CS/845

LE CONSEIL DE SECURITE CREE UNE MISSION DE TRANSITION POUR ENCOURAGER LA PROFESSIONNALISATION DE LA POLICE HAITIENNE

30 juillet 1997


Communiqué de Presse
CS/845


LE CONSEIL DE SECURITE CREE UNE MISSION DE TRANSITION POUR ENCOURAGER LA PROFESSIONNALISATION DE LA POLICE HAITIENNE

19970730 Le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité la résolution 1123 (1997) par laquelle il décide d'instituer une Mission de transition des Nations Unies en Haïti (MITNUH) avec un mandat limité à une période unique de quatre mois, s'achevant le 30 novembre 1997 afin d'aider le gouvernement haïtien à encourager la professionnalisation de la police nationale et à y contribuer. Il décide que la MITNUH se composera de 250 policiers civils et de 50 soldats qui formeront le quartier général d'un élément de sécurité. Il décide en outre que l'élément de sécurité de la MITNUH, sous l'autorité du Commandant de la force, garantira la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies.

Le Conseil de sécurité constate que le redressement économique et la reconstruction sont les principales tâches auxquelles sont confrontés le gouvernement et le peuple haïtiens et qu'une assistance internationale importante est indispensable au développement durable en Haïti. Il souligne l'attachement de la communauté internationale à un programme à long terme d'aide à Haïti.

Le Conseil a entendu les représentants des pays suivants, membres du Conseil : France, Chili, Costa Rica, Chine, Fédération de Russie, République de Corée, Kenya, Portugal, Etats-Unis et Suède. Les représentants d'Haïti, du Canada, de l'Argentine et du Venezuela ont fait une déclaration. Il était saisi, pour l'examen de cette question, d'un rapport du Secrétaire général.

Projet de résolution (S/1997/589)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions sur la question et celles adoptées par l'Assemblée générale,

Prenant note de la demande en date du 13 novembre 1996, adressée au Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies par le Président de la République d'Haïti (S/1996/956) et de la lettre datée du 20 juillet 1997, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent d'Haïti auprès de l'Organisation des Nations Unies (S/1997/568),

Prenant note du rapport du Secrétaire général en date du 19 juillet 1997 (S/1997/564) et des recommandations qui y figurent,

Rendant hommage à la Mission d'appui des Nations Unies en Haïti (MANUH), pour le rôle qu'elle joue en aidant le Gouvernement haïtien à professionnaliser la police et à maintenir un environnement stable et sûr, propice au succès des efforts actuellement déployés en vue de créer et former une force de police nationale efficace, et remerciant tous les États Membres qui ont apporté des contributions à la MANUH,

Notant que, conformément à la résolution 1086 (1996), le mandat de la MANUH prend fin au 31 juillet 1997,

Appuyant le rôle du Représentant spécial du Secrétaire général dans la coordination des activités du système des Nations Unies visant à promouvoir le développement institutionnel, la réconciliation nationale et le redressement économique en Haïti,

Notant le rôle clef joué jusqu'ici par la police civile des Nations Unies, appuyée par le personnel militaire des Nations Unies, dans la création en Haïti d'une force de police nationale pleinement opérationnelle et dotée d'effectifs et d'une structure adéquats en tant qu'élément essentiel de la consolidation de la démocratie et de la revitalisation de l'appareil judiciaire haïtien et, dans ce contexte, se félicitant des progrès continus réalisés dans la professionnalisation de la police nationale haïtienne,

Affirmant qu'il existe un lien entre la paix et le développement, notant qu'une assistance internationale importante est indispensable au développement durable d'Haïti, et soulignant qu'il est essentiel pour la paix et la stabilité à long terme dans le pays que la communauté internationale et les institutions financières internationales maintiennent leur engagement d'aider et d'appuyer le développement économique, social et institutionnel en Haïti,

( suivre)

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Conscient que c'est au peuple haïtien qu'incombe en dernier ressort la responsabilité de la réconciliation nationale, du maintien d'un environnement stable et sûr, de l'administration de la justice et de la reconstruction de son pays,

