SG/SM/6266

LE SECRETAIRE GENERAL ENCOURAGE LES NOUVEAUX DIPLOMES DE L'UNIS A DEVENIR UN ELEMENT DE LA SOCIETE MONDIALE ET A AIDER A PROTEGER LE FRAGILE EDIFICE DE LA PAIX

29 août 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6266


LE SECRETAIRE GENERAL ENCOURAGE LES NOUVEAUX DIPLOMES DE L'UNIS A DEVENIR UN ELEMENT DE LA SOCIETE MONDIALE ET A AIDER A PROTEGER LE FRAGILE EDIFICE DE LA PAIX

19970829 On trouvera ci-après la déclaration prononcée le 20 juin, au Siège de l'Organisation, par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l'occasion de la remise des diplômes à l'Ecole internationale des Nations Unies :

Félicitations à la promotion 97! Vous avez beaucoup travaillé et pouvez être fiers des résultats obtenus. Vos diplômes sont ici, dûment signés et scellés et votre nom figure au milieu de la première page en gros caractères.

Félicitations aussi aux parents et aux familles qui ont soutenu ce remarquable groupe d'élèves et participé à leurs efforts pendant des années. Vous savez que vous méritez d'être ici pour en recueillir les fruits. Mais vous savez aussi qu'à partir d'aujourd'hui, vos fils et filles, frères et soeurs, petits-enfants, nièces et neveux vont devenir de plus en plus autonomes et en ce jour de grands espoirs, vos pensées ne sont pas exemptes d'une certaine mélancolie.

Il est particulièrement approprié que cette cérémonie ait lieu une fois encore dans la salle de l'Assemblée générale puisque les diplômés d'aujourd'hui, comme les délégués qui s'y réunissent pour examiner les problèmes mondiaux représentent un vaste éventail de pays, de cultures et d'opinions. À l'époque de la mondialisation, vous avez eu le privilège de commencer votre existence dans un environnement international.

En tant qu'ancien Président de votre Conseil d'administration, je me vois autorisé à dire que vous avez fréquenté l'un des meilleurs établissements de cette ville, une institution fondée sur des principes — de tolérance, de compréhension et de coopération — inscrits dans la Charte des Nations Unies, ce texte visionnaire annonçant un monde de paix et de progrès. Je sais par expérience, et certains d'entre vous peuvent certainement en témoigner aussi, que le monde souffre d'un grave manque de tolérance. La diversité humaine est trop souvent perçue comme une menace.

Vous, au contraire, avez étudié et joué ensemble et connu la richesse de la diversité ethnique, culturelle, religieuse et linguistique. Vous avez appris très tôt, dans une large mesure grâce à l'École internationale des

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Nations Unies, qu'il n'y avait pas lieu de se sentir menacé, que chacun avait quelque chose à apporter et qu'il n'y avait pas qu'une seule manière "correcte" de faire les choses. Au moment où vous entamez une nouvelle étape de votre existence, cette conviction profonde sera l'un de vos atouts les plus précieux.

Il y a six mois, j'ai moi-même été promu au poste de Secrétaire général et, comme toute promotion, celle-ci comporte des responsabilités nouvelles, plus difficiles à assumer. L'une d'elles consiste à rapprocher l'Organisation des Nations Unies des peuples du monde — "nous, peuples des Nations Unies" — au nom desquels l'Organisation a été créée.

Je sais que vous êtes informés de ce que fait l'Organisation pour régler les conflits et fournir une aide humanitaire mais vous ne vous rendez peut- être pas compte à quel point l'ONU et ses institutions imprègnent notre vie quotidienne. À une époque d'interdépendance accrue entre les pays, notre travail est la structure même de la vie internationale.

Sans l'Organisation de l'aviation civile internationale, qui impose par exemple à tous les pilotes et aiguilleurs du ciel de parler la même langue — l'anglais —, les transports aériens internationaux seraient chaotiques et beaucoup plus dangereux.

Sans l'Union internationale des télécommunications qui alloue des fréquences pour les communications internationales, les ondes ne transmettraient que des émissions incompréhensibles.

Les accords de l'ONU et le travail de ses experts rendent possibles des activités essentielles telles que la distribution internationale du courrier, le travail des douanes, la normalisation du droit commercial et des codes relatifs aux investissements et la collecte et l'analyse de statistiques mondiales.

Une société mondiale doit être régie par des institutions mondiales pour traiter et résoudre les problèmes comme le crime organisé, le trafic des drogues ou le terrorisme qui ne connaissent pas de frontières.

