En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6205

TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DONNÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, À L'OFFICE DES NATIONS UNIES À GENÈVE

15 avril 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6205


TRANSCRIPTION DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DONNÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL, M. KOFI ANNAN, À L'OFFICE DES NATIONS UNIES À GENÈVE

19970415 On trouvera ci_après la transcription d'une conférence de presse donnée par le Secrétaire général M. Kofi Annan, à l'Office des Nations Unies à Genève le 11 avril 1997.

Fred Eckhard, Porte_parole du Secrétaire général : Il est déjà 12 h 50 et nous ne pourrons peut_être pas dépasser 30 minutes. Ce sera sans doute un peu moins, aussi je vous prierai d'être brefs dans vos questions à la suite des observations liminaires du Secrétaire général.

Le SECRETAIRE GENERAL : Permettez_moi tout d'abord de vous présenter mes excuses pour vous avoir fait attendre, mais j'étais retenu ailleurs; je présidais une réunion et ne pouvais pas quitter celle_ci. Je suis très heureux de me retrouver ici avec vous ce matin. Il s'est passé beaucoup de choses au cours des trois derniers mois et vous avez sans doute eu l'occasion d'examiner les propositions de réformes que j'ai présentées le 17 mars. J'ai aussi été très occupé par la crise au Zaïre, j'ai d'ailleurs participé à la réunion des chefs d'Etat à Lomé, où nous avons obtenu des parties un accord de principe sur un cessez_le_feu et l'ouverture de négociations. Celles_ci ont repris en Afrique du Sud le 5 avril. Elles sont ajournées pour le moment, mais Mohamed Sahnoun, l'envoyé spécial de l'ONU et de l'Organisation de l'unité africaine, a indiqué que le climat était bon et qu'il espérait que les parties pourraient être rappelées au moment voulu pour reprendre les discussions. L'important est que de part et d'autre on soit déterminé à maintenir un Zaïre uni. Personne ne souhaite la sécession ou l'éclatement du Zaïre. Ce que les deux parties recherchent, c'est un gouvernement démocratique, élu dans les règles et je veux espérer que lorsqu'elles se réuniront le moment venu, elles aborderont la question des arrangements transitoires et finalement la question de la tenue d'élections nationales pour le choix de la personne qui dirigera le pays.

Une autre bonne nouvelle nous arrive aujourd'hui d'Angola où le Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales est en formation. J'ai eu l'occasion de me rendre moi_même en Angola à la fin du mois dernier et j'y ai rencontré à la fois le Président dos Santos et M. Savimbi. J'ai trouvé très encourageant qu'après une réunion avec M. Savimbi le 24 mars, ce dernier ait accepté d'autoriser les députés de l'Union nationale pour

l'indépendance totale de l'Angola (UNITA) à revenir siéger au Parlement. Vous vous souviendrez peut_être qu'ils avaient quitté Luanda après la rupture soudaine d'octobre 1992 et qu'ils n'étaient pas revenus siéger au Parlement. Cinq députés seulement de l'UNITA, en moyenne, sur 70, sont restés au Parlement, mais le jour après que M. Savimbi eut promis de les envoyer à Luanda, il l'a fait. J'ai pris la parole lors de la session commune et il y avait ce jour_là 58 députés de l'UNITA dans la salle. M. Savimbi a également donné son accord pour envoyer à Luanda les députés désignés comme membres du Cabinet, dont quatre ministres et le reste des ministres adjoints. Il l'a fait également, et le Président dos Santos pouvait donc fixer une date pour la formation du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales. Je me réjouis que cela se produise aujourd'hui même. Si ce n'est pas encore le bout du chemin, c'est une étape importante, mais d'autres tâches majeures nous attendent : la démobilisation, la constitution d'une armée nationale, la police, la démilitarisation d'une partie des milices et, chose plus importante, l'extension de l'administration nationale à l'ensemble du territoire.

Je reviens également de la Conférence ministérielle tenue par le Mouvement des pays non alignés à New Delhi, où ces pays ont débattu de leur rôle spécifique et de celui qu'ils comptent jouer dans notre recherche d'un nouveau système international. A l'origine leur but était naturellement de se défendre contre les deux blocs, mais aujourd'hui ils vont s'attacher à jouer un rôle dans la recherche d'un nouveau système international et, bien entendu, comme vous l'avez peut_être lu dans le journal, la question de l'élargissement ou de la réforme du Conseil de sécurité figurait en bonne place à leur ordre du jour, les Non_alignés estimant qu'eux_mêmes et les pays en développement devaient être beaucoup plus efficacement représentés. Ils jugeaient essentiel que le Conseil de sécurité soit un organe vital efficace, mais ils avaient le sentiment qu'un Conseil de sécurité plus représentatif serait beaucoup plus efficace encore. Et, naturellement, ils avaient rejeté à la quasi_unanimité l'idée qu'il puisse y avoir deux catégories de membres permanents, à savoir certains ayant un droit de veto, et d'autres pas.