1. Affirme l'importance que revêt une force de police nationale pleinement opérationnelle, autonome et professionnelle, dotée d'effectifs et d'une structure adéquats et apte à exercer la gamme complète des fonctions de police, pour la consolidation de la démocratie et la revitalisation de l'appareil judiciaire en Haïti;

2. Décide, compte tenu du paragraphe 1 ci-dessus et comme l'a demandé le Président de la République d'Haïti, d'instituer une Mission de transition des Nations Unies en Haïti (MITNUH) avec un mandat limité à une seule période de quatre mois s'achevant le 30 novembre 1997 afin d'aider le Gouvernement haïtien en fournissant appui et assistance pour la professionnalisation de la police nationale, comme il est indiqué aux paragraphes 32 à 39 du rapport du Secrétaire général en date du 19 juillet 1997;

3. Décide en outre que la MITNUH comportera jusqu'à 250 policiers civils et 50 soldats qui formeront le quartier général d'une unité de sécurité;

4. Décide que l'unité de sécurité de la MITNUH, sous l'autorité du Commandant de la force, garantira la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies s'acquittant du mandat visé au paragraphe 2 ci-dessus;

5. Décide en outre que la MITNUH sera chargée de déployer comme il convient tous les éléments et moyens matériels de la MANUH restant en Haïti jusqu'à leur retrait;

6. Prie tous les États d'appuyer comme il convient les actions entreprises par l'Organisation des Nations Unies et les États Membres en application de la présente résolution et d'autres résolutions sur la question pour donner effet aux dispositions du mandat visé au paragraphe 2 ci-dessus;

7. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte de l'application de la présente résolution, le 30 septembre 1997 au plus tard;

8. Constate que le redressement économique et la reconstruction sont les principales tâches auxquelles sont confrontés le Gouvernement et le peuple haïtiens et qu'une assistance internationale importante est indispensable au développement durable d'Haïti, et souligne l'engagement de la communauté internationale en faveur d'un programme à long terme d'aide à Haïti;

( suivre)

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9. Prie tous les États de contribuer au Fonds de contributions volontaires créé par la résolution 975 (1995) en faveur de la police nationale haïtienne, en particulier pour le recrutement et le déploiement de conseillers qui seront chargés d'assister l'Inspecteur général, la Direction générale et le quartier général de la police nationale haïtienne;

10. Prie également le Secrétaire général d'inclure dans le rapport qu'il doit présenter le 30 septembre 1997 au plus tard des recommandations sur les modalités d'une assistance internationale ultérieure pour la consolidation de la paix en Haïti;

11. Décide de demeurer saisi de la question.

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d'appui des Nations Unies en Haïti (S/1997/564 et Add.1)

Le Secrétaire général présente son rapport, en application de la résolution 1086 (1996) du Conseil de sécurité en date du 5 décembre 1996. Comme le Conseil de sécurité en a été informé le 30 juin 1997, le rapport tient compte en particulier des consultations tenues par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Bernard Miyet, au cours de la visite qu'il a effectuée en Haïti du 10 au 13 juillet 1997. Il est également basé sur les entretiens qu'avaient eus précédemment le Représentant spécial du Secrétaire général avec le gouvernement haïtien et sur les vues du Groupe "Amis du Secrétaire général pour la question d'Haïti".

Le Secrétaire général note qu'avec l'appui de la communauté internationale, notamment de l'Organisation des Nations Unies, Haïti a fait d'importants progrès. Pour la première fois dans son histoire, une passation des pouvoirs entre deux présidents démocratiquement élus s'est faite de façon pacifique en février 1996, date à laquelle le Président Préval a pris ses fonctions; plusieurs séries d'élections se sont tenues sans incidents violents; la toute jeune force de police, qui se prépare progressivement à assumer seule les fonctions de maintien de la sécurité publique, exerce déjà un effet positif sur la sécurité dans le pays. Les années de dictature sont terminées et les anciens militaires se trouvent à présent affaiblis au point que leur retour au pouvoir apparaît hautement improbable.

