LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTAME SON DEBAT DE HAUT NIVEAU
Communiqué de Presse
ENV/DEV/404
LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE ENTAME SON DEBAT DE HAUT NIVEAU
19970408La cinquième session de la Commission du développement durable a entamé cet après-midi son débat de haut niveau consacré aux préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée générale relative à l'évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21 et au rapport final du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Les intervenants ont souligné la nécessité de préparer efficacement et concrètement la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble de la mise en oeuvre d'Action 21. Plusieurs ministres ont évoqué les mesures prises par leurs gouvernements pour promouvoir le développement durable. Ils ont estimé que des progrès avaient été accomplis depuis la Conférence de Rio, mais que beaucoup restait à faire. Pour ce faire, plusieurs d'entre eux, ont souligné la nécessité d'un renforcement du partenariat et de la coopération internationale.
La Commission a entendu les personnalités suivantes : Mme Margaretha De Boer, Ministre du logement, de la planification de l'espace et de l'environnement des Pays-Bas (au nom de l'Union européenne et de pays associés); Mme Maria Julia Alsogaray, Secrétaire des ressources naturelles et du développement durable de l'Argentine; Mme Corinne Lepage, Ministre de l'environnement de la France; M. John Gummer, Ministre de l'environnement du Royaume-Uni; M. Stanilsaw Zelichowski, Ministre de la Protection de l'environnement, des ressources naturelles et des forêts de la Pologne; M. Volodymyr D. Khandogy, Ministre adjoint des affaires étrangères de l'Ukraine; M. Kang Hyon-Wook, Ministre de l'environnement de la République de Corée; Mme Ferrera, Ministre de l'environnement du Portugal; M. Chen Chimutengwende, Ministre de l'environnement et du Tourisme du Zimbabwe; Mme Anna Lindh, Ministre de l'environnement de la Suède; M. Nourdine Benomar Alami, Ministre de l'environnement du Royaume du Maroc; Mme Angela Merkel, Ministre de l'environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire de l'Allemagne; M. Theodoros Koliopanos, Ministre de l'environnement, de la planification et des travaux publics de la Grèce; et M. Ernesto Guhl-Nannetti, Vice-Ministre de l'environnement de la Colombie.
(à suivre - 1a)
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La Commission a entendu en outre M. Msuya Waldi Mangachi (République- Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine), M. Bill Richardson (Etats-Unis) et M. Toshari Tanabe, Ambassadeur du Japon pour les affaires d'environnement mondial. Elle a entendu les représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Organisation des femmes pour l'environnement et le développement; Third Word Network, et Latin American Youth Network.
La Commission poursuivra son débat de haut niveau demain, mercredi 9 avril, à 10 heures.
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Débat de haut niveau
M. MSUYA WALDI MANGACHI (République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine) a souligné qu'en dépit des promesses faites à la CNUCED, l'aide accordée par les pays de l'OCDE aux pays en développement a diminué en termes réels comme en pourcentage du PNB. Ce déclin de l'aide est inévitablement perçu comme un manque d'engagement et de sincérité de la part des gouvernements des pays développés en ce qui concerne la mise en application des accords de Rio. A cet égard, les pays développés devraient réaffirmer l'engagement qu'ils ont pris, à savoir atteindre l'objectif fixé par les Nations Unies d'une aide de 0.7% de leur PNB d'ici à l'an 2000, et ce, en renforçant leurs programmes d'aide.
Le représentant a estimé qu'il est important d'augmenter les flux de l'investissement direct étranger (IDE) vers les pays en développement, mais aussi de garantir que ces flux atteignent autant de pays que possible, y compris les régions marginalisées telles que l'Afrique, et les PMA. Il convient en outre de garantir que les fonds d'IDE soient investis sur une base à long terme. A cet égard, ces flux spéculatifs à court terme devraient être pénalisés, les fonds directs étrangers à long terme devant à l'inverse être favorisés. La relation entre les IDE et le développement durable devrait également être définie dans le but de mettre en place des dispositions afin que l'IDE puisse contribuer à promouvoir un développement environnementalement durable, en particulier dans les pays en développement.