J'ai eu la chance ici, à Genève, d'avoir des entretiens très utiles avec mes collègues et de rencontrer les autorités suisses, et j'ai eu aussi l'occasion de m'entretenir des droits de l'homme. J'ai aussi eu la chance de pouvoir m'adresser à un public suisse à l'occasion d'une réunion publique. Je m'arrêterai ici pour répondre à vos questions. Je vous remercie.

Fred Eckhard : La première question sera posée par Luisa Ballin, nouvelle présidente de l'Association des correspondants accrédités, à qui j'adresse mes félicitations.

Luisa Ballin, Présidente de l'Association des Correspondants accrédités auprès de l'Office des Nations Unies à Genève : Monsieur le Secrétaire général, permettez_moi tout d'abord de vous souhaiter en français la bienvenue et de vous remercier pour avoir accepté de nous donner cette seconde

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conférence de presse lors de votre seconde venue à Genève. Nous espérons que vous allez instaurer ainsi une tradition et que, chaque fois que vous serez parmi nous, nous aurons la possibilité de vous rencontrer. Permettez_moi de vous poser la première question sur un sujet que vous connaissez bien, celui de la Bosnie_Herzégovine, puisque vous avez été chef des opérations de maintien de la paix dans ce pays pendant la guerre. Je voudrais savoir si, à votre avis, le mandat de la police onusienne est encore adéquat aujourd'hui dans une situation qui ne cesse de se détériorer. Je pense notamment au problème à Brcko, à Gorazde, également à Mostar, où le retour des réfugiés s'annonce de plus en plus difficile. Pensez_vous que ce mandat soit encore adéquat ou pensez_vous qu'il faudrait le modifier pour que vos soldats puissent mieux se défendre le cas échéant ? Merci.

Le SECRETAIRE GENERAL : Tout d'abord, permettez_moi également de vous féliciter pour votre élection. Je vois que vous êtes assise juste en face de la table de votre prédécesseur. Je voudrais aussi la remercier pour un travail bien fait.

Je voudrais commencer par préciser le rôle du Groupe international de police de l'ONU. Ce rôle est de voir comment fonctionne la police locale, de former celle_ci à des méthodes de police démocratiques et de lui enseigner le respect des droits de la personne et des biens. Nous devons admettre que dans la situation de certains pays la police est parfois l'instrument du gouvernement. Passer de ce rôle à des méthodes de police démocratiques n'est pas chose facile. Notre police n'a pas de fonctions d'exécution, elle n'a aucun pouvoir de procéder à des arrestations, elle n'est pas sur le terrain pour se substituer à la police locale. Elle n'est même pas armée dans cette situation. Elle travaille en collaboration avec les militaires de la SFOR qui sont chargés de créer des conditions de sécurité, c'est_à_dire des conditions qui permettent également aux réfugiés de rentrer chez eux et de se sentir suffisamment rassurés pour cela. Quand vous traversez un conflit comme celui auquel nous avons assisté en Bosnie, la haine et les animosités ne disparaissent pas facilement. Il faut du temps pour panser les blessures et amener les gens à pardonner. A mon avis, il ne serait pas réaliste d'attendre de la police de l'ONU qui se trouve dans cette région avec une mission très précise qu'elle se charge des tâches que vous avez suggérées. Ce n'était pas sa mission et elle n'en a pas les moyens. Ce que nous essayons de faire, c'est de renforcer la police locale et je pense que la chose importante, c'est de répondre aux espoirs de la communauté internationale, à savoir que la présence combinée d'une importante force militaire et d'un personnel de l'ONU supervisant le fonctionnement et la formation de la police locale permette de créer des conditions favorables au retour des réfugiés, encourage la liberté de déplacement et facilite le retour non seulement des réfugiés, mais aussi des personnes déplacées. De toute évidence, cela ne s'est pas produit et nous sommes tous à la recherche de solutions et de formules nouvelles pour y parvenir, mais je ne pense pas qu'il soit réaliste d'espérer que la police de l'ONU puisse le faire.

