En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6274

DECLARATION FAITE PAR LE SECRETAIRE GENERAL LORS DU DEBAT DE HAUT NIVEAU DE LA SESSION DE FOND DE 1997 DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL

3 juillet 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6274
ECOSOC/5706


DECLARATION FAITE PAR LE SECRETAIRE GENERAL LORS DU DEBAT DE HAUT NIVEAU DE LA SESSION DE FOND DE 1997 DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL

19970703 Ci-après, on trouvera l'allocution prononcée par M. Kofi A. Annan, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, lors du débat de haut niveau de la session de fond de 1997 du Conseil économique et social, à Genève, le 3 juillet 1997 :

J'ai le plaisir de m'adresser à vous à l'occasion de la session de fond annuelle du Conseil économique et social.

Le thème du débat de haut niveau _ promotion d'un environnement favorable au développement _ nous permettra d'examiner certaines des principales questions à régler pour pouvoir contribuer au progrès économique et social de l'humanité, objectif qui revêt aujourd'hui une importance primordiale.

Cette réunion se tient à un moment particulièrement opportun _ juste après la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au programme Action 21, et juste avant mon exposé sur la réforme de l'ONU _ et nous devons nous attacher à en tirer le meilleur parti.

L'ONU est en pleine réforme. Son personnel chargé du maintien de la paix et des secours humanitaires est présent en divers points chauds du globe. Mais comme je l'ai souligné depuis mon entrée en fonctions, notre mission première, notre tâche principale à long terme, demeure le développement _ en tant qu'objectif essentiel en soi, mais aussi en tant que fondement de la paix et de la stabilité, en tant que moteur puissant de la diplomatie et de l'action préventives.

La Charte confère au Conseil économique et social un rôle de premier plan dans la promotion de la coopération internationale pour le développement, de l'amélioration des conditions de vie, du progrès, de la prospérité, de la stabilité et du bien_être de l'humanité tout entière. Ces dernières années, le Conseil a grandement contribué à la recherche de solutions aux problèmes qui se posent à cet égard, mais il reste beaucoup à faire.

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Cette année, le débat de haut niveau se tient à un moment où le monde voit s'ouvrir de nouvelles perspectives et naître de nouveaux espoirs. Pour la première fois peut_être dans l'histoire récente, nous sommes en mesure de construire une économie mondiale libre et ouverte, à laquelle tous les pays puissent participer et dont tous puissent bénéficier. Pour la première fois, l'élimination de la pauvreté apparaît possible, à condition que tous les pays s'attellent à la tâche de façon déterminée et concertée.

On observe dans les pays en développement plusieurs tendances économiques encourageantes. Certains attirent aujourd'hui des flux sans précédent de capitaux et d'investissements étrangers. Ils jouent un rôle croissant dans la finance et les échanges internationaux et, partant, dans l'économie mondiale. Quelques_uns ont un taux de croissance élevé depuis de nombreuses années et la pauvreté y a sensiblement reculé. De nouveaux centres dynamiques de commerce et d'investissement sont nés en Asie et dans certaines parties d'Amérique latine, et sont en passe de devenir les moteurs de la croissance de la production et des échanges mondiaux. Leur exemple montre que l'accélération du développement passe par une meilleure intégration dans l'économie mondiale.

Force est cependant de constater que bien d'autres pays en développement et bien des gens dans tous les pays ne profitent pas, hélas, des fruits de la mondialisation.

Pour beaucoup de pays africains et pour les pays les moins avancés, le risque d'une aggravation de la marginalisation n'est que trop réel. Ces pays prennent cependant des mesures positives et énergiques qui doivent être davantage soutenues par la communauté internationale. Les pays d'Afrique sont en train d'ouvrir et de libéraliser leur économie. Ils ont mis en oeuvre des réformes structurelles et des programmes d'ajustement, et beaucoup ont atteint un niveau de croissance impressionnant. Ils ont cependant besoin d'une aide publique accrue et soutenue, ainsi que d'une solution globale au problème de leur dette extérieure. Mais avant toute chose, pour les aider à ne plus dépendre des produits de base et de l'aide, il faut ouvrir largement les marchés mondiaux à leurs exportations.

Le libre accès aux marchés apparaît indispensable pour ouvrir de nouveaux horizons et donner de nouvelles raisons d'espérer à tous les habitants de la planète, et pour obtenir des résultats concrets. L'établissement de conditions propices au développement exige une coopération internationale accrue, dont les objectifs sont clairs. Il s'agit :

_ de mettre en place, pour les flux commerciaux, financiers et technologiques mondiaux, un système ouvert et équitable qui soit fondé sur des règles;

_ d'intégrer tous les pays dans l'économie mondiale;

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_ de promouvoir une croissance économique soutenue et durable;

_ de mettre à profit un potentiel de créativité et d'initiative encore inexploité;

_ de gérer les risques et l'instabilité liés à la mondialisation.

La démocratie, le respect des droits de l'homme et la bonne gestion des affaires publiques _ c'est_à_dire une gestion transparente et responsable _ sont à cet égard absolument indispensables. La démocratisation des relations internationales est également vitale. Elle implique, entre autres, une plus grande participation des pays en développement aux mécanismes de l'économie mondiale.