S'agissant des mécanismes financiers destinés à fournir des ressources supplémentaires en faveur des programmes et projets environnementaux, le Groupe des 77 juge insuffisant le capital de 2 milliards de dollars fourni au Fonds pour l'environnement mondial (FEM) au cours d'une période de trois ans, étant donné le défi d'envergure qui consiste à placer le développement mondial futur sur le chemin de la durabilité. Il convient d'augmenter le capital du FEM ainsi que les fonds attribués aux pays en développement. En outre, la session spéciale de l'Assemblée générale devrait examiner la création d'un mécanisme de financement pour chaque convention environnementale, sans sélectivité.
Le Groupe des 77 estime que la responsabilité en matière de développement technologique ne peut être limitée aux seules forces du marché, et qu'on ne saurait s'appuyer sur l'approche du marché pour garantir une accessibilité plus large et une meilleure utilisation de telles techniques. Le Groupe des 77 réitère que des projets de recherche et de développement financés publiquement doivent être lancés, notamment en vue de créer des centres techniques régionaux ainsi que de mettre au point ou d'adapter des technologies existantes dans les pays en développement.
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Une stratégie efficace pour faire face au problème de la pauvreté doit, d'autre part, être incorporée dans tout projet environnemental. Cette stratégie doit, entre autres, viser à améliorer les soins de santé et l'éducation ainsi qu'à promouvoir les droits des femmes et le rôle des jeunes et des communautés locales. Résoudre les besoins de base de ces groupes, notamment les besoins alimentaires et énergétiques, permettrait de réduire des problèmes tels que la déforestation, la dégradation des terres, les ressources en eau, etc. Il est par conséquent important d'assurer que davantage d'aide est allouée aux programmes visant à éliminer la pauvreté dans les pays en développement.
Mme MARGARETHA DE BOER, Ministre du logement, de la planification de l'espace et de l'environnement des Pays-Bas, au nom de l'Union Européenne, a déclaré que les délégations se félicitaient du rapport des co-présidents sur l'issue possible de la Session Spéciale, mais certains de ses éléments doivent être davantage élaborés. La mise en oeuvre est le terme clé pour les cinq prochaines années. Nous devons intégrer nos objectifs économiques, sociaux et en matière d'environnement et mettre en oeuvre nos stratégies et politiques aux niveaux local, national et régional, a déclaré la Ministre. Cependant, le rapport ne fait pas de propositions en ce qui concerne les nouvelles initiatives qui sont nécessaires pour conserver l'élan de la CNUCED. L'Union Européenne réclame une Déclaration politique forte de la part de la Session Spéciale de l'Assemblée générale, et espère que la participation des chefs d'Etat ou de Gouvernement garantira que des décisions politiques seront prises afin que le développement durable devienne l'objectif principal de toutes les politiques. La Session spéciale doit envoyer un message clair aux négociateurs travaillant au renforcement de la Convention climatique par le biais d'un protocole adopté en décembre à Kyoto, en vertu duquel des engagements juridiquement contraignants sur la réduction de gaz à effet de serre en deça du niveau de 1990 doivent être adoptés pour les années 2005 et 2010 ainsi que les mesures et politiques recommandées. L'Union Européenne propose une réduction de 15% pour 2010 et exhorte les autres pays à prendre de tels engagements. L'élimination de la pauvreté et la mise en place de modèles durables de production et de consommation sont les deux thèmes principaux des prochaines années. A ce titre, l'Union Européenne se félicite de la stratégie de l'OCDE pour l'aide au développement "donner forme au 21ème siècle" qui se fixe comme objectif de réduire de moitié la proportion des personnes vivant dans l'absolue pauvreté en l'an 2015. L'Union Européenne souhaite que les questions suivantes fassent partie du programme de travail de la Commission du développement durable dans les cinq prochaines années : eau douce, ressources foncières, mers et océans, énergie, transport et tourisme.