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Question : Ma question est la suivante : Avez_vous l'intention d'encourager la tenue d'une conférence internationale pour trouver une nouvelle identité à l'ONU, ou les réformes se borneront_elles à des questions de mobilier, de restructuration et de réductions de personnel ? Et une petite question : vous avez souligné l'importance de la coopération avec les organisations régionales dans les opérations de maintien de la paix, notamment avec l'OTAN. Etait_ce simplement un oubli de votre part de ne pas avoir mentionné la Communauté d'Etats indépendants, la CEI, qui participe actuellement à au moins trois opérations de maintien de la paix ?

Le SECRETAIRE GENERAL : Je vous sais gré de votre question. Je pense que les premières propositions de réforme que j'ai présentées le 17 mars ont clairement montré que ma réforme ne se limite pas à des réductions. Pour ce qui est des meubles, je n'y ai pas touché ! J'ai indiqué aussi que les propositions que j'ai présentées le 17 mars ne sont qu'une étape du processus de réforme beaucoup plus ambitieux dans lequel nous sommes engagés. Le rapport de synthèse que je soumettrai aux Etats Membres en juillet traitera des enjeux stratégiques à long terme de la mission de l'ONU. Quelles devraient être nos préoccupations ? Quels devraient être nos objectifs et nos priorités à la veille d'entrer dans le prochain millénaire et dans une période où nous voyons nos ressources diminuer. Nous aborderons donc les problèmes de fond; du reste, dans les propositions du 17 mars il y avait déjà quelques propositions de fond très importantes dont on n'a guère parlé. Malheureusement, nous avons tous tendance à fixer notre attention sur ce que nous pouvons compter et c'est la raison pour laquelle ce sont surtout les réductions, tant en personnel qu'en dollars, qui ont retenu l'attention. Or, dans cette proposition, j'avais bien souligné que nous avions créé un groupe de coordination des politiques composé de tous les chefs de département, fonds et programmes de l'ONU qui se réunissent périodiquement pour harmoniser leurs activités et leurs projets, et que nous avions créé quatre groupes sectoriels correspondant aux quatre principaux piliers des activités de l'ONU : paix et sécurité, questions sociales et économiques, activités en faveur du développement et action humanitaire, le cinquième secteur étant celui des droits de l'homme qui recoupe les quatre précédents. Et en proposant cette structure, je demande aux chefs de département et de programme de conjuguer leurs efforts, de revoir leurs budgets, d'éliminer les doubles emplois en vue de rendre leur action plus efficace sur le terrain et dans les pays et, ce faisant, je précise que nous renforcerons l'autorité du coordonnateur de l'ONU et que les organismes des Nations Unies seront appelés à travailler en équipe dans le pays et à adopter un esprit d'équipe, à conjuguer leurs efforts sur le terrain, à partager des locaux communs, à travailler de concert avec le gouvernement à l'élaboration d'un plan de développement, chacun de ces organismes exécutant la partie du plan correspondant à ses compétences plutôt que de le faire en ordre dispersé et sans méthode. Une fois mises en oeuvre, ces initiatives devraient avoir des effets sensibles sur les efforts que nous déployons dans les domaines économique et social dans les pays où nous oeuvrons et, en juillet, vous verrez d'autres propositions. Bien entendu, il y a les recommandations et les questions dont s'occupent les Etats Membres eux_mêmes

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et sur lesquelles je n'ai pas d'influence directe, mais nous travaillons en collaboration étroite.

Ma déclaration au sujet de la coopération avec les organisations régionales ne se voulait pas limitative et je suis désolé d'avoir pu donner cette impression. Vous avez raison. La CEI joue un rôle très important. Nous coopérons avec ces pays en Géorgie et au Tadjikistan où nous travaillons côte à côte et nous sommes en contact avec la CEI comme nous le sommes avec d'autres organisations régionales. Je vous remercie.

Question : Monsieur le Secrétaire général, vous avez, devant la Commission des droits de l'homme, déclaré vouloir valoriser son travail et faire en sorte qu'elle bénéficie de l'appui de l'Organisation. Ma question est la suivante : pratiquement, comment allez_vous vous y prendre pour sensibiliser New York et le Conseil de sécurité, en particulier, à cette question qui semble là_bas être un point de deuxième ordre ?