Haïti reste confronté à des problèmes politiques et économiques redoutables. A court terme, il faut constituer un nouveau cabinet et surmonter la crise électorale pour permettre au Parlement et aux assemblées locales de fonctionner normalement. On n'a pas encore dégagé le consensus de base parmi les Haïtiens dont dépendent pourtant les réformes nécessaires pour renforcer les institutions démocratiques, générer la croissance économique et créer des emplois. A long terme, le développement durable ne pourra être réalisé sans une aide internationale importante, fondée sur un plan d'action

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qui aura recueilli un large appui. Afin de mobiliser et garantir cette assistance, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a parrainé l'initiative "Haïti 2012", dans le cadre de laquelle 250 participants haïtiens définiront sous peu une trentaine d'objectifs qu'il s'agit d'atteindre en 15 ans dans les secteurs économique, social et institutionnel. Ces objectifs et le cadre auquel ils donneront lieu devraient orienter les efforts de développement déployés aux niveaux national et international. Le Secrétaire général espère que cette initiative sera couronnée de succès.

Le PNUD a commencé de renforcer son bureau à Haïti afin de mieux appuyer les efforts de développement national et d'être prêt à remplir les tâches supplémentaires de renforcement institutionnel dont s'acquittent actuellement la MANUH et la MICIVIH. Il a récemment signé avec le gouvernement haïtien un accord qui vise à accroître la capacité d'absorption de l'administration en fournissant des services supplémentaires d'experts en matière de conception et d'exécution de projets de développement. S'agissant de l'assistance technique à fournir au titre du développement institutionnel de la Police nationale haïtienne (PNH), le transfert au PNUD du fonds de contributions volontaires créé par la résolution 975 (1995) est en cours. Il faudra fournir à moyen et à long terme une assistance technique au titre de la réforme judiciaire. La mise en place de la nouvelle force de police progresse; des progrès ont également été enregistrés dans des domaines spécialisés comme l'enquête criminelle, la lutte contre la drogue et le maintien de l'ordre, mais ils ont été longs et inégaux. Sans un appui soutenu et durable de la part de la communauté internationale, cette force de police pourrait ne pas être en mesure de répondre à des incidents graves. Tout en reconnaissant que la présence militaire internationale de la MANUH exerce actuellement un effet stabilisateur à Haïti, le Secrétaire général estime qu'il appartient aux autorités haïtiennes de régler de manière constructive et en temps voulu les questions importantes et pressantes auxquelles le pays est confronté, et d'y consacrer toute leur énergie, toutes les ressources et tout leur temps.

Le Secrétaire général recommande au Conseil de sécurité de décider de maintenir l'appui des Nations Unies à la police nationale haïtienne pendant une période de quatre mois. Si cela était accepté, le Conseil de sécurité pourrait instituer une nouvelle mission appelée Mission de transition des Nations Unies en Haïti (MITNUH), qui serait chargée d'aider les autorités haïtiennes à poursuivre la professionnalisation de la police nationale. Son Représentant spécial continuerait de coordonner les activités du système des Nations Unies afin de promouvoir le renforcement de l'institution, la réconciliation nationale et le redressement économique. Si le Conseil de sécurité approuvait ce mandat, compte tenu du fait que les pays qui fournissent la majeure partie des contingents de la composante police civile ne sont pas prêts à envoyer leurs agents sans un appui militaire approprié, la nouvelle mission devrait comporter une composante militaire et une composante de police civile.

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Conscient de la crise financière que traverse l'Organisation des Nations Unies ainsi que des contributions impayées aux comptes spéciaux de la Mission des Nations Unies en Haïti et de la MANUH et conscient de la nécessité de diminuer les effectifs des Nations Unies en Haïti, le Secrétaire général recommande que les effectifs des Nations Unies pour la nouvelle mission soient sensiblement réduits - à savoir la composante police civile de 300 à 250 agents et la composante militaire de 500 à un quartier général de 50 personnes.

Au cours des quatre mois à venir, les tâches de la composante civile seraient progressivement réorientées vers la formation de trois des unités spécialisées de la PNH. Le renforcement de ces unités améliorera considérablement l'efficacité de la police et lui permettra de progresser dans son développement. La Mission et le PNUD poursuivraient l'élaboration d'un programme d'assistance technique qui serait financé par le fonds de contributions volontaire établi au titre de la résolution 975 (1995).

