SG/SM/6277

LE SECRETAIRE GENERAL POSE LA "BONNE GOUVERNANCE" COMME CONDITION D'UNE PAIX DURABLE EN S'ADRESSANT AU COMITE CONSULTATIF SUR LA SECURITE EN AFRIQUE CENTRALE

7 juillet 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6277


LE SECRETAIRE GENERAL POSE LA "BONNE GOUVERNANCE" COMME CONDITION D'UNE PAIX DURABLE EN S'ADRESSANT AU COMITE CONSULTATIF SUR LA SECURITE EN AFRIQUE CENTRALE

19970707 Il se déclare inquiet du trafic grandissant d'armes dans la sous-région et encourage les Etats à prendre des mesures de contrôle des armements

On trouvera ci-après le message du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, à l'occasion de la neuvième Réunion ministérielle du Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale qui se tient à Libreville du 7 au 11 juillet 1997 :

"Cette neuvième réunion ministérielle de votre Comité a lieu à un moment particulièrement crucial pour l'histoire de l'Afrique centrale. Les événements tragiques de ces derniers mois qui ont déchiré la région des Grands Lacs, notamment dans l'ancien Zaïre et à Brazzaville, montrent, une fois de plus, que la sous-région centrafricaine continue d'être l'un des espaces les plus volatiles du continent.

Je ne peux que fermement déplorer le coût par trop élevé de ces conflits : en termes de vies humaines, de souffrances, et de mouvements massifs de réfugiés et de personnes déplacées.

Mais dans le même temps, il est encourageant de savoir que les gouvernements de la sous-région sont prêts à intensifier leurs efforts dans la recherche de solutions pacifiques aux nombreux conflits qui les divisent. Votre présence ici, à Libreville, témoigne de votre détermination à agir ensemble au service de la sécurité et de la paix dans votre région. Je tiens, aujourd'hui, à saluer la volonté politique qui vous anime en ce sens.

Le fait que cette importante réunion se tienne à Libreville témoigne également du rôle essentiel que joue le Gabon dans cette entreprise. Je veux donc saisir l'occasion qui m'est ainsi donnée de rendre hommage au Président Omar Bongo, pour ses inlassables efforts en vue de rétablir la paix en République du Congo et pour son dévouement constant aux valeurs de solidarité et de coopération régionales. Qu'il sache que, dans cette entreprise, le soutien de l'Organisation des Nations Unies ne lui fera jamais défaut.

D'ores et déjà, l'Organisation mondiale travaille étroitement avec les Etats de l'Afrique centrale au règlement des questions de sécurité et de stabilité régionales. Qu'il me suffise de mentionner les efforts déployés pour mettre un terme à la crise politique qui secoue Brazzaville et replacer le pays sur la voie démocratique. Ou encore, les intenses négociations qui oeuvrent à consolider le processus de paix en Angola et en République centrafricaine.

Aujourd'hui, le retour au calme dans la République démocratique du Congo est des plus encourageants. Et je veux vous redire toute la détermination des Nations Unies à travailler étroitement avec les autorités de ce grand pays afin d'en assurer la reconstruction, la stabilité et le progrès, dans un climat de démocratie et de respect de l'Etat de droit.

Dans la région tout entière, la Communauté internationale continue de se mobiliser en faveur de la réconciliation des peuples, de la réhabilitation des combattants et de la reconstruction des sociétés civiles. Plus que jamais, il nous faut renoncer à la violence comme instrument politique et permettre aux réfugiés et aux personnes déplacées de retourner chez eux dans des conditions de dignité, de sécurité et de justice.

J'ai récemment pris des mesures afin de renforcer les structures du Tribunal international pour le Rwanda et de permettre ainsi de mener devant la justice les responsables du génocide et autres crimes perpétrés durant le tragique conflit qu'a connu ce pays en 1994.

Il faut en finir avec l'impunité pour que les injustices d'hier ne deviennent pas les problèmes de demain.

Mais les nombreux efforts de paix entrepris ne sauraient aboutir sans la volonté politique indéfectible des Etats centrafricains eux-mêmes.

