SG/SM/6250

"CELA FAIT DU BIEN DE SE RETROUVER ENTRE AMIS À WASHINGTON", A DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À LA CONVENTION NATIONALE DE L'UNA/USA

25 août 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6250


"CELA FAIT DU BIEN DE SE RETROUVER ENTRE AMIS À WASHINGTON", A DÉCLARE LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL À LA CONVENTION NATIONALE DE L'UNA/USA

19970825 Il demande à cette ONG "unique en son genre" d'aider ses "compatriotes" à mieux comprendre la nouvelle Organisation des Nations Unies

On trouvera ci-après l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée à la Convention nationale de l'Association des États-Unis pour les Nations Unies (UNA/USA), le 6 juin, à Washington, sur le thème : "L'ONU et les États-Unis : un solide partenariat".

Je me réjouis de me trouver parmi vous à l'occasion de la Convention nationale de l'UNA/USA. J'ai accepté votre invitation afin de pouvoir vous remercier en personne d'avoir systématiquement compris et appuyé l'ONU, et vous inviter à redoubler d'efforts à ce moment critique.

Cela fait du bien de se retrouver entre amis à Washington. Des amis, nous en avons en fait beaucoup. Mais vous occupez une place à part. Je suis particulièrement reconnaissant à John Whitehead, non seulement pour ses mots d'accueil aimables et chaleureux, mais pour les remarquables qualités dont il fait preuve depuis de longues années dans son rôle d'animateur. John, votre sens du service public est particulièrement digne d'éloges.

Mes amis, nous sommes au seuil d'une ère nouvelle qui ouvre de vastes perspectives pour la paix, la croissance économique et les progrès en faveur du bien-être et de la dignité de l'homme. Mais, comme à chaque tournant décisif de l'histoire, il faut savoir saisir ces possibilités avant qu'elles ne s'évanouissent, sans quoi il est trop tard pour amorcer le virage.

L'ONU est prête à saisir cet instant. Nous remettons en question les convictions anciennes, nous réexaminons les priorités et nous cherchons de nouveaux moyens d'atteindre nos objectifs fondamentaux. Ce soir, je voudrais vous faire part de quelques réflexions sur les liens existant entre l'ONU et les États-Unis dans le cadre de ce processus.

Je tiens plus particulièrement à évoquer l'étroite similitude existant entre les principes qui guident les États-Unis et l'ONU et la tradition de

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partenariat qui est la nôtre, en m'interrogeant sur la meilleure manière d'unir nos forces pour exploiter les possibilités que nous offrira l'avenir et les traduire dans la réalité au profit des générations futures.

Il a fallu un gigantesque travail de planification pour recréer un ordre international à la suite de la Seconde guerre mondiale. Les dirigeants des États-Unis s'y sont attelés en s'appuyant sur plusieurs principes fondamentaux dont l'ONU est devenue l'expression institutionnelle.

Le premier objectif était de créer un système de sécurité fondé sur le principe d'une action concertée de tous les pays au nom de la paix. Le Président Roosevelt a expliqué en 1943 que "le seul appel susceptible de recevoir un accueil favorable auprès du public américain devait s'autoriser d'une vision mondialiste".

L'ONU est bien sûr l'incarnation d'une telle vision. Mais la guerre froide a considérablement limité son rôle au service de la paix et de la sécurité. Cela étant, l'invention du principe des opérations de maintien de la paix a recueilli le ferme soutien des États-Unis. Et depuis l'époque où le Président Eisenhower a proposé "L'atome au service de la paix", en 1953, jusqu'à la Convention sur les armes chimiques récemment signée, l'ONU a maintenu une étroite et fructueuse collaboration avec les États-Unis, ainsi que d'autres pays, dans les domaines de la maîtrise des armements et du désarmement.

L'Amérique de l'après-guerre était également déterminée à mettre un terme au régime colonial. L'ONU, de son côté, a mené une action résolue pour faciliter la décolonisation, accueillir les nouveaux États indépendants dans le concert des nations et abroger la pratique infâme de l'apartheid.

Il y a 50 ans, les États-Unis étaient les principaux défenseurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Pendant la deuxième moitié du siècle, l'ONU a été le principal instrument mondial pour l'application des accords relatifs aux droits de l'homme. Et l'Organisation n'a cessé de concevoir de nouveaux mécanismes permettant de mieux réaliser les objectifs de ces accords.

Enfin, dans le domaine économique, l'Amérique s'est efforcée de mettre en place un système de relations commerciales et monétaires ouvertes et non exclusives en réduisant au maximum les obstacles aux échanges pour le plus grand bien de tous. Pour sa part, l'ONU a été présente chaque fois qu'il a fallu fixer des normes techniques garantissant le bon déroulement des transactions économiques, protéger la propriété intellectuelle et, avec l'aide de nos collègues de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), faire rigoureusement appliquer des règles multilatérales dans le jeu économique international.

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Dans ce contexte, l'ONU a particulièrement promu et appliqué le principe fondamental de l'égalité des chances pour tous, tout en apportant une aide à ceux que les forces du marché laissent de côté ou pénalisent.

