FEM/940

LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES POURSUIT L'EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DE LA NAMIBIE

8 juillet 1997


Communiqué de Presse
FEM/940


LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES POURSUIT L'EXAMEN DU RAPPORT INITIAL DE LA NAMIBIE

19970708 Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a poursuivi, cet après-midi, l'examen du rapport initial de la Namibie. Il a noté que de nombreuses mesures restent encore à prendre à propos de la violence à l'égard des femmes et même des enfants. Cette question figure-t-elle dans le programme de réforme des lois? Plusieurs experts se sont demandés si des mesures législatives seront prises pour modifier les stéréotypes qui prévalent dans la société et pour sensibiliser les citoyens, notamment les petits garçons et les petites filles sur l'égalité des sexes. Il a noté en outre que le rapport ne donne pas d'échéance pour les mesures temporaires prises en vue de l'application de la Convention, et les experts ont souligné l'importance de se donner des objectifs et des calendriers pour parvenir à des résultats réels. Abordant la question du droit coutumier et des tribunaux traditionnels, un membre du Comité a demandé de savoir quel est leur statut réel et pourquoi les individus se tournent plutôt vers ces tribunaux que vers les cours de justice publiques? En ce qui concerne le viol, dont le taux élevé est inquiétant, est-il prévu d'établir une loi sur le viol? Un expert a par ailleurs demandé jusqu'à quand l'application de la législation sur la prostitution est-elle interrompue et quel est le contenu du droit coutumier quant à la prostitution?

Le Comité, en ce qui concerne la place des femmes dans la vie politique et publique, a demandé de savoir comment la Namibie pouvait-elle régler les questions liées aux femmes, si celles-ci ne sont pas suffisamment représentées dans le Gouvernement? Plusieurs experts ont regretté que le rapport ne donne pas suffisamment d'informations sur le résultat de la participation des femmes au Gouvernement et aux organes de décision importants. En ce qui concerne les droits de vote et l'éligibilité, pourquoi les listes électorales sont-elles dominées par les hommes? A propos de la réforme juridique, un expert s'est interrogé sur la façon dont travaille la Commission de réforme. Des femmes y participent-elles?

Au sujet de l'emploi des femmes, quelles sont les mesures concrètes prises par le Gouvernement pour que les femmes ne soient pas victimes de discriminations sur le lieu de travail? Un expert a remarqué que la santé des femmes était associée dans le rapport à la santé des mères et des enfants. Il faudrait pourtant que d'autres aspects soient également mentionnés. Un autre

problème abordé par le Comité est la présence simultanée d'un droit civil et d'un droit coutumier. Sachant que dans les sociétés traditionnelles c'est le droit coutumier qui prévaut, le Comité s'est demandé si la femme namibienne a réellement le choix entre le droit civil et le droit coutumier, notamment au moment de contracter le mariage. Le représentant de la Namibie répondra aux questions des experts le 11 juillet.

Le Comité se réunira demain, mardi 8 juillet, à 10 heures. Il entamera l'examen du rapport initial et du deuxième rapport périodique du Luxembourg.

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Questions des experts à l'Etat partie

Les experts ont noté que pour la première fois un Gouvernement interprète l'article 3 de la Convention relatif aux domaines politique, social, économique et culturel, en relation avec les actes de violence, domestique ou non, contre les femmes. La violence à l'égard des femmes et même des enfants apparaît comme un problème important et de nombreuses mesures restent encore à prendre. Cette question figure-t-elle dans le programme de réforme des lois, alors que le Gouvernement reconnaît que les dispositions actuelles ne sont pas suffisantes? Le Gouvernement est-il prêt à mettre des ressources financières suffisantes pour créer des centres d'accueil à long terme?

Des mesures législatives seront-elles prises pour modifier les stéréotypes qui prévalent dans la société et pour sensibiliser les citoyens, notamment les petits garçons et les petites filles sur l'égalité des sexes? Il est important d'envisager de mettre en place des mesures législatives préventives. Un expert a mis l'accent sur le problème du travail des enfants, qui n'est pas encore reconnu en tant que tel et pourtant met un poids supplémentaire sur l'éducation des petites filles et est une cause importante de l'abandon des études. Le Gouvernement pourrait envisager d'accéder aux conventions internationales sur le travail, particulièrement sur celui des enfants. Un expert a demandé si un Comité de coordination pour les questions liées aux femmes sera bientôt établi et quelles seront ses relations avec le Département de la promotion de la femme? De manière plus générale, comment fonctionnent les dispositifs? En outre, les experts ont souhaité savoir si la Namibie compte mettre en place un plan d'action nationale sur la plate-forme de Beijing.

