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LE COMITE DE L'INFORMATION SOUHAITE EXAMINER LES RECOMMANDATIONS DE L'EQUIPE CHARGEE DE LA REFORME DU DEPARTEMENT DE L'INFORMATION AVANT LEUR APPLICATION

16 mai 1997


Communiqué de Presse
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LE COMITE DE L'INFORMATION SOUHAITE EXAMINER LES RECOMMANDATIONS DE L'EQUIPE CHARGEE DE LA REFORME DU DEPARTEMENT DE L'INFORMATION AVANT LEUR APPLICATION

19970516 Il consacrera à cet examen une grande partie des travaux du deuxième segment de sa session qui reprendront le 2 septembre

Réuni depuis mardi 13 mai, le Comité a achevé ce matin le débat général de la première partie de sa dix-neuvième session, la deuxième partie devant se tenir du 2 au 8 septembre prochains. Une réunion informelle du Comité se tiendra le 15 août et sera consacrée à l'examen des recommandations de l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies, disponibles au mois de juillet prochain.

Les délégations des pays suivants se sont exprimées dans le cadre du débat général : Chine, Philippines, Bélarus, Guyana, Cuba, Tunisie, République arabe syrienne, Israël, Ghana, Etats-Unis, République islamique d'Iran, Zimbabwe, Nigéria et Irlande, au nom du Groupe des Etats d'Europe occidentale et d'autres Etats.

La réforme du Département de l'information, aussi bien sur la forme que sur le fond, a constitué l'élément central des cinq séances consacrées au débat général. Critiquant le manque de transparence qui, à leurs yeux, a caractérisé jusqu'ici les efforts de réforme des activités et politiques d'information de l'ONU, les délégations ont souligné que le succès de toute mesure de réforme de l'Organisation en général, et du Département de l'information en particulier, exige l'assentiment de tous les Etats Membres et du Comité de l'information, organe intergouvernemental mandaté par l'Assemblée générale pour traiter de toutes questions en la matière. De nombreuses délégations ont insisté pour que le Comité soit régulièrement informé des travaux de l'Equipe spéciale et pour que celle-ci prenne en considération l'avis de tous ses membres et pas seulement d'un groupe restreint d'entre eux.

Certains ont regretté que l'Equipe spéciale ne comprenne qu'un membre du Comité qui du reste a été nommé à titre personnel par le Secrétaire général. Invité à prendre la parole, M. Mark Mallock Brown, Président de l'Equipe spéciale, a assuré que celle-ci est représentative des défis auxquels le

Comité est confronté. Son rôle n'est pas de critiquer mais de comprendre les lacunes pour mieux véhiculer le message de l'Organisation auprès du public, a-t-il précisé. Pour sa part, M. Samir Sanbar, Sous-Secrétaire général à l'information, a souligné dans sa déclaration liminaire que le Département a initié sa réforme depuis 1993 sur la base d'un consensus avec les Etats Membres. Il a mis l'accent sur le fait que la réforme doit être vue comme un mouvement dynamique et que l'information n'est pas seulement un département mais un engagement professionnel.

Les efforts de réforme, ont estimé certains représentants, doivent se traduire en premier lieu par l'intégration de la stratégie d'information des Nations Unies dans la société mondiale de l'information. La diffusion du message des Nations Unies à travers les centres d'information, les médias traditionnels tels que la radio et la télévision, les nouvelles technologies de l'information et la diversité linguistique, contribuent à mieux faire connaître la voix et l'image des Nations Unies. Le processus de réforme ne saurait se limiter à une compression de personnel ou à l'élimination d'activités et de programmes mais il doit viser au contraire la revitalisation des activités d'information.

Par ailleurs, si les délégations ont loué le travail remarquable de l'Organisation en vue de garantir l'accès à l'information de tous les peuples du monde, en application de la résolution intitulée "l'information au service de l'humanité", elles ont dénoncé les déséquilibres technologiques flagrants qui existent entre pays développés et pays en voie de développement. Elles ont plaidé en faveur d'une plus grande coopération technique entre tous les pays.

Le Comité avait élu M. José Alberto de Sousa (Portugal) au poste de Président, MM. Holger Martinsen (Argentine) et Sahman A. Abbasy (Pakistan) ainsi que Mme Maria Laose-Ajayi (Nigéria) aux postes de vice-présidents. M. Alyaksei Skrypko (Bélarus) a été élu au poste de rapporteur.