Les gouvernements des pays en développement doivent suivre une sage politique et mettre en place des services sociaux ainsi qu'une infrastructure matérielle solides. Ils doivent aussi veiller à ce que le développement ait une large assise, et à ce qu'il soit équitable et durable du point de vue écologique, économique et social. Il faut cependant bien voir que les principaux moteurs du progrès sont, de plus en plus, les individus et l'initiative privée.

Les pays développés ont également beaucoup à faire. Ils doivent coordonner leurs politiques macro-économiques et suivre une démarche plus cohérente en matière de commerce, d'aide et d'économie. Cela devrait faciliter l'accès des exportations des pays en développement aux marchés et stimuler les apports de capitaux, d'investissements et de techniques à ces pays.

L'ONU a un rôle essentiel à jouer. Les conférences qu'elle a organisées depuis le début des années 90 ont aidé à s'entendre sur une conception globale du développement, l'accent étant mis sur la complémentarité de ses aspects économiques, sociaux et écologiques. L'Agenda pour le développement, adopté récemment, place les résultats de ces conférences dans un cadre unifié.

La semaine dernière encore, la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre du programme Action 21 a apporté à nouveau la preuve que les Nations Unies avaient le pouvoir de rassembler les dirigeants des pays du monde entier autour de questions ayant une portée mondiale. Les résultats de cette session sont restés quelque peu en deçà de notre attente, mais il est néanmoins significatif que les chefs d'Etat et les ministres réunis à New York, agissant dans un esprit de solidarité, de partenariat et de communauté d'intérêts, ont réaffirmé leur attachement à un développement durable.

Il incombe maintenant au Conseil économique et social de faire son possible pour maintenir l'élan qui a été donné. Au cours de ces dernières années, le Conseil a étudié, dans le cadre de ses débats de haut niveau et des

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débats consacrés aux questions de coordination, les possibilités d'action commune tracées lors de conférences mondiales. Il a établi des principes directeurs concrets à l'intention des organismes des Nations Unies et de ses commissions techniques. Il a rationalisé ses sessions et ajusté son ordre du jour pour l'axer sur les problèmes qui se posaient aux gouvernements et les questions de coordination, afin d'éviter les débats répétitifs.

En outre, le Conseil a oeuvré en faveur d'une interaction plus étroite entre l'Organisation mondiale du commerce et les institutions de Bretton Woods, interaction à laquelle j'attache une importance particulière et qui peut être très fructueuse.

Il faut tirer parti de ces progrès.

Pour ma part, j'ai déjà pris plusieurs dispositions au sein du Secrétariat. Tout d'abord, j'ai fondu les trois départements du Siège qui s'occupaient des questions économiques et sociales. J'ai aussi constitué un comité exécutif du secteur des affaires économiques et sociales. Le PNUE et la CNUCED participent de concert avec le nouveau département aux travaux de ce comité en mettant mieux en lumière deux dimensions du développement qui sont parmi les plus décisives, à savoir, l'environnement et l'interaction du commerce, des investissements et de la technologie. En outre, la participation des commissions régionales fait qu'il est possible de concilier les éléments mondiaux et régionaux du développement et de les intégrer, en les corrélant, à l'appui concret fourni au Conseil économique et social.

Les réformes à opérer au sein de l'Organisation constitueront, bien entendu, la prochaine étape. Je présenterai à l'Assemblée générale au cours de ce mois un rapport sur la question qui portera sur l'Organisation tout entière, c'est_à_dire non seulement sur le Secrétariat mais également sur tous les programmes et fonds des Nations Unies. Le rôle de l'Organisation y sera placé dans le contexte des activités de l'ensemble du système. J'y examinerai les rapports très importants qui lient l'Organisation et le secteur privé, la société et d'autres organismes multilatéraux. Y figurera aussi un plan directeur à long terme pour l'Organisation.

Une grande partie du rapport sera consacrée au développement ainsi qu'aux grandes questions qui définissent les travaux du Conseil dans le domaine économique, social et humanitaire ainsi que dans celui de l'environnement et des droits de l'homme. De fait, les réformes opérées seront jugées largement sur le concours qu'elles apporteront effectivement à un renforcement de la capacité de l'ONU de favoriser le progrès économique et social et de s'attaquer, par le biais du développement, aux causes premières de la pauvreté et des conflits.

Il ne faut pas mesurer le renforcement de l'action de l'ONU dans le secteur social et économique par l'adjonction ou la soustraction de comités ou

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d'institutions. Ce qui compte, en dernière analyse, c'est l'impact que nous pouvons avoir sur la vie des gens au quotidien _ en d'autres termes, les modifications constructives que nous pouvons y apporter. Il est vrai que, dans nombre de domaines, il faut consolider l'action de l'Organisation tandis que, dans d'autres, il y a des lacunes à combler. J'ai lancé l'idée d'un "dividende de l'efficacité" qui serait très intéressante à cet égard : il s'agirait d'affecter à des activités liées au développement les ressources libérées du fait des économies réalisées sur le plan de l'administration.

