impact sur le terrain devrait en sortir renforcé.

La réforme est également globale. Mes propositions concerneront pratiquement chaque département et chaque activité de l'Organisation. Nous voulons accélérer le rythme de mise en place de nos opérations de maintien de la paix et des autres opérations sur le terrain, améliorer notre capacité de consolidation de la paix, promouvoir l'agenda pour le désarmement et intensifier la protection de l'environnement. Le plan propose des moyens de lutter contre le fléau de la "société non civile", c'est-à-dire les criminels, les trafiquants de drogue et les terroristes. Il invite à simplifier les procédures administratives de façon à dégager des "dividendes pour le développement" à l'intention des pays en développement.

Ce ne sont là que quelques-unes de mes propositions. Les autres éléments principaux comprennent une croissance budgétaire négative et l'élimination de certains postes. Mais la réforme dépasse de beaucoup la somme des compressions qu'elle envisage. Il s'agit plutôt de renforcer l'Organisation des Nations Unies et de nous doter des moyens de relever les défis nouveaux et croissants de l'ère nouvelle.

Prenez, par exemple, la crise qui sévit dans la région des Grands Lacs de l'Afrique centrale. Notre réaction illustre la capacité de l'Organisation d'agir efficacement dans le climat de l'après-guerre froide et démontre dans la pratique l'esprit de réforme qui l'anime.

Cette région subit une série de secousses qui se recoupent : l'instabilité politique dans plusieurs États à des moments différents; un génocide qui a déclenché un problème de réfugiés et une crise humanitaire

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majeure; des violations présumées des droits de l'homme et d'énormes tâches de développement, de reconstruction et de réconciliation.

Nous avons agi sur tous ces fronts, en utilisant les enseignements de ces dernières années et certaines idées d'avenir.

Sur le plan politique, nous avons conjugué nos forces à celles de l'Organisation de l'unité africaine en désignant un envoyé commun chargé d'endiguer les troubles et de négocier des règlements pacifiques des problèmes de la région.

Ces initiatives ont permis d'éviter un conflit sanglant à Kinshasa pendant la période de transition qui a suivi le départ du Président Mobutu Sese Seko. Elles ont également démontré les avantages que revêt notre collaboration croissante avec des organisations régionales.

Une assistance humanitaire a été fournie dès le départ, le plus souvent dans des conditions périlleuses. Ces efforts ont quelque peu atténué les souffrances et cimenté les liens avec toute une série d'organisations non gouvernementales. Je me félicite de ces partenariats et souhaite oeuvrer plus étroitement encore avec toutes les ONG qui travaillent dans les domaines de compétence de l'Organisation.

Nos mécanismes en matière de droits de l'homme ont également été mis en place. Un Tribunal international chargé de poursuivre les auteurs de crimes de guerre commis au Rwanda a été créé et des opérations lancées sur le terrain au Burundi et au Rwanda.

Et malgré des résultats encore très décevants, nous avons envoyé une équipe enquêter sur des violations des droits de l'homme et des atrocités qui auraient été commises en République démocratique du Congo.

Ces activités s'inspirent d'une tendance majeure des activités de l'Organisation dans le domaine des droits de l'homme : une expansion spectaculaire des activités sur le terrain. Le personnel s'occupant de questions relatives aux droits de l'homme est désormais plus nombreux sur le terrain qu'au Siège.

Nous élaborons aussi un dispositif d'intervention en vue d'une éventuelle opération de maintien de la paix au Congo-Brazzaville et nos équipes de développement sont présentes dans l'ensemble de la région. Nous pouvons faire davantage, bien sûr, mais dans ce cas comme dans nos initiatives de réforme, nous dépendons de l'appui et de la volonté politique des États Membres.

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La cinquante-deuxième session de l'Assemblée générale s'ouvrira dans moins de deux semaines. La réforme et la rénovation figurant en bonne place dans notre ordre du jour, elle s'annonce comme l'une des périodes de débats et de décisions parmi les plus marquantes de l'histoire de l'Organisation.

Nous nous acheminons fermement vers la fin de la crise de confiance qui accable l'Organisation depuis quelques années. Je puis dès à présent envisager une Organisation bénéficiant du plein appui de la communauté internationale. Une Organisation incarnant les espoirs de petites nations comme l'Islande, qui ont tant à offrir, et d'autres dont les besoins constituent l'axe central de notre mission mondiale. Une Organisation qui tient ses promesses.

L'Islande a un rôle à jouer dans cette noble entreprise. Je me félicite de la participation future de tous les Islandais à notre marche commune vers les objectifs que nous partageons et chérissons : la paix et le progrès pour l'humanité tout entière.

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