Si le Conseil de sécurité autorisait le déploiement de la Mission de transition des Nations Unies en Haïti, l'expiration du mandat de maintien de la paix au 30 novembre 1997 ne signifierait pas la fin de la présence des Nations Unies en Haïti. Une présence suivie afin de fournir des avis et un soutien actif dans les domaines de la sécurité publique, de la réforme judiciaire et des droits de l'homme est indispensable, au moins à moyen terme.

Dans un additif, le Secrétaire général indique que le montant estimatif du coût du fonctionnement de la MITNUH pendant une période de quatre mois - du 1er août au 30 novembre 1997 - s'élèverait à 10,1 millions de dollars. Ce montant permettrait de déployer un effectif de 50 soldats et de 250 policiers civils. Si le Conseil de sécurité décide d'autoriser le déploiement et la mise en oeuvre de la Mission de transition des Nations Unies en Haïti, le Secrétaire général recommandera à l'Assemblée générale de traiter les coûts y relatifs comme une dépense de l'Organisation supportée par les Etats Membres conformément au paragraphe 2 de l'Article 17 de la Charte des Nations Unies et de créditer un compte spécial créé à cette fin des montants mis en recouvrement auprès des Etats Membres. Les dépenses de fonctionnement de la Mission d'appui des Nations Unies en Haïti (MANUH) se sont élevées, depuis le début de la Mission jusqu'au 30 juin 1997, à 56,1 millions de dollars. Au 15 juillet 1997, un montant global de 51,5 millions de dollars avait été mis en recouvrement auprès des Etats Membres pour la période allant du 1er juillet 1996 au 31 mai 1997.

Déclarations

M. PIERRE LELONG (Haïti) a déclaré que des résultats appréciables ont été obtenus en Haïti, notamment en matière de droits civils et politiques, de libertés fondamentales, de réformes des institutions et du système judiciaire et pénal, en dépit des difficultés. Cependant, de sérieux problèmes demeurent

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qui sont liés à la précarité de la situation économique et à l'absence d'organismes de secours. Les tensions sociales sont attisées par les revendications populaires et la multiplication d'actes criminels et de grand banditisme continue de créer un climat d'insécurité et d'inquiétude parmi la population. Cette atmosphère met à dure épreuve la Police nationale haïtienne qui est en outre confrontée au développement du trafic de la drogue ou de la circulation d'armes. Le Secrétaire général des Nations Unies l'a reconnu dans son rapport, la Police nationale haïtienne créée il y a deux ans n'est pas encore en mesure de faire face aux défis actuels. Les tâches qui restent à accomplir continueront de requérir l'assistance du personnel des Nations Unies. A cet égard, la Mission de transition des Nations Unies en Haïti pourra aider les autorités du pays à compléter ce travail et à préparer une transition douce vers un autre type d'engagement de la communauté internationale en Haïti. Un engagement soutenu, particulièrement des institutions financières internationales, est nécessaire pour promouvoir un plan de développement intégré et durable qui permettra de garantir la stabilité du pays.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré que son pays voit dans la résolution qui doit être adoptée aujourd'hui une étape marquante, la plus récente d'une série de mesures prises par la communauté internationale pour consolider le gouvernement démocratique en Haïti. C'est aussi un événement d'une importance non négligeable pour les Nations Unies. Tout d'abord, cette résolution institue une nouvelle mission pour aider le gouvernement haïtien à traverser une dernière période de transition de quatre mois qui commencera le 1er août prochain. Le représentant a souligné que la responsabilité de la sécurité et de la stabilité du pays sera dorénavant assumée par le gouvernement d'Haïti alors que la MITNUH dressera un plan et un calendrier pour la transmission rapide et efficace de ces responsabilités à la police nationale haïtienne. Investie d'un mandat allégé et plus focalisé, la mission subira une réduction correspondante de son personnel. Elle accomplira la transformation d'une grande opération de maintien de la paix telle qu'elle fut établie en 1995, avec un effectif d'environ 6 000 militaires et 700 policiers civils, en un contingent de 250 policiers civils et un quartier général de 50 militaires, ayant plein commandement et contrôle sur un élément de sécurité financé au moyen des contributions volontaires.