Le rapport ne donne pas d'échéance pour les mesures temporaires prises en vue de l'application de la Convention et les experts ont souligné l'importance de se donner des objectifs et des calendriers pour parvenir à des résultats réels. Ainsi depuis l'adoption de mesures spéciales, quel est le pourcentage des femmes dans les organes de décision importants? Existe-t-il un mécanisme spécifique de contrôle et de suivi des mesures palliatives en faveur des femmes? Il a été suggéré d'élaborer un programme ciblé, qui pourrait être mis en place en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), s'attachant à identifier les stéréotypes contre les femmes, à sensibiliser les dirigeants, les décideurs et les chefs de communauté et à former les femmes. Abordant la question du droit coutumier et des tribunaux traditionnels, un membre du Comité a demandé quel est leur statut réel et pourquoi les individus se tournent plutôt vers ces tribunaux que vers les cours de justice publiques? Il ressort du rapport que le secteur privé est particulièrement désavantageux pour les femmes, existe-t-il un salaire minimum, les femmes peuvent-elles contracter des crédits? Un expert s'est déclaré déçu de constater que les femmes ne peuvent toujours pas être propriétaires foncières. Les organisations non gouvernementales ont-elles entrepris une action à cet égard? Un membre du Comité s'est étonné que la

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protection de la maternité soit considérée par le Gouvernement namibien dans le cadre des mesures temporaires visant à l'instauration de l'égalité. Le danger est que les entreprises pensent qu'elles ne sont pas obligées d'appliquer les mesures prévues en faveur des mères et des femmes enceintes.

L'un des stéréotypes les plus prégnants est celui de la sexualité des femmes et des hommes, ce qui a des conséquences non seulement sur la santé, mais également sur l'éducation. Un membre du Comité a demandé si les organisations non gouvernementales obtiennent des résultats dans leur lutte contre ce type d'attitudes. Il s'est étonné en outre de constater que le Gouvernement n'envisage pas de prendre des mesures pour modifier ces schémas, tant chez les hommes que chez les femmes. Est-il prévu qu'une campagne d'information, des séminaires, des cours soient mis en place? Qu'entend-on par pratiques qui ont des conséquences sur la santé de la mère et des enfants? Quels sont les résultats de l'enquête qui a été menée sur la question? Le taux de viol est tout à fait inquiétant, d'autant plus que le droit veut que la victime établisse la preuve du crime. Est-il prévu d'établir une loi sur le viol? En ce qui concerne les attaques sexuelles commises sur les femmes incarcérées, quelle est la réponse du Gouvernement, particulièrement lorsque l'agresseur est identifié et qu'il s'agit d'un agent de l'Etat?

Jusqu'à quand l'application de la législation sur la prostitution est-elle interrompue? Quel est le contenu du droit coutumier quant à la prostitution? Une enquête est-elle prévue? Les experts ont recommandé que la nouvelle législation pertinente se fonde non pas sur des croyances morales mais avant tout sur la défense de la femme et de ses droits, car les prostituées sont très souvent les victimes de la violence et de la pauvreté. Un expert, a demandé pourquoi une personne commettant un viol sur une prostituée n'est pas conduite en justice? Les prostituées ont-elles accès à des soins médicaux et reçoivent-elles des informations sur les maladies sexuellement transmissibles. Des organisations non gouvernementales se préoccupent-elles de ce problème de manière spécifique? Abordant la question de la prévention, un expert a souligné que ce sont les jeunes filles, ayant abandonné l'école de façon précoce, qui constituent le groupe le plus vulnérable à la prostitution. Il convient d'identifier et de quantifier ces jeunes filles afin d'élaborer des programmes spécifiques les préparant notamment à une activité économique. Un autre membre du Comité a relevé qu'il convient également de s'adresser aux clients des prostituées, afin que le fardeau ne revienne pas entièrement aux femmes. Le même expert a demandé des informations sur l'incidence des migrations sur la prostitution des enfants.

En ce qui concerne la place des femmes dans la vie politique et publique (article 7), un expert a fait remarquer que la Namibie n'a pas suffisamment encouragé la participation des femmes dans la vie politique. Comment la Namibie peut-elle régler des questions liées aux femmes si celles-ci ne sont pas suffisamment représentées dans son Gouvernement? Le rapport ne précise nulle part ce que les femmes qui font partie du Parlement ou du Gouvernement ont fait pour améliorer la situation des femmes. Quel est le résultat de la

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participation des femmes? Il est dit dans le rapport que toutes les personnes ont le droit de participer à la vie publique et politique. De quelles personnes s'agit-il exactement? Il faudrait être plus précis. Un expert a également demandé à ce qu'il y ait davantage de précision sur ce qu'ont fait les femmes dans la police, l'armée, les médias, le secteur privé, les syndicats et le clergé. Les stéréotypes sur les femmes ont-ils pu être éliminés dans les médias?