En ce qui concerne l'initiative éco-efficacité, l'Union Européenne estime qu'une nouvelle initiative sur les modèles de production et de consommation est nécessaire, en particulier dans les pays industrialisés. Certaines études indiquent que l'ampleur des changements nécessaires d'ici au
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milieu du XXIème siècle correspond à un décuplement de la productivité des ressources. Les pays industrialisés doivent prendre leur responsabilité à cet égard, et les pays en développement doivent pouvoir tirer profit des actions entreprises. Les milieux des affaires ont également un rôle très important à jouer, en prenant des responsabilités dans la production et dans les produits, ainsi que les consommateurs. Les gouvernements doivent quant à eux fournir un cadre de travail approprié. L'Union Européenne propose que la Commission du Développement durable élabore cette initiative dans les années à venir. Par ailleurs, la question de l'eau douce nécessite une action urgente. Les principes d'une meilleure gestion des ressources en eau douce figurent dans les principes de Dublin et dans l'Agenda 21. Il faut accélérer leur mise en oeuvre maintenant. L'Union Européenne propose une initiative mondiale en matière d'eau et est disposée à élaborer des propositions concrètes à cet effet et se félicite des initiatives entreprises aux niveaux national et régional. Cette initiative doit conduire à un programme mondial d'action. Il faut s'engager dans cette initiative lors de la session spéciale et la mettre en oeuvre dans les années à venir. D'autre part, la Session spéciale devrait insister sur l'importance d'un changement des modèles de production, distribution et utilisation d'énergie pour passer à un modèle durable. Cela requiert une action aux niveaux international et national, de même que dans les organisations internationales. L'Union Européenne en appelle à l'élaboration d'une stratégie commune pour une énergie future durable, à laquelle la Commission devrait consacrer une de ses session.
Ces initiatives nécessitent un financement suffisant et il est impératif que le FEM soit renfloué. L'Union Européenne exhorte les pays donateurs à contribuer au Fonds. De même, l'aide au développement doit atteindre rapidement le niveau de 0,7% du PNB.
Mme MARIA JULIA ALSOGARAY, Secrétaire des ressources naturelles et du développement durable de l'Argentine, a déclaré que la Conférence de Rio et les conventions signées par la suite ont permis d'institutionnaliser des mesures adoptées dans différents pays. Les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes ont les mêmes idées sur le développement durable. L'Amérique latine et des Caraïbes rencontrent les mêmes problèmes, notamment en ce qui concerne l'eau douce. Le Ministre a regretté que l'on n'ait pas assez évalué le coût réel de l'exploitation et de la distribution de l'eau et le prix de l'énergie. Il ne faut pas encourager les programmes pour lesquels les coûts de l'eau et de l'énergie n'ont pas été évalués. Il faut rationaliser les réunions et viser l'efficacité des résultats. La Conférence de Rio a permis l'unification de la plupart des pays en développement. Il faut continuer les efforts commencés.
Mme CORINNE LEPAGE, Ministre de l'environnement de la France, a estimé que la communauté internationale a maintenant identifié les activités humaines dont l'expansion incontrôlée affectent les équilibres écologiques majeurs.
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Elle a trouvé la méthode qui devrait lui permettre de parvenir à une nouvelle étape de son histoire, celle du développement durable, mais elle est encore loin d'avoir mis en oeuvre les moyens de cette ambition, pourtant vitale. Pour le Ministre, le rendez-vous de New York, en juin prochain, doit être l'occasion de dépasser les échanges de vues. Il doit permettre aux chefs d'Etat et de gouvernement de donner une impulsion déterminante à la mise en oeuvre des principes du développement durable. Pour sa part, le gouvernement français a engagé depuis Rio une action en profondeur, pour que l'idée du développement durable s'impose dans l'esprit des Français comme un objectif aussi important que la démocratie, la liberté ou l'égalité. Cette politique s'est développée depuis septembre 1995 et a culminé avec l'organisation des Assises du développement durable.
Mme Lepage a déclaré que l'effort national de son pays doit coexister avec une action déterminée en vue de construire des solidarités internationales solides. La France souhaite voir la Commission du développement durable adopter, à partir de maintenant, une nouvelle attitude, plus à même, à son avis de favoriser la réalisation internationale du développement durable. Pour cela, il faut que la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale adopte un programme de travail tourné vers l'action. Il importe également de faire un bilan de l'effort accompli pour construire un droit universel de l'environnement et donner vie aux textes sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification, ainsi que de progresser sur la question des forêts. L'Union européenne a annoncé les efforts qu'elle était prête à accomplir pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre. "Nous prenons ce faisant nos responsabilités et n'estimons pas y avoir un mérite particulier", a déclaré Mme Lepage. "En revanche, a-t-elle ajouté, il serait tragique que les autres pays développés qui contribuent substantiellement aux émissions de ces gaz s'abritent derrière des difficultés de politique intérieure et conduisent la conférence de Kyoto à l'échec.