Le SECRETAIRE GENERAL : Laissez_moi d'abord vous dire que je pense que les membres du Conseil sont très sensibles à la question des droits de l'homme et, chaque fois que nous nous sommes adressés à eux, ils n'ont pas ménagé leur soutien. Ils n'ont pas hésité lorsque nous leur avons dit que nous avions besoin d'envoyer des observateurs des droits de l'homme au Rwanda, que nous devions étendre nos activités au Zaïre, qu'il fallait des observateurs des droits de l'homme en Bosnie. La question qui se pose est la suivante : qui paie ? Ils nous disent : nous voudrions que vous le fassiez, c'est une bonne idée; mais la tendance c'est : réunissez les contributions volontaires pour couvrir les dépenses. Et je pense, vu l'importance que nous attachons tous aux droits de l'homme, que nous devrions chercher à ce qu'une part plus importante des dépenses soit couverte par le budget ordinaire et nous efforcer de recueillir des ressources extrabudgétaires supplémentaires pour les droits de l'homme. Je voudrais aussi espérer qu'une fois le Centre pour les droits de l'homme doté de sa nouvelle direction et le Haut Commissaire nommé, non seulement ils insuffleront un nouveau dynamisme et une nouvelle impulsion dans le domaine, mais ils auront aussi la capacité de mobiliser des ressources à cette fin. Dans nos activités à New York, nous sommes conscients de l'importance centrale des droits de l'homme et j'ai signalé dans mon intervention précédente que, dans le contexte de la réforme, je veillerai à ce que les droits de l'homme ne soient pas négligés à l'avenir, qu'il s'agisse du maintien de la paix ou de l'aide humanitaire. Je vous remercie.

Question : Monsieur le Secrétaire général, une question sur l'Angola, Est_ce que les Nations Unies vont continuer à être présentes en Angola et sous quel mandat ?

Le SECRETAIRE GENERAL : Nous avons commencé notre retrait d'Angola mais nous allons très lentement. Nous nous retirons au rythme d'un bataillon par mois. Le retrait ne sera pas achevé avant août et je pense que la situation sur le terrain risque aussi de perturber le rythme de notre retrait.

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Une fois nos troupes retirées, nous maintiendrons une présence de l'ONU, qui pourrait consister en observateurs des droits de l'homme, une police, des spécialistes des questions politiques, du développement économique, ainsi que le représentant politique du Secrétaire général. J'espère qu'une fois notre retrait achevé, des progrès importants auront été accomplis sur d'autres aspects du Protocole de Lusaka et que les difficultés auxquelles j'ai fait allusion plus tôt auront été résolues ou surmontées.

Question : J'ai une question au sujet des droits de l'homme. Il y a actuellement une bataille menée contre le Danemark qui a présenté une résolution contre la Chine à la Commission des droits de l'homme. Deux scénarios sont possibles. Ou bien la résolution est adoptée _ auquel cas un membre permanent du Conseil de sécurité serait condamné pour violation des droits de l'homme. Cela serait_il préjudiciable au prestige de l'ONU parce que ce serait la première fois ? Ou bien la Commission adopte la motion de la Chine écartant l'examen de la question. Est_ce que cela ne porterait pas un coup à la Commission des droits de l'homme que cette question ne puisse y être débattue ?

Le SECRETAIRE GENERAL : Que la Commission, qui est maîtresse de ses propres travaux et doit prendre ses propres décisions, décide de condamner ou qu'elle décide de ne pas condamner, c'est une décision que nous devrons tous accepter.

J'ajouterai que si la Commission devait condamner la Chine, comme elle a condamné d'autres pays, c'est une conclusion à laquelle nous devrons nous ranger. Il s'agit de savoir si cela portera préjudice au prestige du Conseil ou non. Vous laissez supposer que si un membre du Conseil ou un membre permanent fait quelque chose de répréhensible, cela retentit sur l'ensemble du Conseil et ses 15 membres. Je souhaiterais souligner que je peux voir pourquoi vous dites cela. Mais nous avons affaire à tel ou tel Etat et non pas au Conseil collectivement, aussi attendons_nous de voir ce qui va se passer. Je crois que cette résolution a été coparrainée par plusieurs autres pays. Je vous remercie.

Question : Au cours des six années précédentes, une motion tendant à ne pas délibérer sur la Chine a été adoptée, signifiant que cette question ne devrait pas être examinée par la Commission des droits de l'homme. On dit maintenant que cela constituerait une grave atteinte à la Commission si cette question ne pouvait pas être examinée.

