SG/SM/6240

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE QUE L'ONU EST SOLIDAIRE DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE DANS LE PROCESSUS DE CHANGEMENT ET DE RENOUVEAU QU'ELLE A ENGAGÉ

1er août 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6240


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE QUE L'ONU EST SOLIDAIRE DE LA FÉDÉRATION DE RUSSIE DANS LE PROCESSUS DE CHANGEMENT ET DE RENOUVEAU QU'ELLE A ENGAGÉ

19970801 On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée le 16 mai 1997 à l'Institut des relations internationales de Moscou sur le thème "Pays en transition : acquis et défis" :

Merci beaucoup, Monsieur le Directeur.

Vous voyez que j'ai tenu parole : je suis venu en Russie comme promis et je peux vous assurer que mon équipe et moi-même sommes très heureux d'être à Moscou, dans cette ville si dynamique où les choses bougent constamment et où, à chacune de mes visites, je découvre quelque chose de nouveau. Je suis particulièrement heureux de voir tant de jeunes étudiants dans l'auditoire, car je suis convaincu qu'il importe de faire connaître le plus largement possible l'ONU et ses activités. C'est pourquoi je vous remercie, Monsieur le Directeur, de me permettre aujourd'hui de vous faire part de mes réflexions.

Je suis très heureux d'avoir pu venir à Moscou au tout début de mon mandat de Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. Je me félicite d'avoir ainsi l'occasion de constater par moi-même la façon dont progresse la transition ambitieuse et ardue que votre grand pays s'est imposée. Le peuple russe s'est attelé à cette entreprise titanesque avec courage et créativité et je vous félicite des progrès que vous avez accomplis jusqu'ici.

Le changement est inhérent à la vie. Néanmoins, on n'a que trop tendance à le considérer comme un phénomène qui nous est extérieur et résulte d'événements et de forces échappant à notre contrôle. C'est particulièrement vrai en cette ère de mondialisation, où le changement vient souvent de l'étranger. Le changement peut faire naître en nous un sentiment d'insécurité, nous priver de nos repères familiers, voire faire de nous ses victimes.

Mais je suis convaincu que nous pouvons beaucoup plus que nous ne le pensons généralement, et orienter et gérer le changement et, ainsi, en tirer parti.

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Le monde dans lequel nous vivons et la notion de travail changent à un rythme toujours plus rapide. Il s'agit d'un phénomène véritablement mondial auquel personne n'échappe.

On peut d'ailleurs dire sans risque de se tromper que c'est en Europe, et particulièrement ici en Russie, que le rythme et la portée des changements survenus au cours des dernières années ont été les plus étourdissants.

La région, et en particulier la Russie, subit une profonde mutation qui traduit la puissante aspiration des peuples qui l'habitent à la paix, la prospérité et la liberté.

Le processus est certes inégal, la région étant loin d'être homogène culturellement, économiquement, voire politiquement.

De plus, le processus soulève de nombreuses questions.

Dans quelle mesure l'État devrait-il être responsable du bien-être et des conditions de vie de la population? L'État doit-il protéger les producteurs nationaux de la concurrence étrangère ou cette pratique risque-t-elle, à terme, d'être préjudiciable?

Comment instaurer un juste équilibre entre la nécessité d'obtenir des résultats immédiats et celle d'atteindre des objectifs plus lointains en investissant dans l'éducation et la formation?

En matière de transition, on s'avance en territoire encore inexploré. Les nations concernées sont les mieux placées pour répondre à ces questions et à toutes les autres qui pourraient se poser. Il reste que les organismes des Nations Unies sont prêts à appuyer les efforts qui seront entrepris : la transition est un processus multiforme et c'est précisément pour résoudre ce type de problème que les organismes des Nations Unies ont été créés.

S'agissant de l'appui que le système des Nations Unies apporte aux pays en transition, je voudrais commencer par les organismes qui sont les plus proches des pays : je veux parler des commissions économiques régionales.

La Commission économique pour l'Europe (CEE) compte parmi ses membres 26 pays en transition. Neuf autres pays en transition sont membres de la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP).

Les deux commissions s'attachent avant tout à faciliter les échanges de données d'expérience et d'informations sur les institutions, la législation, les règlements et les pratiques, et ce en toute neutralité. Il appartient à chaque pays de mettre en place le système qui lui convient le mieux et il convient que chacun progresse à son propre rythme. Il y a plus d'une manière de faire fonctionner efficacement une économie de marché; cette souplesse n'est donc pas sans importance.

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Les commissions régionales fournissent aussi aux pays qui le demandent des conseils en matière d'élaboration de politiques, ainsi que des services de formation et d'assistance technique. Les principaux domaines dans lesquels les gouvernements demandent de l'aide sont l'environnement, les transports, les statistiques, le commerce et l'analyse économique.

Par ailleurs, les commissions régionales coopèrent avec d'autres organisations régionales comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), ainsi qu'avec des groupes sous-régionaux tels que la Communauté d'États indépendants (CEI), la Coopération économique de la mer Noire, et le Conseil de coopération de la mer Caspienne. La CEE entretient des liens étroits avec le Comité russe de statistique.

