SG/SM/6252

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LE CONSEIL CONSULTATIF POUR LES QUESTIONS DE DÉSARMEMENT À REPENSER LE ROLE DES NATIONS UNIES COMPTE TENU DES PROBLEMES

3 septembre 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6252


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL INVITE LE CONSEIL CONSULTATIF POUR LES QUESTIONS DE DÉSARMEMENT À REPENSER LE ROLE DES NATIONS UNIES COMPTE TENU DES PROBLEMES

19970903

On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée le 10 juin au Siège par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, devant le Conseil consultatif pour les questions de désarmement.

C'est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue à New York pour cette vingt-neuvième session du Conseil consultatif pour les questions de désarmement.

Je commencerai par saluer ceux de vous qui siègent au Conseil depuis un certain nombre d'années. Je rends hommage au travail que vous avez accompli pour les Nations Unies et à votre volonté de poursuivre votre collaboration avec le Conseil.

Je tiens ensuite à souhaiter la bienvenue à ceux de vous qui viennent d'être nommés au Conseil. Je vous remercie d'avoir accepté mon invitation à devenir membre du Conseil consultatif et d'avoir trouvé le temps d'assister à cette session, malgré vos emplois du temps déjà chargés.

Comme vous le savez, le Conseil est un organe unique en son genre pour plusieurs raisons. Il est composé de personnalités éminentes, qui ont été nommées à titre personnel et sélectionnées en raison de leur vaste expérience soit du désarmement et de la maîtrise des armements soit de la sécurité internationale en général. Vous tous qui êtes réunis ici êtes donc d'éminents penseurs et conseillers en matière de politique générale.

J'ai le sentiment qu'ensemble vous formez une cellule de réflexion indépendante qui peut nous donner d'excellents conseils sur le rôle que doit jouer l'Organisation dans le domaine du désarmement.

Le fait que vous siégez à titre personnel et non en qualité de représentant de votre gouvernement ou de votre région doit à mon avis faciliter un échange de vues aussi libre que possible. Je nourris donc

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l'espoir que chacun d'entre vous se sentira libre d'enrichir les débats de sa connaissance approfondie des questions de sécurité et des besoins et expériences en matière de désarmement qui sont propres à sa région et à sa sous-région.

J'attache une grande importance à la fonction essentielle que remplit le Conseil, en tant que Conseil d'administration, de l'Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) dont il supervise les travaux extrêmement utiles. L'UNIDIR est la seule institution autonome au sein des Nations Unies à effectuer des recherches indépendantes sur les questions de désarmement et de sécurité internationale. Il est donc le seul maillon qui représente les Nations Unies dans la chaîne des centres de recherche universitaire et autres sur la sécurité dont dépendent les négociations, les discussions et les activités intergouvernementales sur le désarmement.

Au cours de la présente session, je vous demanderais de réfléchir aux problèmes de sécurité qui se poseront au XXIe siècle et aux solutions que peuvent y apporter le désarmement et la maîtrise des armements, et la coopération à tous les niveaux — international, régional et sous-régional — dans ces deux domaines; mais, surtout, je vous demanderais de réévaluer le rôle qui revient à l'Organisation dans la réalisation de l'objectif suprême que constitue l'instauration d'un système international où la sécurité et la stabilité soient universellement respectées.

Lorsque j'ai assumé mes fonctions de Secrétaire général, j'ai pris un engagement majeur : celui de revoir l'ensemble des opérations de l'Organisation. Aujourd'hui, comme tout système complexe vieux de cinquante- deux ans, les Nations Unies ont besoin de faire peau neuve. Elles ont connu de grands succès mais elles doivent devenir un instrument plus efficace et productif au service de la communauté internationale au seuil du prochain millénaire et c'est là mon but.

Ce but que je me suis fixé va bien au-delà d'une simple rationalisation ou réduction de personnel. Il s'agit bien plutôt d'adapter l'Organisation pour lui permettre de faire face à l'évolution rapide des besoins et exigences dictés par l'ère nouvelle qui approche. Et vous pouvez m'aider à y parvenir.