Le Comité devrait se réunir lundi 19 mai 1997 à 10 heures pour conclure les travaux de la première partie de sa dix-neuvième session.

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Débat général

M. LIU JIEYI (Chine) a déclaré qu'au seuil du 21ème siècle, le développement rapide des technologies a modifié l'évolution de l'environnement mondial. Il a notamment contribuer à accentuer le fossé qui existe entre pays en développement et pays développés. Le contrôle exercé par ces derniers sur les mass média remet en cause les principes sacrés de l'objectivité et de la diversité de l'information. Partant les pays développés ont une responsabilité en matière de transfert des technologies vers les pays en développement pour leur permettre une certaine présence dans le paysage médiatique. Avec l'évolution actuelle, a poursuivi le représentant, les médias jouent un rôle accru dans le développement économique, politique et culturel des sociétés. Il était permis d'espérer que les moyens de communications faciliteraient la coopération entre tous les peuples du monde et qu'ils joueraient un rôle actif dans la promotion de la paix et du développement. Or, en ce qui concerne, en particulier, les relations internationales, l'on constate que les médias sont utilisés pour s'ingérer dans les affaires internes des pays.

Certains essayent d'imposer leurs valeurs aux autres peuples, et ce, au mépris total de la déontologie du journalisme. Certains agissent de manière hostile envers des pays ayant des valeurs différentes en fermant les yeux sur leurs propres problèmes. Ce que le monde vit aujourd'hui, c'est une manifestation de la pensée de la guerre froide sous des formes nouvelles. Abordant la question de la réforme de l'Organisation, le représentant a jugé important d'examiner attentivement les propositions faites par les Etats Membres. Pour ce qui est en particulier de la réforme du Département de l'information, il est nécessaire d'en accroître la transparence et de respecter toutes les vues exprimées par les Etats Membres. L'objectif doit être de renforcer l'ONU et non de l'affaiblir. Le Comité a un rôle important à jouer à cet égard.

Mme MARIA LOURDES LOPEZ (Philippines) s'est félicitée de l'initiative du Secrétaire général de former une Equipe spéciale sur l'avenir de l'information et des communications dans le système des Nations Unies. Elle s'est particulièrement réjouie de la présence dans cette Equipe du représentant du Chili, M. Juan Somavia. La représentante a toutefois fait part de son sentiment que la composition de l'Equipe aurait beaucoup à gagner si elle incluait également le Président du Comité de l'information et davantage de spécialistes des médias du monde en développement. En ce qui concerne la transformation du Département de l'information en un Bureau de communications, la représentante a dit comprendre et appuyer la nécessité de revitaliser les différentes structures des nations Unies en ajoutant cependant que les activités d'information publique ne doivent pas être réduites, en particulier pour ce qui est de celles relatives à des questions essentielles telles que l'assistance humanitaire, la décolonisation, la lutte du peuple palestinien ou encore la situation à Tchernobyl.

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Si l'utilisation maximale de l'informatique peut conduire à la diminution des publications imprimées, a-t-elle poursuivi, il est important que le support papier continue à être utilisé au profit des régions qui ne jouissent pas encore des avantages d'Internet. La représentante a conclu en affirmant qu'étant donné les défis auxquels fait face l'Organisation qui consistent notamment à justifier ses activités auprès d'un public de plus en plus sceptique, l'ONU aurait tout intérêt à intensifier plutôt qu'à réduire ses efforts tendant à diffuser "les bonnes nouvelles" sur son travail et sa vision.

M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus) a estimé que la réforme de l'Organisation dans le domaine de l'information publique est justifiée. Il est évident que les modifications des méthodes de travail des Nations Unies afin d'en renforcer leur efficacité doivent aller de pair avec des efforts d'innovation afin de mettre en valeur la diversité des activités de l'Organisation dans les domaines tels que la promotion de la paix et de la sécurité internationales, la protection des droits de l'homme et le développement socio-économique. Le représentant a appuyé de façon préliminaire les intentions du Secrétaire général des Nations Unies en vue de garantir un lien étroit entre les capacités d'information du Secrétariat et les différents départements de l'Organisation. Il a également appuyé les mesures de décentralisation des ressources à un niveau régional dans la mesure où celles-ci mèneront à un renforcement des centres d'information. Pour ce qui est de l'Equipe spéciale chargée de la réforme du Département, le représentant a souhaité que celle-ci travaille en étroite collaboration avec les Etats Membres et prenne en compte leurs suggestions.

