SG/SM/6264

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SE PRONONCE EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DES "EXCELLENTES RELATIONS DE TRAVAIL" ENTRE L'ONU ET L'OEA

22 août 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6264


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SE PRONONCE EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DES "EXCELLENTES RELATIONS DE TRAVAIL" ENTRE L'ONU ET L'OEA

19970822 On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée le 18 juin par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, devant le Conseil permanent de l'Organisation des États américains (OEA) à Washington, D. C. :

Je vous remercie de votre chaleureux accueil. Il m'est agréable d'être parmi vous et d'avoir l'occasion de prendre la parole devant votre Conseil. Je suis également heureux d'avoir l'occasion de procéder à un échange de vues avec les membres de votre secrétariat. Vous avez, Monsieur le Secrétaire général, dès votre prise de fonctions, entamé un processus de réforme de votre organisation qui a fait de vous un expert en la matière.

Le mois prochain, je ferai quelques propositions de réformes importantes pour l'Organisation des Nations Unies. Je suis sûr que vous avez beaucoup à m'apprendre sur cette question.

Il y a trois semaines, lorsque j'ai pris la parole devant l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à Harare, j'ai souligné que j'accordais la plus haute priorité au renforcement des contacts avec les organisations régionales.

L'Organisation des Nations Unies entretient d'excellentes relations de travail avec l'Organisation des États américains. La résolution 51/4 de l'Assemblée générale, en date du 7 novembre 1996, sur la "Coopération entre l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation des États américains" a préparé le terrain. À l'occasion de votre vingt-septième Assemblée générale qui vient de se tenir à Lima, les ministres des affaires étrangères ont adopté une résolution soulignant les excellentes relations de coopération qui existent entre nos deux organisations.

J'ai l'intention d'approfondir et de développer ces relations et je pense que, la réforme étant à l'ordre du jour du système international, le moment est bien choisi pour faire le bilan de nos activités communes afin de mieux les définir et d'en fixer les objectifs. J'envisage de visiter la région avant la fin de cette année afin de poursuivre notre dialogue.

À bien des égards, nous avons déjà inauguré de nouveaux axes de collaboration qui s'inscrivent dans le cadre des dispositions des chartes de nos organisations respectives.

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Ainsi, le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies encourage le règlement pacifique des différends par le moyen d'accords ou d'organismes régionaux et préconise de prendre des mesures au niveau le plus approprié, qu'il soit international, régional, national ou local.

Chaque fois qu'il s'agit de décider à quel niveau les mesures doivent être prises, nous devons tenir compte d'un seul critère, celui de l'efficacité sur le terrain.

La MICIVIH, la Mission civile internationale OEA/ONU en Haïti, est la seule mission menée conjointement par l'Organisation des Nations Unies et une organisation régionale. Dans le cadre de cette mission, nous oeuvrons de concert à la promotion et à la protection des droits de l'homme et contribuons à la mise en place des institutions. Nous avons établi une division du travail efficace dans le domaine de l'assistance électorale. La MICIVIH demeure le principal vecteur de coopération entre nos deux organisations en Haïti. Elle s'acquitte de son mandat dans des conditions très difficiles.

Au Guatemala, l'Organisation des Nations Unies a entrepris de vérifier tous les accords conclus entre le Gouvernement guatémaltèque et l'Unitad Revolucionaria Nacional Guatemalteca (URNG). Là aussi, l'Organisation des États américains continue de jouer un rôle important.

Les contacts directs au niveau opérationnel sont devenus la norme. Notre collaboration touche certains domaines prioritaires comme l'élimination de la pauvreté, la protection de l'environnement, la promotion du développement durable, et le renforcement des droits de l'homme et de la démocratie.

Le rapport sur le développement humain qui vient d'être publié par le Programme des Nations Unies pour le développement contient à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles pour les Amériques. Plusieurs pays de cette région ont accompli des progrès spectaculaires dans la réduction du taux de mortalité infantile, tandis que d'autres ont enregistré des succès éclatants en matière d'alphabétisation.

Parmi les six pays qui ont le plus progressé dans la lutte contre la pauvreté chez les couches les plus défavorisées de leur population, on trouve deux pays des Caraïbes, un pays d'Amérique centrale et deux pays du continent sud-américain.