Je tracerai dans mon rapport des mesures qui affecteront le Secrétariat et des propositions qui concerneront le fonctionnement des organes intergouvernementaux, principalement l'Assemblée générale et le Conseil économique et social.

Le Conseil économique et social n'a pas été à même de jouer pleinement le rôle que lui attribuait la Charte. Bien que cette situation ait été l'occasion d'appels répétés à une réforme radicale, je ne pense pas qu'il existe un consensus d'ordre politique sur des réformes qui modifieraient fondamentalement le caractère du Conseil et l'autorité dont il jouit. Cela dit, nous devrions aller aussi loin que possible en nous fondant sur les progrès enregistrés par le Conseil lui_même au cours de ces dernières années.

Je m'inspirerai de ces progrès_là pour suggérer les voies par lesquelles les débats de haut niveau du Conseil pourraient influer davantage sur la conception des politiques et la coopération au développement dans les années à venir. J'y aborderai aussi les modalités suivant lesquelles il serait possible de renforcer l'action du Conseil dans la coordination des politiques au sein du système des Nations Unies et de rendre plus homogène l'ensemble des organes subsidiaires du Conseil.

Il y a lieu de renforcer les liens unissant la procédure de prise de décisions du Conseil et celle de l'Assemblée générale. Nous pourrons tirer parti à cet égard des enseignements très larges qui se dégagent des conférences tenues récemment dans le cadre de l'ONU et qui ont tant concouru à sensibiliser le public, à faire intervenir un consensus et à obtenir, au niveau le plus élevé, des engagements en matière de politique générale.

C'est par l'application, à l'échelon national, des réformes touchant l'Organisation que l'opinion mondiale connaîtra le plus tangiblement ces réformes. Dans cet esprit, mon rapport sera axé non seulement sur la définition des politiques, mais également sur nos activités opérationnelles de développement, question qui a fait l'objet de débats toujours plus intenses au Conseil comme à l'Assemblée générale au cours de ces dernières années.

Les dispositions régissant les fonds et programmes sont très claires à cet égard. Il y est souligné que les fonds et programmes ont chacun leur vocation et qu'il faut respecter et renforcer cette différence.

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Ces dispositions insistent parallèlement sur l'idée que l'utilisation des fonds et l'exécution des programmes doivent être inspirées des politiques communes à l'application desquelles ils sont tous censés contribuer. L'Assemblée générale a demandé que les arrangements relatifs au financement soient mieux coordonnés et a dit que les équipes établies dans les pays par l'ONU devaient être organisées en fonction des exigences des programmes de coopération proprement dits plutôt qu'en fonction des institutions, de leurs structures et de leurs divisions.

Les réformes que je proposerai concernant les activités opérationnelles s'inspirent de ces principes et sont fondées sur les mesures tracées dans le premier rapport que j'ai fait sur les réformes, en mars dernier, ainsi que sur les travaux de suivi effectués par le Comité exécutif du secteur des activités opérationnelles de développement. Ces réformes doivent aussi servir les buts de l'agenda pour le développement qui vient d'être adopté en ce qui concerne les ressources à consacrer au développement et la possibilité d'en disposer sur une base plus prévisible et sûre.

Je m'arrêterai encore, dans mon rapport, sur la question de l'assistance humanitaire, qui figure également à l'ordre du jour de la présente session du Conseil. Tant à l'échelon intergouvernemental qu'au niveau interorganisations, il y a eu au cours de ces dernières années un travail de réflexion intense que je voudrais cerner et poursuivre dans mon rapport. Plusieurs crises graves se sont produites qui ont obligé les organisations humanitaires à revoir les perspectives et les pratiques qui avaient été les leurs des années durant. Les structures qui avaient été mises en place pour assurer la coordination ont été mises à l'épreuve. Un nouvel éventail de besoins a été identifié.

Les mesures et propositions en matière d'assistance humanitaire que je tracerai dans mon rapport sur les réformes viseront les activités tant au Siège que sur le terrain. Elles seront axées sur les questions de gestion aussi bien que sur les dispositifs du Secrétariat et mettront notamment l'accent sur les liens toujours plus importants qui unissent l'assistance humanitaire à la paix et à la sécurité comme aux activités de développement. Il est temps d'appliquer les enseignements qui se dégagent de notre action dans des situations bouleversantes et souvent périlleuses.

Je vous ai parlé de la promotion d'un environnement favorable au développement, qui constitue le thème de ces débats de haut niveau, et des réformes, qui sont l'un des principaux sujets dont je me suis occupé au cours des six premiers mois de mon mandat. Les deux questions sont étroitement liées. S'il ne fait pas de doute que le commerce, les investissements, les courants financiers et la réglementation forment l'essentiel d'un environnement favorable au développement, il est aussi vrai que les organismes des Nations Unies en sont un ingrédient clef, pour autant qu'ils fonctionnent correctement. Je pense qu'il est grand temps d'enregistrer des progrès concrets et systématiques. Je suis impatient de connaître les résultats de vos débats et forme des voeux pour le plein succès de votre session.

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