Malgré les réalisations positives du Département de l'information, il est néanmoins urgent d'élaborer un message qui se fonde sur une analyse des activités du Département de l'information, tenant compte à la fois des aspects positifs et négatifs, a précisé le représentant. Il s'est félicité de l'établissement d'une nouvelle coopération entre institutions et départements à travers le Comité commun de l'information et a estimé que l'établissement par ce Comité d'un groupe de travail à composition non limitée et la publication du "Information Bulletin" contribueront à accroître l'efficacité de la coordination des activités des Nations Unies dans le domaine de l'information. L'utilisation accrue des nouvelles technologies de l'information est également un développement positif, a indiqué le représentant. Soulignant l'importance particulière que revêtent la diffusion de l'information pour les pays en transition, le représentant a plaidé en faveur d'une réflexion sur les publications des Nations Unies et la communauté des médias. Le Bélarus, a-t-il précisé, souhaite que le Département de l'information mette davantage en lumière les problèmes économiques qui affectent les pays en transition en publiant plus de publications dans la langue locale par exemple. Dans ce contexte, il a appuyé la publication "Development Business" et a souhaité qu'elle soit placée sur Internet.

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Pour ce qui est des centres d'information, le représentant a reconnu leur importance, en particulier dans les pays en transition. Ces centres en effet représentent bien souvent la seule source d'information crédible sur les activités des Nations Unies. Compte tenu de la masse de travail de ces centres, le représentant a exprimé ses préoccupations quant à la réduction de leurs ressources et la baisse des activités de traduction dans les langues locales. Il a estimé que leur intégration aux bureaux du PNUD doit se faire au cas par cas en consultation avec les pays hôtes. D'autre part, le représentant a souligné l'importance des activités d'information dans le domaine du maintien de la paix, ces activités étant un élément clé dans la réussite des opérations. A cet égard, il a appuyé les activités du Groupe de travail interdépartements qui travaille à l'intégration d'une stratégie de l'information au sein des opérations de maintien de la paix. Abordant la catastrophe de Chernobyl, le représentant a insisté pour que les conséquences de ce drame soient reflétées comme par le passé dans la résolution B relative à la politique d'information publique des Nations Unies.

Mme YUNIY COX (Guyana) a souligné que dans sa quête pour le progrès, le monde en développement a également besoin d'une infrastructure adéquate en termes d'accessibilité à l'information et de disponibilité des moyens de communications. C'est la raison pour laquelle, le rôle des Nations Unies, en ce domaine, devient de plus en plus important. Si l'apport de l'informatique en matière de communications s'est révélé indispensable, il ne faut pas oublier que les pays en développement continuent de dépendre des médias traditionnels comme les journaux ou la radio pour s'informer. A cet égard, les Centres d'information des Nations Unies sont et resteront des sources importantes d'information. Abordant la question de la réforme du Département de l'information, la représentante a jugé important qu'elle vise d'abord à faciliter ses activités et à modeler son mandat de façon à ce qu'il réponde aux besoins de la communauté internationale.

Elle a dit appuyer tous les efforts qui conduiraient à une réforme, à grande échelle, des activités d'information des Nations Unies en soulignant que le processus doit rester ouvert et transparent et favoriser une collaboration avec le Comité de l'information. Elle a jugé compréhensible que la composition de l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies ait suscité des interrogations. Elle a, en conséquence, souligné la nécessité de procéder à des consultations étroites avec l'Equipe pour éviter les conclusions partiales. La représentante a ajouté qu'il ne suffit pas que le Département de l'information s'acquitte de son mandat, de façon mécanique en ajoutant qu'il doit au contraire user de son mandat pour jouer un rôle de premier plan dans la promotion du développement mondial. Dans ses activités d'information, le Département doit cibler l'audience et l'électorat des pays donateurs pour les sensibiliser aux questions de développement et aux préoccupations afférentes.