Le Canada appuie la résolution que le Conseil s'apprête à adopter. Ayant participé à l'élaboration du projet de résolution, il reconnaît la contribution importante qu'ont apportée les autres membres du Groupe des Amis et exprime son appréciation pour l'appui constant du GRULAC tout au long de ces négociations. Le Canada se déclare prêt à affecter volontairement et à ses frais jusqu'à 650 militaires canadiens à l'élément de sécurité de la MITNUH. Il envisage également de mettre à la disposition de la nouvelle mission 60 policiers civils canadiens jusqu'à la fin novembre.

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M. FERNANDO ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a déclaré que qu'il transmettait au peuple d'Israël ses plus sincères condoléances à la lumière de l'attentat qui a endeuillé le pays. Pour ce qui est d'Haïti, le représentant s'est félicité du rapport du Secrétaire général qui témoigne des contributions de la MANUH à la stabilité en Haïti. Néanmoins, cette stabilité est également tributaire de tous les acteurs présents sur le territoire haïtien. Le déploiement de cette Mission exige par ailleurs des efforts économiques et politiques. Le représentant a remercié les pays, qui ont contribué financièrement à la Mission en Haïti et a exprimé sa reconnaissance à la République populaire de Chine et à la Fédération de Russie pour leur esprit de conciliation.

M. RAMON ESCOVAR-SALOM (Venezuela), rappelant que son pays entretient des liens historiques avec Haïti, a estimé que la réduction du nombre des membres militaires de la MANUH a montré que la mission a porté ses fruits. Le rôle joué par les Nations Unies dans le cadre de ses précédentes missions en Haïti a été crucial. Sans cette présence, il n'aurait pas été possible, aujourd'hui, de parvenir à la mise en place de la Mission de transition des Nations Unies en Haïti qui sera chargée d'encourager la professionnalisation de la police nationale haïtienne.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a estimé que la Police nationale haïtienne exerce déjà un effet positif sur la sécurité dans le pays. Néanmoins, a-t-il souligné, les conditions de sécurité restent instables. De nouvelles formes de criminalité organisées apparaissent et la Police Nationale souffre de lacunes face à ces défis. Des progrès restent à accomplir dans le domaine, notamment, du recrutement des cadres, de la gestion des équipements et de la formation. Le représentant a indiqué que pour ces raisons, son pays appuie la demande des autorités haïtiennes visant à maintenir jusqu'à la fin du mois de novembre la présence des Nations Unies ainsi que les recommandations, en ce sens faites par le Secrétaire général. Rappelant que la France fait partie des Amis du Secrétaire général sur la question d'Haïti, le représentant a précisé que son pays a participé à la préparation du projet de résolution. La France apportera à la nouvelle mission une contribution comparable à celle qui était la sienne au sein de la Mission d'Appui des Nations Unies. Cette contribution se traduit actuellement par la mise à disposition de 29 gendarmes et de 17 policiers.

M. JUAN LARRAIN (Chili) a rappelé que la présence des Nations Unies en Haïti remonte à 1990 et qu'elle contribue largement à instaurer la paix dans le pays. En dépit des difficultés rencontrées, la préoccupation de l'Organisation a été de contribuer à la démocratisation du pays. Aujourd'hui, la résolution qui sera adoptée permet de constater que l'on est près de l'objectif visé. Sa délégation attend des forces nationales de police de mettre fin à la spirale de la violence. Il est nécessaire de rompre le cercle

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vicieux selon lequel il n'existe pas de développement sans sécurité et pas de sécurité sans développement. Il est important que les Nations Unies jouent un rôle de chef de file pour contribuer au redressement économique et à la reconstruction d'Haïti.