Malgré cela, les disparités entre les riches et les pauvres dans cette région se sont, de manière générale, aggravées. Quatre personnes sur 10 sont pauvres et près de la moitié d'entre elles vivent dans la pauvreté absolue.

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Il faut adopter de nouvelles approches concertées pour mobiliser les ressources nécessaires afin de combattre la pauvreté et l'exclusion. Des initiatives sont prises au niveau régional qui sont bien coordonnées avec les mesures et les démarches adoptées au niveau international.

S'agissant de l'environnement, le Plan d'action pour le développement durable des Amériques, adopté l'année dernière en même temps que la Déclaration de Santa Cruz de la Sierra, constate que "l'atténuation de la pauvreté fait partie intégrante du développement durable".

En mars dernier, la première réunion du Comité interaméricain du développement durable a adopté le Programme interaméricain du développement durable.

Il importe au plus haut point de poursuivre sur la lancée de la Conférence sur l'environnement et le développement, tenue à Rio de Janeiro en 1992, et de son Plan d'action. À cet égard, la session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies, qui sera en quelque sorte une conférence bilan, revêt une importance particulière.

Tout aussi importante est la mobilisation de nouveaux partenaires, notamment au sein de la société civile, et plus particulièrement le secteur privé, pour garantir le respect des engagements pris.

Les processus de paix en Haïti, au Nicaragua, en El Salvador et au Guatemala en sont au stade final sans être totalement achevés pour autant. Dans ces pays, l'Organisation des États américains et l'Organisation des Nations Unies ont joué un rôle important dans la mise en place des institutions, le renforcement des organismes s'occupant de la démocratie et des droits de l'homme et l'instauration de l'état de droit. Nous devons toutefois faire davantage mais, pour cela, l'appui constant de la communauté internationale demeure vital pour nous.

S'il y a une leçon à tirer de notre expérience dans ces pays, c'est bien que la paix et la sécurité ne peuvent être appréhendées exclusivement du point de vue militaire.

La gestion démocratique des affaires publiques est le meilleur moyen de combattre la corruption et de s'attaquer au phénomène insidieux de l'impunité qui en est le corollaire.

Ainsi, les narcotrafiquants ne peuvent prospérer que lorsque les conditions économiques sont difficiles et que les institutions communautaires sont peu développées. Aussi, tout ce que nous ferons pour renforcer la primauté du droit et mettre en place des institutions fortes contribuera à affaiblir les trafiquants et à ruiner leur commerce de mort.

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Si la répression est évidemment indispensable, elle doit toutefois s'accompagner de programmes de développement social et économique et de stratégies visant à renforcer les institutions et les mécanismes concernés au niveau de la justice, de la police et de l'administration.

L'initiative prise en février par les huit pays des Caraïbes et d'Amérique centrale, qui ont mis au point la stratégie antidrogue à l'échelle de l'hémisphère, constitue un exemple à cet égard.

La guerre contre la drogue ne peut être menée uniquement dans les pays producteurs car la responsabilité est partagée entre ces derniers et les pays consommateurs. C'est pourquoi une action concertée est nécessaire.

L'Organisation des Nations Unies assumera le rôle qui lui revient. Nous ne nous contenterons pas d'intervenir auprès de la société civile. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour mobiliser la coopération de la communauté internationale pour lutter contre les activités des forces de la "société anticivile", à savoir le trafic de drogues, la criminalité transfrontière et la dégradation de l'environnement.

L'Engagement de Lima auquel a souscrit votre assemblée, est une illustration de la coopération internationale en faveur de la paix, de la sécurité et du progrès socio-économique. Il se fonde sur la primauté du droit, la justice et le respect des droits de l'homme tout en mettant l'accent sur la notion de solidarité.

Les promoteurs de l'Engagement de Lima et les fondateurs de l'Organisation des Nations Unies partagent la même vision de la coopération internationale future.

Si, pour des raisons géopolitiques évidentes, les idéaux d'il y a un demi-siècle n'ont pu être concrétisés, aujourd'hui nous sommes en mesure de les traduire dans les faits. Allons-donc de l'avant ensemble. Notre programme est certes chargé, mais nous avons pris un très bon départ.

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