M. JOHN GUMMER, Ministre de l'environnement du Royaume-Uni, après avoir fait sienne la déclaration faite par les Pays-Bas, au nom de l'Union européenne, a estimé que les nations riches doivent reconnaître qu'elles ont une lourde responsabilité dans la lutte contre la dégradation de l'environnement dont elles sont souvent à l'origine. Pour autant, il importe également que les pays en développement agissent efficacement en recourant davantage au potentiel extraordinaire que constituent les jeunes. Le Ministre a souligné que l'on peut à l'envi répéter le slogan "moins de paroles et davantage d'actes". Il a mis l'accent sur la gravité des risques que représentent la surfertilisation des terres et la surpêcherie. C'est pourquoi, il importe de mettre en oeuvre sans plus tarder le Plan d'action de Washington. "Il faut que les océans soient au premier rang de nos priorités", a déclaré le Ministre. "Il faut protéger les pêcheries pour les générations futures", a-t-il conclu.
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M. STANISLAW ZELICHOWSKI, Ministre de la Protection de l'environnement, des ressources naturelles et des forêts de la Pologne, a déclaré que les cinq premières années de la mise en oeuvre de l'Agenda 21 ont montré que le concept du développement durable a été compris différemment dans les pays en développement et dans les pays très développés. Pour atteindre les objectifs de l'Agenda 21, les pays en développement dépendent du potentiel économique et intellectuel, des ressources naturelles et des capitaux qui y sont investis. La Pologne a adopté ces principes nécessaires au développement, dans un document approuvé par le Parlement, un an avant l'établissement de l'Agenda 21. Les objectifs définis dans ce document ont été systématiquement mis en oeuvre en Pologne. Ceci a permis une croissance économique notable. Les investissements pour l'environnement ont à la fois aidé à améliorer l'environnement et à réduire le problème du chômage. Les grands groupes de la société civile et les organisations non-gouvernementales ont joué un grand rôle pour le développement durable. Le Ministre a regretté que certains problèmes n'aient toujours pas été résolus notamment celui du financement du développement durable dans les pays en développement. Il faut protéger de façon plus efficace les forêts et les océans, développer les ressources en eau douce, accroître le rôle de l'éducation et renforcer le statut de la Commission du développement durable.
M. BILL RICHARDSON, Représentant permanent des Etats-Unis auprès des Nations Unies, a rappelé que la présente session de la Commission du développement durable doit principalement relever le défi que constitue la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera chargée en juin prochain d'évaluer la mise en oeuvre d'Action 21. Le représentant a indiqué que son pays a formulé au cours des cinq dernières années des programmes régionaux et nationaux du type d'Action 21. Il a rappelé les efforts déployés par de nombreux gouvernements et par les institutions multilatérales pour intégrer les politiques de développement durable aux différents secteurs économiques. En dépit de tout cela, il semble que le développement durable soit resté au niveau du concept et ne soit pas traduit dans la réalité.
C'est pourquoi, les Etats-Unis exhortent la session extraordinaire de l'Assemblée générale à se concentrer sur les décisions, résultats et sur les solutions et non sur les processus, comités et autres forums. Pour ce faire, il importe de progresser dans les négociations sur les changements climatiques en garantissant une déclaration ferme et commune de tous les chefs d'Etat et de gouvernement. Il convient également d'adopter un plan d'action sur le développement durable des forêts mondiales. Il faut aussi clarifier le rôle de nos institutions et renforcer leur efficacité afin qu'elles relèvent les défis de demain. Enfin, il importe d'élaborer un ordre du jour précis des futures sessions de la Commission du développement durable comprenant des priorités réalistes.
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M. VOLODYMYR D. KHANDOGY, Ministre adjoint des affaires étrangères de l'Ukraine, a déclaré que depuis la Conférence sur l'environnement et le développement (CNUED), des progrès ont été réalisés. Il a cependant regretté que l'on soit loin d'avoir atteint les objectifs de Rio. Le développement de technologies respectant l'environnement n'est pas suffisant. Les résultats de la CNUED ont renforcé les efforts entrepris par l'Ukraine dans le domaine de la restauration et de la protection de l'environnement. Malgré de nombreux efforts, la mise en oeuvre du concept du développement durable en Ukraine est difficile. Des ressources financières considérables sont chaque année consacrées à minimiser les conséquences du désastre de Tchernobyl. Le Ministre a appelé la communauté internationale à renforcer une coopération internationale pour trouver une solution à ce problème écologique mondial. Il ne faut pas que la session extraordinaire de l'Assemblée générale se contente de réitérer les décisions de la Conférence de Rio. La session extraordinaire doit permettre d'atteindre un nouveau partenariat mondial, de fixer de nouvelles priorités et d'adopter un programme qui permette de promouvoir la mise en oeuvre des objectifs de l'Agenda 21. Il est nécessaire de prendre les mesures appropriées pour assister les pays ayant des économies en transition. Il est également nécessaire d'évaluer en priorité la sécurité des installations nucléaires et la gestion des déchets radioactifs.