Comment expliquer cette complémentarité? On rappellera pour commencer que les États-Unis ont été le principal architecte de l'ordre international de l'après-Seconde guerre mondiale et que l'ONU était l'un des piliers de cette architecture. Mais, selon moi, un deuxième facteur, plus fondamental, intervient également.

Les États-Unis et l'ONU sont pareillement déterminés à mettre en oeuvre des principes universels : le régime du droit, la reconnaissance de la valeur suprême de chaque être humain, et la conviction que si nous consentons aux efforts nécessaires, nous pourrons améliorer notre sort sur la Terre et léguer un monde meilleur à ceux qui nous succéderont. En un mot, les États-Unis comme l'ONU sont tous deux héritiers de la raison et des lumières.

Or, la guerre froide est venue projeter son ombre sur ces tentatives. À l'ONU, elle a rendu très difficile l'application des principes de la Charte. Elle a eu des répercussions à tous les niveaux, des priorités allouées aux programmes à la gestion du personnel. Elle a réduit la capacité de l'ONU de s'adapter efficacement à l'évolution des besoins mondiaux. Pourtant, en dépit de ces obstacles, l'ONU est parvenue à faire avancer les choses. Elle a alerté la communauté internationale au moindre problème et contribué à l'établissement de normes dans de nouveaux domaines, qu'il s'agisse de l'environnement humain, du sort réservé aux pays les moins avancés et de la condition féminine.

Depuis la fin de la guerre froide, l'ONU s'est adaptée à un monde en profonde mutation. Nous avons eu toute latitude pour faciliter les transitions démocratiques, la réconciliation nationale et les réformes du marché. Nous avons été amenés à fournir un volume sans précédent d'assistance humanitaire. À une époque, notre mécanisme de maintien de la paix servait à la fois de service d'urgence, d'escouade de pompiers, de gendarmerie et de dispositif de dissuasion militaire pour la communauté internationale, même dans les cas où il n'y avait pas de paix à maintenir. Nous avons commis des erreurs en route, bien sûr, et plus que de rigueur parce que les moyens mis à notre disposition ne correspondaient pas aux besoins que nous étions censés satisfaire. Mais nous avons aussi tiré des enseignements de nos erreurs, et nous continuons de le faire.

Où en sommes-nous donc aujourd'hui? Permettez-moi de vous donner un tout petit aperçu des nombreuses et précieuses contributions que l'ONU apporte pour faire face aux besoins les plus urgents de la communauté internationale :

— Notre Envoyé spécial en République démocratique du Congo a déployé des efforts inlassables pour assurer que la transition politique s'effectue sans que Kinshasa soit mise à feu, et sans autres pertes en vies humaines dans d'autres régions du pays;

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— Les agents de maintien de la paix et les observateurs des droits de l'homme de l'ONU sont postés sur quatre continents, tandis que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en collaboration avec les organisations non gouvernementales, s'occupe de réfugiés et de personnes déplacées dans les régions troublées du globe;

— Le 19 juin, les Ministres des affaires étrangères de l'Indonésie et du Portugal se rencontreront à l'ONU pour examiner les conditions d'un règlement pacifique de la situation au Timor oriental;

— Le 23 juin, quelque 70 chefs d'État ou de gouvernement se réuniront au Siège de l'ONU à l'occasion de la Conférence "Rio + 5", pour réaffirmer et renforcer les engagements qu'ils ont pris de préserver l'environnement humain;

— Début juillet, une nouvelle série de pourparlers s'engagera à l'ONU au sujet de l'île divisée de Chypre; je me réjouis que le Président Clinton ait nommé l'Ambassadeur Holbrooke comme représentant pour ces négociations;

— Alors même que se tiendront ces pourparlers, l'ONU publiera un rapport nouveau, très fouillé, sur les drogues et le Programme des Nations Unies pour le développement fera paraître son rapport sur le développement humain.

Plus important encore, pour le futur à long terme de l'Organisation, nous avons entamé à l'ONU un vaste processus de réforme institutionnelle pour refondre complètement nos modalités d'action. Nous comptons servir plus efficacement non seulement nos États Membres mais aussi les peuples du monde dont nous cristallisons les espoirs. En conséquence, nous nous efforçons de rationaliser l'Organisation, d'en recentrer l'action et de la rendre plus adaptable.

Je suis plus que jamais convaincu que lorsque mes propositions de réforme seront annoncées le mois prochain, on constatera qu'elles dépassent toutes les réformes qu'ont pu entreprendre à ce jour les organismes publics de tous les pays.

Je vois se dessiner pour l'avenir une Organisation qui donne aux gouvernements comme aux peuples le pouvoir de réaliser, par la collaboration, des objectifs, qui, sans elle, seraient hors de portée. Une Organisation qui reconnaît et choisit comme partenaire une société civile mondiale de plus en plus dynamique, tout en contribuant à éliminer les éléments "incivils", comme les fléaux que constituent le trafic des drogues et le terrorisme.