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M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a regretté que certains contestent le rôle des Nations Unies dans le domaine de l'information et fasse de l'Organisation un otage de leur politique, en cessant de payer leurs contributions financières. Rien n'a été fait, a poursuivi le représentant, pour satisfaire aux exigences des pays en développement en ce qui concerne la mise en place d'un nouvel ordre de l'information. Cette constatation a d'ailleurs été faite l'année dernière, à Abuja, par les Ministres de l'information du Mouvement des pays non alignés. Le nouvel ordre mondial n'est pas un simple slogan mais un besoin de l'humanité et un objectif des Nations Unies. Il est vrai en effet que, pour un pays, le développement dépend en grande partie d'une bonne infrastructure d'information permettant de faire valoir sa culture et ses points de vue éthiques. Nombre de pays se voient aujourd'hui inondés par un raz-de-marée en provenance de ceux qui ont la maîtrise de la technologie de l'information et subissent ainsi une véritable colonisation culturelle. L'Internet et le disque optique sont les outils de l'avenir et aucun pays ne doit en être privé. Il est donc urgent que le transfert des technologies ait effectivement lieu afin d'assurer un flux d'information plus juste et plus équilibré. Poursuivant, le représentant a dénoncé une nouvelle fois l'agression radiophonique et télévisée dont son pays fait l'objet. Plus de 1400 heures d'émission sont diffusées toutes les semaines depuis le territoire des Etats-Unis.

De telles transmissions déforment la réalité et encouragent des actions subversives, illégales et violentes. Cuba a fini par faire obstacle à ces émissions et les Etats-Unis, ayant échoué dans leur entreprise de déstabilisation, ont décidé d'émettre à haute fréquence dès la fin du mois de juillet et d'adopter d'autres mesures techniques pour émettre à Cuba. Le directeur de l'Office de transmission des Etats-Unis a lui-même établi les objectifs déstabilisateurs et subversifs de la radio-télévision dite "Martie", prouvant ainsi la subordination de cette radio aux groupes terroristes situés en Floride. Face à cette situation absurde, Cuba estime que c'est ceux qui soutiennent de telles actions qui auront à faire face aux conséquences qu'elles ne manqueront pas d'avoir. Abordant la question de la réforme du Département de l'information, le représentant a mis en garde contre toute initiative qui consisterait à le réduire en une simple macro-agence de presse, sapant ainsi les fondements de son mandat. Cuba espère que les recommandations de l'Equipe spéciale n'entraîneront pas une réduction des programmes dont les pays en développement ont besoin. Cuba souligne, à cet égard, que toute proposition de réforme devra être examinée par l'organe intergouvernemental compétent, à savoir le Comité de l'information, et approuvée par l'Assemblée générale.

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M. SLAHEDDINE ABDELLAH (Tunisie) a estimé que la décision du Secrétaire général de créer une Equipe spéciale chargée de réfléchir à la réforme du Département de l'information témoigne de sa volonté d'aller de l'avant dans la réforme et de perfectionner les méthodes de travail de l'Organisation. Il a toutefois souhaité que cette équipe comprenne au moins des experts du Département de l'information et associe le Président du Comité de l'information. Il est essentiel de mettre à contribution les Etats Membres dans tout plan de réforme et de porter à leur connaissance en temps opportun, les mesures envisagées, a-t-il ajouté en faisant référence aux conséquences désastreuses du plan de réforme qui avait été lancé il y a dix ans sans consultation des Etats Membres. Il est indispensable de continuer à mettre en oeuvre les programmes déjà décidés par les Etats Membres tels que ceux relatifs à la Palestine, au développement et à la décolonisation. Les restrictions budgétaires ne doivent en aucune manière affecter ces programmes, a-t-il précisé.

Au yeux du Représentant, la coopération internationale dans le domaine de l'information mérite une approche novatrice. Ce domaine englobe désormais, non seulement les vecteurs d'information traditionnels mais également l'Internet, qui constitue l'une des innovations de notre temps les plus remarquables. Il est donc nécessaire d'adapter notre approche de l'information aux données nouvelles en la matière. Dans cette perspective, il est indispensable d'orienter nos efforts vers une coopération internationale concertée et effective et notamment avec les pays en développement dont les besoins dans ce domaine doivent être pris en considération. Il s'est félicité de la tenue au Canada le mois prochain sur initiative de la Banque mondiale d'une conférence sur le savoir mondial. En outre, le représentant a regretté le manque de ressources allouées aux centres d'information. Ces restrictions budgétaires ne font qu'entraver leur tâche, a-t-il estimé. Tout en appuyant les recommandations du Secrétaire général, il s'est néanmoins opposé à ce que ces centres reçoivent des fonds extérieurs de sources diverses, arguant du fait que cela risque de créer une situation de dépendance. L'octroi de ces fonds en effet demeurant tributaire de la volonté des donateurs.