Le SECRETAIRE GENERAL : Si la question est examinée honnêtement par la totalité des membres de la Commission et s'ils arrivent à la conclusion qu'ils ne devraient pas condamner la Chine, je ne vois vraiment pas pourquoi cela serait une atteinte à la Commission. Je sais que dans certains milieux on souhaite que la Chine soit condamnée. De là, conclure que si l'on n'a pas de condamnation, c'est à cause des énormes pressions des autorités chinoises et donc que les membres de la Commission ne se déterminent pas en toute

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indépendance : je ne souhaite en aucun cas faire de commentaires à ce sujet. J'espère que les membres de la Commission prennent leur position en toute indépendance. Ils se déterminent en prenant en considération tous les facteurs.

Question : Hier, il y a un rapport sur le Timor oriental qui est sorti et mentionne 378 personnes disparues. Vous avez un représentant c'est l'Ambassadeur Marker. Vous pouvez me dire quelle est l'évolution de ce problème et aussi s'il y a déjà une date pour les nouvelles négociations entre les parties ?

Le SECRETAIRE GENERAL : M. Jamsheed Marker a eu une série d'entretiens très utiles, à la fois avec les autorités portugaises et avec les Indonésiens, y compris au plus haut niveau, le Président Soeharto. Il est allé au Timor oriental, a vu les dirigeants et a parlé à certains habitants, et il analyse à présent les données qu'il a recueillies et fixera une date pour le début des consultations. Les deux parties m'ont assuré qu'elles tiennent à travailler très étroitement avec moi pour résoudre la question. Je leur ai également dit que j'aimerais suivre le problème de manière continue, aussi ai_je nommé M. Marker envoyé à plein temps, et c'est la première fois que cela se produit. Etant donné les indications que j'ai reçues de toutes les parties ainsi que l'enthousiasme de la partie timoraise, j'espère que nous pourrons bientôt enregistrer des progrès. La prochaine date n'a pas été fixée mais nous débuterons bientôt et je pense que les prochains entretiens auront lieu à New York.

Question : Monsieur le Secrétaire général, au mois d'août de l'année dernière, votre prédécesseur avait annoncé un projet de réforme pour le prochain budget qui était sensiblement plus élevé que ce que vous avez proposé au mois de mars, c'est_à_dire une coupe de 178 millions de dollars au budget biennal et une réduction de postes qui les ramèneraient à 8 500. Malgré cela les Etats_Unis ont été assez favorables à votre projet et en même temps ils n'ont toujours pas annoncé qu'ils allaient payer leur dette. Alors comment estimez_vous le degré réel de support des Etats_Unis pour votre activité ? Et puis pourriez_vous nous dire aussi comment se sont déroulées vos réunions avec le Comité administratif de coordination ?

Le SECRETAIRE GENERAL : Laissez_moi d'abord répondre à la première question. Les questions budgétaires et les réformes passent par diverses étapes. La première consiste à présenter des recommandations. La deuxième c'est s'assurer qu'elles sont appliquées, promulguées, approuvées. Si je propose une réduction d'un milliard de dollars et qu'elle est rejetée, il n'y a aucune réduction. Ce que nous devons faire, c'est collaborer avec les Etats Membres et les Gouvernements pour être certains que les propositions que nous avons formulées sont menées à bien et j'espère que c'est ce qui va se passer.

En ce qui concerne les Etats_Unis, je présume qu'ils vont payer. Comme vous le savez, j'ai été à Washington et j'ai parlé au Gouvernement aux

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échelons les plus élevés, et je suis aussi allé au Congrès. Je pense que la position de l'ONU bénéficie d'un large soutien. Le Gouvernement et le Président lui_même sont convaincus que l'ONU est essentielle pour les Etats_Unis et que s'ils comptent jouer un rôle dirigeant, ils doivent en payer le prix. Mon opinion à moi c'est que l'argent viendra. Même au Congrès nous bénéficions d'un bon soutien. Mais il y a des éléments importants dans le Congrès qui ne semblent pas reconnaître la valeur de l'ONU. Au cours des discussions, nous nous sommes efforcés de clarifier le malentendu, ils finiront par y arriver. Je pense d'ailleurs que certains n'ont plus d'excuses pour ne pas payer. Selon moi, nous aurons l'argent _ combien et quand _ je ne peux pas vous le dire. Mais l'opinion change et il y a un débat public sur cette question, et les Américains n'aiment pas se trouver dans cette situation, je ne pense pas qu'il soit digne du pays le plus riche du monde d'être traité comme le plus mauvais des payeurs. Les citoyens sont embarrassés, les Américains responsables sont embarrassés. Le débat se poursuit et je pense que nous allons dépasser cette question de sorte que nous puissions nous concentrer sur les véritables problèmes. En outre, nous ne pouvons pas faire des réformes et gérer un programme efficace avec un budget étique. Une partie de la réforme, j'insiste là_dessus, doit comporter un engagement et une nouvelle résolution de la part des Etats Membres vis_à_vis des idéaux de l'Organisation. Un engagement de chacun d'entre eux à respecter leurs obligations légales et à verser leurs contributions en totalité et dans les délais. Je pense que c'est une partie essentielle de la réforme.

