SG/SM/6310

LA BONNE GETION DES AFFAIRES PUBLIQUES EST ESSENTIELLE POUR L'EMERGENCE D'UN DEVELOPPEMENT EQUITABLE ET DURABLE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A COPENHAGUE

9 septembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6310


LA BONNE GETION DES AFFAIRES PUBLIQUES EST ESSENTIELLE POUR L'EMERGENCE D'UN DEVELOPPEMENT EQUITABLE ET DURABLE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A COPENHAGUE

19970909 Il estime que depuis que l'ONU existe, le Danemark a toujours été un Etat Membre exemplaire

On trouvera ci-après le texte du discours que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcé le 2 septembre devant la Société danoise de politique étrangère, à Copenhague :

C'est avec un grand plaisir qu'en ce lieu magnifique je m'adresse aujourd'hui à vous, qui êtes des amis de l'ONU de si longue date, si généreux et loyaux.

Depuis que l'ONU existe, le Danemark a toujours été un État Membre exemplaire, attaché aux objectifs de la Charte, qu'il s'est engagé à promouvoir.

En donnant l'exemple et en entraînant les autres derrière vous, vous avez prouvé que le multilatéralisme véritable était une nécessité, et montré quels espoirs il pouvait faire naître. Les Nations Unies vous en sont immensément redevables.

À l'aube d'un siècle nouveau, nous souhaitons faire de l'ONU une organisation plus moderne, plus efficace et plus réceptive. Le soutien indéfectible que nous apporte le Danemark est très encourageant : sa vision de l'ONU est aussi la nôtre; son action en faveur du développement et sa détermination à contribuer au règlement des conflits constituent les fondements mêmes de notre action.

Ces dix dernières années ont été tumultueuses pour l'ONU, qui a eu de difficiles missions à remplir et a parfois connu de douloureux échecs.

Les changements intervenus dans le monde ont radicalement modifié les conditions dans lesquelles nous oeuvrons pour éliminer la pauvreté et promouvoir la paix. Mais ils ont aussi ouvert de nouvelles voies vers le progrès, augmenté nos chances de succès et suscité des espoirs neufs.

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Il nous faut aborder le XXIe siècle à la lumière des enseignements tirés de notre expérience passée et en ayant la volonté de trouver une nouvelle voie pour notre avenir. Nul ne conteste plus les dangers que présentent, pour toute société, des inégalités extrêmes. Et nul n'invoque plus d'autre principe de gouvernement que la démocratie.

Le recul des allégeances politiques et idéologiques envers telle ou telle superpuissance a débridé les mouvements d'autodétermination nationale et de libération politique, pour le meilleur, et dans certains cas tragiques, pour le pire.

Face à ce type d'événements, comme il s'en est récemment produit, la réaction générale a été, dans des proportions alarmantes, le désespoir et la résignation. D'aucuns prétendent que l'échec des États ainsi que les guerres ethniques et civiles qui, trop souvent, en ont résulté, sont inévitables, que les difficultés auxquelles se heurtent parfois les interventions internationales ne font que confirmer le caractère insoluble des problèmes.

Je vous présenterai un point de vue différent, selon lequel ces échecs, ces guerres, ces problèmes sont de nature économique et politique, et trouveront donc des solutions économiques et politiques : le conflit qui éclate à un endroit ou la tyrannie qui règne ailleurs n'ont rien d'inévitable.

La liberté et les droits de l'homme sont des concepts aussi universels que politiques, ils peuvent donc être modifiés par l'homme, quelles que soient sa couleur et sa foi. La Charte des Nations Unies n'a-t-elle pas été rédigée au nom de "Nous, peuples des Nations Unies"?

Cette réalité, tout comme la reconnaissance du fait que les problèmes les plus complexes et les plus courants sont ceux qui transcendent les frontières et exigent des solutions multilatérales, impose à l'ONU d'immenses responsabilités.

Il devient en fait évident que l'ONU souhaite le changement autant qu'elle en a besoin. Changer est notre impératif. C'est notre objectif.

Dans notre effort pour tenir cette promesse, nous découvrons de nouvelles façons de faire ce que nous faisons le mieux et élaborons des stratégies inédites pour répondre aux changements de situation. Nous soulignons à nouveau l'importance que revêt le développement durable pour tous les domaines de notre action, y compris la paix et la sécurité.

Mais surtout, nous consacrons davantage de nos forces à faire en sorte que des structures institutionnelles adéquates soient mises en place dans les pays en développement. Ainsi, nous nous attachons à propager partout dans le monde la stabilité, la confiance, la légitimité et la responsabilité propres à une bonne gestion des affaires publiques.

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Sans l'application de principes de gouvernement rationnels — respect de la légalité, administration prévisible du pouvoir légitime, souplesse des réglementations —, aucun financement ni aucun don ne pourra aider le monde en développement à s'engager sur la voie de la prospérité.