M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a appuyé la déclaration de la déléguée de la Tanzanie et a réitéré l'appui de son pays au mouvement de réforme à condition que ce mouvement associe des membres et experts du Secrétariat et des Etats Membres. Il a exprimé néanmoins sa préoccupation quant à la transformation d'un grand Département de l'information qui, a-t-il rappelé, avait été créé en 1956. L'intention est de le transformer maintenant en un Bureau des communications et nous comprenons tous la portée du mot Bureau. Il s'agit ni plus ni moins d'un formatage à la baisse du Département. On a souvent qualifié l'information de Quatrième pouvoir ou même de seizième membre du Conseil de sécurité. L'information est une mission sacrée de mise en exergue du droit international et de respect de la Charte des Nations Unies mais il est nécessaire de discuter de son positionnement.

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Ainsi, si le mandat du Département a changé de nature, il appartient alors à l'Assemblée générale de se prononcer, a estimé le représentant. Pour ce qui est de l'intégration des centres d'information, le représentant a appuyé cette tendance qui vise à conforter leurs activités d'information. Il a néanmoins mis en garde contre les doubles emplois et a souhaité que l'on donne une impulsion nouvelle aux programmes en direction des pays arabes. La pierre angulaire du Département de l'information, a-t-il précisé, ne consiste pas seulement à fournir des services mais à mettre en place une véritable stratégie de l'information. Se félicitant de la révolution des technologies de l'information, il a souhaité que celle-ci touche de ses bienfaits les services d'information des Nations Unies et permette de redorer l'image de l'Organisation.

Malheureusement, il existe toujours une dichotomie entre les pays en voie de développement et les pays développés qui justifie encore l'utilisation de vecteurs traditionnels de l'information et surtout la coopération technique internationale. D'autre part, a-t-il expliqué, la liberté de la presse est une cause sacrée mais le libre flux d'information doit se baser sur la souveraineté des Etats et éviter toute ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Le respect des cultures et coutumes des peuples est également nécessaire quand l'on s'adresse à l'opinion mondiale. Enfin, le représentant a estimé que la crise financière des Nations Unies ne doit pas servir d'alibi à la réduction des programmes d'information.

Mme LEEORA KIDRON (Israël) a estimé qu'il était de la plus grande importance de tenir compte de la révolution des technologies de l'information dans les efforts de réforme du Département de l'information et s'est félicitée de leur intégration dans les activités du Département. Ces avancées technologiques ont contribué à réduire de façon importante les coûts de fonctionnement et à mieux véhiculer le message des Nations Unies, a-t-elle noté. Par ailleurs, l'initiative du Secrétaire général qui a donné lieu à la création d'une Equipe spéciale chargée de réfléchir à la réforme du Département est la bienvenue, a-t-elle indiqué tout en souhaitant être associée aux travaux de cette équipe. Elle a souligné l'importance pour le Comité d'être en mesure de discuter des propositions de l'Equipe lors de la reprise de session du Comité en septembre. Elle a souhaité, en outre, joindre sa voix à ceux qui ont plaidé en faveur d'une revitalisation des centres d'information et a souligné le rôle indispensable que joue le Département dans la diffusion de l'information dans des domaines tels que le maintien de la paix ou le développement. Citant la commémoration récente de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la représentante a estimé qu'une presse libre et indépendante est un des éléments nécessaires au développement socio-économique.

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M. YAKUBU ABDULAI (Ghana), appelant à une collaboration étroite entre le Comité de l'information et l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies, a souligné que l'accord et l'appui des Etats Membres aux mesures de réforme constituent une condition préalable à leur succès au sein des Nations Unies. Le représentant a espéré, en conséquence, que l'Equipe spéciale gardera à l'esprit le caractère intergouvernemental de l'Organisation et la grande importance qu'attache la majorité écrasante des Etats, en particulier des pays en développement, aux activités d'information des Nations Unies. Ces pays, a souligné le représentant, s'opposeront à toute tentative de privatiser les activités de l'Organisation. Le nouvel instrument d'information devra, en tout état de cause, être capable de réaliser sans équivoques le souhait de la communauté internationale de voir l'émergence d'un nouvel ordre mondial de l'information plus juste et plus efficace qui peut contribuer, de manière considérable, au renforcement de la paix et de la sécurité internationales, et à une meilleure compréhension entre les peuples fondée sur un flux libre et équilibre d'informations.