Question : Dans vos remarques liminaires vous avez mentionné les arrangements transitoires au Zaïre. Avez_vous un calendrier à l'esprit ? Dans quel délai voudriez_vous que l'unité se fasse ?

Le SECRETAIRE GENERAL : J'aimerais vous répondre par l'affirmative mais malheureusement ce n'est pas moi qui ai les cartes en main. Vu la situation militaire sur le terrain, bien que nous comptions faire revenir les parties à la table de négociation, accepter un cessez_le_feu, poursuivre les discussions et discuter des arrangements transitoires, je ne peux pas vous donner de calendrier. Nous savons tous aussi qu'une pression énorme s'exerce sur le Président Mobutu pour qu'il abandonne le pouvoir. Le fera_t_il, et si oui, quand ? S'il ne se retire pas, serait_il prêt à continuer les négociations, et des négociations qui conduiront à des arrangements transitoires sans lui ? Le scénario est donc très fluctuant et tout peut arriver, mais je pense que ce qui importe c'est que nous parvenions à réunir tous les intéressés autour d'une table et à discuter de la cessation des hostilités, des arrangements transitoires et à organiser effectivement des élections. Je pense que cette façon de voir est acceptée par tous. Je suis désolé de ne pouvoir vous indiquer de calendrier mais j'espère _ cela est une estimation approximative de ma part _ qu'au cours des deux à trois prochains mois nous assisterons à d'importants faits nouveaux.

Question : Pensez_vous personnellement que l'embargo des Etats_Unis contre Cuba et la loi Helms_Burton sont illégaux en droit international et, si

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cela est le cas, que pouvez_vous faire pour y remédier en tant que Secrétaire général ? De telles mesures unilatérales peuvent_elles être prises et imposées par un Etat Membre à l'encontre d'un autre ?

Le SECRETAIRE GENERAL : Comme vous l'avez justement fait observer, la sanction contre Cuba n'est pas une sanction de l'ONU. C'est une sanction des Etats_Unis contre Cuba. Elle est en vigueur depuis assez longtemps et n'a pas la faveur de nombreux pays. Mais les relations bilatérales concernent des Etats et que nous l'aimions ou non, un Gouvernement peut décider de commercer ou non avec tel ou tel Etat. D'autres ont conservé leur liberté de poursuivre les échanges commerciaux. Personnellement, j'espère que la situation ne se poursuivra pas trop longtemps, car les Etats_Unis sont en fait un marché naturel pour Cuba, une courte traversée suffit pour aller d'un pays à l'autre, et qu'en temps voulu leurs relations seront normalisées. Certains faits encourageants se sont produits récemment, des chaînes de télévision des Etats_Unis ont ouvert des bureaux à Cuba. Je m'attends à voir la situation évoluer.

Question : Je souhaite juste reposer la même question que je vous avais posée la dernière fois. La résolution 986 du Conseil de sécurité doit être renouvelée en juin. Quelle est votre évaluation de la situation ? Pensez_vous que le montant devrait être accru ? Que va_t_il se passer ?

Le SECRETAIRE GENERAL : En ce qui concerne la résolution 986, je dois tout d'abord présenter des excuses pour les retards dans le démarrage du mécanisme. L'Iraq a commencé à recevoir des vivres. Je pense que la formule "nourriture contre pétrole" a été introduite parce que les Etats Membres se sont rendu compte que les sanctions étaient un instrument grossier et qu'ils ne voulaient pas nuire à la population iraquienne, en particulier les femmes, les enfants et les personnes vulnérables. Il est regrettable qu'il ait fallu six ans pour que la formule soit mise en pratique, mais je suppose qu'une fois les six mois écoulés, étant donné que la situation qui a conduit à l'adoption de cette résolution persistera et que les indemnisations resteront à payer, le Conseil sera disposé à l'étendre pour une nouvelle durée de six mois.

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