En mars, j'ai annoncé un premier train de réformes de la gestion et de l'organisation du Secrétariat. Lors d'une réunion spéciale de l'Assemblée générale prévue pour le 16 juillet, j'ai l'intention de proposer de nouvelles mesures à plus long terme qui devront être examinées par les États Membres.

J'ai dit que j'entendais réorganiser l'activité de l'Organisation selon quatre grands domaines et le désarmement dépend de celui qui porte sur la paix et la sécurité.

La conception que nous nous faisons de la sécurité des États est en pleine mutation et c'est là, à mon avis, un des faits nouveaux les plus remarquables de la deuxième moitié de ce siècle.

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L'idée selon laquelle la défense des frontières nationales passe par la surcapacité opérationnelle n'a plus cours, car les frontières elles-mêmes tendent à disparaître et les économies à s'intégrer à l'économie mondiale. Certes, les États continueront à s'armer pour assurer la protection de leurs populations; il s'agit d'une constante qui ne semble pas devoir se démentir avant longtemps. Mais la sécurité des États passe aussi désormais par l'institution de sociétés authentiquement démocratiques — de sociétés fondées sur la justice, le respect de l'état de droit et des droits de l'homme, une économie prospère et un environnement sain.

Cette vision nouvelle de la sécurité et la remise en cause fondamentale qu'a subie le système de sécurité internationale depuis la fin de la guerre froide ont et continueront d'avoir impact direct sur le rôle de l'Organisation des Nations Unies dans le domaine du désarmement.

L'oeuvre que doivent accomplir les Nations Unies dans ce domaine est elle aussi en train de changer. Les activités qu'elles mènent dans les domaines du désarmement et du maintien de la paix et de la sécurité — qui occupent une place importante dans la Charte — doivent évoluer pour s'adapter à ce nouvel état de choses.

Le désarmement a eu des effets directs importants qui se sont fait sentir sur toute la planète et les Nations Unies y ont directement contribué. La signature du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires, négocié sous les auspices de la Conférence du désarmement et approuvé par l'Assemblée générale, a donné un élan nouveau aux efforts de désarmement nucléaire. Ce traité constitue un grand pas en avant pour la sécurité de l'humanité tout entière. La création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique — à la négociation de laquelle les Nations Unies ont contribué — a effacé d'un seul trait la menace nucléaire qui pesait sur un continent tout entier.

De nombreux autres progrès ont été faits ces dernières années dans le domaine du désarmement multilatéral, comme le renforcement du régime de non-prolifération, avec la prolongation permanente, en tant qu'instrument ayant force contraignante, du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires; le durcissement des interdictions frappant les armes chimiques, avec l'entrée en vigueur de la Convention portant sur ce type d'armes et la mise en place de l'organisme chargé de vérifier son application; et la confirmation de la volonté de lutter contre les armes biologiques, avec la création en cours d'un mécanisme de vérification pour la Convention sur les armes biologiques.

Ces mesures sont autant de pas en avant pour la communauté internationale et pour l'Organisation des Nations Unies puisqu'elle a été étroitement associée à leur adoption et demeure impliquée dans leur application.

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Comme je l'ai déjà dit, la situation internationale en matière de sécurité est en train de changer. Les mécanismes de désarmement multilatéral, à l'instar des Nations Unies, ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers en cette période critique de réévaluation. Ils doivent pouvoir faire face à d'autres problèmes et d'autres responsabilités.

Ainsi, demandons-nous, comment l'Organisation peut-elle contribuer à renforcer le régime multilatéral de non-prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive? Comment peut-elle développer la coopération entre ses États Membres et les organismes des Nations Unies pour faire face aux menaces de terrorisme nucléaire liées à la détention ou à l'utilisation non autorisée ou illégale de matières nucléaires pouvant servir à fabriquer des armes?

