SG/SM/6229

IL N'Y A PAS DE SOCIETE DEMOCRATIQUE SANS UNE PRESSE LIBRE ET PLURALISTE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL LORS DE LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE

2 mai 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6229


IL N'Y A PAS DE SOCIETE DEMOCRATIQUE SANS UNE PRESSE LIBRE ET PLURALISTE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL LORS DE LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE

19970502 Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan a fait la déclaration suivante lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce 2 mai au Siège à New York :

La Journée mondiale de la liberté de la presse est à la fois une célébration, la réaffirmation d'un principe et une commémoration solennelle. En cette journée, instaurée voilà quatre ans sur décision de l'Assemblée générale, nous célébrons le droit des peuples du monde à la liberté d'opinion et d'expression.

Nous réaffirmons qu'il ne peut y avoir de société démocratique sans une presse libre, indépendante et pluraliste. Nous rendons honneur au courage et au sacrifice d'hommes et de femmes pour lesquels, le droit de rechercher, de recevoir et de diffuser des informations et des idées par le biais d'un média quel qu'il soit et par delà les frontières, est plus qu'une profession. C'est un appel, une mission, un impératif sacré.

Bien que l'Assemblée générale ait réaffirmé le principe de la liberté de la presse dès les premiers temps de la création des Nations Unies, c'est en 1993, lors d'un séminaire historique tenu à Santiago du Chili, qu'est née l'idée d'une journée annuelle de commémoration. Cette rencontre était le troisième des quatre séminaires-événements sur la liberté de la presse, organisés conjointement par le Département de l'information des Nations Unies (DPI) et l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Le premier de ces séminaires a eu lieu en Namibie, le second au Kazakhstan et le quatrième au Yémen. Chacun a attiré l'attention sur les moyens d'améliorer la qualité du journalisme et sur la manière de promouvoir le pluralisme et l'indépendance de tous les médias d'information.

Alors que nous sommes rassemblés ici aujourd'hui, près de cinquante années après la proclamation à l'Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme du droit à l'information, par l'Assemblée générale, les nouvelles et l'information doivent traverser de moins en moins de frontières pour parvenir à un public impatient. L'incroyable révolution

des techniques de communication, allant des satellites au courrier électronique en passant par le "World Wide Web" sur l'Internet, a rendu de plus en plus difficile toute limitation du libre flux d'information relatif aux violations des droits de l'homme, à l'injustice sociale et à toutes les formes de discrimination.

La révolution des communications s'est faite à la suite d'un grand investissement de ressources dans les pays industrialisés. Cette révolution a, en fait, élargi le fossé entre les pays développés et en développement. La communauté internationale devrait répondre à cette situation en offrant aux pays en développement un soutien réel, notamment par des formations et une assistance technique, afin que ceux-ci puissent également profiter des avantages des nouvelles technologies.

De leur côté, les pays en développement devraient s'efforcer de renforcer leurs organes d'information nationaux. Cela commence avec l'engagement total des gouvernements en faveur du principe fondamental de la liberté de presse. Cela dépend ensuite à la fois de l'acquisition de nouvelles technologies et de la confiance du public dans la crédibilité des médias locaux. La capacité des rédacteurs en chef, des journalistes de la radio, de la télévision, ou de la presse écrite à exprimer librement leurs opinions est la clé d'une telle crédibilité. En vérité, la liberté de la presse est la clé à la mise en place de médias forts aussi bien dans les pays en développement que dans les pays développés.

La liberté d'expression dans les médias comporte également des risques pour la sécurité personnelle du journaliste. Une étude annuelle qui fait autorité indique qu'au cours de l'année dernière, un nombre record de journalistes -- à savoir 185 -- ont été emprisonnés dans vingt-quatre pays. Vingt-six ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions -- l'aspect le plus sanglant d'un total de presque 1000 épisodes documentés de censure, de harcèlement juridique et d'agression physique à l'encontre des journalistes dans le monde en 1996.

"Une presse libre", a écrit Camus "peut évidemment être bonne ou mauvaise. Mais il est certain que sans liberté il ne peut rien y avoir de bon". Les atteintes à la liberté de la presse, sans aucun doute, affaiblissent les objectifs de la Charte des Nations Unies et notamment le développement et le maintien de la démocratie.

A moins qu'une presse vigilante ne soit libre d'éclairer les questions qui affectent le bien-être de chaque société, les problèmes mondiaux pour lesquels les Nations Unies représentent le principal forum d'examen -- la pauvreté, la détérioration de l'environnement, les violations des droits de l'homme, le terrorisme, le trafic des armes et des stupéfiants, la

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démarginalisation des femmes, et le bien-être des enfants du monde -- seront extrêmement plus difficile à régler. Sans une diffusion d'information libre et sans entrave, les aspirations de tous les peuples au progrès social et à l'amélioration du niveau de vie dans une plus grande liberté ne seront pas réalisées.

Il y a plus de deux siècles, Thomas Jefferson avait déclaré qu'il n'y avait pas d'alternative à la liberté de la presse. A ce jour, son opinion demeure valable. "Notre gouvernement est fondé sur l'opinion de notre peuple" a-t-il écrit en 1787, "le tout premier objectif devrait viser à maintenir ce droit, et si on me demandait de décider si nous devons avoir un gouvernement sans journaux ou des journaux sans gouvernement, je n'hésiterais pas un moment à choisir la deuxième option."

Rendons hommage aujourd'hui à ceux dont les sacrifices et les efforts inlassables ont fait d'une presse libre un engagement international. Engageons-nous une nouvelle fois à consolider les progrès réalisés et à faire face aux défis inévitables de l'avenir avec une ferme détermination.

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