M. KANG HYON-WOOK, Ministre de l'environnement de la République de Corée, a indiqué que depuis la Conférence de Rio, la protection de l'environnement s'est particulièrement renforcée dans son pays qui s'est doté d'un Plan national d'action afin de mettre en oeuvre concrètement et systématiquement les recommandations d'Action 21. La République de Corée a également lancé le programme Vision environnement 21, qui est un plan de protection de l'environnement à long terme. En outre, la République de Corée a proposé d'accueillir la Journée mondiale de l'environnement qui sera célébrée cette année le 5 mai à Séoul. La République Corée estime que le document qui sera adopté par la session extraordinaire de l'Assemblée générale en juin prochain devra inclure une déclaration énumérant l'engagement des gouvernements au plus haut niveau politique vis-à-vis de développement durable.
Le Ministre a regretté le peu de progrès réalisés en matière d'aide publique au développement et de transfert de technologies depuis l'adoption d'Action 21. Il a indiqué que son pays a proposé en février dernier qu'une étude de faisabilité soit réalisée sur le transfert de technologies tombées dans le domaine public afin de relever cet important défi qui constitue une condition sine qua non du succès d'Action 21. Le Ministre a souhaité attirer l'attention de la Commission sur la question des déchets radioactifs qui est traité au Chapitre 22 d'Action 21. Il a estimé que la communauté internationale devrait être particulièrement concernée par le fait qu'une compagnie de Taïwan envisage d'exporter dans un premier temps 60 000 barils de déchets radioactifs en République populaire démocratique de Corée, puis 140 000 autres. La République de Corée est d'avis que le contenu des sections pertinentes du texte du Coprésident doit être renforcé afin qu'un tel contrat ne puisse être autorisé.
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Mme FERRERA, Ministre de l'environnement du Portugal, s'est déclarée préoccupée par le sens donné à la notion du développement durable. Elle a relevé les problèmes associés au partage des ressources naturelles. Le Portugal s'efforce d'édifier une association de coopération avec d'autres pays. Un accord global a été établi en fonction de la déclaration de Lisbonne. La déclaration de Lisbonne a notamment demandé une coopération dans le domaine de l'écologie, une mise au point d'une action concertée et une coordination de politiques en vue d'utiliser les institutions juridiques internationales de façon plus efficace dans le cadre des conventions existantes. Le Portugal a défini une stratégie intégrée dans différents domaines. Le Portugal attache une grande importance à la question des forêts, de l'urbanisation, des océans et des zones côtières. Le Portugal organisera en 1998 une convention internationale à Lisbonne sur les océans. Il accorde une importance particulière à la préservation de la biodiversité et à la recherche dans le domaine de l'océan. La communauté internationale devrait trouver les moyens nécessaires d'augmenter la coopération au niveau international. La Commission doit continuer de jouer un rôle actif pour promouvoir le développement durable.
M. TOSHARI TANABE, Ambassadeur du Japon pour les affaires d'environnement mondial, a estimé qu'il incombe à la Commission du développement durable de préparer avec succès la tenue de la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se réunira en juin prochain pour examiner la mise en oeuvre d'Action 21. L'Ambassadeur a rappelé que son pays a accueilli en décembre dernier, à Kyoto, la troisième Conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui a pour mandat d'établir un cadre international de mesures visant à lutter contre le réchauffement de la planète qui sera mis en oeuvre en l'an 2000. Pour sa part, le gouvernement japonais met en oeuvre depuis 1990 un Plan d'action visant à mettre un terme au réchauffement de la planète et le parlement envisage d'adopter plusieurs lois afin de promouvoir le recours à de nouvelles sources d'énergie.