On pourrait réfléchir à la collaboration que pourrait offrir l'Organisation des Nations Unies aux nouveaux organismes chargés de l'application et de la vérification des dispositions de la Convention sur les armes chimiques, du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires et des autres instruments à venir. Ainsi, en mai, l'Assemblée générale a adopté une résolution me priant de négocier avec l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, qui vient de voir le jour, la signature d'un accord prévoyant l'établissement de relations entre nos deux organisations. C'est là, à mon avis, un exemple des nouvelles démarches qui doivent être suivies pour renforcer la cohésion du système des Nations Unies et des autres organisations apparentées oeuvrant dans le domaine du désarmement.

On pourrait également réfléchir aux arrangements qui sont en train d'être mis en place dans le cadre du projet de convention d'interdiction des mines antipersonnel que les gouvernements participant au processus d'Ottawa négocient actuellement et qui ouvrent toutes sortes de possibilités à l'Organisation des Nations Unies, notamment celle d'assurer des activités d'assistance technique dans le domaine du déminage, de jouer le rôle de centre de coordination pour le rassemblement d'informations par les États parties, d'organiser la première conférence d'États parties et de mettre au point des procédures d'examen.

Le risque de conflit demeure extrêmement élevé dans certaines régions. Une action au niveau opérationnel peut faciliter grandement le désarmement. Il faudrait recourir davantage aux moyens de la diplomatie préventive et à des mesures concrètes de désarmement comme la signature d'accords régionaux et sous-régionaux de désarmement et de maîtrise des armements, l'adoption de mesures de confiance et la mise en place de moratoires sur les transferts d'armes de petit calibre et de registres sous-régionaux pour certaines armes.

Les résultats que les Nations Unies ont obtenus, en matière de maîtrise des armements, de l'opération de consolidation de la paix menée au Mali dans

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le cadre de la coordination interinstitutions sont aujourd'hui mis à profit dans d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. Cette opération a été riche d'enseignements pour les pays concernés et pour les Nations Unies. Il faudrait voir comment ce type d'activité pourrait être étendu à d'autres sous- régions.

Le Groupe d'experts gouvernementaux sur les armes de petit calibre fait oeuvre de pionnier dans un nouveau domaine du débat multilatéral. Son rapport sera présenté à la prochaine session de l'Assemblée générale. Il fera des recommandations qui guideront les travaux de l'Organisation des Nations Unies dans ce domaine.

Le désarmement est au coeur de la mission et du mandat de l'Organisation des Nations Unies. Il s'agit d'un domaine où nous avons été indispensables par le passé et où nous le serons plus encore à l'avenir. Mais, comme dans tout ce que fait l'Organisation, nous devons adopter des idées neuves, être prêts à changer et accepter les réformes.

Il nous faut tout d'abord, et nous nous y employons, identifier les nouvelles menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales, puis définir les mesures que les gouvernements et les organes intergouvernementaux peuvent prendre pour y faire face et voir comment l'Organisation des Nations Unies devrait inciter, encourager et aider les gouvernements à agir. Ensuite, en poursuivant sur la voie où je me suis engagé à la conduire — celle de la réévaluation et de la réforme —, l'Organisation pourra contribuer à redéfinir les rôles et les responsabilités qu'elle est susceptible et capable d'assumer dans le domaine du désarmement, et le type de structure et de ressources qu'il lui faut pour s'en acquitter.

Je me réjouis que nombre d'entre vous, non contents de participer aux travaux du Conseil consultatif, aient apporté leur précieux concours à toutes sortes d'initiatives des organismes des Nations Unies qui ont trait aux questions de désarmement et de sécurité.

Cette semaine, je vous confie une tâche plus lourde que par le passé. Je souhaite que vous me fassiez part aussi rapidement que possible de vos vues sur ces questions, qui revêtent aujourd'hui une importance suprême pour l'Organisation. Le mois prochain, je ferai rapport à l'Assemblée générale. Je peux vous assurer que je tiendrai compte de vos avis lorsque j'aborderai la question de la réforme de l'Organisation des Nations Unies dans le domaine du désarmement et de la sécurité internationale.

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