Une bonne gestion des affaires publiques est un instrument essentiel, que l'ONU utilise pour garantir un développement durable et équitable partout dans le monde. De leur côté, un nombre croissant d'États Membres reconnaissent qu'elle est indispensable pour édifier une société pacifique, prospère et démocratique.

Ces pays se tournent alors vers l'ONU, sachant que, depuis la fin de la guerre froide, nos connaissances et notre expérience en la matière se sont grandement étendues.

Nos programmes visent maintenant pratiquement tous les éléments clefs d'une bonne gestion : respect de la légalité, vérification des élections, formation de policiers, suivi des droits de l'homme, stimulation des investissements et promotion d'une administration responsable et honnête.

La bonne gestion des affaires publiques a aussi sa place dans notre action pour la paix. Elle a en effet un rôle préventif très important à jouer, et constitue une structure solide pour le développement économique et social des sociétés. Au lendemain d'un conflit, une bonne administration peut encourager la réconciliation et offrir des solutions pour consolider la paix.

Favoriser une bonne gestion des affaires publiques signifie entre autres protéger les droits de l'homme et respecter la légalité, aider à organiser des élections et à élaborer des politiques de développement; on se rend compte depuis peu que c'est en soi une action préventive.

Or, le non-respect de ces droits et la faiblesse des structures sont non seulement à l'origine de la pauvreté mais aussi de conflits, et représentent en outre, au lendemain des conflits, des obstacles à la reconstruction.

Pour que l'ONU puisse renforcer son rôle dans le domaine du maintien de la paix, elle doit disposer d'une capacité d'intervention rapide et efficace. Là encore, je salue la vision et la volonté d'agir du Danemark qui a créé une brigade d'intervention rapide des forces en attente. L'un de mes collaborateurs m'a d'ailleurs récemment fait remarquer que je mentionnais cette brigade à chaque fois que j'en avais l'occasion, et c'est le cas.

Je suis convaincu qu'il s'agit là d'une disposition exemplaire, susceptible de traduire enfin dans la réalité ce dont nous avons tous conscience : une force peu nombreuse, bien entraînée, bien équipée, pouvant intervenir rapidement, ayant reçu un mandat clair et bénéficiant d'un soutien suffisant peut effectivement mettre fin à un conflit avant qu'il n'engloutisse une société entière.

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Une telle brigade peut permettre de mener des actions diplomatiques et de consolidation de la paix, prévenant toute escalade vers d'importantes pertes en vies humaines et dispensant la communauté internationale de lourdes interventions.

Une telle force peut, enfin, rendre réel et tangible notre attachement à la cause de la paix et à la prévention des conflits. Je continuerai donc de promouvoir sa mise en place et invite les autres gouvernements à suivre le remarquable exemple du Danemark.

C'est une période d'opportunités nouvelles qui s'ouvre avec les transformations dont je viens de parler, qu'il s'agisse des espoirs fondés sur une bonne gestion des affaires publiques ou du potentiel d'une force d'intervention rapide.

Les réformes que j'ai présentées le mois dernier permettront à l'ONU de tirer parti de ces opportunités et de donner corps aux aspirations les plus élevées de l'humanité.

Nous nous sommes pour cela largement inspirés des propositions faites par le Danemark.

Ainsi, votre principe de "multilatéralisme actif" reflète au niveau national, notre propre volonté de nous consacrer avec la plus grande compétence et le plus grand discernement, en éliminant les gaspillages et les doubles emplois, à la mise en oeuvre de programmes productifs.

Compte tenu du caractère global des tâches auxquelles l'ONU est confrontée, j'ai donné la priorité, dans mon plan de réforme, au regroupement de nos activités.

Ainsi, au Siège, nous renforçons la coordination en regroupant les services et en uniformisant les structures. Sur le terrain, nos activités seront rassemblées, au niveau de chaque pays, dans une "Maison des Nations Unies" qui facilitera la coopération interne et présentera un visage unique aux populations que nous desservons.

Notre objectif est, avec ce plan de réforme, — simplement et immédiatement — de transformer la conception, la qualité et la prestation des services fournis. C'est ce que vous exigez et ce que le monde exige de nous. Nous n'en exigeons pas moins de nous-mêmes.

En retour, je demanderai aux États Membres et à l'opinion publique mondiale de ne pas nous juger simplement à l'aune des réductions que nous proposons ou des structures que nous modifions, mais, à juste titre, en fonction des secours et de la protection que nous apportons aux peuples qui souffrent de la pauvreté, de la faim et de la maladie et qui sont en danger — c'est-à-dire les peuples du monde au service desquels l'ONU a été créée.

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L'appui résolu du Danemark à toutes nos actions, — qu'il s'agisse du développement ou du maintien de la paix — sera déterminant pour notre succès, j'en suis convaincu.

Je vous promets pour ma part que nous ferons tout notre possible pour que l'ONU devienne un instrument du multilatéralisme aussi démocratique, équitable et efficace que vous le souhaitez.

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