M. FERNANDO BERROCAL SOTO (Costa Rica) a indiqué que le Conseil de sécurité, en autorisant cette mission, envoie un message clair de la nouvelle vision des réalités complexes du monde contemporain. La pauvreté et le sous-développement extrêmes sont des menaces à la paix et à la sécurité internationales, tout comme le sont la dégradation de l'environnement, le terrorisme et le fanatisme religieux. Le principe du maintien de la paix doit être compris dans une perspective plus large que par le passé, a-t-il souligné. Cette résolution témoigne de notre esprit de consensus et montre que nous progressons dans la bonne direction. Le représentant a estimé que le concept des droits de l'homme, en particulier, est une composante essentielle des opérations de maintien de la paix et que dans ce contexte, la Mission à Haïti permettra de garantir le respect des droits de l'homme et de poursuivre la reconstruction du pays.

M. WANG XUEXIAN (Chine) a déclaré que son pays accueille favorablement les progrès réalisés, ces dernières années, dans les domaines politique, économique et social. La Chine a toujours estimé que la situation à Haïti ne représente plus une menace à la paix et à la sécurité internationales et que la mission de maintien de la paix des Nations Unies a été achevée. La reconstruction économique est la tâche principale qui reste à accomplir. Celle-ci doit reposer principalement sur le peuple haïtien lui-même, a souligné le représentant. Dans ce contexte, la communauté internationale et en particulier les institutions financières internationales, doivent jouer un rôle actif. Compte tenu de la demande urgente émanant du Gouvernement d'Haïti et des pays d'Amérique latine, a expliqué le représentant, le Gouvernement chinois soutient l'établissement d'une Mission de transition des Nations Unies comme mesure transitoire et votera en faveur du projet de résolution.

M. ALEXANDRE S. GORELIK (Fédération de Russie) a estimé que la Mission des Nations Unies d'appui en Haïti a joué un rôle considérable. Il incombe aux Haïtiens, eux-mêmes, de garantir la sécurité et la stabilité dans leur pays. Sa délégation estime que l'évolution favorable de la situation du pays s'impose. La Fédération de Russie continuera d'apporter son appui logistique et financier pour contribuer aux efforts de reconstruction d'Haïti. La nouvelle Mission de transition en Haïti aura pour objectif principal de professionnaliser la police nationale haïtienne. La MITNUH dispose d'un mandat bien déterminé de quatre mois. Les difficultés de sécurité interne doivent être réglées par d'autres moyens que par une mission de maintien de la paix.

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M. PARK SOO GIL (République de Corée) a regretté que les progrès réalisés en Haïti n'ont pas été assez adéquats pour garantir la fin du mandat de la présence des Nations Unies. La situation générale en Haïti continue de demeurer précaire et fragile, comme le montrent les troubles politiques, l'instabilité sociale et la criminalité renforcée par une situation économique difficile. A la lumière de ces circonstances, sa délégation est profondément préoccupée par le fait que la police nationale haïtienne ne soit pas encore pleinement prête à faire face aux défis posés par la sécurité. La jeune force de police doit encore combler les lacunes qui existent dans des domaines cruciaux, notamment l'absence de leadership, de faibles appuis logistiques et un niveau de spécialisation faible. La République de Corée estime que la mise en place d'une police nationale haïtienne constitue la pierre angulaire à l'instauration de la paix et de la sécurité en Haïti. C'est avec cette conviction que le gouvernement de la République de Corée a déjà donné 200 000 dollars au Fonds d'affectation établi par la résolution 975 du Conseil de sécurité pour appuyer la police nationale haïtienne.

Le représentant a noté avec satisfaction que le projet de résolution reflète les progrès réalisés par la MANUH ainsi que les conditions requises pour la nouvelle mission, à savoir la professionnalisation de la police nationale haïtienne , un mandat limité à une période de quatre mois et le maintien de l'élément de sécurité pour assurer la sécurité du personnel des Nations Unies. De l'avis de sa délégation, l'histoire des missions des Nations Unies en Haïti illustre le succès de la combinaison de l'opération de maintien de la paix traditionnelle et de la restauration de la paix à la fin du conflit.