Plus que toutes autres, les questions d'environnement mettent en évidence le rôle central de l'Organisation des Nations Unies en tant que lieu d'expression et de décision. La semaine prochaine, l'Assemblée générale tiendra une session extraordinaire afin d'évaluer les progrès accomplis depuis le Sommet planète Terre organisé à Rio il y a cinq ans. Plus de 50 chefs d'État et premiers ministres seront accompagnés de très nombreux ministres de l'environnement et conseillers — montrant que l'on attache de plus en plus d'importance à l'environnement. Sans être franchement mauvais, le bilan des résultats n'est pas assez bon et j'ai l'intention de prier instamment les

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dirigeants qui seront réunis à cette occasion de faire davantage afin d'honorer les engagements qu'ils ont pris à Rio pour lutter contre le réchauffement de la planète et le déboisement, conserver la biodiversité et traiter les autres problèmes urgents.

La protection de l'environnement est un élément essentiel de notre sécurité. Ce que nous entendons aujourd'hui par sécurité dépasse les questions de sûreté de l'État ou de force militaire : nous parlons maintenant de la sécurité des personnes et pas seulement du point de vue de l'environnement mais aussi du développement économique, de la justice sociale, de la démocratie, du désarmement et du respect des droits de l'homme qui sont, vous le savez, les bases de la paix.

Je vous invite à suivre de près le débat de la semaine prochaine qui abordera toutes ces questions. Réunis dans cette salle, les chefs d'État et les responsables locaux évoqueront leurs préoccupations et décideront des mesures à prendre; le seul fait qu'ils dialoguent — même s'ils ne sont pas d'accord — est un signe positif. Pour résoudre des problèmes de plus en plus complexes, les relations diplomatiques internationales doivent plus que jamais être axées sur la paix et l'efficacité.

Le mois dernier, à Vienne, ville qui accueille depuis longtemps des conférences et réunions diplomatiques importantes, j'ai rencontré le Chancelier de l'Autriche dans un palais d'une grande beauté mais qui présente la particularité que l'une de ses salles comporte cinq grandes portes.

Mes hôtes m'ont expliqué que, en 1814 et 1815, après la chute de Napoléon, des diplomates venus de toute l'Europe s'y étaient réunis pour le Congrès de Vienne avec l'Empereur d'Autriche, le tsar de Russie, le Roi de Prusse et des personnalités comme Wellington, Metternich et Talleyrand.

À l'époque, la salle n'avait que deux portes et les cinq grandes puissances en présence n'ayant pu se mettre d'accord sur leur ordre d'arrivée, trois portes supplémentaires ont été percées pour permettre leur entrée simultanée. Il y a certes des moyens plus simples de parvenir à un compromis, mais celui-ci a permis aux parties de commencer à travailler.

Aujourd'hui, nous sommes toujours à la recherche de solutions d'accord mais il n'est pas nécessaire d'en arriver à de telles extrémités, du moins sur le plan architectural. Regardez autour de vous, la salle a plusieurs portes et une tribune pour le public. Dans un monde de plus en plus ouvert, l'ONU se veut une organisation ouverte à la fois aux idées, aux critiques et aux contributions de tous les hommes de bonne volonté. Et surtout elle vous est ouverte, à vous la promotion 97 et à ceux qui vous succéderont.

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Après le pas que vous franchissez aujourd'hui, vous vivrez bientôt le changement de siècle et l'entrée dans un nouveau millénaire. La majeure partie de votre existence se déroulera au XXIe siècle. À la fois décideurs et acteurs, vous fixerez les priorités internationales et façonnerez le monde de demain. Je tiens à être le premier à vous souhaiter le succès dans cette immense entreprise.

Je tiens aussi à vous rappeler que vous avez une contribution à apporter au monde. Vous avez la chance d'avoir beaucoup reçu, à vous maintenant de mettre votre enthousiasme, votre dévouement et vos idées au service de tous. Je me souviens de m'être demandé autrefois si l'action d'une seule personne pouvait changer quelque chose dans le monde. Aujourd'hui, je sais que la réponse est oui. Devenez un élément de cette société mondiale et aidez à construire et à protéger le fragile édifice de la paix.

Durant votre existence, vous vous souviendrez toujours de vos camarades de l'École internationale des Nations Unies dont vous avez partagé les progrès, les difficultés et j'espère aussi, les plaisirs. Vous méritez bien les manifestations organisées en votre honneur, qui vont maintenant commencer.

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