LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES DE LA SLOVAQUIE
Communiqué de Presse
CD/G/356
LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGÈRES DE LA SLOVAQUIE
19970623 Le Ministre souhaite que la Conférence négocie l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires et se penche sur l'interdiction des minesGENEVE, le 19 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, Mme Zdenka Kramplová. Rappelant que son pays a été admis l'an dernier seulement en tant que membre de la Conférence, elle a estimé que la participation en tant que membre à part entière aux travaux de la Conférence devrait être ouverte à tous les pays qui le souhaitent.
Mme Kramplová a estimé que les travaux de la Conférence du désarmement dans le domaine du désarmement nucléaire doivent désormais porter sur l'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Ce serait une «suite logique» à ce qu'on a accompli jusqu'ici. La Conférence du désarmement doit aussi porter toute son attention aux questions de contrôle des armes classiques, parmi lesquelles les mines terrestres antipersonnel. La Slovaquie encourage les efforts au sein de la Conférence et dans le cadre du processus d'Ottawa selon le principe de la complémentarité.
La Conférence a également entendu le Mexique qui a réitéré son appui au processus d'Ottawa en vue de parvenir cette année à une convention d'interdiction totale des mines terrestres antipersonnel. «La seule solution réelle au problème des mines terrestres antipersonnel est l'interdiction totale de la production et la destruction des stocks», a souligné le représentant mexicain. Le processus d'Ottawa est le plus approprié pour discuter de cette question, qui relève du domaine humanitaire. Les priorités de la Conférence sont la limitation des armes de destruction massive, et, en particulier, des armes nucléaires, ainsi que le contrôle des armes classiques qui menacent la sécurité internationale. Le Mexique ne s'oppose pas à des consultations sur un mécanisme pour examiner la question, mais seulement si de telles négociations concernent la recherche d'un accord sur un mandat pour l'interdiction totale et immédiate des mines terrestres antipersonnel.
L'Italie a pour sa part estimé que la Conférence devrait rechercher le plus petit commun dénominateur pour trouver la meilleure solution pour sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Elle invite tous les Etats à faire des propositions spécifiques et à s'engager dans la négociation d'une question qui «est arrivée à maturité», à savoir l'élaboration d'une convention d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires et d'autres dispositifs explosifs. La mise en place d'une interdiction des mines terrestres antipersonnel constitue un autre projet important de la Conférence du désarmement.
À l'issue de consultations menées avec les coordonnateurs des groupes au cours d'une suspension de séance, la Présidente de la Conférence du désarmement, Mme Absa Claude Diallo, a indiqué que plusieurs délégations dans les différents groupes ont demandé à disposer de temps pour consulter leurs capitales et recevoir des instructions sur un nouveau projet de décision concernant la nomination d'un coordonnateur spécial sur les mines antipersonnel.
L'Australie a indiqué que le projet de décision qu'il avait proposé le 22 mai, tel que révisé, prévoit que, sans préjudice aux efforts en cours pour établir le programme de travail et examiner les autres points de son ordre du jour, et dans le but d'y contribuer, la Conférence du désarmement déciderait de nommer un coordonnateur spécial chargé de mener des consultations sur le mandat le plus approprié pour examiner la question des mines terrestres antipersonnel. Le coordonnateur spécial prendra en compte toutes les vues exprimées par les membres de la Conférence. Aux termes de ce texte, le coordonnateur spécial présenterait un rapport à la Conférence du désarmement. L'Australie souhaite qu'une décision soit prise «à la première occasion». Le Mexique a indiqué qu'il accepterait cette décision dans les termes proposés par l'Australie.
L'Iran ayant demandé si des consultations sur toutes les propositions présentées feraient l'objet de consultations dès à présent, la Présidente a indiqué qu'il n'y avait pas d'accord pour la tenue de consultations à participation non limitée sur tous les projets à l'examen.
Mme Absa Claude Diallo, arrivée au terme de son mandat de quatre semaines en tant que Présidente de la Conférence du désarmement, a souligné la difficulté d'accorder une place égale aux priorités de tous au sein de la Conférence. Ses efforts et ceux des deux précédents Présidents de la Conférence n'ont pas été couronnés de succès. Toutes les tentatives pour ouvrir la voie à une approche équilibrée se sont révélées vaines. Ni les consultations ouvertes à tous, ni les débats n'ont apporté plus de clarté et de transparence et ont même contribué à figer les positions, a estimé la Présidente, qui a regretté la persistance de divergences fondamentales sur les priorités.
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La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu jeudi 26 juin 1997, à 10 heures. La deuxième partie de la session de 1997 de la Conférence du désarmement se termine le 27 juin. La présidence sera assurée par le représentant de la Slovaquie, conformément au principe de la rotation par ordre alphabétique anglais.
Déclaration du Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie
MME ZDENKA KRAMPLOVÁ, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a rappelé que son pays a été admis l'an dernier seulement en tant que membre de la Conférence à l'occasion d'un élargissement de sa composition qui a renforcé sa représentativité, sa légitimité et sa crédibilité dans la situation géopolitique d'aujourd'hui. La Slovaquie estime, à cet égard, que la qualité de membre de la Conférence devrait être ouverte à tous les pays qui le souhaitent.