Le Japon appuie sans réserve les recommandations du Groupe intergouvernemental spécial sur les forêts. Le Japon qui a subi en janvier les conséquences du naufrage d'un pétrolier est plus convaincu que jamais de la nécessité de prendre des mesures adaptées pour éviter à l'avenir ce type de pollution. L'Ambassadeur a également souligné l'importance de la préservation et de la gestion des stocks de poissons chevauchants et autres poissons grands migrateurs. Abordant la question du transport et de l'exportation de déchets radioactifs de Taïwan vers la République populaire démocratique de Corée, qui a été soulevée par le Ministre de l'environnement de la République de Corée, l'Ambassadeur a espéré que les parties concernées respecteront pleinement les normes et garanties internationales de sécurité, notamment, celles de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
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M. CHEN CHIMUTENGWENDE, Ministre de l'environnement et du Tourisme du Zimbabwe, a déclaré, en sa qualité de Président des états parties à la Convention sur les changements climatiques, que de nombreux pays sont encore loin d'avoir réalisé les objectifs de la Convention, notamment, en ce qui concerne les gaz à effet de serre. Le climat mondial est en changement et l'émission de ces gaz est très importante. La Convention sur les changements climatiques a permis de renforcer au niveau global et régional les mesures prises auparavant. La Convention repose sur les informations fournies par les Parties. Le développement durable est important et la Convention cherche à le promouvoir. Le mécanisme de la Convention doit jouer un rôle clé pour aider les pays à mettre en oeuvre leurs obligations. Le transfert d'une technologie écologiquement saine est capitale.
Mme ANNA LINDH, Ministre de l'environnement de la Suède, a estimé que les défis que la communauté internationale doit relever cinq années après la Conférence de Rio sont restés inchangés. Pour autant, il semble que la façon de les appréhender et de les résoudre ait profondément été modifiée. Un nouveau processus s'est mis en marche dont l'observation permet d'identifier les éléments essentiels pour parvenir à un développement durable. En premier lieu, il importe de pouvoir compter sur les recommandations d'Action 21 au niveau local. Il convient également d'affirmer qu'il est possible d'utiliser dix fois plus efficacement l'énergie et les ressources dont dispose aujourd'hui l'humanité. Il faut également que tous ceux dont les actions ont un impact sur l'environnement assument leurs responsabilités et prennent les actions qui s'imposent. Pour leur part, les gouvernements doivent notamment formuler des objectifs en matière de développement durable qui soient clairement opérationnels et favoriser la conversion des infrastructures des systèmes d'énergie et de gestion des déchets afin de les rendre compatibles avec le développement durable.
Le Ministre a invité la session extraordinaire à accélérer les nombreuses négociations en cours en leur apportant un ferme soutien politique et à initier de nouvelles discussions sur des questions telles que les ressources en eau douce et les forêts. Enfin, la session extraordinaire devrait décider de mettre une structure institutionnelle qui reflète les nouvelles demandes en matière de développement durable.
M. NOURDINE BENOMAR ALAMI, Ministre de l'environnement du Royaume du Maroc, a déclaré que, depuis la Conférence de Rio, le Maroc n'a ménagé aucun effort pour remplir ses engagements vis-à-vis de la Communauté internationale. Le Maroc a ratifié toutes les Conventions, élaboré des Plans d'action et pris des mesures indispensables aux niveaux institutionnel, financier, normatif et réglementaire pour répondre au mieux aux nouveaux défis et enjeux que pose le développement durable. La politique du Maroc a été à l'origine de la tenue à Marrakech, en mars dernier, du 1er Forum mondial de l'eau. La déclaration de Marrakech préconise des recommandations concrètes en matière de gestion
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intégrée des ressources en eau douce. Le Ministre a déclaré que les gouvernements des pays méditerranéens et de l'Union européenne ont traduit concrètement leur engagement en faveur du développement durable en faisant évoluer les instruments existants ou en se dotant de nouveaux moyens d'actions.
Le Ministre a regretté que la communauté internationale ait été incapable de concrétiser le concept de partenariat, de fournir des ressources financières nouvelles et additionnelles et d'assurer le transfert de technologies écologiquement rationnelles à des conditions préférentielles aux pays en développement. Les pays en développement qui font face aux défis de la mondialisation, aux problèmes de la dette et aux contraintes de l'ajustement ne pourraient participer convenablement aux efforts de la Communauté internationale en faveur de l'environnement que moyennant une assistance internationale appropriée.