M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) s'est prononcé en faveur de la résolution et assure le soutien de son pays au peuple haïtien. Le Kenya est convaincu qu'une présence minimale mais continue des Nations Unies sera utile à la consolidation des acquis. Il s'agit d'une force neutre dotée d'un mandat clair qui doit être perçu comme tel par tous les Haïtiens. Le Kenya se prononce également en faveur de la recommandation du Secrétaire général tendant à ce que cette force ne reste pas trop longtemps en Haïti. A cet égard, la durée prévue de quatre mois s'avère appropriée. La paix est une condition nécessaire au développement, a poursuivi le représentant, en soulignant que l'insécurité relative qui règne en Haïti trouve largement son origine dans la pauvreté et l'absence d'amélioration des conditions de vie de la population. Dans ce contexte, le Kenya accueille avec satisfaction le fait que la résolution reconnaisse le caractère indispensable de l'assistance internationale pour le développement durable du pays.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a regretté qu'en dépit de certains progrès, la situation demeure fragile. Sa délégation fait siennes les préoccupations concernant le climat politique, la violence et les difficultés économiques. Il a estimé que les progrès économiques et le développement ne pourront être réalisés en Haïti que lorsque le respect de l'ordre public et

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des droits de l'homme sera garanti. Le Portugal appuie les recommandations du Secrétaire général, notamment la nécessité de professionnaliser la police nationale haïtienne qui est une condition essentielle pour garantir la sécurité dans le pays et la réduction de la criminalité. C'est pourquoi, la délégation portugaise votera en faveur du projet de résolution car elle estime que le maintien de la présence des Nations Unies pour une période de quatre mois est de la plus haute importance.

M. BILL RICHARDSON (Etats-Unis) a déclaré que trois ans après la fin de la dictature en Haïti, le pays, bénéficiant de l'appui de la communauté internationale, a effectué des progrès remarquables et la résolution adoptée, aujourd'hui, par le Conseil vise à consolider ce processus. La Mission de transition des Nations Unies en Haïti contribuera à professionnaliser la nouvelle Police nationale dont les membres sont pour la plupart âgés de moins de 30 ans. En dépit des progrès réalisés depuis sa création, il y a deux ans, la Police haïtienne a encore besoin de l'assistance de la communauté internationale qui doit répondre à cette demande si elle entend aider Haïti à créer des institutions démocratiques durables.

S'il faut se féliciter des progrès réalisés dans les domaines de la démocratie et de l'économie en Haïti, il faut reconnaître que des lacunes subsistent dans le domaine, notamment, du système judiciaire. La création de la Mission appuiera plus avant la règle de droit, le développement, la démocratisation et la paix en Haïti. Les Etats-Unis accueillent avec satisfaction l'appui continu de la communauté internationale à Haïti, illustré aujourd'hui par la résolution. Cette dernière offre au peuple haïtien une chance d'assurer à tous un avenir de liberté, de justice et de prospérité.

M. PETER OSWALD (Suède) a indiqué son soutien à la décision prise aujourd'hui d'établir une mission de police civile soutenue par une petite unité militaire. Le Gouvernement haïtien a déployé de nombreux efforts en vue d'améliorer la situation des droits de l'homme et de renforcer la primauté du droit. Mais en même temps, a précisé le représentant, le soutien de la communauté internationale reste nécessaire pour que la Police Nationale haïtienne soit en mesure de remplir son rôle de consolidation de la justice et de la démocratie. Le représentant a estimé que la présence des Nations Unies sur le territoire témoigne du rôle indispensable que joue la composante de police civile pour ce qui est de l'édification de la confiance et la mise en place d'un environnement stable. Le représentant a estimé que la sécurité ne signifie pas seulement maintenir l'ordre et faire régner la loi. Un environnement sûr est tributaire d'un système juridique juste, d'institutions démocratiques efficaces, de la participation populaire et de la promotion d'un environnement économique durable. Le représentant a indiqué que la responsabilité première pour ce qui est du développement du territoire incombe au peuple d'Haïti. La communauté internationale ne peut qu'apporter une aide

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en vue de consolider les bases d'une société démocratique et de promouvoir le développement pour tous. Le représentant a estimé que pour garantir le succès de l'intervention de la communauté internationale, il faut utiliser pleinement les capacités du système des Nations Unies. Dans ce contexte, la Suède accueille favorablement l'intention du Secrétaire général de présenter des recommandations supplémentaires sur les modalités de l'aide internationale en Haïti dans le futur.

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