Mme Kramplová a salué les réalisations et progrès récents dans le domaine du désarmement. Elle a mentionné, en particulier, l'élaboration par la Conférence de la Convention sur les armes chimiques et son entrée en vigueur, indiquant que la Slovaquie est disposée à contribuer à la formation des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Elle s'est également félicitée des progrès réalisés dans la mise en place du mécanisme de vérification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, ainsi que des «déclarations encourageantes» des Présidents des Etats-Unis et de la Fédération de Russie sur la réduction des armes stratégiques de ces deux pays. Ainsi, le climat politique international est favorable et la Conférence doit assumer de nouvelles tâches et trouver des solutions efficaces. Faute de quoi, elle affaiblirait son rôle en tant que mécanisme de contrôle des armements et de désarmement.
À cet égard, la «suite logique» dans les travaux de la Conférence du désarmement dans le domaine du désarmement doit concerner l'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Une telle interdiction, juridiquement contraignante, empêcherait la prolifération illégale d'armes et de matières nucléaires. Pour sa part, la Slovaquie est disposée à commencer immédiatement les négociations sur la question.
La Conférence du désarmement doit aussi porter toute son attention aux questions de contrôle des armes classiques, parmi lesquelles les mines terrestres antipersonnel, un problème à la fois grave et compliqué qui met en jeu des aspects humanitaires et de désarmement. Soulignant que le renforcement du Protocole II de la Convention sur certaines armes classiques ne peut remplir pleinement les attentes de la communauté internationale en
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ce qui concerne les mines terrestres antipersonnel, ni «freiner l'escalade de cette crise humanitaire», le Ministre a observé qu'une solution passe par des décisions et des mesures au niveau national. À cet égard, la Slovaquie ne produit pas de mines terrestres antipersonnel. Certains pays envisagent le problème du point de vue humanitaire, ce qui s'est traduit par la mise en route du «processus d'Ottawa», auquel la Slovaquie participe activement en vue d'une interdiction de la production, du stockage, de l'utilisation et du transfert de ces armes. La question comporte également des aspects qui concernent le désarmement, et c'est pourquoi il paraît logique que la Conférence du désarmement discute de l'interdiction des transferts. La Slovaquie encourage les efforts au sein de la Conférence et dans le cadre du processus d'Ottawa selon le principe de la complémentarité.
Autres déclarations
M. GIUSEPPE BALBONI ACQUA (Italie) a déploré l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement. Il faudrait que la Conférence, tout en respectant les positions nationales de chacun, procède à la comparaison des différentes propositions afin de parvenir au plus petit commun dénominateur pour trouver la meilleure solution. Le fait de lier les questions entre elles et d'imposer des vetos ne peut favoriser des résultats positifs, a estimé le représentant italien. Le dialogue est le meilleur instrument de travail de la Conférence.
M. Balboni Acqua a déclaré que l'Italie compte parmi les Etats qui appuient le processus de désarmement nucléaire en vue de l'élimination totale de ces armes. Elle invite tous les Etats à faire des propositions spécifiques et à s'engager dans des négociations sur une question qui, comme d'autres, «est arrivée à maturité». Il s'agit de la question d'une convention d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires et d'autres dispositifs explosifs. Bien entendu, une telle convention ne serait que la première d'un ensemble de mesures prévues par le document sur les principes et objectifs issus de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire et qui, de l'avis de l'Italie, constitue un plan d'action pour le désarmement nucléaire pour les prochaines années. Ce texte comportait des objectifs prometteurs tels que la consolidation et l'élargissement des zones dénucléarisées, le renforcement des garanties de sécurité négative et positive et le renforcement des garanties de l'AIEA en vue de contrôler les activités nucléaires non déclarées.
La mise en place d'une interdiction des mines terrestres antipersonnel constitue un autre projet important de la Conférence du désarmement, a souligné M. Baldoni Acqua. La décision de l'Italie de renoncer à l'utilisation des mines terrestres antipersonnel témoigne de son engagement à cet égard.
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M. ANTONIO DE ICAZA (Mexique) a rappelé que, la semaine dernière, un groupe de délégations a cherché à imposer une décision sur la question des mines terrestres antipersonnel en vue de créer un mécanisme de négociation alors que les consultations avaient clairement montré l'absence de consensus à ce sujet. L'opposition manifestée par le Mexique à ce projet ne signifie pas que le Mexique s'oppose à l'interdiction des mines terrestres antipersonnel, comme l'ont prétendu certains. Au contraire, le Mexique a maintes fois démontré sa participation active aux efforts visant à éliminer les mines terrestres antipersonnel. Il participe au processus d'Ottawa et l'appuie en vue de parvenir cette année à une convention d'interdiction des mines terrestres antipersonnel. Le Mexique s'associera, lors de la prochaine réunion qui se tiendra à Bruxelles, aux Etats qui s'engagent à cesser d'utiliser ces armes. Le Mexique ne produit ni n'exporte de mines terrestres antipersonnel.
La seule solution réelle au problème des mines terrestres antipersonnel est l'interdiction totale de la production et la destruction des stocks, a souligné le représentant mexicain. Le Mexique n'est pas convaincu que la Conférence du désarmement soit l'instance appropriée pour discuter, dans les plus brefs délais, d'une Convention interdisant la production, le stockage et le transfert des mines terrestres antipersonnel. Il estime que l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination relève des questions humanitaires. Le processus d'Ottawa est le plus approprié pour parvenir aux objectifs visés.
Les priorités de la Conférence sont la limitation des armes de destruction massive, en particulier des armes nucléaires et le contrôle des armes classiques qui menacent la sécurité internationale. Le Mexique ne s'oppose pas à des consultations sur un mécanisme pour examiner la question des mines terrestres antipersonnel, comme l'a proposé récemment le Groupe des 21 dans son projet de décision sur le programme de travail, mais seulement si de telles négociations concernent un accord sur un mandat pour l'interdiction totale et immédiate des mines terrestres antipersonnel.
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