Ce nouvel instrument devra également être capable d'agir en faveur du renforcement de la coopération internationale en matière de technologie de l'information pour améliorer, par le biais de communications modernes, les relations entre les peuples du Nord et du Sud qui agiront en partenaires afin de poursuivre leur quête des solutions aux problèmes communs de l'humanité. En créant ce nouvel instrument d'information, il faudra reconnaître la nécessité de concilier sa taille et sa structure avec son mandat qui doit être mise en oeuvre de manière rentable. La réforme ne doit pas se limiter à des coupes budgétaires, en réponse aux contraintes financières imposées de l'extérieur. Elle doit viser à une plus grande efficacité des activités pour produire "plus avec moins" comme l'ont souligné d'autres délégations.

M. WALTER DOUGLAS (Etats-Unis) a déclaré que l'Equipe spéciale chargée de la réorientation des activités d'information des Nations Unies devrait accepter comme principe directeur que la fonction essentielle du Département de l'information est la diffusion d'information sur les Nations Unies. Le Département n'a pas pour tâche de prendre parti dans un débat mais d'aider le monde à comprendre ce débat et ses conclusions. Le représentant s'est, par ailleurs, dit impressionné par la réforme initiée au sein de la Bibliothèque Dag Hammarskjöld. Il a qualifié de spectaculaires le site sur le World Wide Web et la mise en oeuvre du CyberSchoolBus et il a félicité la Directrice de la Bibliothèque et son personnel pour leurs efforts remarquables.

Parlant des centres d'information, le représentant a souligné les différences qui existent entre les rôles qu'ils jouent dans leur pays ou région, selon la qualité des infrastructures des communications, le degré de liberté dont jouit la presse, les compétences de chaque directeur de centre et d'autres facteurs encore. Les demandes en information des pays développés

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et des pays en développement étant différentes, une étude des Centres devrait en tenir compte. Il serait peut être utile que l'Equipe spéciale étudie cinq à six centres d'information spécifiques pour en déterminer les réalisations et les lacunes. L'Equipe spéciale devrait en outre suggérer de nouvelles idées sur la manière de réformer cette section qui est la plus large du Département de l'information.

Enfin, le représentant a abordé la question des mandats non financés en y réclamant plus de transparence. Ces mandats, provenant d'autres départements, entraînent des dépenses énormes pour le Département. Un processus doit être mis en route, comme instrument de gestion, pour permettre de comprendre leurs coûts et décider de la priorité à accorder à chacun d'eux. L'année dernière, la décision regrettable prise en Assemblée générale de ne pas réformer le processus des mandats non financés était allée non seulement à l'encontre de la détermination affirmée par les Membres du Comité de la transparence et de la lutte contre les dépenses inutiles, mais également à l'encontre de la tradition du Comité d'adopter toutes les décisions par consensus.

M. JALAL SAMADI (République islamique d'Iran) a indiqué le soutien de son pays à la déclaration faite par la représentante de la Tanzanie qui a souligné qu'un certain nombre d'activités modifiant le rôle et les activités du Département de l'information ont été lancées sans la consultation adéquate des membres du Comité de l'information. Il a rappelé par ailleurs que l'établissement d'une Equipe spéciale sur la réorientation des activités du Département avait suscité de nombreuses préoccupations de la part des membres de ce Comité. Il a regretté qu'aucun membre du Comité ne soit associé à cette Equipe et a fait part de sa préoccupation quant à la façon dont les conclusions de ses travaux affecteront les programmes du Département. Il a suggéré que les conclusions du l'Equipe fassent l'objet de discussions au sein de ce Comité. Il a en outre formé l'espoir que la réorientation des activités du Département n'entraînera pas la réduction de ses activités, en particulier dans des domaines qui intéressent les pays en développement, et ne contribuera pas à creuser le fossé qui existe entre pays développés et pays en développement dans le domaine vital de l'information.