Je veux croire que c'est cet impératif qui a guidé les Chefs d'Etat et de Gouvernement, lors de leur dernier sommet à Yaoundé, en juillet dernier. La Déclaration finale qu'ils ont adoptée à cette occasion reconnait le rôle essentiel que les Etats de la sous-région eux-mêmes doivent jouer pour assurer leur sécurité. Et c'est le même esprit qui a animé la décision conjointe des Etats de l'Afrique centrale et de l'Afrique de l'Ouest de mettre en oeuvre une force inter-africaine chargée de rétablir la paix dans la République centrafricaine.

Vous avez également reconnu à Yaoundé qu'une paix durable ne peut être construite que dans une atmosphère de progrès socio-économique, de démocratisation et d'Etat de droit. Je veux souligner l'importance de ces éléments qui, sous le nom générique de "bonne gouvernance", placent la dignité et le bien-être de la personne humaine au centre des politiques publiques et des activités gouvernementales. Car c'est à l'aune de l'amélioration des conditions de vie de la personne humaine que doivent se mesurer nos efforts. C'est là l'essence même de la Charte des Nations Unies dont les principes et

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les objectifs visent à la construction d'un monde meilleur pour "nous, peuples des Nations Unies".

C'est la raison pour laquelle il est essentiel de respecter les droits de l'homme, de garantir l'égalité des chances et de promouvoir un environnement politique qui prenne en compte chacune et chacun d'entre nous. Car c'est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous parviendrons à un climat de paix et de prospérité, pour les pays de l'Afrique centrale et du continent africain tout entier.

En 1993, ici même, à Libreville, votre Comité a adopté un Pacte de non- agression entre les Etats de l'Afrique centrale, signé en juillet dernier à Yaoundé. Vous avez également décidé de créer un mécanisme d'alerte rapide en Afrique centrale chargé de prévenir la détérioration des différends à l'intérieur et entre les Etats. Vous avez aussi pris l'initiative remarquable d'entraîner conjointement vos forces militaires afin de les préparer à des opérations de paix futures.

Ces mesures, si elles sont respectées, ouvriront la voie à un avenir de paix et de coopération durable en Afrique centrale. J'en appelle donc à tous les Etats qui n'ont pas encore signé le Pacte de non-agression de bien vouloir le faire dans les plus brefs délais. Plus encore, j'en appelle à tous les Etats concernés de respecter fidèlement les provisions de ce traité afin de mettre un terme définitif aux conflits qui déchirent l'Afrique centrale.

Dans ce climat d'encouragements, il reste à déplorer que la sous-région africaine connaisse un accroissement de ses stocks d'armes. Sur tous les continents, les dépenses militaires ont baissé d'une manière significative. Mais cette tendance à la baisse n'est pas uniforme. Je suis personnellement très inquiet du trafic grandissant et souvent illicite d'armes dans la sous-région, en particulier de petites armes et d'armement léger.

Ces armes sont souvent la possession de civils, ce qui contribue au développement de la criminalité et du banditisme, avec les effets déstabilisateurs que l'on connaît. J'encourage donc vivement le Comité dans sa considération de restreindre, au niveau sous-régional, la circulation des armes, la constitution des arsenaux militaires et les dépenses d'armements. Croyez-bien que je soutiens pleinement votre effort.

Le succès dans ce domaine, et notamment l'introduction de mesures concrètes de contrôle des armements, peut être d'une grande utilité, non seulement pour réduire les menaces de conflits, mais aussi pour consolider la paix et promouvoir le développement socio-économique de ces pays en redistribuant les crédits de l'armement à des activités constructives.

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Car vous le savez bien : la sécurité est un concept global qui dépasse le seul facteur militaire. Si nous mobilisons les potentiels africains à des fins de développement, nous serons plus efficaces et mieux à même de stabiliser nos sociétés sur le long terme.

La Communauté internationale se tient prête à vous aider dans cette entreprise cruciale. Et je l'encourage vivement à contribuer généreusement au Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies chargé d'aider le Comité.

Cependant, la paix et la sécurité, en Afrique centrale comme ailleurs, ne peuvent être imposées de l'extérieur. La responsabilité première en revient aux dirigeants des pays concernés.

L'Assemblée générale des Nations Unies ne s'est pas trompée lorsqu'elle a vu dans votre Comité un instrument essentiel de construction de la paix et de la confiance entre vos Etats.

Au nom de l'Organisation des Nations Unies, je veux ici, solennellement, vous réaffirmer notre parfait soutien et notre entière coopération. Permettez-moi donc de souhaiter le meilleurs succès à vos débats".

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