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CNUCED/G/206

REGAIN DE VITALITE DES INVESTISSEMENTS EN AFRIQUE

6 mai 1997


Communiqué de Presse
CNUCED/G/206


REGAIN DE VITALITE DES INVESTISSEMENTS EN AFRIQUE

19970506 Genève, 6 mai - Traditionnellement concentré dans le secteur des matières premières, l'investissement étranger direct (IED) en Afrique va désormais vers l'industrie des services, notamment dans les secteurs financiers et les assurances, ainsi que dans le secteur manufacturier. C’est ce que montre le World Investment Directory on Africa (462 pages) que publie aujourd’hui la CNUCED.

Parallèlement, la libéralisation des régimes d’investissement et celle des régimes commerciaux génèrent un nouveau phénomène : l'émergence de sociétés transnationales (STN) africaines. Ces STN sont notamment établies en Afrique du Sud, au Maroc et en Zambie.

Le World Investment Directory on Africa est la source de données la plus complète et la plus fiable sur les tendances et les statistiques en matière d’investissement. Il analyse la situation de 53 pays africains sur la base des données disponibles à la fin mars 1996.

Bien que modestes en chiffres absolus (4,5 milliards de dollars en 1996), les mouvements d'IED en Afrique entrent pour une part importante dans la formation de capital brut et dans le PIB. L'IED compte pour 4,8 pour cent dans de la formation du capital -- approchant les niveaux enregistrés en Asie et en Europe occidentale -- et pour 10 pour cent du PIB contre 13 pour cent dans d'autres parties du monde.

Dans les petites économies, telles que la Guinée Equatoriale, la Namibie, la Gambie et le Swaziland (voir annexe 1), l'IED prend une importance accrue. Dans sept pays africains, la part de l'IED dans la formation de capital est plus élevée qu'au Royaume-Uni, dans huit de ces pays, elle dépasse le volume enregistré en France.

Il est cependant préoccupant de constater que, comparé à d'autres parties du monde, le volume global d’IED en Afrique reste faible. Entre 1991 et 1995, ce continent n’a n’attiré que 5 pour cent de l'IED des pays en développement et 2 pour cent des flux mondiaux. De plus, l'IED en Afrique reste concentré dans quelques pays. Durant la première moitié des années 1990, l'Egypte et le Nigéria ont absorbé la moitié de l'IED en Afrique (voir annexe 2). Au cours de la même période, le Maroc s’est hissé au troisième

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rang des pays bénéficiaires avec un volume d’investissement de 0,5 milliard de dollars en moyenne par an.

Quant à la situation des pays les moins avancés (PMA) d'Afrique, elle s'est considérablement dégradée au cours des deux dernières décennies. Ces pays ont reçu moins d'un cinquième de l’ensemble des investissements en Afrique ; les deux tiers de ce montant ont été alloués à l'Angola - dans l'industrie pétrolière - et au Libéria - dans les transports maritimes.

Les investisseurs d'Europe occidentale restent les principaux pourvoyeurs d'IED en Afrique. A titre d’exemple, les industries françaises et britanniques assurent plus des quatre cinquièmes de l’encours des investissements de l'Europe occidentale en Afrique. Près de 20 pour cent des apports des pays développés sont le fait des Etats-Unis; quant aux investissements, très modestes, du Japon, ils se concentrent sur le Libéria.

De nouveaux investisseurs dans de nouveaux secteurs

Il est à noter que les pays du Sud-Est asiatique commencent à s’intéresser à ce continent, surtout à l’Afrique du Sud. En 1996, l'entreprise publique malaysienne, Petronas, a annoncé son intention de prendre, pour 436 millions de dollars, le contrôle d'Engen, une importante raffinerie pétrolière sud-africaine, alors que "Telekom Malaysia" a formé un groupe avec SBC International (Etats-Unis) qui a acquis 30 pour cent du capital de la société privatisée sud-africaine Telekom. En 1995, la Malaisie a fourni près de la moitié du total des investissements en Afrique du Sud. Les investisseurs asiatiques ont également manifesté leur intérêt pour les pays voisins de l'Afrique du Sud (par exemple, le Botswana), où ils peuvent produire à faible coût et exporter en Afrique du Sud.