Dans ce contexte, le représentant a plaidé en faveur de l'établissement d'un monde de l'information plus juste et équilibré et estimé qu'un code de conduite devrait être instauré afin de maîtriser les flux d'information, en particulier pour ce qui est de la transmission par satellite et de l'Internet. Les Nations Unies et notamment le Comité de l'information doivent amorcer des délibérations sur la façon de nettoyer le "cyberspace" et la diffusion par satellite de la violence et de la pornographie. Les Nations Unies doivent également faire passer le message selon lequel l'accès à l'information ne doit pas servir d'excuse aux médias qui dominent le monde pour dénigrer la valeurs culturelles et morales des nations.

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M. MACHIVENYIKA TOBIAS MAPURANGA (Zimbabwe) a souligné que les trois quarts de l'humanité restent privés des avantages des progrès en matière d'information et de communications. Ce déséquilibre continue d'avoir une incidence très négative sur les efforts visant au progrès social et économique et sur ceux visant à préserver l'identité culturelle des pays. L'instauration sans délai d'un ordre de l'information et des communications plus juste est donc de la plus haute importance. Avec l'avènement des autoroutes de l'information, le Département doit relever le défi qui consiste à aider les pays en développement à améliorer leur infrastructure, a déclaré le représentant. Abordant la question du processus de réforme en cours au sein des Nations Unies, il a souligné que la mission de tous les Départements est de servir les intérêts des Etats Membres, intérêts que le processus de réforme doit dûment prendre en compte. Toute mesure visant à rationaliser le Département de l'information doit donc se faire avec l'accord des Etats Membres.

En ce qui concerne les centres d'information, le représentant a affirmé qu'ils constituent une source indispensable de connaissances pour l'opinion publique et les universités dans les pays en développement. Il convient donc de mettre à leur disposition des moyens de communications avancés. Le Zimbabwe continue, par ailleurs, de s'interroger sur le processus de l'intégration des centres aux bureaux extérieurs du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Sachant que le Programme pour le PNUD finance ses activités d'information par des fonds extra-budgétaires, le Zimbabwe souhaiterait savoir si l'Organisation prévoit un transfert de ses propres fonds vers le PNUD et, dans ce cas, quel rôle les Etats Membres auront à jouer. Donner ainsi au PNUD la responsabilité d'un mandat d'information conduira inévitablement à une modification des accords bilatéraux avec les pays notamment en ce qui concerne le partage des coûts, a souligné le représentant. Il s'est en outre demandé à qui les centres d'information devaient désormais présenter leur rapport, au Secrétaire général ou à l'Administrateur du PNUD.

Mme O. LAOSE (Nigéria), citant la Cinquième Conférence des Ministres de l'information et de la Communication qui s'est tenue à Abuja (Nigéria), en septembre 1996, a indiqué que les participants ont pris note avec préoccupation du déséquilibre qui perdure dans le domaine de la communication et de l'information. Les rapides modifications des technologies de l'information ont en effet creusé les inégalités entre pays riches et pays pauvres. Les Ministres de l'information ont ainsi reconnu l'importance des investissements dans ce domaine afin de garantir le bien-être de tous. D'autre part, ils ont souhaité la promotion du concept de société mondiale de l'information au sein des Nations Unies et à l'UNESCO, entre autres.

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Evoquant la Journée mondiale de la liberté de la presse, la représentante a rendu hommage aux journalistes et en particulier à ceux qui ont risqué leur vie dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions. La liberté d'expression et le droit à l'information font partie des droits de l'homme que le Nigéria chérit. La liberté de la presse est d'ailleurs un droit reconnu au Nigéria où les titres de presse et les chaînes de télévision prolifèrent. Dans ce contexte, a-t-elle ajouté, le Nigéria attache la plus grande importance à l'intégrité professionnelle et en particulier quant il s'agit de reportages sur les pays en voie de développement réalisé par les médias des pays développés. Les Ministres réunis au Nigéria ont noté que les pays développés utilisaient leurs médias pour diffuser une image déformée des événements qui se déroulent dans les pays en voie de développement. Ces méthodes ne font que noircir l'image des pays les plus pauvres, a regretté la représentante.

Abordant la proposition du Secrétaire général de transformer le Département de l'information en un Bureau des communications et des services pour les médias, elle a estimé que les nouvelles orientations qui seront données au Département doivent répondre aux attentes des peuples des pays en voie de développement auprès desquels les Nations Unies jouissent d'une image positive. D'autre part, elle a estimé que la scission de la session du Comité en deux segments donnera l'opportunité au Comité de mener des consultations avec l'Equipe spéciale chargée de la réforme. Le Comité de l'information aura ainsi l'occasion de formuler son avis quant aux recommandations que présentera l'Equipe spéciale.