Mme ANGELA MERKEL, Ministre de l'environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire de l'Allemagne, a déclaré que la session spéciale de l'Assemblée générale devra répondre aux questions de savoir si ce qui a été fait depuis Rio a véritablement engendré une évolution durable et si l'impulsion donnée à Rio est toujours vivante. Une réunion récente des ministres de l'environnement a eu lieu à Dresde en Allemagne du 21 au 23 mars 1997 et les conclusions des co-présidents couvrent la plupart des sujets qui seront évoqués au cours de cette réunion. La représentante a estimé qu'il y a une nécessité urgente de concilier les deux défis posés par le développement durable : l'élimination de la pauvreté et la gestion durable et la protection des ressources naturelles et des écosystèmes, par la modification des modèles de consommation et de production. Le combat contre la pauvreté est le thème central de la coopération pour le développement en Allemagne. La consommation durable et les modèles de production constituent un défi en premier lieu pour les pays industrialisés. Il faut utiliser tous les instruments de politique économique afin de modifier les tendances, et l'Allemagne a déjà fait des progrès dans certains domaines. La coopération financière et technologique sera un élément indispensable du partenariat en matière d'environnement mondial et de développement. Cependant, il ne faut pas compter totalement sur l'aide publique au développement d'une part ou sur les ressources intérieures et le secteur privé d'autre part, mais utiliser les caractéristiques et avantages respectifs doivent être utilisés et combinés.
L'Allemagne partage la position de l'Union Européenne et soutient les initiatives proposées par le Président des Pays-Bas, à savoir l'initiative éco-efficacité, le programme d'action mondial pour les ressources en eau douce et la stratégie commune pour une énergie future durable et la décennie de l'énergie durable. D'autres questions urgentes doivent être prises en compte : la conservation et la gestion durable des forêts dans le monde est d'une importance particulière pour l'Allemagne, qui espère que des décisions et des approches novatrices seront prises lors de la session spéciale. Par ailleurs,
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les changements climatiques imminents demandent qu'on accorde une attention immédiate à ce sujet. La session spéciale doit envoyer un message politique clair afin que les négociations en cours puissent être conclues à Kyoto par un protocole qui contiendrait des engagements juridiquement contraignants pour les pays industrialisés en ce qui concerne une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre en-dessous du niveau de 1990, et des politiques et mesures concrètes. En ce qui concerne la Convention sur la diversité biologique, la session spéciale devrait appeler tous les pays à ratifier la Convention de manière urgente. Elle doit également envoyer un signal politique pour les négociations pour le Protocole sur la biosécurité. L'Allemagne propose également une initiative pour mettre en place un réseau mondial zones protégées au titre de cette Convention. Il faudrait également insister sur la mise en place rapide de la Convention pour combattre la désertification lors de la première Conférence des parties en septembre cette année à Rome, et en particulier de l'action urgente pour l'Afrique. La mondialisation a avancé considérablement depuis Rio. Un cadre écologique pour l'économie mondiale est nécessaire. Un changement des tendances vers la mobilité durable est également nécessaire. De nouvelles politiques de transport et de nouveaux concepts doivent être développés en matière de planification, et le potentiel technologique doit être exploité au niveau mondial. De plus, il faut accorder une grande attention au tourisme durable et la session spéciale de l'Assemblée générale doit inclure le sujet dans le futur programme de travail de la Commission. Enfin, la session spéciale doit renforcer la Commission du développement durable et le PNUE.
M. THEODOROS KOLIOPANOS, Ministre de l'environnement, de la planification et des travaux publics de la Grèce, a espéré que la présente session de la Commission du développement durable et la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale parviendront à réaliser des progrès substantiels dans la mise en oeuvre d'Action 21. Il a rappelé que son pays qui compte plus de 3 000 îles est particulièrement concerné par la protection du milieu marin et des zones côtières. Le développement du tourisme durable est lié à la gestion des côtes. Aussi, la session extraordinaire devra-t-elle accorder la place nécessaire à cette question. Abordant la question de la désertification et de la conservation de la diversité biologique, le Ministre a indiqué que son pays sera l'hôte du 3 au 6 novembre 1997, à Athènes, en coopération avec l'OCDE, d'un atelier international sur l'utilisation durable de l'eau à des fins agricoles.
Le Ministre, rappelant que son pays dispose de nombreuses forêts, a mis l'accent sur la gestion des ressources forestières et notamment la coopération internationale en matière de prévention et de lutte contre les incendies de forêt. M. Koliopanos a jugé nécessaire qu'au cours de la présente session de la Commission du développement durable les ministres du développement des Etats Membres des Nations Unies s'engagent davantage en faveur de la réussite de la prochaine session extraordinaire de l'Assemblée générale et des prochaines sessions de la Commission et parviennent à se mettre d'accord sur une déclaration politique forte qui sera adoptée par la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale.