D'autres organismes des Nations Unies se sont également mobilisés. Dans le cas de la Fédération de Russie, il s'agit notamment des organismes suivants :

— La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) mène divers projets visant à faciliter l'adhésion de la Russie et d'autres pays à l'Organisation mondiale du commerce;

— L'Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) aide le musée de l'Ermitage et le théâtre Bolchoï à mettre au point des nouvelles formules de gestion, de commercialisation, de relations publiques et de collecte de fonds;

— Le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) a accru l'aide qu'il apportait aux États d'Asie centrale et aux États baltes pour lutter contre la toxicomanie et le trafic de drogue;

— Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) s'occupe de projets destinés à renforcer les institutions démocratiques, à améliorer la coordination de l'aide et à favoriser la création de petites et moyennes entreprises.

Peut-être ne mesurez-vous pas toute l'ampleur de ce que l'ONU et ses institutions spécialisées font pour mettre en place les structures sans lesquelles l'économie, dans les pays en transition comme dans les autres, ne peut se développer.

Les organismes des Nations Unies aident aussi les pays à élaborer des règles de droit commercial et d'autres réglementations qui protègent la propriété intellectuelle.

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Ils définissent les normes techniques — dans le domaine de la finance, des transports, des télécommunications, des services postaux — qui permettent d’effectuer des transactions entre tous les secteurs de l'économie mondiale. Sans le travail de ces organismes, votre vie quotidienne et la nôtre seraient très différentes.

Ainsi, sans l'Union internationale des télécommunications, qui réglemente les fréquences dans le monde entier, vous ne pourriez pas écouter la radio ou regarder vos émissions de télévision favorites.

Sans l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), les transports aériens seraient chaotiques et extrêmement dangereux.

Sans l'Union postale universelle, on ne pourrait pas envoyer une lettre dans le pays d'à côté. Ce ne sont là que quelques exemples de la façon dont le travail des Nations Unies influe sur notre vie quotidienne.

Les organismes des Nations Unies sont aussi une source importante de données statistiques, qui permettent de déceler les tendances en matière de consommation d'énergie, de démographie et d'autres aspects de la vie économique ou sociale ayant une influence directe sur le commerce et l'investissement.

Ils participent également à une vaste gamme d'activités de soutien au secteur privé, et aident notamment les gouvernements à :

— Élaborer une législation propice au commerce;

— Supprimer les obstacles aux échanges;

— Créer des zones économiques spéciales;

— Améliorer l’administration publique;

— Construire ou remettre en état les infrastructures essentielles.

L'accent est donc mis — à juste titre — sur le développement économique et social. Les changements auxquels nous avons assisté ces dernières années ont été nombreux : certains pays sont passés d'une économie centralisée à une économie de marché et d'un système autoritaire à une société où les citoyens peuvent faire entendre leur voix. Mais ce qui a le plus changé, c'est peut- être notre conception de la sécurité.

En 1945, les fondateurs de l'Organisation des Nations Unies étaient bien conscients que les moyens militaires ne suffisaient pas à assurer la sécurité et la paix dans le monde. Aujourd'hui, avec la fin de la guerre froide et l'interdépendance économique croissante, une nouvelle occasion nous est offerte de répondre à l'aspiration des peuples du monde à "de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande", comme le dit la Charte.

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C'est l'une des raisons pour lesquelles je crois que nous nous trouvons maintenant à un tournant décisif. Nous devons redoubler d'efforts pour mieux asseoir la sécurité, qui doit s'appuyer non seulement sur la paix, mais aussi sur le développement économique, la justice sociale, la démocratie, la protection de l’environnement, le désarmement et le respect des droits de l'homme.

C'est pourquoi la réforme que j'ai entreprise au sein de l'Organisation n'a pas pour seul objectif de faire des économies et de réduire les effectifs. Elle vise principalement une efficacité accrue, en particulier dans les domaines du progrès économique et social et du développement.

C'est en fait la raison de ma présence en Russie. Depuis quelques années, vous avez, en tant que nation, consenti d'énormes sacrifices. La transformation de votre économie a profondément marqué tous les secteurs de la société russe.

Je suis heureux de constater que la reprise s'amorce. Dans les prochaines années, le peuple russe pourra enfin récolter les fruits du travail qu'il a accompli en investissant dans l'avenir.

C'est là le message que je veux transmettre à tous les Russes — dirigeants et responsables politiques, agents du secteur privé, organisations non gouvernementales et tous les membres de la société civile.

Les peuples du monde, et l'Organisation des Nations Unies, se sentent tout à fait solidaires de la Russie dans la vaste entreprise de changement et de rénovation à laquelle elle s'est attelée. Un projet si ambitieux requiert du temps et de la patience, dans lesquels Tolstoï a vu, dans Guerre et paix, "les guerriers les plus puissants". C'est là une idée très forte. Montrons qu'ensemble nous sommes capables de remporter la victoire.

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