M. NIALL HOLOHAN (Irlande), au nom du Groupe des Etats d'Europe occidentale et de l'Autriche, de l'Australie, du Canada, du Luxembourg et de la Suède, rappelant la récente célébration de la Journée mondiale pour la liberté de la presse, a souligné que cet événement avait clairement prouvé, si c'était nécessaire, que la liberté de l'information est un élément essentiel de la promotion et de la préservation de la démocratie partout dans le monde. Il a déclaré qu'il est reconnu par tous que la structure de coopération qui existe entre les pays développés et les pays en développement représente la principale caractéristique des Nations Unies modernes. Le représentant a souligné la nécessité pour tous les Etats Membres de fournir un accès libre à l'information vers et entre toutes les parties du globe. Dans cet esprit, le consensus qui prévaut sur la liberté de la presse, démontré par le Comité de l'information au cours de ces récentes années, est un sujet de grande satisfaction pour le Groupe des Etats d'Europe occidentale.

Parlant de la composante information dans les opérations de maintien de la paix, le représentant a regretté que le rôle de l'information dans ce cadre et dans d'autres activités des Nations Unies soit souvent sous-estimé. Le succès des opérations de maintien de la paix qui a été associés à la radio aux autres médias de communications qui ont opéré en Angola ou au Cambodge

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contribue à démontrer les avantages considérables qui peuvent découler d'une diffusion bien orchestrée de l'information. Toutefois, force est d'admettre que la technologie des médias de masse peut aisément être exploité à des fins diaboliques comme l'a montré la Radio des Mille Collines au Rwanda.

En ce qui concerne la réforme des activités d'information des Nations Unies, le représentant s'est félicité des consultations qui ont eu lieu entre l'Equipe spéciale chargée de la réforme et certains des Etats Membres. A cet égard, il a mentionné un certain nombre de suggestions du Groupe des Etats d'Europe occidentale.

Selon le Groupe, la diffusion d'un flux d'informations justes et mises à jour, tenant compte de la diversité linguistique de l'Organisation, doit demeurer la fonction essentielle du Département de l'information. La diffusion d'informations pertinentes sur les Nations Unies et leurs programmes doivent continuer à être une des activités principales du Département, en particulier dans les pays en développement où les autres sources d'information peuvent être déficientes. Les mesures de réformes doivent d'abord viser d'abord à la création d'un Département plus efficace, plus productif et ingénieux plutôt qu'à une compression du personnel ou à un découpage d'activités ou de programmes utiles à des seules fins d'économie. Un accès accru de la presse à des sources d'information fiables au sein du Secrétariat doit être encouragé. Le Bureau du porte parole doit pouvoir exprimer sans équivoques la position du Secrétaire général quand les circonstances l'exigent et être en position d'anticiper et de donner des informations satisfaisant la demande des médias. Le Bureau doit demeurer au sein du Département pour pouvoir fournir directement aux médias d'autres formes de matériels factuels. Le rôle des centres d'informations des Nations Unies doit davantage se concentrer sur les questions pertinentes au regard des pays dans lesquels ils se trouvent; les Centres doivent disposer de ressources suffisantes pour entreprendre leurs tâches et doivent être intégrés, quand cela s'avère approprié, aux autres bureaux des Nations Unies sur le terrain. A cet égard, il est regrettable que le dernier rapport pertinent du Département de l'information ne fournisse pas une analyse adéquate de la question. Le Groupe estime en outre que le rapport du Département sur la Bibliothèque Dag Hammarskjöld contient des propositions utiles qui doivent être mises en oeuvre dans les plus brefs délais. Enfin, selon le Groupe, l'utilisation de la technologie moderne doit continuer à être promue.

Le représentant a conclu en se félicitant des activités du Département au cours de cette année, notamment de la publication à temps et dans les deux langues de travail, des communiqués de presse qui répondent effectivement aux besoins des délégations et des médias. Il a ajouté que les réunions qui se sont tenues récemment entre le Sous-Secrétaire général à l'information et les membres du Bureau élargi du Comité constituent un excellent moyen d'évaluer constamment les objectifs du Département et de garantir que les ressources humaines et budgétaires sont utilisés à bon escient.

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- 14- PI/1010 16 mai 1997

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