A l'exception de quelques pays, qui sont d’importants récipiendaires, comme le Botswana pour les diamants et le Zimbabwe pour le tabac, l'IED en Afrique n'est plus concentré dans le secteur primaire. La répartition sectorielle de l’encours de l'IED dans certains pays africains montre que, pour quelques uns des plus grands bénéficiaires (comme l’Egypte et l’Afrique du Sud), le secteur des services suivi du secteur manufacturier, absorbe désormais la majeure partie de l'IED (voir annexe 3).

Les entreprises africaines investissent à l’étranger

Le plus intéressant c’est peut être de voir des entreprises africaines devenir des transnationales en investissant à l'étranger (voir annexe 4). Bien que les transnationales africaines restent relativement peu nombreuses et de

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taille modeste (avec un IED de 25 milliards de dollars en 1994), cela prouve que certaines entreprises africaines peuvent être compétitives sur le plan international, non seulement au niveau des échanges mais également à celui de la production sur les marchés étrangers. A cet égard, les entreprises sud africaines font figure de chef de file, suivies par celles du Nigéria. Dans les années 1990, ces deux pays ont fourni les deux tiers de l'IED en provenance de la région.

Dans un premier temps, l'expansion s'est faite dans les pays voisins ayant atteint un niveau de développement comparable. Toutefois, la structure sectorielle des IED des entreprises africaines est disparate. Elle comprend le commerce de détail, la banque, la brasserie, la télévision par satellite et le tourisme. On citera notamment les investissements des Brasseries sud africaines au Botswana, au Lesotho, au Swaziland, en République-Unie de Tanzanie et en Zambie, ainsi que les investissements de Pepko, le plus grand détaillant sud africain, en Zambie et au Mozambique. Il y a aussi des investissements intrarégionaux, encouragés et facilités par plusieurs accords économiques, entre les pays d'Afrique du Nord, principalement (en 1989) entre l'Algérie, la Jamahiriya Arabe Libyenne, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie.

Les entreprises suivantes sont des transnationales africaines: Anglo Américain Industrial Corp. Ltd. (Afrique du Sud) qui est la plus importante de la région; Barlow Rand Ltd., un conglomérat implanté en Afrique du Sud; les Conserveries chérifiennes, une transnationale alimentaire au Maroc; et la Consolidated Copper Mines Limited de Zambie (voir annexe 5).

La libéralisation stimule les investissements

Au cours de la dernière décennie, les pays africains ont opté en faveur de mesures favorables à l'investissement. Les pays d’ordinaire assez ouverts à l'IED, tels que le Kenya et le Zimbabwe, ont continué à libéraliser leurs cadres réglementaires pour attirer de nouveaux investissements. Au cours des années 90, même les pays opposés à l'IED, comme l'Ethiopie, la Guinée et le Mozambique, ont adopté une nouvelle législation prévoyant un large éventail de garanties et de possibilités pour les investisseurs étrangers.

En outre, un nombre croissant de pays concluent des accords d'investissements bilatéraux, un préalable nécessaire pour de nouveaux IED. Jusqu’en juin 1996, environ 260 accords de ce type avaient été signés par des pays africains (voir annexe 6). Aujourd'hui, le nombre d’accords signés sur le continent africain représente un cinquième du total mondial.

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Le World Investment Directory on Africa, le cinquième volume d'une série de six, présente des données sur les entrées et les sorties de capitaux, sur l’encours de l’IED et sur son importance pour les pays africains, des données sur les activités des filiales étrangères implantées en Afrique et des données financières de base sur les principales transnationales africaines ou implantées en Afrique, ainsi que sur le cadre réglementaire applicable aux transnationales. Ces données, présentées pour chaque pays, sont précédées d'une analyse du cadre réglementaire et des tendances de l'IED en Afrique, ainsi que d'une introduction technique.

Ce volume fait partie de la documentation sur laquelle s’appuiera le colloque régional pour l'Afrique que la CNUCED organise à Fès (Maroc) les 19 et 20 juin, et qui s’intitule: Arrangements en matière d'investissements internationaux : la dimension du développement.

Le dernier volume de cette série qui sera consacré à l'Asie occidentale paraîtra sous peu.

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