En ce qui concerne les droits de vote et l'éligibilité, ne sont-il pas les deux faces de la même pièce? Il est évident qu'il est difficile de voir les femmes élues aux fonctions publiques. Pourquoi les listes électorales sont-elles dominées par les hommes? Un expert a demandé des précisions quant à la portée réelle du travail du médiateur. Le Comité s'est par ailleurs demandé si les femmes ont le droit de se représenter elles-mêmes dans un tribunal. En ce qui concerne la réforme juridique, comment la commission de réforme opère-t-elle? Des femmes y participent-elles? Combien y a-t-il de professeurs de droit femmes? Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans le secteur privé? Il semble pourtant plus facile de voir des femmes à des postes de direction dans le secteur privé que public. Les experts ont abordé la question de la représentation internationale des femmes (article 8) et ont relevé les progrès faits par la Namibie. Quelles sont les fonctions de troisième secrétaire, poste qui est occupé par des femmes? S'agit-il d'un stéréotype? Au sujet de la question de la nationalité (article 9), quels sont les critères pour l'acquisition de la nationalité namibienne?

A propos de l'éducation (article 10), un expert a demandé des précisions sur le fait que les adolescentes enceintes sont renvoyées des écoles. Est-il question de responsabiliser les garçons? La déscolarisation des filles est très élevée. Y a-t-il des mesures de compensation prises pour éviter de retirer les jeunes filles des écoles?

A propos de l'emploi (article 11), pourquoi très peu d'employeurs organisent-ils des services de garde d'enfants? Quelles sont les mesures prévues pour corriger cela? Ceci est un obstacle pour l'embauche des femmes. Quelles sont les mesures concrètes prises par le Gouvernement pour que les femmes ne soient pas victimes de discriminations dans le milieu du travail?

En ce qui concerne le domaine de la santé (article 12), il serait utile d'avoir des informations sur la mortalité maternelle en fonction de l'âge. La santé des femmes est associée à la santé des mères et des enfants alors que d'autres aspects devraient également être mentionnés. Par exemple, les femmes victimes de violence ont besoin d'avoir accès à des services de santé, particulièrement des services de santé mentale. Quelles sont les incidences de la malnutrition et de l'anémie? Le taux élevé d'infanticide peut-il être expliqué par une préférence à l'égard des garçons? Du fait que les avortements sont illégaux, sont-ils réalisés de façon clandestine? La mortalité infantile est-elle liée au fait que les enfants appartiennent ou non à des familles polygames?

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Il a été souligné que bien souvent la reconnaissance de la femme dans les sociétés traditionnelles, et particulièrement dans les zones rurales, est liée au fait que la femme apporte un revenu à la famille. Aussi pour lutter contre l'opposition des maris lorsque les femmes désirent contracter un prêt, est-il envisagé de créer des structures spécifiques tenant compte du caractère rétrograde des mentalités?

Les experts ont encouragé fortement la Namibie à entreprendre des réformes profondes du droit civil, qui contient encore les séquelles de l'apartheid et demeure trop désavantageux à l'égard des femmes. Un autre problème est la présence simultanée d'un droit civil et d'un droit coutumier. Or l'on sait que dans les sociétés traditionnelles, c'est le droit coutumier qui prévaut. En raison des pressions socio-culturelles, la femme se tournera le plus souvent vers le droit coutumier même si le droit civil est plus souple. La femme namibienne a-t-elle réellement le choix entre le droit civil et le droit coutumier, notamment au moment de contracter le mariage? Le Gouvernement a-t-il réalisé une enquête pour connaître les motivations qui ont conduit le choix de la femme? La réforme du droit civil prévoit-elle d'avoir des conséquences et des effets concrets sur le niveau élevé des mariages polygames, seront-ils du-moins désormais enregistrés? Pourquoi la polygamie demeure une question délicate, ainsi que le reconnaît le rapport? Un autre expert s'est déclaré d'autant plus surpris par le niveau élevé des mariages polygames, que la majorité du pays est chrétienne. Les églises ont-elles des programmes à ce sujet? Il a proposé que le Gouvernement aborde ce problème de front. L'âge nubile devrait être le même pour l'homme et la femme et la polygamie devrait être abolie.

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