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La future ONU sera ouverte au changement, non pas pour le plaisir de changer, mais pour pouvoir faire davantage de bien en opérant plus efficacement. La nouvelle Organisation concrétisera les plus hautes aspirations morales de l'humanité tout en apportant des satisfactions pratiques et tangibles aux hommes, aux femmes et aux enfants dans les campagnes, les villages et les villes du monde entier.

Nous avons déjà pris d'importantes mesures dans cette direction. Avant la fin du mois suivant mon entrée en fonctions, j'ai institué une nouvelle structure de gestion pour mieux coordonner les activités de tous les départements, fonds et programmes des Nations Unies.

À peine six semaines plus tard, j'ai annoncé un nouveau plan de réforme, qui comprend les mesures suivantes :

— L'établissement d'un projet de budget pour le prochain exercice biennal qui fasse apparaître une réduction des dépenses de 123 millions de dollars aux prix de 1996-1997;

— Une proposition de réduction de 1 000 postes environ dans le budget pour 1998-1999;

— Le regroupement de trois départements dans les secteurs économique et social;

— L'engagement de réduire du tiers la part des ressources budgétaires allouée aux dépenses d'administration, qui passera de 38 à 25 %, et d'affecter les crédits économisés aux activités de développement;

— La rationalisation de l'appui technique aux organes intergouvernementaux des Nations Unies;

— L'établissement d'un Code de conduite qui exige les plus hautes normes de compétence, d'indépendance et d'intégrité de la part du personnel des Nations Unies;

— La refonte des services de communication et de proximité destinés aux pouvoirs publics et à la société civile;

— Le regroupement et le renforcement de l'organisation des fonctions de l'ONU au niveau des pays.

Ces propositions ont eu un effet immédiat, en modifiant le comportement du personnel d'encadrement et d'exécution.

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Le mois prochain, je présenterai à l'Assemblée générale un ensemble complet de réformes supplémentaires. La série de mesures que j'ai proposées au mois de mars relevaient du simple bon sens. Les propositions de juillet constitueront de grandes initiatives stratégiques, visant à nous faire entrer dans le prochain millénaire. Elles illustreront ma conviction qu'aucune organisation publique n'est une fin en soi, mais un moyen d'accroître le bien public. Elles suggéreront des moyens de recentrer les activités de l'ONU autour de compétences de base, en évitant les chevauchements d'activités avec d'autres institutions internationales, et en tenant compte du rôle croissant de la société civile mondiale. Je ne peux pas entrer dans le détail ce soir, mais, comme on dit aux États-Unis, "restez à l'écoute".

Dans l'accomplissement de notre mission historique de relance institutionnelle, de quelle aide avons-nous besoin de la part des États-Unis, notre plus vieil ami et principal contribuant?

Nous souhaitons que les États-Unis fassent la critique constructive de nos nombreuses propositions. Nous voudrions qu'ils participent activement à la phase intergouvernementale des efforts de réforme, en travaillant en étroite collaboration avec les autres gouvernements pour opérer les changements que seuls les États Membres peuvent faire. Mais cela ne s'arrête pas là.

Ravivons notre partenariat novateur et fructueux et progressons ensemble en nous montrant positifs et volontaristes. Et, comme le Président Clinton s'y est engagé lors de notre entrevue à la Maison Blanche en janvier, réglons une fois pour toutes la question des arriérés de contributions à l'ONU. J'examinerai cette question et d'autres sujets connexes avec le Secrétaire d'État, Mme Madeleine Albright, en quittant ces lieux dans la soirée et j'espère que la question sera réglée dans les meilleurs délais.

Et qu'en est-il de l'Association des États-Unis pour les Nations Unies? Quelle aide pouvez-vous apporter en cette période de transition? Vous avez joué le rôle de l'ami critique, souvent en agissant en critique amical. Surtout ne changez pas. Vous savez expliquer aux responsables politiques et au secteur privé des États-Unis qui nous sommes et ce que nous faisons. D'ailleurs, vous avez souvent joué le rôle important d'intermédiaire entre nous. Ne délaissez pas ce rôle non plus, s'il vous plaît.

Vous êtes pratiquement la seule organisation non gouvernementale qui possède des branches dans l'ensemble de ce vaste et merveilleux pays, dans des localités où les citoyens, en ce moment même, débattent du rôle futur des États-Unis dans la communauté mondiale, et de la place des Nations Unies dans le cadre de cette vision de politique étrangère globale.

Vous avez accès à la base de cette grande démocratie. Aujourd'hui plus que jamais, l'UNA/USA peut apporter une contribution exceptionnelle en faisant

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mieux comprendre à ses compatriotes la nouvelle ONU que nous essayons de créer pour le siècle à venir. Des défis et des possibilités extraordinaires s'ouvrent à nous. Tous ensemble, élevons-nous à la hauteur de cette mission.

Je vous présente tous mes meilleurs voeux de réussite dans votre tâche. Et je vous remercie très sincèrement de votre engagement permanent en faveur de notre noble cause commune.

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