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M. ERNESTO GUHL-NANETTI, Vice-ministre de l'environnement de Colombie, a déclaré que des efforts considérables avaient été déployés en Colombie afin de modifier le modèle de développement favorisant l'élimination de la faim et des maladies, la réduction de la pauvreté, et permettant d'offrir à tous les citoyens une vie dans un environnement sain. Cependant, le fossé se creuse davantage entre les pauvres et les riches et toutes les nations ne sont pas disposées à modifier les modèles de consommation qui favorisent les distorsions insupportables sur notre planète. Les efforts qui ont été faits pour promouvoir un système économique international et qui ont abouti à la croissance économique et au développement durable de tous les pays ne sont pas suffisants. De nombreux pays en développement ont accepté des engagements qui imposent des limitations considérables à l'utilisation de leurs ressources naturelles. La Colombie accepte de tels engagements dans l'intérêt du bien- être commun. Cette session de la Commission du développement durable, de même que la session spéciale de l'Assemblée générale, doivent refléter la situation de façon objective et prendre les mesures qu'il faut, suivant ainsi la voie de la CNUCED. Les progrès accomplis dans la conservation et l'utilisation durable de nos ressources naturelles doivent être reconnus. La Colombie se félicite du lien profond qui existe entre la société civile et le processus de développement durable dans presque tous les pays. Elle déplore le manque de résultats permettant la création d'un environnement international favorable pour le développement durable. Les Etats doivent réaliser les investissements sociaux et financiers nécessaires à la réalisation de leurs plans de développement, grâce aux bénéfices découlant du système commercial multilatéral. Cependant, les efforts faits en faveur de la libéralisation des échanges et pour un meilleur accès à des conditions favorables pour les pays en développement sont insatisfaisant. Au contraire, on assiste à la mise en place de barrières non tarifaires fondées sur des critères unilatéralement définis en matière d'environnement.
Les résultats de la Conférence de Rio sont modestes au regard des moyens mis en oeuvre stipulés dans l'Agenda 21, qui dispose que le financement de son exécution proviendra des secteurs privé et public de chaque pays, engagement qui n'a pas été réalisé. L'aide publique au développement a baissé depuis 1992. Les ressources déposées au titre du FEM ont été transférées à d'autres programmes. L'aide publique au développement doit être renforcée. Les gouvernements doivent s'associer au secteur privé en ce qui concerne le transfert de technologie permettant l'utilisation des ressources naturelles à des fins durables.
Mme JOCELYNE DOW (Organisation des femmes pour l'environnement et le développement) a déclaré que son organisation a joué un rôle important dans les efforts qui ont permis aux femmes d'être au centre des négociations sur l'environnement. Des centaines d'organisations non gouvernementales sont exclues des débats sur l'environnement. Les questions concernant les armes nucléaires, l'écologie et l'environnement sont toutes liées. Il faut que les
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femmes soient présentes lorsque l'on fera les bilans sur ces différentes questions. La pauvreté globale, l'information et les finances sont également des questions importantes. Les femmes doivent être davantage représentées. Ce sont elles qui ont ouvert la voie au développement durable, au partenariat et à la continuité.
M. KHOR (Third World Network) a déclaré que les Organisations non gouvernementales poursuivront leurs efforts. La dégradation de l'environnement se poursuit et l'esprit de Rio semble avoir disparu. La plupart des flux de capitaux vers le Sud sont spéculatifs. Les pays en développement ont besoin que leur dette soit allégée. Les investissements privés ne constituent pas une excuse pour ne pas remplir les engagements de Rio. Cinq ans après Rio, la mondialisation retarde le développement durable. Le processus de globalisation pénalise les faibles et les pauvres. Les profits sont placés par dessus tout. Il faut que les gouvernements, qu'ils soient du Nord ou du sud, fassent preuve d'une volonté politique et de courage moral.
M. CESAR MACHESINO (Latin American Youth Network) a regretté que depuis Rio, la seule chose qui ait progressé en Amérique du Sud est la réalisation de méga-projets qui contribuent à détériorer l'environnement et à creuser le fossé entre les riches et les pauvres. Il a constaté que le chapitre de l'agenda 21 consacré aux jeunes n'a pas été mis en oeuvre dans la région de l'Amérique latine. Il est essentiel de reconnaître les initiatives des jeunes et leurs caractéristiques propres.
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